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Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 697, 2014/3 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Holly[wine] ou le vin dans le cinéma américain - Raphaël Schirmer p. 867-889 Quatre-vingts ans après la Prohibition, les États-Unis d'Amérique sont devenus le premier consommateur mondial de vin et le quatrième producteur mondial. Le rôle du pays est comparable à l'échelle mondiale à ce que fut celui de l'Angleterre des XVIIIe et XIXe siècle pour l'Europe : une plaque tournante de l'économie vitivinicole, un pays prescripteur de goûts, avec un remarquable effet de construction ou de transformation des territoires du vin. Le cinéma américain tend à refléter cette nouvelle passion de la société pour le vin. Tout l'intérêt est de comprendre le discours qu'il tient à ce propos, ainsi que l'imaginaire qu'il bâtit autour de cette boisson. Le vin est presque devenu banal en ce qui concerne ses apparitions à l'écran, non dans ce qu'il signifie. Car l'Amérique cherche à se débarrasser des anciens codes qui encadrent le vin pour en proposer de nouveaux, censés être plus démocratiques.Holly[wine] or Wine in the American Cinema Eighty years after Prohibition, the United States of America has become the world's largest consumer of wine and the fourth largest producer. The role of the country is comparable at the world level to the role of England in the eighteenth and nineteenth centuries in Europe : a hub within the wine-producing economy, with a leading role as taste-maker, with a remarkable effect of construction or transformation of the territories of wine. American cinema tends to reflect this new passion for the wine in the society. The whole point is to understand the discourse it holds, as well as the imaginary which it builds around this drink. Wine has become almost commonplace regarding its appearances on screen, not in what it means. In order to be more democratic, America seeks to get rid of old codes that rule all that surrounds wine.
- Quelques jalons pour une géographie de l'économie sociale et solidaire - Emmanuel Bioteau, Sébastien Fleuret p. 890-911 On prête à l'ESS plusieurs vertus qui renvoient à des thèmes travaillés par la géographie : gouvernance et développement local, territorialisation et ancrage, proximités. Or, la géographie s'est finalement assez peu penchée sur cet objet de recherche. Ce texte dresse un état des savoirs et propose quelques pistes d'investigation pour une géographie de l'économie sociale et solidaire : premièrement une démarche de dénombrement, classification et cartographie, deuxièmement une construction interdisciplinaire à la rencontre de l'économie, de la sociologie et des sciences politiques, troisièmement une nouvelle lecture des jeux d'échelles entre le local et le global, et enfin une relecture de la notion de durabilité incluant la durabilité économique et sociale. Le texte suggère notamment l'analyse des modèles territoriaux d'ESS dans le contexte du tournant néolibéral, et la lecture des jeux d'acteurs sur le terrain, entre promotion d'activités sociales et solidaires et action publique.Some Considerations toward a Geography of Social Economy Many topics related to Social economy are already studied within geographical research projects: governance and local development, places and rooting, local areas. However, only few publications have arisen in the field of geography, on this research topic. This text draws up a state of the art and suggests some avenues for a geography of social economy : firstly a process of enumeration, classification and mapping, secondly an interdisciplinary construction involving economy, sociology and political sciences, thirdly a new reading of interplay between the level of particular places and the global scale, and finally a review of the notion of durability including economic and social durability. The article suggests both the analysis of territorial models of the Third Sector in the current neo-liberal context, and the interpretation of the local interactions between the promotion of social and solidarity-based activities and public policy.
- Inscription au patrimoine mondial et dynamiques touristiques : le massif de l'uKhahlamba-Drakensberg (Afrique du Sud) - Mélanie Duval, Benjamin W. Smith p. 912-934 Cet article interroge les relations entre l'inscription au patrimoine mondial et les dynamiques touristiques, sous l'angle des freins dans la mise en place de synergies entre les registres patrimoniaux et touristiques. L'exemple du massif de l'uKhahlamba-Drakensberg (Afrique du Sud), inscrit depuis 2000 au titre des biens mixtes, permet d'observer des décalages entre les effets initialement souhaités par les acteurs en matière de développement touristique avec l'inscription au patrimoine mondial et la réalité des dynamiques touristiques engendrées. Ce hiatus invite à rechercher les facteurs explicatifs de telles distorsions. À partir des pièces constitutives du dossier UNESCO de 2000, des plans de gestion des acteurs en charge du massif et de plusieurs campagnes de terrain (entre octobre 2009 et octobre 2011), l'article vient souligner le rôle joué par des effets de sites, mais plus encore par les jeux d'acteurs et les modes d'association des populations locales.UNESCO World Heritage List Inscription and Tourist Development: The uKhahlamba-Drakensberg Park World Heritage Site (South Africa)2 We consider the changing tourism and management dynamics that occur when a site is inscribed on the UNESCO World Heritage List. We use the example of the uKhahlamba-Drakensberg World Heritage Site (South Africa), a mixed natural and cultural property listed predominantly because of its beautiful southern alpine mountain scenery and its spectacular rock art. It was listed in 2000. This case study allows us to explore the gap between the tourism boom anticipated prior to nomination and actual post-inscription visitor numbers and management realities. Drawing upon the UNESCO nomination file, management plans and several field trips (between October, 2009 and October, 2011), we start with an analysis of the UNESCO inscription process and the expectations at the time of nomination. We then consider the evolution of the post-inscription tourist dynamics and discuss the reasons behind the low visitor numbers realised at rock art sites and the implications of this. Our comparative approach focuses upon the major rock art tourism sites and highlights the key importance of local tourism infrastructure and accessibility in determining visitor numbers. Moreover we see the direct negative effects of stakeholder failing to cooperate and failing to realise sustainable local community involvement. Besides the broad lessons that we can learn from this example we explore the ways in which stakeholders can be confronted and called upon to deliver on their UNESCO World Heritage List nomination commitments regarding tourist development. Finally we discuss problems inherent to the category of mixed property as established by UNESCO.
- Identité touristique des stations de sports d'hiver de moyenne montagne et recompositions territoriales - Clémence Perrin-Malterre p. 935-955 Cette étude s'intéresse à la gouvernance et à l'effet de la mise en place d'une intercommunalité sur l'identité touristique de deux stations du département du Puy-de-Dôme : le Mont-Dore et Super-Besse. L'identité touristique repose sur un choix de pratiques sportives supports en cohérence avec des actions de communication et d'animation. Mais elle suppose également une coordination des acteurs autour de cette identité définie pour la mise en place de moyens efficaces. Les résultats mettent en évidence des différences entre les deux destinations étudiées. Mais surtout, il apparaît que la construction d'un territoire unique n'est pas forcément le souhait de tous les acteurs, et les deux stations restent finalement concurrentes, chacune ayant sa propre identité touristique qui est le fruit d'une lente construction.Touristic Identity of Destinations: Example of Two French Ski Resorts in Low Mountain Sites This study concerns the governance and the touristic identity of two ski resorts of Puy-de-Dôme department : the Mont-Dore and Super-Besse. Touristic identity lies in a choice of sports practices consistent with policy on communication initiatives and activity programmes. But it also implies coordination of the various actors around this defined identity. Results highlight differences between destinations studied. But especially, the construction of a single territory is not necessarily the wish of all actors, and in the end the two ski resorts remain rivals, each having its own tourist identity, the fruit of a long slow process of construction.
- En quête de chez-soi. Le bois de Vincennes, un espace habitable ? - Gaspard Lion p. 956-981 Dans l'étude des manières de vivre et de survivre en situation d'extrême précarité, la question de l'habiter n'a que très rarement été abordée. Elle paraît pourtant essentielle pour comprendre la situation de tous ceux et celles qui, de plus en plus nombreux en France, ont recours à des habitats de fortune. À Paris, le bois de Vincennes est l'espace qui accueille le plus grand nombre de ces habitants. Installés dans des tentes et des cabanes, ils se sont pris en charge pour retrouver la maîtrise d'un espace et d'un temps personnels, disposer d'un lieu d'ancrage et d'intimité offrant les qualités du chez-soi. Ils ont fait de ces lieux des espaces habités au sens fort du terme, ne se réduisant pas à de simples abris, se sont organisés pour rendre le bois habitable et habitable en commun. L'objectif de cet article est donc d'éclairer ces situations limites, généralement considérées comme inhabitables, où un chez-soi en vient à se constituer et, partant, d'enrichir la compréhension du concept de l'habiter, appelé à jouer un rôle croissant en sciences sociales.In Search of “Home”. Vincennes Woods, Inhabitable Spaces? In studying how the homeless live and survive in extremely precarious conditions, the question of “inhabiting” is very rarely taken up. Yet this question is essential if one wants to understand the situation of the increasing number of men and women in France who are without permanent housing. In Paris it is the Bois de Vincennes that shelters many of these people. Living in makeshift tents and cabins they have nonetheless taken charge of their own time and space, creating for themselves anchorage points that have some of the qualities of a “home” (chez-soi). Far from reducing their tents and cabins to mere shelters and means of survival, they have organized themselves to make them into dwelling places – in the strong sense of the verb “dwell” : inhabitable and inhabitable in common. The purpose of this article is to shed some light on these “limit-situations”, generally considered to be uninhabitable, and thereby enrich the understanding of the concept of inhabiting, which is playing a increasing role in the social sciences.
- Michel Lussault, L'Avènement du Monde. Essai sur l'habitation humaine de la Terre - p. 982-992