Contenu du sommaire : Un revenu de base – une responsabilité citoyenne
Revue | A contrario |
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Numéro | no 21, 2015/1 |
Titre du numéro | Un revenu de base – une responsabilité citoyenne |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Ouverture
- Pour l'autonomie d'une responsabilité citoyenne - Serge Margel p. 3-4
Articles
- Revenu inconditionnel et objections de gauche - Denis Vicherat p. 5-14 Derrière l'appellation « revenu de base », se cache une grande variété d'approches et d'intentions, parfois aux antipodes les unes des autres. On peut cependant les classer en deux catégories en fonction de leurs finalités: Soulager la misère due en grande partie au chômage ou au sous-emploi. C'est l'approche dite libérale.Permettre de vivre décemment en s'émancipant du travail marchand. C'est l'approche dite émancipatrice. Ce texte a pour objectif de présenter ces différentes approches du revenu de base, de souligner les dangers de la version libérale et surtout de répondre aux objections de gauche à la version émancipatrice.
- Money is time. Un revenu pour trois écologies - Antonella Corsani p. 15-23 L'objectif de cet article est de préfigurer les bouleversements de l'économie du temps capitaliste que l'instauration d'un revenu social garanti (RSG) est susceptible de provoquer. Le RSG est ici conçu comme un revenu primaire, suffisant (et non minimal) et à inconditionnalité forte et il est pensé dans une perspective écosophique. Là où par écosophie nous entendons, avec Félix Guattari, une articulation éthico-politique des trois registres écologiques : celui de l'environnement, celui des rapports sociaux, celui de la subjectivité humaine. En renversant les principes de l'économie du temps capitaliste (le temps c'est de l'argent), le RSG peut opérer l'agencement de ces trois écologies.
- Une autre idée de la coopération : la philosophie sociale de l'allocation universelle - Mark Hunyadi p. 25-33 Face aux objections « réalistes » à l'instauration d'une allocation universelle qui toutes tablent sur le caractère indissociable de l'intégration sociale et de la contribution laborieuse (logique du donnant-donnant), le présent article entend mettre au jour, au contraire, le caractère irréalistement étroit de la coopération sociale ainsi comprise. Le moindre exploit capitaliste suppose toute une infrastructure coopérative sans laquelle il ne serait tout simplement pas possible. D'une manière générale, le libéralisme a tendance à oublier les bases coopérativistes de son propre exercice. En montrant que l'utilité sociale ne se résume pas à exercer un emploi, on ouvre une voie qui semble mener de manière quasi naturelle à l'instauration d'une AU.
- Revenu de base inconditionnel, valeur, domination - Hugues Poltier p. 35-44 L'article propose une défense et légitimation du RBI. Son introduction, montre-t-il, constituerait un changement de paradigme politique : il substituerait à la régulation de plus en plus exclusive des intérêts par le marché, une forme assurant à chacune l'assurance des moyens de son intégration sociale. Dans le cadre capitaliste contemporain caractérisé par l'accélération de la substitution du travail mort au travail vivant, il permettrait de libérer l'activité en mettant fin au chantage conditionnant l'accès à l'argent à l'obtention d'un emploi sur le marché du travail. En sorte que le RBI s'avère ainsi, hic et nunc, condition de liberté pour l'immense majorité d'entre nous.
- Inventer une nouvelle citoyenneté, destituer les dispositifs sécuritaires - Marc-Emmanuel Soriano p. 45-50 Le RBI peut être le grain de sable qui enraye le marché de l'immigration dite clandestine, dont la rentabilité politique et économique ne cesse de croître. Il peut faire échec au commerce triangulaire du XXIe siècle entre Etats Européens (acteurs publics et privés) – Dictatures post-coloniales – Organisations mafieuses, dont l'éxilé(e) est la matière première. Il est ainsi question de décriminaliser et démilitariser la gestion des « flux migratoires ».
- Revenu de base inconditionnel ou une nouvelle citoyenneté pour tous. Un dialogue sur la question de l'étranger - Karelle Ménine, Eva Yampolsky p. 51-62 Ce dialogue, entre deux « étrangères », propose d'analyser la position de l'étranger à l'initiative suisse pour le Revenu de Base Inconditionnel. Bien que l'étranger ne bénéficierait pas directement de cette initiative, les auteures de ce texte montrent qu'en redéfinissant notre rapport au travail, et donc au temps et à l'investissement dans une activité professionnelle, le Revenu de Base permet également de redéfinir la citoyenneté. Cette citoyenneté impliquerait non seulement la nationalité, mais aussi et surtout l'engagement social de chacun, qu'il s'agisse du citoyen suisse ou de l'étranger qui vit et s'investit dans le même pays.
- Le RBI à travers le prisme de l'acrasie grecque. Remarques d'un avocat du diable - Michail Maiatsky p. 63-74 L'article cherche à évaluer le projet de RBI sous le jour de l'acrasie, la capacité de connaître la meilleure façon de se comporter, et pourtant d'agir tout différemment. Certains théoriciens de RBI insistent sur le caractère inconditionnel de cette mesure, seul à pouvoir libérer les citoyens d'une logique salariale, capitaliste. Or il semble difficile de débarrasser les gens de l'idée que la société attende d'eux quelque chose, en leur offrant soit un don, soit un acompte. Apparemment, on attend des gens à contribuer à un rendement socialement bon et opportun. Le fardeau salarial peut être ainsi remplacé par un devoir moral tacite d'autant plus lourd (et suscitant une résistance). Le travail, tout en perdant sa place dans la société, en reste un important « fournisseur de sens ».
- Changer le monde, une signature après l'autre. Une année de récolte en Suisse romande vue par deux activistes pour le revenu de base - Anne-Béatrice Duparc, Ralph Kundig p. 75-88 Les auteurs sont des militants actifs et engagés au cœur de la campagne pour l'initiative Pour un revenu de base inconditionnel (RBI) en Suisse. Ils nous racontent ici l'histoire de la naissance du mouvement citoyen pour le RBI, leur année de récolte de signatures, les interactions avec les citoyens dans la rue, jusqu'au dépôt de l'initiative en octobre 2013. Ils transmettent dans ce texte la force de leur engagement et répondent aux principales objections et questions qu'ils ont rencontrées sur le terrain : les gens ne voudront plus travailler ; comment financer le RBI ? ; comment empêcher une immigration massive liée au RBI ? ; les gens feront-ils des enfants uniquement pour le toucher ?, etc. Les auteurs donnent également la parole à ceux pour qui un revenu de base changerait la donne.
- Revenu inconditionnel et objections de gauche - Denis Vicherat p. 5-14
Varia
- Rulfo, avec Ramuz. Langue, causalité et morale dans l'œuvre de Charles F. Ramuz et Juan Rulfo - Annick Louis p. 89-113 Bien que les allusions de Juan Rulfo (1918-1986) à l'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) soient connues, elles n'ont pas encore engagé la critique dans une analyse systématique des rapports entre leurs poétiques. Dans cet article on se propose d'explorer le lien entre ces poétiques, en essayant de dépasser les limites interprétatives imposées par le classement générique correspondant à la « littérature régionaliste ».
- Les récits des autres chez Jean Potocki voyageur - Renato Weber p. 115-128 Cet article veut mettre en lumière un phénomène largement pratiqué dans plusieurs écrits de voyage de Jean Potocki (1761-1815), à savoir l'accueil, dans les œuvres en question, de discours tiers (souvent de type narratif), et montrer, par la lecture de plusieurs remarques « métanarratives » de l'auteur, que cette pratique s'inscrit dans une démarche épistémologique consciente présentant certains atouts dans l'approche d'une culture étrangère : une approche plus ouverte, plus globale et plus à même de gérer la multiplicité immédiate et bigarrée à laquelle tout voyageur sensible est amené à faire face. Enfin, il apparaît aussi que cette attraction pour le récit de l'autre n'est pas étrangère à certaines questions propres au débat contemporain entre anthropologie et littérature.
- Rulfo, avec Ramuz. Langue, causalité et morale dans l'œuvre de Charles F. Ramuz et Juan Rulfo - Annick Louis p. 89-113
Cahier de lectures
- L'Union soviétique comme objet culturel - Emanuel Landolt p. 129-162