Contenu du sommaire : Le modèle nordique

Depuis quelques années, on assiste à un retour au Nord, c'est-à-dire à un discours qui construit les pays nordiques comme les inventeurs d'un modèle de démocratie politique, sociale et éthique, sur bien des points exemplaire. En ces temps de doute sur nos propres montages institutionnels et sociaux, les pays d'Europe du Nord apparaissent comme des sources d'inspiration, de salut voire d'utopie. L'imaginaire vertueux du Nord est cependant déjà ancien ; il s'est constitué à travers un certain nombre de récits et de représentations qui ont, au fil du temps et des usages, constitué les matrices d'un processus de modélisation. C'est à la construction de ce bonheur d'être nordique et aux différentes mythologies qui l'ont accompagné qu'est consacré cet article.

L'article se concentre sur le concept d'un modèle suédois ou nordique. Lorsque le terme de « modèle suédois » ou de modèle « scandinave/nordique » a été employé dans le discours politique, à partir de la fin des années 1960, il l'a été soit en tant que mise en garde, soit comme exemple à suivre. Les modèles ont une incidence politique. Ils sont utilisés comme arguments au cours de discussions politiques et sont donc sujets à contestation. L'intérêt pour la Suède s'était déjà manifesté lorsque Marquis William Child publia en 1936 son livre Sweden the Middle Way. Son but n'était cependant pas d'écrire au sujet de la Suède, mais davantage sur les États-Unis. Son livre était en effet une contribution au débat sur le New Deal et un appui à la politique de Roosevelt.

S'appuyant sur des recherches de terrain effectuées dans les pays scandinaves et en Finlande au cours de la période 2001-2006, cet article montre à quel point les acteurs politiques nordiques représentent des cas extrêmes en matière de simplicité d'apparence : facteur clé de légitimité en cette partie de l'Europe, par delà les clivages partisans. Il s'articule autour d'une grille de lecture comparative visant à interroger le rapport des élites aux biens de prestige, aux manières distinguées, à la pompe, à l'entourage valorisant ainsi, éventuellement, qu'à l'apparence physique. Se trouvent ensuite examinées de manière critique deux lignes de raisonnement (culturaliste et idéologique) susceptibles d'expliquer l'ancrage de telles attitudes. Il en est finalement proposé une troisième, intermédiaire, de nature interprétativiste.

Nous soutenons que l'État providence suédois a prouvé sa résilience à la mondialisation et au néolibéralisme. Notre explication est que l'organisation de l'État providence contribue au maintien des classes moyennes et favorise des attitudes de justice distributive et procédurale qui se traduisent par l'appui de ces dernières à l'État providence. Si une transformation vers un État providence libéral/résiduel apparaît très peu probable, l'État providence suédois est largement moins résilient à des changements vers un type d'État providence lié au travail. Ces traits sont déjà présents à un degré nettement plus élevé que généralement reconnu. Les implications de tels changements ne provoqueront pas nécessairement une moindre participation des femmes au marché du travail ou le démantèlement de services d'assistance sociale, c'est-à-dire l'établissement d'un État providence conservateur. Mais les groupes les plus fragiles sur le marché du travail (par exemple les jeunes, les immigrés et les personnes seules) seront davantage affectés.

Depuis la fin des années 1990, la Finlande est reconnue comme un exemple de pays ayant formulé une réponse nationale consensuelle à l'économie mondialisée. En effet, les tensions politiques résultant de la mondialisation et de l'intégration européenne y ont été moins manifestes, notamment qu'en Suède. Dans cet article, nous discuterons des modes de pensée et d'action liés au consensus sur la compétitivité dans une perspective qui mettra l'accent sur leur historicité. L'exemple de la Finlande semble offrir l'évidence d'un changement dans lequel les institutions de l'État social ont été transformées et mises au service des nouvelles missions « de l'État compétitif. Notre propos portera sur la Finlande comme cas nordique particulier. Comment ce « nous » national autour de la compétitivité est-il à relier avec les notions historiques d'une Finlande comme « société nordique » ou exemplaire d'un certain « modèle nordique » ?

L'idée d'un modèle à cinq partis est basée sur le travail séminal de Lipset et de Rokkan qui ont proposé l'« hypothèse du gel ». Selon eux les clivages sociaux, dès les années 1920 lorsque la démocratie parlementaire a été introduite, ont produit un système de partis qui a été gelé pendant plusieurs décennies. Dans les pays nordiques cette situation a donné lieu à un système à cinq partis. Les systèmes nordiques de partis sont confrontés à l'action de nouvelles forces qui se sont manifestées dans d'autres pays européens : partis populistes et verts. Cette confrontation provoquera des conséquences différentes parce que les systèmes nordiques de partis ont divergé pendant les dernières décennies.

Les élections législatives de septembre 2006 en Suède ont vu le Bloc conservateur l'emporter de justesse sur le gouvernement sortant. Cette victoire des conservateurs et des libéraux est aussi une défaite de la social-démocratie qui incarne depuis si longtemps, et malgré quelques rares et brèves alternances, le parti hégémonique du système politique suédois. Ces résultats annoncent-ils une fin programmée du modèle d'État social ? De la solidité de l'entente des partis bourgeois naîtra-t-il un nouveau système partisan ? Quelles leçons peut-on tirer de ce scrutin sur la résilience d'un modèle suédois de démocratie politique et sociale ?

Le modèle nordique de maintien de la paix résulta du choix des critères qui ont limité le nombre de contributeurs de troupe à un groupe restreint de petits et moyens États, de la convergence d'intérêts communs et nationaux, ainsi que sa relation « coût-bénéfice » favorable. Son déclin dans les années 1990 a été provoqué par l'augmentation du nombre de pays contributeurs de troupe, d'une forte résistance à l'emploi de la force au-delà de l'autodéfense et de l'implication croissante de l'UE et de l'OTAN. Une résurgence de ce modèle nordique devrait être basée principalement sur des contributions civiles, bien que la volonté pour établir une telle coopération soit peu susceptible de bénéficier d'un appui populaire à court terme.

La conscience du danger de la prolifération nucléaire est apparue avec la ratification du Plan Rapacki et s'est répandue mondialement. Le programme nucléaire en Corée du Nord accentua le problème, poussant la communauté internationale à négocier une politique de non-prolifération. Mais ces efforts n'ont pas produit de résultats en Asie du Nord-Est. Pourquoi l'Asie du Nord-Est est-elle incapable d'instituer une Zone Exempte d'Armes Nucléaires (ZEAN) ? Quelle est sa situation particulière ? Que peut-elle apprendre des cinq traités négociés avec succès ? Cet article met l'accent sur le concept de ZEAN et sur les conditions qui rendent l'Asie du Nord-Est unique. Un résumé des quatre traités existants et de la Déclaration commune pour la dénucléarisation de la Péninsule coréenne sera présenté, ainsi qu'une comparaison entre eux, et une analyse de la Déclaration coréenne. Une ZEAN en Asie du Nord-Est semble possible, mais devrait recevoir davantage d'intrants et de guidance de la communauté internationale.