Contenu du sommaire : Les styles judiciaires. Une analyse comparée / Désobéissance et non-respect des normes juridiques

Revue Droit et société Mir@bel
Numéro no 91, novembre 2015
Titre du numéro Les styles judiciaires. Une analyse comparée / Désobéissance et non-respect des normes juridiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - André-Jean Arnaud, Jacques Commaille p. 453-457 accès libre
  • Lettre-manifeste « 30e anniversaire » - p. 459-462 accès libre
  • Dossier : Les styles judiciaires. Une analyse comparée

    • « Les styles judiciaires » : diversité des approches, nécessité des évolutions. : Présentation du dossier - Pierre Brunet, Jean-Louis Halpérin, Raphaëlle Nollez-Goldbach p. 465-471 accès libre
    • Le style judiciaire français en question : une analyse réaliste des effets de la jurisprudence européenne sur « le procès équitable » - Mitchel Lasser p. 473-489 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le style judiciaire français est difficile à comprendre à l'étranger. Il est souvent présenté comme formaliste, à l'opposé du style judiciaire américain. Cette opposition doit être nuancée : le style judiciaire français est plutôt dualiste, en associant à des arrêts laconiques tout un ensemble discursif par lequel les magistrats cherchent à obtenir des solutions équitables. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a remis en cause, par sa jurisprudence, les processus de prise de décision des cours souveraines françaises. Tandis que la Cour de cassation s'est réformée pour suivre ces arrêts, le Conseil d'État a résisté. Avec le revirement de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg en 2013, on peut s'interroger sur les effets mitigés de cette pression exercée sur le style judiciaire français.
      The French judicial style is hardly understandable for a foreign lawyer. It is often described as formalist, the opposite of the American judicial style. Such an opposition must be nuanced: the French judicial style is rather dualist, combining laconic reasons with a whole internal discourse used by the judges to find the most equitable decisions. The European Court of Human Rights has questioned the processes used by the French sovereign courts to take their rulings. Whereas the Court of cassation has taken account of this European case law, the Council of State has resisted it. With the overturning of the Strasburg Court in 2013, one can question the mitigated effects of this pressure exercised upon the French judicial style.
    • Les styles judiciaires, des traditions nationales ? - Jean-Louis Halpérin p. 491-504 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les travaux des comparatistes se sont portés, depuis les années 1970, sur les différences entre les styles judiciaires utilisés en Europe. Ces travaux ne sont pas toujours reliés aux nouvelles recherches historiques sur la motivation (et la disparition de la publication des motifs) des décisions de justice depuis le Moyen Âge. L'exemple français, avec la rupture consacrée par la loi des 16-24 août 1790 sur la rédaction des jugements, amène à s'interroger aussi sur les continuités et discontinuités dans la transmission des styles judiciaires. Cette contribution porte, d'abord sur le cas français puis sur d'autres cas européens, sur les contextes dans lesquels les styles judiciaires se sont transformés ou diffusés.
      Since the 1970s, research in comparative law has been devoted to the study of judicial styles in Europe. These works are not always connected with the new historical inquiries about the reasons (or the disappearance of published reasons) in judgments since the Middle Ages. The French case is characterized by a clear break: the law of August 16-24, 1790 dictates how judgments are written. Such a situation leads one to question continuities and discontinuities in the transmission of judicial styles. Drawing from French, as well as other European, examples, this essay addresses different contexts in which judicial styles were transformed or diffused.
    • « Mi attendu, mi dissertation. » Le style des décisions de la Cour de justice de l'Union européenne - Christoph Schönberger p. 505-519 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le style des décisions de la Cour de justice de l'Union européenne est le résultat d'un compromis entre les cultures juridiques différentes des États membres. Il répond à la situation institutionnelle d'une cour tenue de puiser dans les traditions juridiques nationales et de les transcender par quelque chose de commun ou supposé tel. Son style particulier « mi attendu, mi dissertation » reflète ses mécanismes de délibération interne, caractérisés par un équilibre délicat entre la pluralité des langues et des cultures juridiques et l'usage du français comme langue de travail. La culture du consensus contribue à une relative pauvreté de l'argumentation juridique et à la reprise de jugements antérieurs. Ce style semble toutefois convenir au public de la Cour : les juridictions nationales sont, en Europe continentale, habituées à un style de jugement anonyme et concis de la part de leurs propres cours suprêmes nationales.
      The style of the European Court of Justice's Decisions is the result of a compromise between the different legal traditions inside the European Union. It also reflects the institutional situation of the Luxemburg-based court. The mechanisms of deliberation inside the Court reflect the deep diversity of languages and legal cultures which the working language – French – can hardly surmount. This creates a strong culture of consensus that does not favor a more discursive style of legal argument in the Court's opinions. The current style of the judgments seems, nonetheless, to correlate with the terse style of the national supreme courts of continental Europe.
    • Le style judiciaire métissé de la Cour pénale internationale - Raphaëlle Nollez-Goldbach p. 521-532 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse au style judiciaire de la Cour pénale internationale (CPI), en analysant la rédaction, la terminologie, la sémantique et la construction de ses décisions. Il s'agit d'en questionner la forme et le style, afin de comprendre comment les juges raisonnent, décident et justifient leurs décisions. Cette étude s'intéresse par ce biais à la façon dont la Cour pénale internationale conceptualise son ordre juridique : production de l'autorité attachée aux décisions, légitimité du système judiciaire, influence des cultures judiciaires. Afin d'apporter une première réponse concernant le style judiciaire de la CPI et la construction de sa légitimité judiciaire, l'idée qui est développée dans cet article consiste à mener une étude comparative, en mettant en perspective le style des décisions de la CPI avec les cultures civiliste et de common law. Il est ainsi possible de mettre en évidence que le modèle judiciaire de la CPI relève d'une hybridation entre ces deux cultures.
      This article investigates the judicial style of the International Criminal Court (ICC). It analyzes the writing, terminology, semantics, and construction of its decisions in order to understand the way the ICC conceptualizes its juridical order: the authority attached to decisions, the legitimacy of the judicial system, and the influence of judicial cultures. In order to offer a first response regarding the judicial style of the ICC and the construction of its judicial legitimacy, this contribution compares the style of the ICC's decisions to those from civil and common law cultures. It thus shows that the ICC judicial model is based on and produces a hybridization of those two legal cultures.
    • Fortiter in re, suaviter in modo. Portrayal of the Court's Reasoning in German Criminal Procedure - Klaus Hoffmann-Holland p. 533-543 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La motivation des décisions de justice porte sur des questions avec une forte charge émotionnelle, spécialement en droit pénal. En même temps, la formation juridique incite à dépassionner les débats. La loi fondamentale allemande (Grundgesetz), comme la Convention européenne des droits de l'homme, exigent l'objectivité, tandis que la section 267 du Code allemand de procédure criminelle requiert que la motivation soit complète, claire et transparente. C'est dans ce cadre que les émotions doivent être régulées et articulées entre elles. Il en résulte une démarcation entre les styles judiciaires, d'une part, et les styles littéraires et journalistiques, d'autre part. Cet article tente de clarifier la manière dont la motivation est établie dans la procédure pénale allemande.
      Judicial reasoning, especially in criminal law, deals with emotionally charged issues. Dispassion is not, however, only deeply rooted in legal education. German Basic Law (Grundgesetz), as well as the European Convention on Human Rights, demands objectivity, and Section 267 of the German Code of Criminal Procedure requires completeness, clarity, and transparency. This is the framework in which emotions are regulated and articulated. Thus, a dividing line must be drawn between, on the one hand, judicial styles, and, on the other, literary or journalistic styles. The article clarifies the court's reasoning in German criminal procedure.
    • Le style déductif du Conseil d'État et la ligne de partage des mots - Pierre Brunet p. 545-561 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le style des décisions du Conseil d'État est encore aujourd'hui de l'ordre du « formel » et semble réservé à une élite : les décisions s'adressent en fait essentiellement aux juristes dont certains sont eux-mêmes juges, nationaux ou supranationaux. C'est d'ailleurs pour mieux se faire comprendre de ces autres juges que le Conseil d'État réfléchit à une modification de son style rédactionnel. Pour autant, il n'est nullement question d'abandonner l'idéal de la motivation déductive et concise pensée sur le modèle rigoureux du syllogisme. Cette concision est compensée par les conclusions des rapporteurs qui, elles, fournissent les raisons officieuses des décisions officielles.
      Judgments issued by the Conseil d'État retain a very formal style and seem to be reserved for an elite: judgments are less addressed to plaintiffs than to other jurists, many of whom are, in fact national or supranational judges. In order to maximize comprehension by these judges, the Conseil d'État is considering a change in the writing style of public legal decisions. There is no discussion, however, about abandoning the ideal of deduction and concision still modeled as a rigorous syllogism. Such concision is tempered by the conclusions of the rapporteurs, who provide informal reasons for formal decisions.
  • Dossier : Désobéissance et non-respect des normes juridiques

    • La désobéissance au droit : approche sociologique comparée. : Présentation du dossier - Mauricio García-Villegas, Aude Lejeune p. 565-577 accès libre
    • La désobéissance civile peut-elle être un droit ? - Albert Ogien p. 579-592 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Bien que la résistance à l'oppression soit un droit reconnu par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 – qui figure en préambule à la Constitution française –, la justice a le plus grand mal à admettre la valeur juridique de la justification d'un acte délictueux au titre de la désobéissance civile. Est-il envisageable qu'un tribunal juge un acte de désobéissance civile en tant que tel ? Cet article aborde cette question sous deux angles. Le premier sera d'envisager le passage du droit moral de résister à l'oppression à la reconnaissance d'un droit à la désobéissance civile, à partir de la multiplication des « droits suspensifs ». Le second angle sera de savoir si cette forme d'action politique qu'est la désobéissance civile est compatible avec sa normalisation juridique.
      Although resistance to oppression is a right recognized by the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen of 1789 – which appears in the preamble to the French Constitution – justice takes great pains to accept the legal value of the justification of a criminal offense in the name of civil disobedience. Is it possible, though, to imagine a court trying an act of civil disobedience as such? This article addresses this issue from two angles. First, it considers the passage from the moral right to resist the recognition of a legal right to civil disobedience from the vantage point of the proliferation of “suspensive rights.” The second angle is whether or not the nature of civil disobedience as a form of political action allows for its legalization.
    • Le non-respect du droit. Sur la désobéissance aux règles en Amérique latine - Mauricio García-Villegas p. 593-606 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution se propose de montrer que les comportements de non-conformité vis-à-vis des règles ne génèrent pas seulement le désordre, la criminalité ou la rupture entre la loi et les pratiques sociales. En effet, il ne s'agit pas d'un événement exceptionnel et isolé qui nécessiterait l'intervention d'une sanction pénale ou disciplinaire. En Amérique latine, la non-conformité doit plutôt être envisagée comme un comportement normalisé, socialement accepté et fonctionnel par rapport au type de sociabilité en place. Ainsi, les clés pour comprendre cette culture de la désobéissance ne se trouvent pas dans les règles juridiques elles-mêmes mais plutôt dans l'incompatibilité entre ces règles et les normes morales et sociales qui influencent le comportement des individus. Pour défendre cette hypothèse, l'article propose une typologie des mentalités désobéissantes et une analyse des contextes dans lesquels ces acteurs agissent.
      This article shows that non-compliance with the law does not necessary create disorder, criminality or a gap between the law and social practices. Indeed, disobedience is not an isolated and exceptional event leading to penal or disciplinary measure. In South America, non-compliance can be understood as a socially accepted and functional behavior, based on the type of sociability in place. Understanding this culture of disobedience implies to look at the incompatibility between the rules on the one hand, and the moral and social norms, which influence individual behaviors, on the other hand. To sustain this thesis, the author develops a typology of disobedient mentalities and an analysis of the contexts in which people disobey.
    • Interpréter le non-respect du droit de la famille au Sénégal. La légitimité et les capacités de l'État en question - Marième N'Diaye p. 607-622 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article se propose de réfléchir aux manifestations et aux causes du non-recours généralisé au droit de la famille au Sénégal. Les controverses suscitées par le bouleversement des rapports de genre et la mise en cause de l'islam comme cadre de référence ont conduit à appréhender le non-recours comme un acte de résistance politique. Néanmoins, en réaction à la fragilisation croissante de sa légitimité et face à la montée d'un mouvement islamique radical, l'État a mis en place une politique en faveur d'un meilleur accès à la justice (2004) dont les résultats tendent à montrer que les populations se saisissent progressivement de leurs droits. La résistance à la norme étatique semble ainsi plus subie que choisie et invite à repenser les notions de légalité et de légitimité à partir de la norme pratique émergente.
      This article analyzes the manifestations and causes of the extensive non-use of family law in Senegal. Because it has generated controversies about gender and the Islamic religion, this non-use is generally presented as an act of political resistance. Facing a growing weakening of its legitimacy and the rise of a radical Islamic movement, the state has, nevertheless, developed a policy to promote better access to justice (2004). Its results show that people gradually learn how to use their rights. Mistrust towards state standards thus appears as something more endured than actually chosen. This result invites the reconsideration of the notions of legality and legitimacy through the lens of the rising practical norm.
    • Everyday Forms of Resistance to the Law: An Ethnographic Study of Street Vendors in Bogotá - Ana Maria Vargas, Rustamjon Urinboyev p. 623-638 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La vente dans les espaces publics est l'une des activités économiques les plus accessibles pour beaucoup de personnes vivant dans la pauvreté dans le monde actuel. Cependant, la plupart des vendeurs de rue pratiquent leur activité en désobéissant aux lois qui interdisent ce type de travail. A partir d'une enquête ethnographique conduite à Bogotá en Colombie, cet article explore les idées, perceptions et stratégies des vendeurs vis-à-vis des législations qui interdisent leur activité. Utilisant le concept de legal consciousness, les auteurs soutiennent que le non-respect des normes n'est pas uniquement un mécanisme de participation au système économique, mais aussi une arme des plus faibles pour contester le caractère injuste du système politique et économique.
      Selling goods or providing services in public spaces is one of the most accessible occupations for many individuals living in poverty in today's world. However, most street vendors conduct their businesses by disobeying laws that prohibit this kind of work. Drawing on field data on street vendors in the city of Bogotá, Colombia, this article ethnographically explores vendors' ideas, perceptions, and coping strategies in relation to the state law that prohibits street vending. Using the concept of legal consciousness, we argue that street vendors' non-compliance with the law is not only a coping mechanism to participate in the economic system, but also a weapon of the weak to voice their ideas and opinion about the unfairness of the political and economic system in which they live, i.e. their lack of trust in the formalization policies to move street vendors to the formal economy, and their demands for better social protection for vulnerable groups.
    • Hackers vs States: Subversion, Repression and Resistance in the Online Public Sphere - Félix Tréguer p. 639-652 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article utilise le concept de « citoyenneté insurrectionnelle » pour analyser les usages militants d'Internet qui subvertissent les règles de droit encadrant la liberté d'expression et l'espace public démocratique. Il examine ensuite les politiques répressives des États visant à contrer ces illégalismes, ainsi que les stratégies de contournement et de résistance mises en œuvre par les militants. À partir de trois exemples – Copwatch (surveillance citoyenne de la police), WikiLeaks (fuite de documents confidentiels) et The Pirate Bay (plateforme peer-to-peer de partage d'œuvres culturelles) –, l'article montre comment la cyberculture conduit à l'émergence d'un nouveau mouvement de défense des droits humains visant à légaliser des pratiques militantes « para-légales » et à transformer le rapport de force entre la société civile et l'État dans l'espace public numérique.
      The article uses the concept of “insurgent citizenship” to analyze the way online activists subvert the laws regulating freedom of expression and the democratic public sphere. It examines states' repressive responses aimed at restoring legality and the strategies that activists develop to circumvent and resist repression. By focusing on three groups of insurgent citizenship – Copwatch (a website documenting and denouncing police abuse in France), WikiLeaks (an organization devoted to leaking secret information) and The Pirate Bay (a peer-to-peer file-sharing platform) –, the article shows how cyberculture is giving way to a new human rights movement seeking to legalize “para-legal” militant practices and change the power balance between civil society and the state in the online public sphere.
    • La légalité et la représentation de l'autre. L'influence des normes sociales dans le respect des lois - Henry Murraín p. 653-664 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une approche alternative aux analyses latino-américaines traditionnelles des phénomènes d'illégalité et de non-respect des normes. L'auteur analyse le paradoxe suivant : l'admiration des règles juridiques ne garantit pas leur obéissance. Ce qui est essentiel pour obéir aux lois n'est pas à chercher dans les règles elles-mêmes mais dans « la représentation de l'autre ». En d'autres termes, pour comprendre le non-respect, il faut porter attention aux normes sociales qui gouvernent les comportements entre les individus plutôt qu'à la perception que les individus se font des règles. Cet article développe le concept de « représentation de l'autre » en tant qu'élément clé pour comprendre les règles du droit et leur violation.
      This article proposes an alternative approach to the traditional way scholars in Latin America have viewed the problem of illegality and non-compliance with rules. The article analyses the following paradox: admiration for the law does not guarantee legal obedience. What is essential for obeying the law is not the perception of legal norms, but “the representation of the other,” particularly trust among citizens. In other words, the key element for understanding non-compliance is the set of social norms that govern individuals' behavior, rather than the way people see the laws. This article develops the concept of “representation of the other,” as the key element for understanding legal norms and their violation.
  • Études

    • Le bilan des bilans. Juristes et politistes face aux réformes - Vincent Simoulin p. 667-686 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Durant trente ans, Droit et Société a publié des articles sur les réformes. Ce sujet est un angle d'attaque particulièrement approprié pour saisir les relations entre le droit et les questions sociales puisque c'est le moment précis où le premier est envisagé comme un moyen pour transformer les secondes. Entre 2010 et 2012, une série d'articles a plus particulièrement été consacrée aux réformes menées par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Cet ensemble met en évidence le regard propre à Droit et Société : une inscription dans le temps long, une grande attention aux textes, un fort engagement et un prisme d'analyse qui saisit désormais les réformes à travers le nouveau management public. Si l'on se penche sur des périodes plus anciennes et si l'on considère aujourd'hui l'ensemble des articles publiés en trente ans, nous pouvons distinguer six types de réformes et trois périodes privilégiant chacune certains de ces types.
      For thirty years, Droit et Société has published articles on reforms. This is indeed an appropriate angle for seizing upon the relationship between law and social issues since this is the very moment when the former is viewed as a means of transforming the latter. Between 2010 and 2012, a series of articles were specifically devoted to reforms launched and conducted by Nicolas Sarkozy' government. They highlight Droit et Société's singular look: a long-term perspective, great attention to texts, a strong commitment, and an analytical lens that captures reforms through New Public Management. Looking at earlier periods and considering all the articles published in the last thirty years, we can distinguish six types of reforms and three periods which are all linked to some of these types.
    • Droit et Société, ou le pluralisme d'une revue de théorie et sciences sociales du droit - Pierre-Yves Condé p. 687-718 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Droit et Société a été créé comme une « revue de théorie du droit et de sociologie juridique », ou de « théorie et de sciences sociales du droit » dit-on désormais. La Revue est fondée sur le pari que ces approches potentiellement très divergentes peuvent être conjuguées. Instaurer un dialogue entre théorie et sciences sociales du droit demeure un projet d'actualité au cœur de son identité éditoriale. En soulignant le pluralisme des orientations qu'elle accueille, y compris certaines orientations relativement minoritaires, on voudrait montrer comment la Revue contribue à suspendre sans les abolir les différences disciplinaires et préfigure ainsi un espace où théorie et sciences sociales du droit s'entre-définissent.
      Droit et Société was created as a journal of legal theory and legal sociology – “théorie du droit et sociologie juridique”. Presenting itself today as a journal of legal theory and sociology (“théorie et sciences sociales du droit”), it thus points to possible mediations beyond mere coordination between approaches usually defined in (critical) reference to, respectively, Kelsen and Weber. Emphasizing its intellectual pluralism, the article suggests that Droit et Société calls for and prefigures a space where disciplinary differences can be suspended, not abolished, and where well-established and, constituted disciplines may tendentiously reconstitute themselves through their very relations.