Contenu du sommaire : Géographie de l'enfermement

Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 702-703, 2015/2-3
Titre du numéro Géographie de l'enfermement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Introduction - Marie Morelle, Djemila Zeneidi p. 129-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette introduction revient sur l'émergence de recherches sur l'enfermement en géographie. Depuis la fin des années 2000, les études sur les prisons, les centres de rétention et les camps de travail en particulier se multiplient dans la discipline. Ces rapprochements entre différents types de lieux clos donnent d'ailleurs lieu dans le champ de la géographie anglophone à un nouveau courant, la carceral geography. Ce texte a donc pour objectif de présenter les différentes analyses de ce nouveau sujet en géographie, d'en faire apparaître les éventuelles filiations avec le reste des sciences sociales. Cette mise en perspective servira à situer les contributions du présent dossier. Toutes mettent en lumière la dimension éminemment spatiale des rapports de pouvoir et de domination, qui caractérise les processus d'enfermement.
      This introduction revisits the emergence of research on confinement in geography. The growing number of studies on prisons, detention centres, and work camps over the last two decades has seen English-speaking geographers developing a new sub-field, one which embraces all such places of confinement: carceral geography. Our introduction, which aims to present various analyses of this new geographical domain, and to show possible affiliations with the other social sciences, provides a general perspective to help situate the contributions in this special issue. All these contributions stress the conspicuously spatial dimensions of power and domination relations that characterize the processes of confinement.
    • L'enfermement ou la tentation spatialiste. De « l'action aveugle, mais sûre » des murs des prisons - Olivier Milhaud p. 140-162 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La conception de l'espace carcéral semble avoir toujours trahi, en France, une pensée spatialiste illusoire, qui ferait de la prison un lieu apte à surmonter les contradictions sociales. Cet article entend le démontrer en s'attachant aux fonctions attribuées à l'espace carcéral, à la fois par une approche diachronique, allant de l'invention de la prison pénale sous la Révolution jusqu'à la période contemporaine, et par une approche sensible au surinvestissement du dispositif spatial de l'enfermement carcéral et tout particulièrement sa dimension architecturale dans bien des discours officiels. L'espace est érigé en véritable actant de l'enfermement, support de délégation de la peine de prison, censé fournir la solution ultime à la déviance. La confiance sans cesse mise dans le dispositif carcéral, la croyance des Révolutionnaires et de tant de nos contemporains en un espace carcéral apte à punir, soigner, réinsérer, dissuader, ou la légitimation toujours affirmée de la prison comme solution terminale au problème de la déviance, soulignent un surinvestissement des capacités spatiales aux dépens du rôle essentiel des interactions sociales.
      French conceptions of prison space have always relied on a spatialist way of thinking, as if prison could be a place able to overcome social contradictions. This paper highlights this through an analysis of the functions attributed to prison space. It follows a diachronic approach, from the invention of the prison as a penal place (and not just a detention house to await trial) during the French Revolution to the present day. The paper underscores the extent to which official discourses on prison constantly refer to the spatiality of the prison system, especially its architectural ethos. Space becomes an active factor of confinement, punishing inmates and supposedly offering the ultimate solution to social deviance. Both Revolutionaries and people of our time have believed that prison space could punish, cure, rehabilitate, and deter criminals. The prison system is constantly mobilized and legitimated as the definitive solution to deviance. The spatial dimension of the prison is clearly overemphasized and the decisive role of social interactions much too frequently forgotten.
    • Linking the carceral and the punitive state: A review of research on prison architecture, design, technology and the lived experience of carceral space - Dominique Moran, Yvonne Jewkes p. 163-184 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Malgré une reconnaissance implicite ancienne de l'importance de l'espace de la prison, remontant au moins à la conception de Bentham datant de 1791 et selon laquelle la transformation morale et le bien être du prisonnier peuvent être réalisés en partie dans et par l'architecture, l'aménagement et les techniques architecturales déployées en milieu carcéral, demeurent sous investis et insuffisamment théorisés. Cet article exploratoire passe en revue la littérature sur l'espace carcéral, principalement issue de la géographie humaine, mais aussi de la criminologie et de la psychologie environnementale. Il questionne la pertinence de la recherche consacrée à la conception de la prison à un moment crucial où le ministre britannique de la justice déploie un programme déjà ancien, présenté comme nouveau cependant, et qui consiste à fermer six prisons historiques, à fermer partiellement trois autres sites et à planifier la construction de nouvelles structures de grande taille semblant augurer d'un retour aux prisons gigantesques sur le modèle « des dépôt de prisonniers ». Cet article démontre que l'intérêt de la géographie carcérale pour la dimension vécue des espaces d'emprisonnement peut fournir une contribution pertinente et originale dans ce champ d'analyses critiques et suggère de nouvelles pistes de recherche destinées à la production de nouvelles données empiriques sur ce sujet sensible.
      Despite longstanding implicit recognition of the significance of prison space, which can be traced back at least as far as Bentham's notion, introduced in 1791, that prisoner reform and wellbeing are achieved in part by a 'simple idea in architecture', prison architecture, design and technology (ADT) remain under-researched and poorly theorized. This exploratory paper reviews some of the literature on carceral space, principally from human geography, but also from criminology and environmental psychology. It poses questions which point to the pertinence of research into prison design at a critical juncture in penal policy in the UK, as the Ministry of Justice rolls out a ‘new for old' policy, closing down at least thirteen historic prisons and partially closing several other sites, and commissioning new, large custodial facilities which appear to represent a return to previously shelved plans for warehouse-style ‘Titan' prisons. The paper argues that carceral geography's concern for the lived experience of spaces of imprisonment could provide a unique and insightful perspective on this critical area of scholarship, and suggests new areas for future research which could generate the empirical material necessary to research this critical topic.
    • Enfermés à bord des navires de la marine marchande - Olivier Clochard p. 185-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au cours des quatre dernières décennies (1970-2012), seules quelques études scientifiques se sont intéressées au confinement des « passagers clandestins » à bord des bateaux de la marine marchande (Walters, 2008 ; Burtin et Maquet, 2012). Parce que les migrants ne sont pas autorisés à être sur ces navires, ils sont généralement enfermés dans des cellules et leur prise en charge relève bien souvent d'acteurs privés (capitaine de navire, agents P & I, etc.) auxquels les autorités publiques délèguent la fonction de contrôle. Nos enquêtes, effectuées dans plusieurs ports français, révèlent que les bateaux de la marine marchande et les zones portuaires peuvent être considérés comme les lieux « invisibles » d'un dispositif plus vaste de l'enfermement des migrants.
      Over the past four decades (1970-2012), only a few scientific studies have focused on stowaways found on board merchant ships (Walters, 2008 ; Burtin and Maquet, 2012). Because migrants are not allowed to be on these ships, they are usually held in cells. Often it is private individuals or societies (captain, P & I (protection & indemnity) club, etc.) who take charge of them. Public authorities are gradually delegating this control function. The surveys conducted in several French ports shed light on the role merchant navy boats and port areas play in a broader system of detention measures for migrants. In the context of increasingly restrictive legislation, this article describes “hybrid” measures for the detention of migrants which shift between the informal and the official depending on the period and the places where the stowaways are found (on the high seas or in harbours). The externalization of controls of “unwanted migrants” is placed under the responsibility of private actors. They wish to make them disembark as quickly as possible for the purpose of repatriating them to their home country or to their port of embarkation.
    • L'espace intérieur de la rétention. Policiers et retenus : travailler et habiter dans un lieu d'enfermement des étrangers en Roumanie - Bénédicte Michalon p. 208-230 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'enfermement des étrangers, pratiqué entre autres dans les centres de rétention, se décline selon un ordre spatial multiscalaire qui donne à voir les rapports dissymétriques entre États et étrangers enfermés. Si les logiques qui sous-tendent la rétention aux échelles nationales et régionales ont fait l'objet de recherches conséquentes, le niveau micro de l'intérieur des centres a été peu pris en compte. Les rapports aux lieux, logiques d'appropriation, rituels, représentations et discours de l'espace qui s'y déploient interviennent pourtant dans la mécanique quotidienne du gouvernement des retenus. Cet article questionne donc les rapports à l'espace que développent les deux principaux groupes d'acteurs en présence, les policiers et les étrangers enfermés. Appuyée sur une enquête menée en Roumanie, la recherche démontre que l'espace intérieur des centres de rétention est un rouage déterminant de la politique de mise à l'écart des étrangers. Il est au cœur de l'action policière, tout comme il joue un rôle déterminant dans l'expérience des retenus. Non seulement l'espace contribue à faire advenir l'enfermement par l'ensemble de ses rôles – cadre, moyen, finalité – à l'échelle micro, mais il participe aussi de la production des figures du policier et du retenu.
      The confinement of foreigners occurs in different types of place, including detention centres. It follows a multiscalar order, which reveals the power relations between States and the confined foreigners. A considerable body of research deals with detention at the national and regional levels, whereas the micro level inside the centers has been overlooked. This is despite the fact that the relation to the places, the concepts behind appropriation, rituals, representations and discourses about space inside the detention facility are strong factors in the daily control of detainees. This article thus questions the relations to space developed by the two main groups of actors in detention settings: the police officers and the detainees. Based on field research in Romania, the paper shows that the inner space of the detention centres is a key element in the confinement policy against foreigners. Space is at the heart of the police activity, as it plays a determining role in the detainees'experience of detention. Not only does space contribute, by its various roles – framework, means, goal – to produce confinement on a micro scale, but it also contributes to producing the two key figures : the policeman and the detainee.
    • Noncitizen Detention: Spatial Strategies of Migrant Precarity in US Immigration and Border Control - Lauren Martin p. 231-247 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les services d'immigration et de douane des États-Unis (ICE) sont à la tête du plus grand système d'enfermement national, fait peu anodin dans le pays détenteur du système carcéral le plus important au monde. Cet article analyse le système de rétention des étrangers des États-Unis comme un ensemble de stratégies spatiales à travers lesquelles l'État vise la gestion et la réorientation de la migration internationale. Si la rétention participe à la fois de l'enfermement, de la ségrégation, et de la catégorisation des corps des migrants, elle est aussi l'expression performative de l'État. En conséquence, elle a des effets qui dépassent l'expulsion. Cet article résumera en premier lieu la manière dont la rétention prend appui sur le système de justice pénale et contribue en même temps à son extension. Puis je m'appuierai sur mes recherches sur l'enfermement des non citoyens et les programmes de visite pour démontrer combien la rétention ne se réduit pas à l'immobilisation des corps dans l'espace, mais qu'elle relève d'un processus d'isolement, de criminalisation et de marginalisation. Je montre que la rétention ne peut être analysée et comprise seulement dans son lien à l'expulsion et qu'elle joue un rôle dans la production de la précarité des migrants et dans le contrôle de l'immigration et des frontières.
      The United States Bureau of Immigration and Customs Enforcement (ICE) operates the largest confinement system in the country, no small accomplishment in the world's largest prison system. This article analyzes the US immigration detention system as a series of spatial strategies through which state officials seek to manage and redirect transboundary migration. I argue that while detention works to confine, segregate, and categorize migrant bodies, detention is also a performance of state power. As such, it produces effects beyond deportation. The article will first outline how immigration detention both relies upon and extends the US criminal justice system to open up spaces of arbitrary administrative discretion. I then draw on my research on noncitizen detention and visitation programs to demonstrate how detention is more than a fixing of bodies in space ; it is a process of isolation, criminalization, and marginalization. I argue that detention cannot be subsumed under or explained by deportation, and that it plays a key role in the production of migrant precarity in current US immigration and border control.
    • Habiter un camp de travailleurs. Appropriation, usages et valeurs du dortoir en milieu contraint - Tristan Bruslé p. 248-274 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le fonctionnement des économies des pays du Golfe repose sur le travail des étrangers, qui forment 85 % de la population au Qatar. Parmi ceux-ci, une grande partie des migrants peu payés sont logés dans des camps de travailleurs (labour camp), une forme de « logement contraint » (Bernardot, 2007) correspondant à une gestion spatiale de la main-d'œuvre basée sur des stéréotypes ethniques et sociaux. Les migrants, principalement sud-asiatiques, sont ainsi logés à la périphérie des villes, dans les zones industrielles où sont situés les camps de travailleurs, un dispositif au cœur de la politique migratoire. Dans un contexte contraint, où l'enfermement signifie surtout une impossibilité de se mouvoir hors des zones industrielles, les hommes parviennent néanmoins à habiter leur dortoir. Ils « font avec » les contraintes institutionnelles en employant les tactiques et bricolages que les faibles ont à leur disposition (De Certeau, 1990). Les dortoirs, lieux de vie principaux hors du travail, sont l'objet d'appropriations fines mais indispensables, qui forment autant de micro-résistances à la dépersonnalisation des migrants. Mais le repli sur le dortoir correspond aussi au souhait des autorités de nier toute ambition politique aux migrants considérés comme de passage.
      Persian Gulf economies rely on foreign workers, who make up 85 % of the total population in Qatar. Among the latter, lowly migrants live in labour camps, a form of “constrained lodging” (Bernardot, 2007) corresponding to a spatial management of migrants based on strong social and ethnic stereotypes. Migrants, most of them South Asians, thus live in the towns' suburbs designated as industrial areas where the camps are situated. These camps are a device at the heart of Qatari migration policy. In a constrained context, where confinement above all means an impossibility to move out of the industrial areas, men manage to make home in the dormitory where ten to twelve of them live together. They “make do with” institutional constraints by using tactics and do-it-yourself solutions the weak have at their disposal (de Certeau, 1990). Migrants appropriate dormitories, the main living spaces away from work, in subtle though indispensable ways. These appropriations are like micro resistances to lack of concern about migrants'well-being and living conditions on the part of the authorities. However, the retreat into the dormitory also conveniently meets the wishes of the Qatar State to quash all political aspirations of migrants considered only as a temporary imported workforce.
    • La prison, une « cité avec des barreaux » ? Continuum socio-spatial par-delà les murs - Lucie Bony p. 275-299 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans la perspective des travaux géographiques et sociologiques qui analysent les relations entre l'intérieur et l'extérieur de la prison et interrogent l'application du concept d'« institution totale » (Goffman, 1968 [1961]) au contexte carcéral, on souhaite montrer que la vie sociale en détention n'est pas seulement façonnée par les contraintes internes à l'institution, mais qu'il existe une continuité des réseaux relationnels et des rapports sociaux par-delà le mur. Cette analyse repose sur une enquête ethnographique réalisée à la maison d'arrêt des Hauts-de-Seine, en banlieue parisienne. Il s'agit dans un premier temps de montrer l'existence d'un continuum social entre la prison et les zones urbaines d'où est originaire une majorité de détenus. Celui-ci transparaît dans les rapports sociaux en détention, qui correspondent à une version carcéralisée de la « culture de rue », et dans la continuité des réseaux relationnels d'interconnaissance en prison et à l'extérieur. On s'intéresse dans un second temps à la territorialisation de ce continuum social à différentes échelles (répartition en cellule, cohabitation en cours de promenade, mobilité interne des détenus, rapports à l'extérieur) et à sa participation au processus de « détotalisation » de l'institution carcérale.
      Following the geographical and sociological studies that analyze the relationship between the inside and outside of the prison and examine the application of the concept of "total institution" (Goffman, 1968 [1961]), we intend to show that social life in prison is not only shaped by the internal stresses of the institution, but that there is also a continuity of social relations beyond the wall. This analysis is based on an ethnographic survey conducted in the Hauts-de-Seine prison, in the Paris suburbs. We will first show the existence of a social continuum between prison and inmates'urban area of origin. This is well reflected by the social relations in detention, which correspond to a prison version of the "street culture", and by the continuity of knowledge networks existing both inside and outside the penitentiary. Then, we will delve into the territorialization of this social continuum at different scales (distribution in cells, cohabitation in the exercise yard, internal mobility of inmates, relations with the outside) to finally show how it contributes to the "detotalization" of the prison institution.
    • La prison, la police et le quartier. Gouvernement urbain et illégalismes populaires à Yaoundé - Marie Morelle p. 300-322 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose de discuter de la construction politique et sociale de la population pénale à Yaoundé, capitale du Cameroun, plus largement de la gestion des illégalismes en ville. Dans un premier temps, l'analyse d'une série de données collectées sur la population détenue de la prison centrale de Yaoundé permet de formuler l'hypothèse d'une sous-représentation des détenus condamnés pour revente de cannabis, au regard des divers motifs d'incarcération. C'est pourquoi, dans un deuxième temps, l'analyse se décentre de l'étude de la prison en tant que telle pour privilégier celle du quotidien de plusieurs dealers de quartiers populaires de Yaoundé. En retraçant les itinéraires et les stratégies de revendeurs de cannabis, il s'agit de comprendre quels sont les modes de négociations permettant l'exercice et la pérennité d'une telle activité. Dès lors, il paraît possible de resituer le rôle de la prison au sein du système pénal eu égard à celui d'autres institutions intervenant en amont de la prison : la justice et surtout la police et la gendarmerie. Du quartier à la prison, cet article revient sur les manières de gouverner la ville, dans le cadre d'un dispositif de pouvoir où entrent en tension la loi, différentes normes (professionnelles, sociales), des stratégies et des tactiques des habitants permettant, à divers degrés, des formes de transgressions. L'analyse a pour objectif de montrer comment des processus d'assujettissement s'expriment et se développent à travers une multitude de sites comme d'institutions : la prison, le commissariat ou la brigade de quartier notamment.
      This article discusses the political and social structure of the penal population in Yaoundé, the capital of Cameroon, and more broadly examines the management of illegalisms in the city. Based on a statistical study of prison registry records, the analysis will give particular attention to the everyday life of poor neighbourhoods and the illegal activities within them. It now appears possible to reconstruct the role of prison within the penal system, taking account of that of other institutions and methods of regulating social relations in the city, first and foremost the police and the gendarmerie. From neighbourhoods to prisons, this article looks at ways of controlling the city, in the context of a reticular system of power that involves a tense intertwining of the law, various norms (professional, social) and inhabitants'strategies and tactics that, to varying degrees, allow them various forms of transgression. The objective of the analysis is to show how the subjugation process is manifested and developed through a variety of places and institutions, especially prisons, police stations and neighbourhood police substations.
  • Comptes rendus