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Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 669, 2009/5 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Géographes et gestionnaires face à la vulnérabilité métropolitaine. Quelques réflexions autour du cas francilien - Magali Reghezza p. 459-477 Du fait de leur singularité, le risque métropolitain et les vulnérabilités qui lui sont associées constituent un défi pour le géographe et le gestionnaire. Les grilles de lecture traditionnelles peinent en effet à rendre compte de ce risque. Pour mieux l'appréhender, il paraît nécessaire de redéfinir ces grilles. Il convient en outre de considérer la dimension structurelle de la vulnérabilité et d'envisager l'existence de facteurs spatiaux. Nous illustrerons cette analyse à partir du cas de la crue centennale dans la métropole francilienne. Nous pourrons alors avancer de nouvelles pistes de gestion, qui confèrent à l'aménagement du territoire un rôle-clé.Coping with metropolitan vulnerability. The case of Paris metropolitan area Usual approaches to understanding risk and vulnerability usually break down when it comes to studying metropolitan areas. To overcome this difficulty, we have to rethink the whole traditional theoretical framework, especially by taking into account the structural and the spatial dimension of vulnerability. We illustrate this new analysis with a study of the flood risk in Paris metropolitan area. We conclude with several suggestions likely to improve risk management.
- Violence en espaces hyper réels - Dominique Crozat p. 478-497 La peur. Peur du hun, du normand, du juif, du soviétique ou de l'arabe, toujours mythifiés, réinvention permanente du Barbare, mais aussi peur de toutes sortes de pestes reste un des moyens efficaces de consolidation du pouvoir de dirigeants peu scrupuleux. Notre époque se caractérise cependant par des changements majeurs : érigée en système de gouvernement, la propagation de la peur est pratiquée avec dextérité par les mêmes démocraties créées depuis deux siècles pour s'en affranchir. Surtout, la maîtrise des technologies de production de l'information et des médias de diffusion a remplacé avec efficacité la vieille rumeur artisanale. Construite par cette médiation qui la propulse dans l'hyper réel, cette peur place les populations sous la contrainte d'une violence permanente déstabilisante pour l'identité d'individus enfermés dans des territoires structurés par cette contrainte jusqu'à remettre en cause leurs fondements mêmes. Cet article se propose d'analyser les modalités de construction de ces espaces sous violence et les enjeux de cette vie en hyper réalité.Violence in hyperreal spaces Living with fear, living on fear : historically, the fear of barbarians has always been exploited as a potent means of control (the mythical Hun, Norman, Jew, Soviet citizen or Arab...), as well as the fear of many different “plagues”. Today, the democracies — once created to escape these means of constraint — use computer mediated communications and digitally virtual environments that have channelled these fears into realm of hyperreal information. This fear pushes people to accept and ask for permanent violence. The process produces a destabilization of the subjects' identity witch is in turn constrained into structured territories. In turn, this challenges their very foundations. This paper examines how these spaces are built under violence and life in hyperreality.
- La décentralisation des ports en France : de la recomposition institutionnelle aux mutations fonctionnelles. L'exemple de Toulon - Jean Debrie, Valérie Lavaud-Letilleul p. 498-521 En France, la nouvelle vague de décentralisation énoncée dans la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales consacre un processus court de transfert de l'État à différentes configurations de collectivités territoriales, de la propriété, de l'aménagement, de l'entretien et de la gestion d'un ensemble de ports secondaires, dits d'intérêt national. À ce titre, elle introduit une renégociation du compromis entre les acteurs institutionnels encadrant la dynamique portuaire. Cette modification constitue l'objet de cet article qui s'attachera à décrypter la recomposition des équilibres fonctionnels portuaires induite par cette évolution institutionnelle. La variété des montages politiques, des acteurs et des niveaux territoriaux encadrant les ports ainsi que les nouvelles orientations des activités portuaires introduites aujourd'hui dans les projets construits progressivement par les nouvelles autorités seront plus particulièrement illustrées par l'exemple du port de Toulon qui — dans cette problématique institution/fonction — constitue un cas d'école complexe de ces nouvelles politiques publiques portuaires.Port decentralization in France : institutional change and restructuring of port functions In France, a second round of decentralization has been organized by the law of August 13 2004 pertaining to « freedoms and local responsibilities ». Under this law, the ports of national interest are transferred from the State to different public levels (Region, Districts, and municipalities). The ownership, the management and the maintenance of these ports have also been transferred. This transfer introduced a process of negotiation between the institutional policy makers who manage the ports. This process and the new public policies related to this decentralization is the subject of this article. The purpose is to explain the new port management, the variety of political actors involved in these ports, the new model of governance and new direction of port activities. These developments will be illustrated by the example of the port of Toulon.
- Espaces publics et environnement dans les politiques urbaines à Paris et à Berlin - Antoine Fleury p. 522-542 Depuis les années 1970, même si c'est à des rythmes différents selon les métropoles européennes, les pouvoirs publics ont progressivement fait de l'espace public un outil pour améliorer l'environnement urbain. Aujourd'hui, l'aménagement des espaces publics occupe une place importante dans les politiques urbaines, à la fois pour changer les modes de déplacement ou pour revaloriser le cadre de vie dans la proximité. Ce choix politique va de pair avec l'élaboration de nouveaux modes de production centrés d'une part sur la concertation avec les acteurs locaux et les habitants, dont les préoccupations environnementales sont importantes, et d'autre part sur la coordination des différents acteurs institutionnels, parmi lesquels les acteurs en charge de l'environnement se sont renforcés. La mise en regard de Paris et de Berlin montre combien cette double tendance revêt un caractère profondément européen, même si les espaces publics occupent une place variable d'une ville à l'autre et d'un pays à l'autre. Dans tous les cas, la place croissante des enjeux environnementaux dans ces politiques publiques peut néanmoins entrer en tension avec les autres dimensions de la ville et de ses espaces publics.Public spaces and the environment in the urban policies of Paris and Berlin Since the 1970s, public spaces have increasingly become the instruments of urban environment improvement in European metropolis. Urban policies are currently mainly devoted to upgrading public spaces, either by modifying modes of transportation or by renewing the living environment. New modes of public action involve both local stakeholders and residents for whom these environmental issues are of great importance. But public authorities also aim for better coordination of institutional actors, especially those in charge of environmental matters. Confronting the case studies of Paris and Berlin, we demonstrate here the extent to which this trend may be qualified as truly European in nature, despite local differences. This environmental issues and the resulting public policies may sometimes conflict with other features of cities and their public spaces.
- Les Chinois de Tananarive (Madagascar) : une minorité citadine inscrite dans des réseaux multiples à toutes les échelles - Catherine Fournet-Guérin p. 543-565 Les Chinois de Tananarive sont installés dans la capitale de Madagascar depuis plusieurs décennies. Avec l'arrivée récente de migrants de Chine populaire, ils sont par contrecoup désignés comme « anciens Chinois ». Cette minorité, numériquement peu nombreuse, est dotée d'un fort ancrage citadin, comme le montrent des pratiques diverses : enterrement au cimetière municipal, absence de concentration résidentielle, pratiques religieuses similaires à celles de la population malgache... Toutefois, les Chinois de Tananarive développent plusieurs identités spatiales : ils se disent Tananariviens certes, mais sont aussi fortement attachés au port où est arrivée leur famille, Tamatave, sur la côte est du pays, tout comme ils manifestent un attachement à la France et à la Chine pour des raisons diverses. Enfin, l'article examine comment cette minorité est perçue par la population majoritaire, démontrant qu'au-delà des discours de tolérance et d'acceptation, les Chinois de Tananarive sont toujours considérés comme étrangers. L'étude de la perception de cette minorité permet ainsi de montrer que la société tananarivienne est fondée sur une stricte hiérarchisation et sur des mécanismes d'exclusion très subtils.The Chinese in Antananarivo (Madagascar) : an urban minority developing networks at several scales The Chinese of Antananarivo, the capital of Madagascar, settled there roughly a century ago. That is why ever since the recent arrival of Chinese migrants from the Chinese Republic, they have been designated as “old Chinese”. This urban minority comprises only a few thousand people but it is deeply rooted in urban life. The Chinese are buried in the municipal cemetery ; they do not live in a particular area (there is no Chinatown in Antananarivo) ; they are Catholic like most of the urban Malagasy population. Nevertheless, they have also developed other spatial identities. Aside from being Antananarivians, they remain attached to the city of Tamatave (Toamasina), an eastern port where the first Chinese arrived and where many of them still live. For many different reasons, they also maintain links both with France and China (through language, travels, studies, nationality...). Finally, this paper studies how this minority is perceived by the Malagasy population. Despite claiming tolerance and acceptance, the Chinese are in fact still considered as foreigners. The case of the Chinese shows that the Antananarivo society is based on a strict hierarchy and on subtil mechanisms of exclusion.
- Comptes rendus - p. 566-568