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Les géographes français sont très tôt attirés par le monde méditerranéen. Vidal de la Blache en propose une interprétation qui marque toute l'École française : les contraintes climatiques font qu'aucun milieu ne peut y prospérer dans l'autarcie. La complémentarité des genres de vie appelle une organisation de l'espace où montagnes, collines et plateaux, corniches littorales et plaines basses sont organiquement liées. De la carte des densités, on passe ainsi à l'analyse des milieux et des genres de vie, puis à celle de leur articulation en ensembles complexes - et en même temps fragiles. Le modèle vidalien, progressivement élargi, appelle des interprétations historiques, que Braudel développe, et une analyse politique qu'Ancel exploite.

Cet article s'attache à montrer que l'histoire et l'épistémologie de la géographie peuvent beaucoup tirer parti de la considération des formes du discours, c'est-à-dire pas seulement de son contenu. A partir de l'exemple des idées aristotéliciennes, on distingue quatre niveaux de discours. Ils sont structurés par ces idées et, en retour, contribuent à les diffuser. Ils concernent les objets d'étude, le langage utilisé, la classification des savoirs et la rhétorique impliquée. Toutes ces formes du discours ont contraint le développement de la pensée géographique.

La parution des résultats du troisième Recensement agraire espagnol permet de mesurer l'évolution survenue dans les campagnes espagnoles depuis vingt ans. Les contrastes ne sont guère atténués, ni sur le plan social où prédominent toujours numériquement la petite exploitation et spatialement la grande, ni sur le plan régional où l'emportent tantôt la grande exploitation (Sud et Sud-Ouest), le minifondisme (Nord-Ouest, Nord-Est et Canaries) et plus rarement l'exploitation moyenne (Bassins du Duero et de l'Ebre, Baléares). Le mouvement de concentration est timide, parfois contrebalancé par la division des exploitations mises en irrigation. Avec la modernisation et l'intensification de la culture et de l'élevage dans les grands domaines, les Réformes agraires, nationales ou régionales (Andalousie, Estrémadure) ont des objectifs plus économiques (menace d'expropriation pour les grandes exploitations insuffisamment mises en valeur) que sociaux (redistribution des terres expropriées).