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Revue | Africana Linguistica |
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Numéro | No 19, 2013 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le système aspecto-temporel du moore - Bertinetto P.M., Pacmogda T.C. p. 3-52 Ce travail présente la structure du système aspecto-temporel du moore (Gur, Niger-Congo), langue parlée au Burkina Faso par près de la moitié de la population, avec le but de l'encadrer dans une perspective typologique. La section 2 décrit la structure de base du système : ordre des morphèmes et composantes principales du système, avec la dichotomie fondamentale entre verbes réguliers et irréguliers (traditionnellement dits «d'action/ d'état » ). La section 3 traite du mode et de la modalité, en donnant les informations indispensables à propos de plusieurs détails constitutifs de la morphosyntaxe du moore, tels la marque de modalité assertive -la avec ses allomorphes (ou bien ses contextes d'omission) et l'explétif -me. La section 4 dresse une liste des principaux prédicatifs verbaux à valeur aspectuelle et temporelle, c'est-à-dire des particules indépendantes qui expriment des notions de temps ou d'aspect (hormis les prédicatifs qui, dans une optique interlinguistique, pourraient exprimer des informations de nature plutôt adverbiale). Les sections 5 et 6, décrivent l'articulation de l'aspect (accompli/ inaccompli) et, respectivement, de la référence temporelle. Pour en finir, la section 7 situe le système aspecto-temporel du moore dans une perspective typologique générale.This article presents the structure of the tense-aspect system of Moore (Gur, Niger Congo), a language spoken in Burkina Faso by nearly half of the population, for the purpose of framing it from a typological viewpoint. Section 2 describes the basic structure of the system : morpheme order and principal components, with the fundamental dichotomy between regular and irregular verbs (traditionally referred to as verbs of ‘ action'/‘ state'). Section 3 discusses mood and modality, and provides essential information on several constituent details of Moore morphosyntax, such as the – la assertive marker and its allomorphs (or the contexts for its omission) and the expletive – me. Section 4 provides a list of the main aspectual and temporal predicates, that is, independent particles that express notions of time or aspect (excluding predicates that, from an interlinguistic point, may express information of an adverbial nature). Sections 5 and 6 describe the articulation of an aspect (perfective/ imperfective) and temporal reference. Finally, section 7 situates the aspectual and temporal system of Moore in a general typological context.
- On the origin of the royal Kongo title ngangula - Bostoen K., Ndonda Tshiyayi O., De Schryver G.M. p. 53-83 Cet article offre une étude approfondie en linguistique historico-comparative sur l'origine et l'étymologie de ngangula. Ce terme est non seulement répandu dans la région du Bas-Congo pour forgeron, mais c'est aussi un titre royal traditionnel kongo qui atteste de l'importance de la métaphore du forgeron dans l'idéologie politique kongo. L'étymologie populaire veut que le terme ngangula soit lié à nganga, reconstruit *-gàngà en proto-bantu et généralement traduit par ‘ guérisseur'. Nous montrons ici que cette croyance largement partagée ne résiste pas à un examen approfondi. Nous montrons que le terme ngangula dérive plutôt du verbe *-pàngʊd- bien attesté en bantu et signifiant ‘ couper, séparer'. À partir de l'évidence diachronique d'un changement phonétique distinctif, nous pouvons même situer assez précisément l'origine du terme au sein du continuum dialectal kikongo. Sa source crédibilise à nouveau une hypothèse ancienne mais rejetée qui situait les origines du royaume kongo dans la partie orientale du Bas-Congo, quelque part entre les rivières Inkisi et Kwango.This article offers an in-depth historical-comparative linguistic account of the origin and etymology of ngangula. This term is not only a widespread blacksmith term in the Lower Congo region, but also a traditional royal Kongo title attesting to the importance of the blacksmith metaphor in Kongo political ideology. Popular etymology has it that ngangula is related to nganga, reconstructed in Proto-Bantu as *-gàngà and commonly translated as ‘ medicine-man'. It is argued here that this widely held belief does not stand up to scrutiny. The term ngangula is shown to be derived from the common Bantu verb * pàngʊd-meaning ‘ to cut ; to separate'. Thanks to a distinctive diachronic sound change, it is even possible to locate quite precisely the term's origin within the Kikongo dialect continuum. Its provenance gives new credibility to an earlier but discarded hypothesis situating the origins of the Kongo kingdom in the eastern part of the Lower Congo, somewhere in‑between the Inkisi and Kwango Rivers.
- Vowel length in Shangaci: when lexical vowel length and penultimate lengthening co-occur - Devos M. p. 85-107 Cet article décrit les origines et les réalisations des longueurs vocaliques en shangaci, une langue bantu du Mozambique. Contrairement à de nombreuses autres langues bantu, le shangaci atteste à la fois un contraste de longueur vocalique et un allongement vocalique automatique en fin de groupe prosodique. L''article traite des conséquences de cette coexistence peu commune.This paper describes the sources and surface representations of vowel length in Shangaci, a Mozambican Bantu language. Unlike many other Bantu languages, Shangaci has both contrastive vowel length and automatic penultimate lengthening at the end of a phonological phrase. The paper discusses the effects of this unusual co-occurrence.
- Champignons consommés par les Pygmées du Gabon : analyse linguistique des myconymes baka et kóya - Koni Muluwa J., Calixte Evi Nnorsio H., Degreef J., Bostoen K. p. 109-135 Le présent article porte sur le vocabulaire relatif à quatre cents spécimens de champignons représentatifs de 29 taxons comestibles qui ont été collectés parmi deux communautés pygmées du Gabon : les Baka et les Bakóya. Ce vocabulaire myconymique spécifique en kóya (langue bantue) et baka (langue oubanguienne) désignant les mêmes espèces de champignons est analysé sur les plans formel et sémantique. Cette analyse linguistique dévoile les stratégies lexicales dont les deux populations forestières se sont servies pour dénommer les champignons qu'ils consomment ainsi que les motivations sémantiques et les mécanismes cognitifs qui les sous-tendent. Il est aussi démontré que le kóya et le baka ne partagent aucun myconyme, ce qui aurait pu être l'indice de la subsistance d'une langue pygmée d'origine, perdue au profit des langues bantue et oubanguienne empruntées.This article discusses the vocabulary relating to four hundred mushroom specimens representative of 29 edible taxa, collected from two pygmy communities in Gabon, the Baka and the Bakóya. This specific myconymic vocabulary in Kóya (a Bantu language) and Baka (an Ubangi language) designating the same mushroom species is analysed on the formal and semantic levels. The linguistic analysis reveals the lexical strategies used by the two forest-based populations to designate the mushrooms they consume, as well as the underlying semantic motivations and cognitive mechanisms. The study also shows that Kóya and Baka share no myconym, which could have indicated the existence of an original pygmy language lost in favour of borrowed Bantu and Ubangi languages.
- Verb tone in Bantu languages: micro-typological patterns and research methods - Marlo M.R. p. 137-234