Contenu du sommaire : De mère en fille

Après avoir brossé le contexte général des relations mère-fille, l'auteur présente ici la situation particulière, régulièrement rencontrée en clinique, de la fille parentifiée dont le rôle n'a pas été reconnu et qui passe de la situation de l'enfant idolâtré à celle de patient identifié. Quelle place reste-t-il pour le père dans ce duo mère-fille, quelle est l'élaboration de la relation mère-fille au travers des générations ?

Les relations humaines sont marquées du sceau de la complexité et la relation mère - fille n'échappe pas à cette « règle ». L'une étant issue de l'autre, elles sont semblables l'une à l'autre par le sexe et différentes l'une de l'autre par les générations. La proximité liée à la similitude peut être redoutable. La distance liée aux différences d'âge ne peut être réduite et de ce fait, peut être intolérable à l'une comme à l'autre. Découlant de cet état de fait, les sentiments parfois passionnés et passionnels peuvent se rencontrer. Les exemples cliniques sont multiples et demandent au thérapeute de pouvoir entendre et parfois nommer l'impensable et l'innommable.

Régulièrement, la clinique conduit à constater l'intensité, voire la violence du lien unissant la mère et la fille. À partir des hypothèses proposées par Françoise Héritier et René Girard, l'auteur avance l'idée qu'à l'origine de la complexité de cette relation, se pose la question de l'identité et de la lutte à laquelle l'une ou l'autre, parfois les deux, se livrent pour échapper à cette « mêmeté ». Plusieurs exemples montrent comment l'échec de cette tentative de différenciation peut aboutir tantôt au sacrifice du couple conjugal, tantôt à celui de l'enfant en particulier lorsque la mère a elle-même été victime de maltraitances.

Commentant une situation clinique conflictuelle entre une mère et sa fille, les auteurs mettent en évidence les fonctions complémentaires des vécus de deux femmes, prises dans un processus circulaire qui les enferme toutes deux alors que chacune voit l'autre comme seule responsable des tensions. Les auteurs soulignent le rôle des processus impliquant la répétition de vécus qui confortent des constructions du monde fondées sur des expériences antérieures, et soulignent combien l'espace tiers ouvert par le thérapeute permet de sortir du cycle de répétitions pathologiques.

Les liens mère-fille sont variés, sujets à des répétitions ou au contraire ouverts à l'émergence du changement. Des vignettes cliniques illustrent ces différents aspects. Les résonances émergeant dans les rencontres entre les familles et l'auteur, elle-même thérapeute, mère et fille, sont également évoquées. Des réflexions sur certains aspects de la psychothérapie et de ses objectifs font également l'objet de cet article.

Quand elle parle de sa maternité, toute mère en arrive tôt ou tard à évoquer le personnage de sa propre mère, comme si elle en était naturellement lestée. Ce qui, dans l'univers de la reproduction, procéderait somme toute d'une certaine logique. On s'aperçoit cependant que ce lien, réputé adjuvant, est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Son influence sur la fille est en effet si grande qu'il peut autant conditionner son accès à la fertilité qu'intervenir dans le déterminisme du sexe des enfants qu'elle concevra.

Si l'on s'en tient à l'anatomie, au réel du corps, nous pouvons dire que la vulve est un lieu de passage, un orifice par lequel passe le flux de la vie, le flux de l'Eros. Comme tout orifice, il s'ouvre et il se ferme dans une dynamique pulsionnelle. Les premières pertes, et l'émoi qu'elles suscitent, signent pour la jeune pubère l'avènement de la féminité. À l'autre bout, la question de la féminité se ré- interrogera au moment de la ménopause, quand une femme est confrontée via le réel de son corps à se soutenir symboliquement et non plus réellement du signifiant de la perte. La maternité, par contre, constitue ce temps de clôture partielle et momentanée du corps qui ne perd plus. La fin de cette période s'annonce par la perte des eaux inaugurant d'autres pertes, certaines imaginaires et d'autres symboliques. Comment pourra se dire et s'entendre la douleur qui accompagne toute perte, quels qu'en soient son statut et son origine, dans un contexte actuel où bien souvent elle est anesthésiée ? Nous soutiendrons ce questionnement, ainsi que celui provenant de la différence de places entre maternité et féminité, différences qui parfois s'entrecroisent et parfois s'entrechoquent au risque de s'anéantir.

L'article présente une action sociale mise en place sur un quartier populaire de la ville de Rennes, en Bretagne, expérience tentant de maintenir une parité entre les personnes. Cette action qui répond à ce qui est nommé le soutien à la parentalité, vise à restituer les savoirs inconscients de chacun, les savoirs inhibés ou les gestes d'humanité les plus enfouis. Chacun est riche de ces savoirs, mais les ignore ou les péjore à l'aune d'une représentation normative. Cette offre de paroles se réalise en mettant sur la voie publique un petit bus aux couleurs vives où montent les gens qui sont accueillis autour d'une boisson chaude par un tandem de deux personnes – un bénévole et un professionnel du quartier – permettant la symétrie des positions et l'authenticité des postures dans un engagement personnel.