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Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 620, 2001 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- L'espace domestique : pour une géographie de l'intérieur//For an insider's geography of domestic space - J.-F. Staszak p. 339-363 Les sciences sociales et singulièrement la géographie ne se sont guère intéressées à l'espace domestique. Cet espace est anthropique, différencié, privé, familial, corporel et il constitue un territoire fondamental. En tant qu'espace géographique, il est le produit d'une société dont il porte les normes et, en même temps, il structure la vie quotidienne et participe à la reproduction sociale. L'espace domestique est un enjeu scientifique et épistémologique important car ceux qui l'habitent le construisent en tant qu'acteurs géographiques à l'échelle, négligée par la discipline, du corps et de l'individu. En cherchant à dépasser les réticences épistémologiques et méthodologiques de la géographie sur ce thème, on se propose d'examiner la question de l'espace domestique dans son rapport à la modernité.Domestic space has been neglected by social sciences, and especially by Geography. This space is an anthropic, differentiated and private one, which has to do with the family and the body, and constitutes a basic territory. As a geographical space, it is both produced by society and social values, and involved in the social reproduction of everyday life. Domestic space is an important scientific and epistemological issue in so far as the people who live there behave as geographical agents and build their domestic space, at a bodily and individual scale unfamiliar to most of the geographers. Trying to overpass the methodological and epistemological reluctance of Geography with the topic, modernity is proposed as a key to a better understanding of the recent changes in domestic space.
- L'espace domestique dans la ville africaine. L'exemple du quartier musulman de Yaoundé//Domestic space in african town. The example of the muslin quarter of Yaoundé - X. Durang p. 364-382 L'espace domestique dans la ville africaine est le reflet d'une culture urbaine où règne la précarité et où les héritages autochtones cohabitent avec la modernité. Dans le quartier de la Briqueterie (Yaoundé), la conception de l'espace domestique se distingue de la notion d'espace privé pour des raisons qui tiennent à la fois du surpeuplement, de la permanence des obligations communautaires et de la confusion de l'espace domestique et de l'espace de travail. Si la maison est très ouverte sur l'extérieur, l'appropriation et l'organisation de l'intérieur traduisent, dans cet environnement musulman, la permanence de l'infériorité et les mutations du statut de la femme. Au-delà d'une lecture de la citadinité africaine et de ses enjeux, cette analyse micro-géographique essaye également de montrer l'intérêt d'une géographie centrée sur la vie quotidienne.Domestic space has been neglected by social sciences, and especially by Geography. This space is an anthropic, differentiated and private one, which has to do with the family and the body, and constitutes a basic territory. As a geographical space, it is both produced by society and social values, and involved in the social reproduction of everyday life. Domestic space is an important scientific and epistemological issue in so far as the people who live there behave as geographical agents and build their domestic space, at a bodily and individual scale unfamiliar to most of the geographers. Trying to overpass the methodological and epistemological reluctance of Geography with the topic, modernity is proposed as a key to a better understanding of the recent changes in domestic space.
- Esprit des lieux et modèles culturels. La mutation des espaces domestiques en arctique inuit//Sense of Place and Cultural Identities: Inuit Domestic Spaces in transition - B. Collignon p. 383-404 Entre 1955 et 1968, les Inuit du Canada se sont sédentarisés dans des villages permanents, et sont passés dans ce mouvement des maisons de neige à pièce unique— les iglous — aux maisons individuelles à plusieurs chambres mises à leur disposition par le programme de logement social du gouvernement fédéral. Jusqu'à présent, la plupart des géographes ont négligé l'étude des espaces domestiques, tout comme d'ailleurs les anthropologues travaillant sur l'Arctique. Pourtant, il s'agit là d'espaces géographiques et culturels de première importance. À travers l'examen du cas des Inuinnait (groupe inuit de l'Arctique Central Occidental), cet article étudie les effets de l'exposition d'un groupe culturel à une architecture domestique conçue suivant des concepts et valeurs propres à une autre culture. Il présente les résultats d'une recherche fondée sur près de 1 5 ans d'observation des intérieurs contemporains des Inuit (1986-2000), complétés par une série d'entretiens semi-directifs conduits au printemps 1998 auprès de femmes âgées ayant vécu la sédentarisation alors qu'elles étaient déjà adultes et mères. L'article analyse l'ampleur du traumatisme culturel et les difficultés rencontrées encore aujourd'hui par les Inuit pour s'approprier une architecture étrangère, ainsi que les modalités de résistance aux normes d'organisation de l'espace domestique fortement suggérées par l'architecture elle-même. La dimension géographique des espaces domestiques est alors soulignée.In the late 50's and early 60% the Inuit people of Canada settled down in permanent villages under various pressures. One of the major changes related to this move to the settled way of life was the shift from igloos — and summer tents — to permanent houses, at first very simple one-room units called "match-box houses" and later multiple-bedroom ones. Houses are a powerful expression of cultural values. Identity is first nurtered inside of them, and one learns there the basic spatial rules of his community. Therefore, one can expect exposure to an architecture carrying values of an alien culture to have important impacts on its dwellers. Yet so far, both geographers and Arctic anthropologists have neglected domestic spaces issues, the former not feeling at ease with the micro-scale and the later focusing their attention on the newly formed communities, at the settlement scale. This paper discusses the results of a study conducted among the Inuinnait people (Western Central Arctic) about the way they have been dealing, for over 30 years now, with the shift from vernacular dwellings to social housing ones. Information was collected through both observation over nearly 15 years (1986-2000) of Inuit's modem homes and their spatial organization, and formal semi-directive interviews conducted with elderly women — who experienced the shift as mothers — in the spring of 1998. The research revealed that adaptation has been more than difficult, but also that, if the Inuit culture is put at risk in the new dwellings, it is inside of them too that the Inuit are creating mediations between their culture in transition and the Western one. Building from this case study, the conclusion insists on the importance of domestic spaces as geographical spaces through which we can get a better understanding of the dynamics of cultures and identifies.
- La modernisation de l'habitat en Corée du Sud. Usage et image des appartements de style occidental//The modernization of housing in south Korea. Use and image of the western style apartment house - V. Gelézeau p. 405-424 À travers l'étude de l'espace domestique des appartements modernes en Corée du Sud, l'article analyse certains des processus d'acculturation qui affectent les sociétés en croissance rapide. Alors qu'au début des années soixante, la majorité des familles coréennes vivaient dans des maisons dont l'équipement et l'organisation s'inspiraient de ceux qui caractérisaient la maison traditionnelle de style coréen (hanok), les trente années du «miracle économique» (1960-1990) ont consacré l'appartement de style occidental (ap'at'ù) comme type d'habitat dominant. À Séoul, pour plus d'un tiers des habitants, le modèle fonctionnel du «LDK» (Living-Dining-Kitchen) a remplacé l'espace polyfonctionnel de la maison traditionnelle et transformé, au moins partiellement, les pratiques quotidiennes. Toutefois, le mode d'habiter spécifiquement coréen reste irréductible aux transformations matérielles du logement: ce mode d'habiter est repérable dans la reformulation des structures archétypales de la maison traditionnelle (cour, opposition «dedans» et «dehors»), aussi bien que dans la persistance des gestes et des habitudes corporelles (usage d'un mobilier spécifique, modes de circulation dans l'appartement, etc.). L'article montre enfin que l'occidentalisation du logement et du mode de vie, bien que toute relative, est signifiante pour les habitants, qui considèrent l'appartement à l'occidentale comme un signe extérieur de richesse.Based on in depth fieldwork conducted with anthropological methods and perspective, the paper aims to describe some aspects of the modernization process in a rapidly developing society, by focusing on the transformation of housing that occurred in South Korea between the 1960s and the 1990s. In the early 60s, most Korean families used to live in detached or semi-detached dwellings, which setting recalled that of the traditional Korean style house or hanok; but in the 1990s, the pervasive Western style apartment house is the dominant housing model. In Seoul, for more than a third of the city inhabitants, the functional LDK (Living-Dining-Kitchen) model replaced the traditional polyfunctional and gender-differenciated space of the hanok. However, the specificity of the Korean housing culture still remains vivid in the apartment, through the « reformulation » of particular structures of the hanok, such as the courtyard. As for the practices, the westernization promoted by the new housing model is only partial, since gestures characterizing the way of life in a hanok still can be observed in apartments, such as taking on and of shoes and carrying the low table (sang) during meals. The article eventually concludes that the westernization promoted by the transformation of housing, although partial, means much for the informants, since apartments are perceived by them as the symbol of Korean modem housing and thus, are for them an important symbol of status.
- Moving into Mies: la vie dans le vide//Moving into Mies: life in open space - J. Debanné p. 425-453 L'ensemble de Lafayette Park, Détroit, est la plus importante réalisation résidentielle de l'architecte moderniste Ludwig Mies van der Rohe, qui fut assisté par l'urbaniste Ludwig Hilbersiemer. Forme aujourd'hui banale dans les quartiers d'affaires, la tour de verre est beaucoup plus rare dans les zones résidentielles. Elle propose un espace domestique révolutionnaire, qui reste aujourd'hui en marge des normes établies et a été vivement critiqué par les architectes de la vague post-moderniste depuis les années 1970. À partir d'une série d'entretiens conduits auprès de la population socialement et ethniquement très hétérogène de Lafayette Park (une exception dans l'agglomération de Détroit), et de l'expérience directe de l'auteur comme habitante de l'une des tours de la résidence, cet article analyse les modalités d'appropriation et de domestication des espaces ouverts de Mies, et invite à reconsidérer les accusations d'inhumanité dont son architecture a été l'objet depuis une trentaine d'années.Lafayette Park, Detroit, is the largest residential district that architect Ludwig Mies van der Rohe and planner Ludwig Hilberseimer realised in the late 1950's and early 1960's. Its highly abstract language of architecture — concrete floored, flat roofed « glass houses » and balconiless glass towers — proffers an in-teresting basis from which to launch a questioning of the meaning of domestic space. The architecture's sparseness, free plan, precise dimensions and transparent outer walls, contrast with the spatial qualifies of the traditional American home. The ways in which the architecture is inflected by its occupants, and reciprocally, residents' responses to the architecture, are here examined with a view to yielding insights into the character of modernist spaces. We know modernism's ideals but less of its realities. In sharp distinction with Mies's Chicago works, Lafayette Park does not house an exclusively upper income public educated in modernist design aesthetics ; its population is racially and economically diverse and includes subsidised tenants. This unusual situation renders the question of modernism's reception ail the more meaningful.
- L'espace domestique : pour une géographie de l'intérieur//For an insider's geography of domestic space - J.-F. Staszak p. 339-363
Comptes rendus/Book Reviews
- Cieraad I. (éd.), At Home. An Anthropology of Domestic Space - Jean-François Staszak p. 454
- Erny P. (dir.), Cultures et habitat. 12 contributions à une ethnologie de la maison - Jean-François Staszak p. 455
- Pezeu-Massabuau J., Demeure mémoire. Habitat: code, sagesse, libération - Jean-François Staszak p. 456
- Amirou R., Bachimon Ph. (dir.)., Le tourisme local, une culture de l'exotisme - Philippe Violier p. 457
- Bailly A., Brun Ph., Lawrence R.J., Rey M.-C, Développement social durable des villes. Principes et pratiques - Jean-Claude Boyer p. 458
- Bethemont J., Géographie de la Méditerranée - Michel Drain Mothré p. 459
- Buttimer A., Brunn S., Wardenca U. (éd.)., Text and image. Social construction of régional knowleges - Antoine Bailly p. 460
- Diry j.-P., Campagnes d'Europe. Des espaces en mutation - Pierre Limouzin p. 461
- Dupâquier M., Démographie - Pierre Merlin p. 462
- Dupuy G.; Bost F. (coord.) L'automobile et son monde - Jean-Claude Boyer p. 463
- Kant E., Géographie (Physische Géographie) - Jean-François Staszak p. 464