Contenu du sommaire
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 49, septembre 1998 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Amartya Sen Prix nobel d'économie 1998
- Introduction à l'article Ethique et Finance d'Amartya Sen - Jean-Marie Thiveaud
- Ethique et finance - Amartya Sen La finance est une matière dont les préceptes éthiques ont été examinés sous tous les aspects depuis des milliers d'années. Dans cet article, Amartya Sen s'attache à décrire quelques aspects des analyses traditionnelles de l'éthique et de l'économie financière, allant de Kautilya et d'Aristote au IVe siècle avant J.-C. à Adam Smith au XVIIIe siècle. Il apparaît que les principes et préoccupations qui ressortent de ces analyses restent vraiment pertinents face aux problèmes actuels de l'organisation financière et qu'ils nous aident à analyser les difficultés contemporaines. Amartya Sen illustre son propos par des questions d'éthique financière et commerciale, connexes et qui traitent des devoirs des agents financiers, gestionnaires ou autres administrateurs d'institutions financières et de sociétés commerciales.
L'Histoire au présent
- Condorcet. Prévoyance, finance et probabilités : entre raison et utopie - Jean-Marie Thiveaud
Dossier
- Les monnaies parallèles : évaluation et enjeux théoriques du phénomène - Jérôme Blanc Les monnaies parallèles sont des moyens de paiement et des unités de compte très divers employés aux côtés des monnaies nationales. Un essai de recension sur une période récente (1988-96) et de taxinomie du phénomène révèle la permanence de leur emploi jusque dans des économies financièrement stables ainsi que leur grande diversité. En particulier apparaît la catégorie des paramonnaies, instruments employés en compte ou en paiement de façon très partielle. Le phénomène des monnaies parallèles invite donc à réviser les fondements conceptuels de la théorie monétaire. Ceci conduit à interroger les analyses existantes des monnaies parallèles. Or elles éprouvent beaucoup de difficultés à rendre compte autant de leur permanence que de leur diversité. Ce texte esquisse alors les pistes d'un réexamen critique du concept de monnaie et d'un schéma général de pratiques monétaires intégrant la possibilité de leur emploi permanent.Parallel money : appraisal and theoretical stakes of the phenomenon Parallel money consist of means of payment and units of account employed beside the national currencies in the internal relations of contemporary States. An inventory shows 465 cases of parallel money in 136 States on a recent period (1988-96). This gives evidences of their use even in financially stable economies and of their great variety. A short typology of the phenomenon shows the type of paramonies which consist of means of payment or units of account intended to be employed in a limited range of purposes and by a limited range of agents only. Hence the phenomenon of parallel money leads to a reappraisal of the very conceptual basis of the monetary theory. These evidences lead to question the way the economic theory considers such a phenomenon and especially the present analysis of parallel money. Some sorts of parallel money are the outcome of some attempts to put into practice theories tending to reform the monetary organization of the society. Moreover, the current analysis of the currency substitution develop portfolio approaches that make difficult to analyze the use of means of payment and units of account, and they only allow to analyze the use of foreign currencies as parallel money. The analysis of hyperinflation show some ways to think money differently but parallel money are still considered as fringing situations. The permanence and the variety of the phenomenon are still to take into account, so this text outlines the ways to a critical reappraisal of the money concept. Money appears to be both a wide range of instruments not confined to the instruments of the national currency, and a system of payment including the monetary instruments. Money appears finally to be a principle of debts solution. Then this text outlines the ways to a general schema of monetary uses of which parallel money would be an integrant part. The analysis of the social structure, centred round the concept of pay community and monetary groups, allows to think parallel money as normal, permanent and various instruments used by the agents.
- Le comportement financier des migrants maliens et sénégalais de France - Seydi Ababacar Dieng, Léon Walras Cet article étudie, à partir de travaux antérieurs et d'enquêtes de terrain, le comportement financier des migrants maliens et sénégalais en France. Leur comportement obéit plus à des logiques socioculturelles qu'économiques et se caractérise par une hétérogénéité qui repose d'une part sur le statut matrimonial et d'autre part sur le souhait de retour dans le pays d'origine.Financial behaviour of Mali and Senegalese migrants in France In this paper we study from former works and interviews the financial behaviour of Mali and Senegalese migrants living in France. Their behaviour depends on sociocultural more than economical reasons and is characterised by an heterogeneousness which depends on matrimonial status on the one hand, and on the other hand on the hope to return in the own country.
- La politique monétaire française à travers la règle de Taylor - Alexis Penot La règle de Taylor est l'illustration la plus populaire de l'efficacité des règles activistes de politique monétaire. De nombreux travaux ont montré, sans s'interroger sur l'optimalité de la règle initiale, que les grands pays industriels ont suivi une politique proche de la règle de Taylor. La France est une exception notable alors que l'on attribue souvent une partie de la responsabilité de la faible croissance des années 90 à une politique monétaire trop restrictive. Le but de cet article est donc de déterminer, par des simulations, une règle de Taylor optimale pour la France dans le cadre d'un petit modèle économétrique et de regarder en quoi une telle règle aurait modifié le comportement des prix et de la croissance si elle avait été suivie.French monetary policy and the Taylor rule The Taylor rule is the most popular illustration of the efficiency of activist monetary policy rules. Many previous works have shown, without interrogating themselves on the optimality of the initial rule, that the main industrial countries followed a policy close to the Taylor rule. France is a notable exception whereas one often assigns a part of the responsibility of the weak growth of the nineties to a too restrictive monetary policy. The goal of this paper is therefore to determine, by simulations, an optimal Taylor rule for France in the setting of a small econometric model and to look how such a rule would have modified the behavior of prices and growth if it had been followed.
- Parité euro/dollar et ajustements macro-économiques : que révèle une analyse en termes de change d'équilibre ? - Didier Borowski, Cécile Couharde L'objectif de cet article est, via l'estimation de la parité nominale d'équilibre du dollar vis-à-vis de l'euro, d'appréhender les ajustements macroéconomiques sous-jacents aux mésalignements de change identifiés et de souligner les ambiguïtés quant aux déterminants du policy-mix à mettre en oeuvre de part et d'autre de l'Atlantique. L'approche théorique retenue ici est celle développée par J. Williamson, pour qui le taux de change d'équilibre correspond au taux de change effectif réel permettant aux économies d'atteindre simultanément leurs équilibres interne et externe à moyen terme. Les parités bilatérales d'équilibre des monnaies européennes vis-à-vis du dollar sont calculées en inversant une maquette de commerce mondial dérivée d'un modèle multinational (Nigem). Une proxy du taux de change de l'euro vis-à-vis du dollar est alors construite en agrégeant six des monnaies européennes qui intégreront l'euro selon leurs poids dans l'écu. Nos résultats conduisent à identifier, à la mi-98, une surévaluation du dollar vis-à-vis de l'euro de 10% qui s'explique tant par l'importance du déficit courant américain que de l'excédent de la zone euro. Si le dollar persistait durablement au niveau atteint aujourd'hui (1$ = 5,50 FF avec des parités intra-zone euro à leur cours-pivot, le 12 octobre), il serait ainsi proche de sa parité d'équilibre. Ce résultat correspond à une cible de compte courant américaine de -1 point de Pib, soit le niveau de déficit maximal jugé compatible avec la soutenabilité du compte courant. Dans l'hypothèse où l'épargne serait devenue un déterminant clé (exogène) de l'évolution des soldes courants (devant les variables explicatives plus traditionnelles que sont les écarts de conjoncture et la compétitivité, et ce indépendamment d'elles), il serait nécessaire de s'interroger sur la nature du déficit d'épargne privée aux États-Unis. Si ce déficit est structurel, le taux de change constitue la variable d'ajustement appropriée pour résorber le déficit courant américain, malgré les pertes de compétitivité-prix induites pour les exportateurs européens. Si, en revanche, ce déficit est de nature plus conjoncturelle, le problème qui se pose, aux États-Unis, est celui de la plus ou moins grande capacité du policy-mix à réguler le taux d'épargne américain, indépendamment de ses effets sur le change réel. Face à l'impossibilité ou à l'absence de volonté des autorités américaines d'adopter le policy-mix approprié et dans la mesure où une coordination internationale des politiques économiques demeure fort peu probable, il appartient aux autorités monétaires de la zone euro d'intégrer, en permanence, le taux de change dans leurs objectifs (au moins officieusement). Dans la situation qui prévaut, ces dernières devraient ainsi opter, dès aujourd'hui, pour un assouplissement monétaire plus marqué que celui auquel vient de consentir la Fed.Euro/ Dollar Parity and Macro-Economic Adjustments : What Does an Equilibrium Exchange Rate Analysis Show ? This article aims to discern the macro-economic adjustments underlying identifiable exchange-rate misalignments by estimating the nominal equilibrium parity of the dollar vis-à-vis the euro and to highlight the ambiguity surrounding the determinants of the policy mix to be implemented in Europe and the United States. Our chosen theoretical approach is that developed by J. Williamson, who equates equilibrium exchange rates with the real effective exchange rate that enables economies to reach their medium-run internal and external equilibrium simultaneously. The equilibrium bilateral parities of the European currencies vis-à-vis the dollar are calculated by inverting a world trade model derived from a multinational model (NIGEM). A proxy for the euro/dollar exchange rate is then constructed by aggregating six of the European currencies that will join the euro, using their weights in the Ecu basket. Our results show that the dollar is overvalued by 10% in relation to the euro in mid-May 1998. The size of the American current account deficit and the Euro Area's surplus explain the gap. If the dollar were to remain at today's level of 5.50 French francs, and the intra-Euro Area parities at their 12 October central rates, then the dollar would be close to its equilibrium parity. This result corresponds to an American target of a 1-GDP-point current account deficit, which is deemed to be the maximum sustainable current account deficit. Assuming that savings will become a key (exogenous) determinant for current account balances, and that savings will come to outweigh more traditional explanatory variables such as cyclical lags and competitiveness differentials, while remaining independent of them, we must then examine the nature of the private savings deficit in the United States. If it is a structural deficit, then the exchange rate is the appropriate adjustment variable for reducing the American current account deficit, even though it would harm European exporters' price competitiveness. If, on the other hand, the deficit is more cyclical in nature, the problem facing the United States is how well policy mix can regulate the American savings rate, independently of its effects on the real exchange rate. In view of that American authorities' inability or unwillingness to adopt an appropriate policy mix, and in so far as international co-ordination of economic policies remains highly unlikely, it is up to Euro Area monetary authorities to factor exchange rates into their objectives, at least informally. Under the prevailing conditions, the Euro Area monetary authorities should choose today to undertake a more marked easing of monetary conditions than that just announced by the Fed. harm European exporters' price competitiveness. If, on the other hand, the deficit is more cyclical in nature, the problem facing the United States is how well policy mix can regulate the American savings rate, independently of its effects on the real exchange rate. In view of that American authorities' inability or unwillingness to adopt an appropriate policy mix, and in so far as international co-ordination of economic policies remains highly unlikely, it is up to Euro Area monetary authorities to factor exchange rates into their objectives, at least informally. Under the prevailing conditions, the Euro Area monetary authorities should choose today to undertake a more marked easing of monetary conditions than that just announced by the Fed.
- Réactions à l'article de D. Borowski et C. Couharde - Patrick Artus
- L'évolution maîtrisée du gouvernement d'entreprise au Japon face à la concurrence bancaire et aux investisseurs institutionnels - Laurence Loulmet
- Risques financiers : juniors vs seniors - Jean-Paul Laurent, André Tiomo Nous étudions la part des actifs risqués (actions, obligations,...) dans le patrimoine financier des ménages en fonction de l'âge du chef de ménage, à partir de deux enquêtes réalisées en 1995 sur la détention d'actifs financiers. Contrairement à l'intuition courante, les seniors détiennent plus d'actifs risqués que les juniors, que l'on s'intéresse aux propriétaires ou aux non propriétaires et pour toutes les classes de richesse. Après avoir présenté nos données et une classification des actifs financiers, nous envisageons diverses explications à nos résultats : apprentissage, forme des préférences, dotations initiales. Nous considérons en particulier l'idée selon laquelle les jeunes ménages aisés ayant un risque de fluctuation de leurs revenus plus important que leurs aînés vont, dans une logique de diversification du risque, minorer leurs placements financiers risqués.Financial risks : juniors vs. seniors We consider the proportion of risky assets (stocks, bonds,...) among the household portfolios as a function of householder age, using two surveys conducted in 1995 on the holdings of financial assets. Unlike a common idea, older households hold more risky assets than their younger counterparts, both for homeowners and non homeowners and also among all wealth classes. We present the datasets used, the chosen classification of risky and riskless assets and we consider some explanations of the obtained results : learning effects, behaviour towards risk, background risk. We investigate the hypothesis that the volatility of young households earnings is high and thus that they minimize their risky financial investments.
- La bourse de Paris au XIXème siècle : l'exemple d'un marché émergent devenu efficient - Pedro Arbulu
- Les monnaies parallèles : évaluation et enjeux théoriques du phénomène - Jérôme Blanc