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Sur la base de statistiques récentes et, notamment, de celles qui proviennent du Recensement agricole de 1979, l'auteur présente une typologie socio-économique de l'agriculture portugaise à la veille de son intégration à la C.E.E. Il souligne l'importance de la petite agriculture familiale (595 000 exploitations sur un total de 784 000) non seulement pour la production agricole mais aussi pour la fourniture d'une main-d'œuvre «flexible » et bon marché aux autres secteurs de l'économie. Dans le cadre d'une politique cherchant à la fois à optimiser la production agricole et l'emploi, l'auteur estime que la petite agriculture familiale doit être défendue ainsi d'ailleurs que le secteur coopératif issu de la Réforme Agraire qui conserve encore une certaine importance malgré une décade d'hostilité partisane.

Au moment où le Portugal amorce son intégration dans la C.E.E. il importe de connaître le degré de développement et de sous-développement de son agriculture aux niveaux national et régional, l'ampleur des grands problèmes sectoriels du moment, les objectifs prioritaires et les freins qui entravent sa réalisation, spécialement les freins structuraux. On a analysé dans cet article, à diverses échelles et selon la dimension des exploitations, la densité de diffusion de certaines formes de dynamisme et de progrès (mécanique, chimique, biologique, d'organisation et de gestion), à partir des données du Recensement Agricole du Continent (R.A.C.) de 1979. On a essayé de classer les districts et les exploitations selon le degré de développement de leurs agricultures et de l'ouverture au progrès des entrepreneurs agricoles.

Inscrite dans la Constitution, la régionalisation bénéficie d'un véritable consensus au Portugal. Elle demeure pourtant difficile à mettre sur pied. La territorialité au Portugal a toujours été plus locale (le bourg ou le village) que véritablement régionale. Mis à part les archipels atlantiques et, dans une certaine mesure, pour des raisons historiques, l'Algarve, il n'y a pas de tradition régionale au Portugal. En outre, exceptées les deux grandes agglomérations de Lisbonne (dont le rôle international a diminué) et de Porto, les villes portugaises, petites et nombreuses, sont dépourvues généralement d'un potentiel suffisant de régionalisation. Fréquemment consulté par les décideurs, l'auteur apporte un jugement nuancé et prudent.

C'est une typologie des aires industrielles au Portugal qui est présentée. On y articule les aspects productifs (modèles de spécialisation sectorielle, structure technologique et d'organisation, marchés, etc.), sociaux (types d'investisseurs, marchés du travail) et territoriaux (accessibilité, peuplement, etc.). Simultanément sont mises en évidence les conséquences, régionalement diversifiées, de la crise internationale actuelle, de la révolution de 1974 et de quelques orientations macroéconomiques prises postérieurement. Les tendances relevées indiquent une utilisation et une évolution différentes des diverses réalités régionales, elles expriment une segmentation croissante des structures socio-culturelles, productives et territoriales prédominantes dans chacune des classes régionales. Les territoires encore fortement ruraux mais avec un degré appréciable d'accessibilité et les chefs-lieux de district ont révélé un dynamisme industriel au-dessus de la moyenne. Par contre, les deux principales villes (Lisbonne et Porto), les aires d'ancienne industrialisation et la majeure partie des régions intérieures voient diminuer leur contribution à la production industrielle nationale.

En faisant la lecture de l'Acte Général de Démarcation entre le Portugal et l'Espagne, suivant pas à pas les bornes et lieux de passage de la frontière, nous nous interrogeons sur son appartenance locale, son assise villageoise. Chemins, fontaines, sources et cours d'eau, pâturages communs, traversée de champs et de cultures, appui sur des murs et bornes de propriété, marques d'investissement symbolique et religieux, appropriation toponymique, sont autant de repères pour penser la frontière comme chose du village -frontière qui, par ailleurs, participe de sa reproduction économique et sociale, comme elle agit sur la pensée de ses habitants. Cela nous conduit à rappeler, pour renforcer l'idée d'une incorporation locale de la frontière, un aspect peut-être souvent oublié : cette ligne de séparation de deux États est aussi (pour ce qui concerne, en particulier, la frontière sèche) la limite qui divise et met en contact les confins des finages que les villages, par des opérations matérielles et symboliques, surveillent et protègent. Territoire et identité s'articulent et la complexité et le foisonnement de sens dans le vécu local de la frontière ne peuvent être saisis que sur place, au village. Ce texte ne veut que proposer quelques pistes de réflexion pour des recherches à entreprendre.