Contenu du sommaire : Mutations économiques et recompositions territoriales en Asie du Sud
Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 671-672, 2010/1-2 |
Titre du numéro | Mutations économiques et recompositions territoriales en Asie du Sud |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Mutations économiques et recompositions territoriales en Asie du Sud et du Sud-Est : Introduction - Jean-Paul Deler p. 4-6
- Industrialisation et expansion mégapolitaine : le corridor du littoral sud-est de Bangkok - Jean-Paul Deler, Doryane Kermel-Torrès p. 7-27 Bangkok est l'une des très grandes agglomérations du monde. L'article montre comment, au cours des décennies 1970-2000, les politiques publiques d'ouverture économique et d'industrialisation du pays se sont conjuguées à l'existence d'avantages comparatifs spécifiques pour faire du sud-est littoral de la région centrale de Thaïlande une pièce maîtresse de son développement. L'espace de croissance urbaine correspondant, dans sa structuration en corridor d'activités, constitue un lieu privilégié d'observation des formes de la mégapolisation contemporaine, à l'interface des dynamiques combinées de mondialisation, d'industrialisation et de métropolisation.Industrialisation and mega-urbanisation : Bangkok's South-Eastern Seaboard corridor Bangkok is one of the largest big cities in the world. This article shows how, during the decades 1970 to 2000, the public policies for opening up the economy and furthering the industrialisation of Thailand combined with the existence of specific comparative advantages to make the Southeastern coastline of the Central Region the cornerstone of the country's development. The corresponding spatial growth, as a result of a structuring effect of urban development corridor processes at work, offers an ideal viewpoint to observe the forms contemporary megapolisation takes at the interface of the combined dynamics of globalisation, industrialisation and metropolisation.
- Nouvelles activités économiques et dynamique métropolitaine : le cas de la périphérie Sud de Chennai - Kamala Marius-Gnanou p. 28-51 Chennai (ex Madras) est l'une des quatre grandes mégapoles indiennes au premier rang de la métropolisation et appartient à la troisième puissance économique fédérale. Capitale de l'État indien le plus urbanisé, c'est un cas d'étude intéressant qui permet de comprendre l'impact de la globalisation et des nouvelles stratégies de croissance post-libéralisation sur les recompositions métropolitaines. Grâce à la volonté affichée du gouvernement du Tamil Nadu de développer des secteurs économiques tels que l'informatique et l'automobile, du fait des économies d'agglomération liées à la réorganisation des anciennes activités (chimie, sidérurgie, textile et cuir), en raison d'un niveau d'éducation élevé et de la présence d'emplois qualifiés, Chennai s'inscrit désormais dans le mouvement de la globalisation, d'autant qu'elle est la métropole indienne qui a attiré le plus d'investissements directs étrangers ces dernières années. Cette internationalisation croissante, accompagnée d'une planification urbaine incitative, a favorisé une spécialisation des territoires le long des couloirs urbains. La stratégie de création de toutes pièces de nouveaux parcs industriels, de zones économiques spéciales, d'instituts d'enseignement et de recherche comme de townships (petites villes fermées), participe aux processus de déconcentration et de redéploiement des fonctions tant économiques que résidentielles, de la ville-centre vers les franges urbaines ; elle concourt à un développement urbain de type polycentrique.New economic activities and metropolitan restructuring : the case of the southern periphery of Chennai Chennai is one of the four important Indian “ megacities ” that have become centres of metropolitisation and it ranks 3rd as a federal economic power. As the capital of the most highly urbanized Indian state, Chennai is an interesting case study which offers insights for understanding of the impact of global forces and of new post-liberal development strategies for metropolitan restructuring. Thanks to the determination of the Government of Tamil Nadu to develop economic sectors such as computer science and automotive industries, as a result of economies linked with the reorganization of past activities across the agglomeration (chemical industry, iron and steel industry, textile and leather industry), and on account of a high standard of education and the existence of qualified jobs, the city of Chennai is now inscribed in the global movement. It is all the stronger in that it is the Indian megacity that has attracted the greatest number of direct foreign investments during the last few years. This growing internationalization, combined with incentive-based town planning policies, has furthered a specialization of localities along urban corridors. Such a strategy, creating from start to finish new industrial estates, special economic zones, teaching and research institutes as townships (small closed towns), takes part in the process of decongestion and reorganization of both economic and residential functions from the city towards the urban peripheries. This contributes to a polycentric type of urban development.
- La Thaïlande, au centre de la Région du Grand Mékong - Christian Taillard p. 52-68 La Région du Grand Mékong, qui réunit les pays de la péninsule indochinoise et deux provinces du sud de la Chine, est l'un des programmes d'intégration transnationale les plus dynamiques en Asie. S'inscrivant dans le processus de régionalisation de la mondialisation à l'échelle de l'Asie orientale, c'est-à-dire de la façade asiatique du Pacifique, la Banque asiatique de développement (BAD) a su profiter du retournement des stratégies territoriales nationales de l'après Guerre froide pour promouvoir et accompagner cette initiative d'intégration régionale. Dans ce contexte de réouverture, après des périodes plus ou moins longues de fermeture, un pays fait exception : la Thaïlande. Déjà positionnée comme centre économique de la péninsule indochinoise lors des guerres d'Indochine, elle a profité du retour à la paix pour transférer la compétition du champ de bataille à celui de l'intégration par le marché. Elle a ainsi renforcé son leadership régional, en valorisant sa position au débouché ou à l'articulation des principaux corridors de développement promus par la Région du Gand Mékong. Fort de sa puissance économique, incontestée, la Thaïlande est devenue le partenaire incontournable des pays limitrophes pour financer les sections des corridors traversant leur territoire, pays qui ont payé un lourd tribu aux décennies de guerre où d'isolement. Elle est aussi un partenaire financier fort recherché pour les grandes puissances régionales asiatiques (Chine, Japon et plus récemment Inde), qui trouvent dans la Région du Grand Mékong un nouveau champ pour affirmer leurs ambitions hégémoniques à l'échelle de l'Asie. La crise politique durable qui déstabilise la Thaïlande aujourd'hui, peut remettre le Viêt-nam, jusqu'alors distancé, dans le jeu péninsulaire.Thailand, nodal core of the Greater Mekong Subregion The Greater Mekong Subregion, which embraces the countries of the Indochina Peninsula and two provinces of southern China, is the focus of one of the most dynamic transnational integration programmes in Asia. The Asia Development Bank, taking part in the process of regionalisation of globalisation at the scale of Eastern Asia — the Asian façade of the Pacific — took advantage of the post-Cold War reversal of national development planning strategies to promote and work with this regional integration initiative. In this situation where countries are opening up again after substantial periods of enclosure, one country stands out as an exception : Thailand. That country, already well positioned as one of the Peninsula's core economic nodes during the Indochinese wars, has taken advantage of the return to peace to transfer competition for the field of battle to the scene of market-induced integration. It has thus reinforced its regional leadership, enhancing its position at the outlets or connection points between the major development corridors promoted by the Greater Mekong Subregion programme. In the strength of its uncontested economic power Thailand has become the indispensable economic partner for neighbouring countries to finance the sections of corridors crossing their territory, countries which have paid a heavy cost for decades of war or isolation. It is also a strong financial partner sought after by Asia's great regional powers (China, Japan and more recently India), who find in the Greater Mekong Subregion a new arena for asserting their ambitions for hegemony at the whole scale of Asia. The continuing political crisis which is currently destabilising Thailand could put Vietnam, lagging behind up to now, back into a stronger position in the play of geopolitical forces in the Indochina Peninsula.
- Diffusion spatiale de l'urbanisation et de l'industrialisation et formation d'une région urbaine : le cas de Surabaya, en Indonésie - Manuelle Franck p. 69-92 Surabaya est une des grandes capitales régionales de l'Asie du sud-est, ville de second rang de la métropolisation. L'internationalisation croissante de l'économie régionale et urbaine y a accéléré le processus de métropolisation et la diffusion spatiale de l'industrialisation, responsable de la formation, au centre de la province, d'un corridor d'urbanisation reliant la côte à l'intérieur qui, en se complexifiant, forme une région urbaine, organisée autour d'un axe méridien principal et de deux axes rayonnants secondaires, un processus qui fait système avec les transformations enregistrées au centre-ville. L'émergence de cette région urbaine est le résultat d'une tension entre plusieurs logiques spatiales : fortement ancrée à son espace régional comme pôle principal de la province de Java-Est, Surabaya partage avec Jakarta, la capitale indonésienne, la desserte maritime de l'espace indonésien et est un nœud en devenir structurant les routes maritimes reliant l'Australie à l'Asie. Le processus de redistribution des fonctions entre les pôles de cette région urbaine concerne essentiellement les fonctions de production et les fonctions résidentielles, la région urbaine fonctionnant encore largement selon le modèle centre-périphérie. Il anticipe cependant la redistribution de fonctions de commandement, qui devrait être à l'origine d'une recomposition plus polycentrique de la région urbaine et modifier à nouveau le positionnement de Surabaya.Spatial diffusion of urbanisation and industrialisation and the structuring of an urban region : the case of Surabaya, Indonesia Surabaya is one of the second rank cities of metropolisation and one of the large regional capitals of Southeast Asia. The increasing internationalisation of its regional and urban economy has accelerated the process of metropolisation and the spatial diffusion of industrial activities, responsible for the formation of an urban corridor connecting the coast and the inland territories. Becoming more complex, this corridor tends to form an urban region which is structured by a main north-south axis and two secondary east-west axes. This process is to be related to the transformations that occur in the city centre. The emergence of this urban region is the result of tensions that occur between several spatial tendencies : strongly anchored in its regional space as the main pole of the East-Java province, Surabaya shares the role of port services provision of the eastern part of Indonesia with Jakarta, the Indonesian capital, and is a potential node for structuring shipping route patterns connecting Australia and Asia. The process of redistribution of functions between the poles of this urban region concerns essentially the production and residential roles, with the urban region broadly working still according to the centre-periphery model. However, it does foreshadow the redistribution of commanding functions, which might lead to a reorganization of the urban region towards a more polycentric pattern and modify again the position of Surabaya within the spatial systems.
- La périurbanisation de Hanoi. Dynamiques de la transition urbaine vietnamienne et métropolisation - Fanny Quertamp p. 93-119 La nature de la ville (confinement spatial) et son histoire récente (une trentaine d'années de collectivisation) font du processus de périurbanisation de Hanoi un révélateur des stratégies des divers acteurs en période d'ouverture économique ; il permet d'appréhender la transition urbaine vietnamienne et la métropolisation de la capitale. L'une des particularités de la ville étant le caractère planifié de son urbanisation, contrairement à de nombreux pays du Sud où l'urbanisation est plus ou moins spontanée, Hanoi se caractérisait jusqu'ici par un contrôle relativement étroit de la croissance urbaine. Alors que la capitale vietnamienne change d'échelle en s'inscrivant dans un processus de métropolisation, l'article s'interroge sur les modalités de gestion de cette transition urbaine, dans les cadres administratifs, législatifs et socio-économiques actuels.The peri-urbanisation of Hanoi. Dynamics in Vietnam's urban transition and metropolisation Because of its very nature (spatial confinement) and its recent political history (about 30 years of collectivisation), the Hanoi periurbanisation process reveals the different actors' strategies in a period of economic conciliation. This process gives insights for understanding the Hanoi's metropolitanisation process and the Vietnam's urban transition. One particularity of Vietnam or Hanoi is that its urbanisation has been planned. Contrary to a number of countries of the South in which urban expansion has been developed in a relatively anarchic way, Hanoi favoured control over its urban growth. While Hanoi is shifting towards a new scale, through a process of metropolitanisation, one can examine how the Vietnamese authorities are going to deal with this new urban transition, in the current administrative, legislative and economic contexts.
- Réorganisation spatiale à Vientiane : entre ouverture économique et importation de modèles de développement urbain - Patrice Tissandier p. 120-136 Alors que l'instauration de la RDP Lao avait coupé Vientiane de ses relations avec la plupart des pays du Sud-Est asiatique, l'assouplissement progressif du régime, à partir de 1986, permit une reprise des échanges économiques et un retour des investissements directs étrangers, essentiellement au profit de la Thaïlande. Dans le même temps, la Banque Asiatique de Développement, à travers le programme de la « Région du Grand Mékong », inscrivait la RDP Lao et Vientiane dans le projet d'intégration transnationale. L'ouverture économique, l'insertion dans les réseaux régionaux, mais aussi l'impact de l'application de modèles occidentaux d'organisation des espaces urbains, ont profondément modifié la structuration fonctionnelle et spatiale de la capitale laotienne — longtemps nébuleuse de villages. L'émergence d'un corridor industriel entre la capitale et le pont international sur le Mékong, en prolongation du corridor de développement du Nord-Est thaïlandais, souligne l'inscription de Vientiane dans l'orbite économique de Bangkok.Spatial reorganisation in Vientiane : between economic opening and importation of Cuban development models The proclamation of Lao PDR and the establishment of the incoming regime cut off the country's relations with almost all the other South-East Asian countries. for over ten years. From 1986 onwards the gradual opening of the regime led to increased economic trade, essentially with Thailand judging by the levels of direct foreign investment. At the same time, the Asia Development Bank, through the Greater Mekong Subregion Programme started to promote a transnational and regional integration plan, and, as a consequence, to link the Lao PDR and Vientiane with other territories. The opening up of the economy and the insertion of Lao PDR within regional networks, but also the impact of application of Western urban configuration models, produced extensive changes in the capital's functional and spatial structure, long characterised by a pattern of villages. The Thai northeast development corridor extended onto Lao territory, from the Mekong Bridge to the capital. This spatial development indicates a clear integration of Vientiane within Bangkok's economic orbit.
- Dynamique économique et recompositions territoriales, une industrie traditionnelle locale de l'Inde du sud face à la mondialisation - Xavier Amelot, Loraine Kennedy p. 137-155 Comme pour d'autres manufactures traditionnelles en Inde, la structure de l'industrie du cuir est dans le pays tamoul dominée par les PME. Cette situation héritée des politiques publiques visant la protection des emplois et une répartition territoriale équilibrée des activités, élaborées dans un contexte d'économie nationale protégée, est aujourd'hui remise en cause par la mondialisation. Depuis les années 1990, la libéralisation de l'économie expose la manufacture indienne aux exigences des marchés de plus en plus mondialisés en même temps qu'elle met en concurrence les entreprises et les territoires de l'Union. Dans ce contexte difficile et à travers l'exemple de l'industrie du cuir dans la vallée de la Palar, tournée vers l'exportation, il s'agit d'examiner les capacités d'adaptation locales aux enjeux et aux nouvelles exigences qui accompagnent la mondialisation. Cette analyse met en évidence l'importance des formes locales de partenariat et de l'ancrage territorial dans l'organisation productive en agglomération d'entreprises ou clusters apparentés aux districts industriels. En effet, dans les dernières décennies, les entreprises ont été amenées à développer des stratégies qui valorisent leurs avantages comparatifs que constituent une solide insertion territoriale et un capital social fort. L'articulation des processus à différentes échelles d'espace et de temps, en particulier le rôle des politiques publiques, est analysée pour identifier les recompositions sociales et spatiales débouchant sur une nouvelle définition des relations villes-campagnes et de nouveaux enjeux.Economic dynamics and territorial restructuring in a traditional industry in South India. Taking on the challenges of globalisation Like in other traditional manufacturing activities in India, the structure of the leather industry in Tamil Nadu is dominated by small-scale enterprises. This is a direct result of policies aimed at protecting employment and ensuring balanced regional development, within the broad framework of an import substitution strategy. However, the liberalisation of India's economy in the 1990s has exposed its manufacturers to the stringent demands of increasingly global markets, while enhancing competition among firms and territories within the country. Within this difficult context, this article examines the restructuring of the leather industry of the Palar Valley, which produces largely for export markets, with an emphasis on local capacities to adapt to the increasingly stringent demands of globalised markets for leather and footwear. This analysis underscores the importance of local partnerships and territorial embeddedness for achieving competitiveness in this century-old industry organised in clusters closely resembling industrial districts. Indeed, over the last few decades, local firms have developed strategies based on comparative local advantages, which include solid roots in the local territory and social capital based on strong social and ethnic ties. By analysing the articulation of various spatial and temporal processes, notably the impact of industrial policies, the main objective of this article is to identify the social and spatial transformations that are redefining the rural-urban relationship and bringing to the fore new challenges.
- Le marché, l'État et la compétitivité du riz thailandais - Pascale Phélinas p. 156-173 Cet article évalue les fondements de la compétitivité de la riziculture thaïlandaise. L'analyse montre que la capacité des exploitations à affronter la concurrence du marché international est largement gouvernée par leur dotation en ressources (terre, eau, crédit), sur laquelle la politique économique n'a pas été sans moyens, ni sans effets. Les interventions publiques à l'échelon tant macro-économique que sectoriel ont fortement agi sur la rentabilité de la riziculture, sur les mouvements de main-d'œuvre et de capitaux qui ont été à la riziculture ou au contraire l'ont fuie, et sur le rythme auquel les agriculteurs ont adopté de nouvelles techniques. En particulier, la répartition inégale des investissements de l'État dans les régions a aboutit à une distribution hétérogène des biens publics tels que les infrastructures hydrauliques, la densité du réseau routier et ferroviaire, les services financiers. L'existence et la qualité de ces biens ont très largement conditionné l'éventail des choix possibles de combinaison de facteurs de production qui a, à son tour, pesé sur la compétitivité du riz thaïlandais.Market, State and Thai rice competitiveness This paper evaluates the bases for the competitiveness of rice growing in Thailand. The analysis shows that rice farmers' ability to face the competition in international markets is largely a function of the resources (land, water, credit) available to them, for which economic policy has brought significant means and had considerable effect. Public intervention at macro-economic level as well as at the sector scale strongly influenced the profitability of rice growing, movements of capital and labour towards or away from rice farming, and the rate at which farmers adopted new techniques. In particular, the unequal geographic dissemination of State investments led to a heterogeneous distribution of public goods such as the hydraulic infrastructure, road and railway network density and financial services. The existence and the quality of these public goods strongly influenced the range of choices for the combination of factors of production which have, in turn, acted upon the competitiveness of Thai rice growing.
- Dynamique urbaine et métropolisation en Asie du Sud-Est : une perspective à partir de Bangkok et de Singapour - Charles Goldblum p. 174-180
- Comptes rendus - p. 181-207