Contenu du sommaire : Les zones franches

Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 658, 2007/6
Titre du numéro Les zones franches
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les zones franches, interfaces de la mondialisation - François Bost p. 563-585 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'étude des zones franches constitue encore un thème peu abordé en géographie et en économie. Celles-ci illustrent pourtant de manière remarquable l'ouverture du monde aux échanges internationaux, comme en témoigne leur multiplication au cours des deux dernières décennies, y compris dans les pays les plus rétifs au capitalisme. En 2007, 123 pays sur 192 étaient dotés d'un régime de zone franche. À cette date, 1 257 zones franches étaient recensées dans le monde, dont 76 % dans les pays du Tiers-monde et d'Europe orientale. Actives tant dans les activités à fort coefficient de main-d'œuvre, que sur les créneaux les plus technologiques, ces zones franches employaient environ 45 millions de personnes en 2007. Cet article dresse un inventaire inédit de leur présence par ensembles géographiques et donne quelques pistes de recherche afin de mieux les analyser.
    Free zones and globalization Free Zones are still rarely analyzed in geographical and economic studies. Yet they are a striking illustration of the opening of the world to the international exchanges : in the last two decades, they tremendously increased even in the countries the most reluctant to capitalism. In 2007, 123 countries out of 192 had Free Zones. That year, 1,257 Free Zones were listed throughout the world, 75% of which were located in Third World and Eastern Europe countries. Represented in low-value added activities as well as in the most high-tech sectors, these Free Zones employed approximately 45 million people in 2007. This article draws up a much-needed inventory of their presence by geographical area and outlines new tracks for further research.
  • Zones franches et Maquila en Amérique du Sud : un champ d'expérimentation pour les politiques de développement et d'insertion internationale - Didier Ramousse p. 586-607 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La tradition des ports francs et autres zones libres est solidement ancrée en Amérique du Sud, même si le phénomène des zones franches et des activités de maquila n'a pas le même impact qu'au Mexique ou en Amérique centrale sur la balance commerciale et l'emploi. Plutôt que d'assimiler uniquement ces régimes dérogatoires à des marqueurs de la mondialisation, il convient de les appréhender comme un instrument qui a été successivement utilisé par les gouvernements en place pour expérimenter leurs politiques de développement, aménagement, intégration régionale et insertion internationale. Mais il est aussi nécessaire de s'interroger aujourd'hui sur leur devenir.
    Free trade zones and maquila in South America : a field of experimentation for policies of development and international insertion The tradition of « free ports » and « free trade zone » is firmly anchored in South America, even if the phenomenon of the free trade and processing zones or the activities of maquila does not have the same impact on the trade balance and employment than in Mexico or in Central America. Instead of assimilating them only to markers of globalisation, it is advisable to apprehend them like an instrument which was successively used by the governments to try out their policies of development, spatial planning, regional integration and international insertion. But it is also necessary to question their becoming.
  • Les zones franches de l'Inde, entre ouverture à l'international et spéculation immobilière - Jérémy Grasset, Frédéric Landy p. 608-627 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'évolution de la politique des zones franches indiennes ne reflète que très imparfaitement l'ouverture au monde de ce pays. Lancées très timidement, elles se sont multipliées récemment, une récente législation libérale reflétant la place croissante de l'Inde dans la mondialisation. Mais elles n'ont toujours pas une importance comparable à celle de beaucoup d'autres pays du Sud, l'Inde ayant d'autres forces sur quoi compter. La nouvelle carte des zones franches correspond à une certaine diffusion spatiale puisqu'elle favorise les marges des mégapoles et non leur centre, mais à l'échelle nationale c'est toujours la concentration qui l'emporte, le long des littoraux ou près des grandes villes. De nouveaux acteurs apparaissent, en particulier les États fédérés et les promoteurs privés, ce qui complexifie encore la dialectique entre intérêt national et intérêt local : les États disposent de plus d'autonomie, et, au risque de l'expulsion des agriculteurs vivant dans les zones aménagées, l'on se trouve désormais dans une logique de spéculation immobilière autant que de pénétration des marchés mondiaux.
    The Special Economic Zones in India, between export growth and land speculation The changes in free-trade zone policy do not exactly follow the successive steps having lead to economic liberalization in India. After a timid launching Special Economic Zones (SEZ) recently grew in number thanks to an act proving the affirmative place of India in globalization processes. Fiscal incentives as well as good infrastructure are key factors. But free-trade zones do not have yet the same importance as in other Southern countries since India is endowed with other assets to rely on. The new map of SEZ highlights some spatial diffusion, at the fringe of megapolises, even though concentration is still dominant at the national level along the coasts and in the main metropolitan areas. New actors have appeared, in particular Union States and private developers. This makes even more complex the dialectic of national versus local interest : the States are given some autonomy, and land speculation might displace many villagers on behalf of “public purpose”.
  • Développement économique et contournement du droit : les zones franches de la rive arabe du golfe Persique - Brigitte Dumortier p. 628-644 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si la rive arabe du golfe Persique semble bien désormais être le centre actif du Moyen-Orient à l'heure de la mondialisation, cela ne tient pas seulement aux ressources en hydrocarbures, mais aussi à une politique de diversification des activités dans la perspective de l'après-pétrole qui passe notamment par la multiplication des zones franches. On en dénombre une quinzaine, principalement localisées aux Émirats Arabes Unis, surtout à Doubaï. À une préférence pour le littoral et une prédilection pour les abords du détroit d'Ormuz s'ajoute le fait que les zones franches n'ont pas les faveurs des pays les plus riches en hydrocarbures ou les plus conservateurs de la région. Considérées comme un outil permettant d'attirer les entreprises étrangères, elles n'ont pas ici pour objectif de fournir des emplois à une population locale nombreuse, mais reposent sur le faible coût d'une main- d'oeuvre immigrée. Elles sont surtout un instrument de contournement du droit permettant d'échapper à la kafala, pratique qui régit traditionnellement les relations d'affaires avec l'extérieur.
    By passing the law in relation to economic development : free zones on the Arab shore of the Persian Gulf At the time of globalization, the Arab shore of the Persian Gulf seems to be now the active core of Middle East region. This is not only due to the resources coming from oil and gas exportation. It is also the result of a policy whose objective is to diversify economic activities in a post oil perspective. Free zones are one of the tools to realise this strategy founded on economic liberalism, international exchanges and foreign investment. Around fifteen free zones can be counted along the Arab shore of the Persian Gulf, mainly located in the United Arab Emirates, especially in Dubai. Those free zones prefer coastal areas at the vicinity of the straight of Hormuz. The richest oil and gas producers and the more conservative States are less favourable to the creation of free zones whose aim in the region is not to give work to unemployed poor population as the manpower is low cost immigrants workers. They appear as a way to by pass the law and to avoid the kafala, a traditional and legal obligation, prescribing the foreign companies and establishments to have a local sponsor and to share the capital and benefit with a local associate.
  • Les zones économiques spéciales en Pologne : un tremplin pour l'emploi régional ou des miettes de la mondialisation ? - Lydia Coudroy de Lille p. 645-666 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Pologne a mis en place en 1994 un régime de zones économiques spéciales pour reconvertir les bassins d'industrie lourde, aider les régions en retard de développement et moderniser l'économie. La réglementation a sensiblement évolué depuis cette date, pour se mettre en accord avec le droit communautaire, mais aussi en réponse aux pressions des investisseurs. Le bilan économique et territorial qu'on peut tirer des zones économiques spéciales montre qu'elles ont efficacement servi l'objectif de reconversion industrielle et d'attraction des capitaux étrangers, mais en aggravant des déséquilibres régionaux existants. Des études de cas contrastées montrent les mécanismes de ces évolutions.
    Special economic zones in Poland : a springboard for regional employment or the crumbs of globalization ? Special economic zones were established in 1994 in Poland in order to reconvert heavy industrial districts, help under-developed regions, and modernise the Polish economy. The reglementation has been evolving eversince, in order to agree with the laws of the European Union, and under the pression of private investors. The economic and territorial results of special economic zones show that they have been efficiently functioning as far as industrial reconversion and foreign direct investments are concerned, but have been thereby increasing regional disparities. Some case studies show how such evolutions have taken place.