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Cet article se propose d'étudier les rapports entre activités de service et développement régional en Suisse. Dans une première partie théorique, nous définissons les concepts de développement endogène et d'activités de service. Une deuxième partie, empirique, propose, à travers le cas suisse, de vérifier les deux hypothèses suivantes : le secteur de service favorise le développement des grandes villes où sont concentrés les pouvoirs économiques. Ce mouvement profite également aux villes moyennes et petites en tant que relais du pouvoir des grandes villes. Mais cette croissance masque une dépendance qui rend toute forme de développement endogène difficile, sinon impossible.

Un county du nord-est des Etats-Unis, peuplé d'une centaine de milliers d'habitants, au lendemain de la seconde guerre mondiale, se trouve intégré aux grandes mutations économiques et sociales de la nation américaine. Sans avoir de véritable tradition urbaine ou industrielle, le Dutchess County, (New York) est devenu, en l'espace d'une trentaine d'années, le fief du leader mondial de l'informatique, International Business Machines. L'implantation de la corporation perçue alors, et à juste titre, comme l'occasion inespérée de réanimer l'économie locale semble, dans le même temps, avoir introduit de nombreux déséquilibres économiques, sociaux et spatiaux. En raison de la mauvaise intégration de l'entreprise au milieu local, un dualisme économique est apparu ; une explosion démographique sans précédent a conduit à rompre les relations sociales traditionnelles et à juxtaposer deux populations aux préoccupations et aux revenus différents ; enfin, l'absence de planification du développement local a conduit à une transformation de l'occupation de l'espace et à une désorganisation des structures régionales.