Contenu du sommaire : Les empires africains, des origines au XXe siècle

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 128, 2015
Titre du numéro Les empires africains, des origines au XXe siècle
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-10 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction - Catherine Coquery-Vidrovitch p. 13-17 accès libre
    • L'Empire romain en Afrique : aspects et résonances d'un impérialisme - Michel Christol p. 19-35 accès libre avec résumé
      L'analyse de la présence romaine n'échappe pas à la mise en évidence de la diversité régionale, ce qui amène à reconsidérer les approches trop globalisantes. Mais tout aussi intéressant à étudier est l'accompagnement par l'histoire d'un passé du temps de la colonisation. Au moment où la France domine l'ensemble des pays d'Afrique du Nord est institué en 1912 au Collège de France un enseignement consacré à l'Afrique du Nord antique, attribué à Stéphane Gsell. L'analyse des rapports entre pouvoir romain et populations provinciales se ressent fortement des données du temps, mesurées surtout à partir de la situation coloniale de l'Algérie. Elle a souvent marqué de son empreinte les travaux postérieurs, rendant malaisée la rénovation de ce champ scientifique.
    • État marchand et État agraire dans l'océan Indien occidental : le sultanat de Zanzibar et le royaume de Madagascar (1817-1874) - Samuel Sanchez p. 37-57 accès libre avec résumé
      Peut-on comparer deux États a priori aussi différents que le sultanat de Zanzibar et le royaume de Madagascar, États qui connurent leur apogée à la même époque, dans la même région ? À travers la description de leurs bases idéologiques, de leurs structures administratives et militaires, à travers aussi l'analyse des nombreuses relations qui les ont réunis, cet article vise à mettre en relation deux historiographies trop souvent séparées. Il s'agit aussi de sortir d'une histoire des Européens en Afrique pour favoriser l'analyse de la trajectoire politique et économique du sud-ouest de l'océan Indien, fondée sur des sources de différentes origines. Cette analyse comparative montre qu'il y eut, au cœur de la mondialisation du xixe siècle, un concert des nations indianocéaniques composé d'états, marchand pour Zanzibar, agraire pour le royaume de Madagascar, et qui, loin d'être passifs, surent se consolider tout au long du siècle.
    • L'Empire ottoman en Afrique : perspectives d'histoire critique - Nora Lafi p. 59-70 accès libre avec résumé
      La période ottomane a longtemps été lue, pour ce qui concerne l'Afrique du Nord, comme marquée par une occupation vue comme « turque », ayant précédé d'autres occupations, cette fois de nature coloniale. L'objet de cet article est, autour d'une réflexion sur la nature de l'impérialité ottomane, de proposer une vision critique de ce type de narration. L'accent est particulièrement mis sur la dimension intégrative de la gouvernance impériale, ainsi que sur le pacte d'appartenance impériale entre les élites locales maghrébines et le gouvernement d'Istanbul.
    • L'Empire du Mali d'hier à aujourd'hui - Francis Simonis p. 71-86 accès libre avec résumé
      Du xiiie au xvie siècle, le puissant empire du Mali, né d'un petit royaume à cheval sur le nord de la Guinée et le sud du Mali actuels, domine les savanes de l'Afrique de l'Ouest. Il passe alors pour un merveilleux Eldorado, tant la richesse et la prodigalité de l'empereur Mansa Moussa sont éclatantes lors du pèlerinage qu'il effectue à La Mecque en 1325-1326. De cet empire, on sait pourtant peu de choses, si ce n'est qu'il a été fondé par Soundiata Keita, qu'il exporte des esclaves vers le nord et qu'on y trouve des mines d'or d'une très grande richesse. Lors de son accession à l'indépendance, le Soudan français colonial en reprendra le nom en prétendant le faire renaître de ses cendres. Bien mieux, des chercheurs maliens et guinéens affirmeront par la suite avoir découvert sa constitution initiale, la charte du Manden ou charte de Kouroukan Fouga, et réussiront à la faire classer au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco au prix d'une falsification historique édifiante.
    • Les empires djihadistes de l'Ouest africain aux xviiie-xixe siècles - Paul E. Lovejoy p. 87-103 accès libre avec résumé
      Le retour de l'appel au djihad dans le monde contemporain conduit à un intérêt nouveau pour les grands empires qui ont été construits en Afrique dans le cadre de mouvements djihadistes au xviiie et au xixe siècles. Ces offensives militaires se sont appuyées sur des traditions religieuses plus anciennes, la justification des djihads s'enracinant dans la vie du Prophète et de ses successeurs. Les dirigeants politiques qui lancent ces conquêtes mettent en avant la dimension religieuse, mais Paul Lovejoy montre que la dimension ethnique (la domination peule) est également forte, ainsi que la dimension économique, la puissance de ces empires étant fondée sur le commerce et l'utilisation des esclaves.
    • Trajectoires impériales croisées : l'historicité d'un État africain hybride (pays moaaga, actuel Burkina Faso, fin du xixe siècle à nos jours) - Benoît Beucher p. 105-124 accès libre avec résumé
      Cet article vise à rendre compte de l'entrecroisement des trajectoires impériales africaine et européenne au cœur de l'Afrique de l'Ouest, en pays moaaga (actuel Burkina Faso). Les Moose ont nourri de longue date une pensée impériale qui a été au fondement de l'émergence d'un espace politique à la fois commun et multicentré : le Moogo. Celui-ci a vu émerger une société politique en même temps qu'une forte vision morale de soi. On peut supposer que ces vieilles dynamiques n'ont pas été rompues par l'incorporation du Moogo au sein de l'espace impérial français. Nous verrons que les autorités coloniales ont assis une domination sans hégémonie ouvrant le champ à des parcours d'accommodation avec la noblesse moaaga. Il s'agit alors de relever les convergences parfois paradoxales entre ces deux impérialismes, l'un moaaga, l'autre français, et d'examiner dans quelle mesure l'État postcolonial a pris corps à l'intersection de ces deux trajectoires impériales.
  • CHANTIERS

    • Militer contre Vichy est-il un acte de résistance ? - Lucie Hébert p. 127-141 accès libre avec résumé
      Dans le cadre d'un master de recherche, nous avons étudié le profil et le parcours de 848 communistes arrêtés en France (hormis l'Alsace-Moselle) entre septembre 1939 et juillet 1941, puis déportés dans des prisons ou des camps de concentration par les autorités allemandes. Après la guerre, ces communistes ou leur famille ont pu demander le statut de déporté, soit de déporté politique, soit de déporté résistant. L'analyse de leurs demandes et des statuts qui leur sont attribués conduit à s'interroger sur la reconnaissance de l'activité des militants communistes après-guerre et sur la notion même de Résistance.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Les faits sont têtus : vingt ans de déni sur le rôle de la France au Rwanda (1994-2014) - Alain Gabet, Sébastien Jahan p. 163-186 accès libre avec résumé
      Les accusations lancées par Paul Kagame à l'occasion des dernières commémorations du génocide des Tutsi ont ravivé les controverses sur la responsabilité de la France dans cette tragédie, contraignant une nouvelle fois nos gouvernants à un démenti offusqué. Les faits, pourtant, donnent raison au président rwandais : en 1994, les autorités françaises ont bel et bien protégé et épaulé les génocidaires. Le premier volet de cette contribution s'emploie à repérer les étapes de la reconstitution, par des enquêteurs et des chercheurs, des différents aspects de cette implication criminelle. Dans le prochain numéro, une seconde partie questionnera le difficile cheminement dans l'opinion d'une vérité occultée ou brouillée par une partie des médias et la grande majorité de la classe politique.
  • LIVRES LUS

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