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Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 566, 1992 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Des Hautes terres d'Asie centrale aux plateaux et aux plaines alluviales de Chine - Alain Godard p. 369-370
- Questions de géomorphologie dans l'ouest du Kunlun et du Tibet - Monique Fort, Olivier Dollfus p. 371-412 A partir d'une traversée effectuée en 1989 dans l'Ouest du Tibet, nous présentons nos principaux résultats, en les plaçant dans la perspective des recherches pluridisciplinaires réalisées au cours de ces vingt dernières années sur l'ensemble du Tibet et de sa ceinture montagneuse. L'organisation majeure des reliefs actuels résulte de la collision Inde-Asie (Eocène) et de ses conséquences à l'échelle continentale : apparition d'un haut plateau par épaississement de la croûte lithosphérique (altitude actuelle moyenne ~ 5 000 m), formation de chaînes de subduction continentale dont la surrection n'est pas achevée (Himalaya, Kunlun). Sur le Plateau, l'activité néotectonique (décrochements, failles normales), bien que localisée, est à l'origine du cloisonnement des reliefs et de la désorganisation du réseau hydrographique (endoréisme généralisé ; cuvettes lacustres). Les conditions actuelles, désertiques et continentales, sont extrêmes: P < 100 mm/an ; T.M.A. < 0 °C ; indigence des écoulements ; modelés éoliens et périglaciaires. La morphologie du Tibet est surtout héritée : vastes topographies d'aplanissement fini-tertiaires, traces d'englacements quaternaires limitées aux secteurs récemment soulevés (pas de preuve de l'existence d'un inlandsis tibétain), témoins de périodes plus humides (épandages fluviatiles, remplissages lacustres) de la fin du Quaternaire et de l'Holocène. Nos observations, confrontées aux autres données géologiques (bilans sédimentaires, vitesse de dénudation des batholites, ouverture des grabens du sud-Tibet) et paléoclimatiques (initiation de la circulation de mousson et des dépôts de lœss en Chine, il y a 2.5 M.A.), confortent l'idée que le Tibet avait, à l'aube du Quaternaire, sans doute déjà acquis une altitude moyenne proche de 4 000 m.The main results obtained during the 1989 Sino-French traverse accross West Tibet are presented here and put in perspective with the pluridisciplinary research carried out on the Tibetan Plateau and on its surrouding mountain belts for the last twenty years. Major relief patterns are a result of the Eocene India-Asia collision, the consequences of which influenced the whole continent of Asia : doubling of the lithospheric crust and formation of the Plateau (mean present altitude ~ 5 000 m), continental subductions and creation of the still rising Kunlun and Himalayan ranges. On the Plateau, the neotectonic activity (strike-slip and normal faults), although spacially confined, is responsible for the disruption of the plateau and for the disorganisation of the drainage (widespread endoreism, lacustrine basins). Presently, extreme desertic and continental conditions are prevailing : P < 100 mm/a ; M.A.T < 0 °C ; paucity of runoff ; aeolian and periglacial landforms. Yet, most of the landforms are inherited : Late-Tertiary planation surfaces, Quaternary glacial remnants limited to areas recently uplifted (no fact supporting the Tibetan icesheet hypothesis), Late Quaternary and Holocene more humid periods (fluvial outwash and lacustrine filings). Our observations, compared to other geological data (sedimentary budgets, batholiths unroofing rates, opening of south Tibet grabens) and to palaeoclimatic changes (onset of the monsoon circulation and of lœss deposition, 2.5 My ago), reinforce the idea that, in Early Quaternary, Tibet had probably already reached an average altitude of about 4 000 m.
- Géomorphologie et néotectonique en Asie centrale : l'apport d'observations préliminaires dans le bassin du Tarim (Xinjiang) - Roger Coque p. 413-432 La récente ouverture de la R.P. de Chine aux chercheurs étrangers, et l'essor de l'exploration pétrolière, ont multiplié, les travaux des géologues et des géophysiciens sur le Tibet et les hautes chaînes de l'Asie Centrale. Ils montrent leur accord unanime en faveur d'une phase orogénique décisive, au Plio-Pléistocène, mais révèlent des divergences sur la part à attribuer à la néotectonique. Des observations géomorphologiques faites dans le piémont des Kunlun, principalement, impliquent l'existence de hautes montagnes autour du bassin du Tarim, dès le début du Quaternaire. Par contre, des plis anticlinaux développés dans les molasses tertiaires signalent une tectonique compressive, qui semble encore active au Quaternaire, voire actuellement, d'après quelques indices. Des recherches géomorphologiques systématiques dans les gobis du bassin du Tarim comme dans le Taklamakan contribueraient utilement au débat sur l'ampleur et les aspects de la néotectonique en Asie Centrale.The recent opening of the P.R. of China for foreign scientists, and the rise of the petroleum exploration, give way to much geological and geophysical works on the Tibet and the High Ranges of Central Asia. They show an unanimous agreement in favour of a crucial uplift in Plio-Pleistocene times ; but they reveal a debate about the real part of the neotectonics. Geomorphological investigation, predominantly performed in the Kunlun piedmont, involves high mountains edging the Tarim Basin since the early part of the Quaternary. On the other hand, important fold structures deforming the Tertiary molasses point out a compressional tectonics, which seems still active during the Quaternary up to present, according some evidences. Systematic geomorphological researches in the gobis and the Taklamakan erg would bring a helpful contribution in the debate about the role and the features of the neotectonics in Central Asia.
- Géomorphologie et tectonique active : premiers enseignements de la traversée Kashgar-Khunjerab (Kunlun, Karakorum, Pamir) - J.P. Peulvast p. 433-471 Une reconnaissance morphostructurale dans la terminaison du Tarim et des Kunlun, et dans les parties adjacentes du Pamir chinois a été accomplie le long de l'itinéraire Kashgar-Khunjerab lors de l'expédition franco-chinoise de 1990. Les grands dispositifs des massifs montagneux sont structurés autour du piémont commun des Kunlun et des Tian Shan, et des extrémités N.W. des décrochements du Karakorum et de l'Altyn Tagh. Ils traduisent surtout le rôle majeur des mouvements verticaux différentiels actuels et récents (fini-pliocènes et quaternaires). Néanmoins, l'analyse des modelés liés à la néotectonique, rapportée à celle des grands escarpements le long des articulations majeures du relief (bassins alignés sur les grands décrochements, piémont) fait non seulement apparaître l'existence d'escarpements de faille, mais aussi celle de formes liées à l'érosion différentielle, et celle de formes indépendantes de la tectonique actuelle (vallées antécédentes). L'identification d'héritages morphologiques suggère que le relief porte les traces d'au moins deux grandes phases tectoniques, dont les âges supposés (miocène moyen, plioquaternaire) sont en bon accord avec les autres données chronologiques.Geomorphology and neotectonics : preliminary results of the Kashgar-Khunjerab geotraverse (Kunlun, Karakorum, Pamir). During the 1990 French-Chinese expedition, a morphostructural reconnaissance was conducted along the Kashgar-Khunjerab route in the Western Tarim and the Kunlun, and in adjoining parts of the Chinese Pamir. The major patterns of mountain ranges are organized around the Tian Shan-Kunlun piedmont and the northwestern parts of the Karakorum and Altyn Tagh strike-slip faults. They reflect the prevailing influence of present and recent — Late Pliocene and Quaternary — vertical movements. Nevertheless, comparison between neotectonic landforms and major escarpments, especially on the sides of basins related to the Karakorum fault, also shows a wide diversity of structural landforms created by previous tectonic activity and/or by differential erosion. Identification of landforms inherited front former morphogenetic environments suggests the influence of two major tectonic stages in the landscape evolution, the chronology of which is in good agreement with other chronological data.
- Origine et remise en cause de la théorie des glaciations pléistocènes de la Chine du Sud-Est : le cas des massifs de Lushan et Huangshan - Edward Derbyshire p. 472-490 L'existence de glaciations pléistocènes a été admise dans les massifs de Lushan et Huangshan, depuis le travail pionnier de Li Szeguang dans la décennie 1930. D'après la morphologie des vallées et la présence d'abondants diamictons de piedmont, Li a élaboré dans le Lushan une stratigraphie qui, en dépit de contestations ultérieures, s'est imposée en Chine pendant plus de cinquante années. Dans la perspective d'une modélisation des changements paléoclimatiques du Pléistocène, il est devenu crucial de vérifier la réalité de l'englacement de ces petits massifs montagneux de la Chine du Sud-Est situés à une latitude d'environ 30°N. Sur la base d'une étude morphologique et sédimentologique et d'une revue de la littérature, le présent article réfute l'interprétation de Li. Les vastes diamictons de piedmont s'avèrent correspondre à des cônes d'alluvions et de coulées de débris profondément altérées. Aucune preuve d'englacement n'est apportée par les deux massifs que caractérise une morphologie de dissection fluviatile commandée par la structure et affectant des volumes rocheux fortement météorisés.Both the Lushan and the Huangshan have been regarded as sites of Pleistocene glaciation since the pioneer research of Li Szeguang (J.S. Lee) in the 1930s. He adduced a glacial stratigraphy for the Lushan based on the interpretation of valley morphology and the abundant piedmont diamictons as glacial. Li's framework became the dominant hypothesis in Chinese glacial stratigraphy for over 50 years. The status of glacial hypothesis for these small mountain massifs of south-east China (c. 30°N) is crucial for soundly-based palaeoclimatic modelling of the Pleistocene. This paper offers new interpretations based on recent field and laboratory analysis. Both massifs are shown to have an erosional geomorphology produced by structurally-controlled fluvial dissection and the widespread diamictons are shown to be deeply-weathered piedmont fans of alluvial and debrisflow origin. There is no incontrovertible evidence of glaciation in either the Lushan or the Huangshan.
Notes
- Une mission sino-allemande dans les Kunlun et le Taklamakan - Roger Coque p. 491-494