Contenu du sommaire : Hommage à Djamel Eddine Kouloughli

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro Vol. 36, no 2, 2014
Titre du numéro Hommage à Djamel Eddine Kouloughli
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Hommage à Djamel Eddine Kouloughli

    • Articles
      • Djamel Eddine Kouloughli (1947-2013). Djamel Eddine Kouloughli, portrait seul et en groupe - Archaimbault S. p. 7-10
      • A propos d'une réédition - Guillaume J.P. p. 11-14 accès libre
      • A propos de LAFZ et MA 'NA - Kouloughi D.E. p. 15-42
      • Les savoirs linguistiques dans deux classifications des sciences du Xè siècle : l'émergence de la notion de "discipline" - Viain M. p. 45-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La grammatisation de l'arabe s'est opérée dès le VIIe siècle à partir de l'analyse du texte coranique et d'un corpus poétique. Les interactions qui en résultent entre grammaire, sciences religieuses et art poétique nous invitent à nous interroger sur la notion de «discipline » à l'époque considérée. Deux recensions du Xe siècle présentant les divers domaines du savoir nous renseignent sur la construction de cette notion. À la démarche purement énumérative qu'adopte Ibn al-Nadīm (m. 987) dans son Fihrist pour nommer relativement à chaque savoir les personnalités qui s'y rattachent et leurs ouvrages s'oppose la démarche logicienne d'al-Farābī (m. 950), qui, dans Iḥṣā ʾ al-ʿ Ulūm, définit avec précision les différentes branches de la connaissance. Cette approche «scientifique » appliquée à la grammaire va contribuer à faire de celle-ci une discipline théorisée et autonome.
        Grammatization of Arabic has been made as early as the 7th c. from the analysis of Koranic text and a poetic corpus. The interactions that occur between grammar, religious studies and poetic art invite us to question the concept of “ discipline” at this time. Two reviews of the 10th c. which present the various areas of knowledge tell us about the construction of this notion. The purely enumerative approach Ibn al-Nadīm (m. 987) adopts in his Fihrist in order to name personalities and works related to each knowledge contrasts with the logical approach of al-Fārābī (m. 950), who defines with precision the various branches of knowledge in Iḥṣā ʾ al-ʿ Ulūm. This “ scientifical” approach to grammar is going to make it a theorized and autonomous discipline.
      • Combats contre l'essentialisme - Rosier I. p. 57-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans de nombreux travaux, Djamel Kouloughli a défendu une conception résolument anti-essentialiste. Dans ses recherches sur Ernest Renan, en particulier dans sa contribution à l'ouvrage Les Grecs, les Arabes et nous, Enquête sur l'islamophobie savante, il a exposé et critiqué les arguments linguistiques visant à opposer les Sémites et les Indo-européens, à partir de prétendues qualités de leurs langues et corrélativement de leurs «schémas mentaux » , qui conduisaient à déprécier les langues du premier groupe, comme impropres à l'expression des savoirs philosophiques et scientifiques, et par là les traductions réalisées et les savoirs produits, notamment durant l'époque abbasside. La superposition indue de critères hétérogènes, linguistiques, religieux, géographiques, politiques, servait à fonder des blocs fondamentalement antagonistes, alors même que les recherches récentes montraient la richesse de tous les mouvements de translatio studiorum (et linguarum). De façon consonante, Kouloughli cherchait à dés-essentialiser l'analyse des parlers arabes, pour leur restituer leur spécificité, à la fois historique, géographique et sociolinguistique, refusant qu'ils soient appréciés à partir d'un «gradient » universel, représenté par la grammaire classique, utilisé pour en évaluer la proximité ou la distance.
        In numerous works, Djamel Kouloughli defended a conception resolutely anti-essentialist. In his research on Ernest Renan, particularly in his contribution to the volume Les Grecs, les Arabes et nous, Enquête sur l'islamophobie savante, he exposed and criticized the linguistic arguments aiming at opposing the Semites and the Indoeuropeans, from assumed properties of their languages and their “ mental schemas” correlatively, which led to depreciate the languages of the first groups as unfit for the expression of philosophical and scientific knowledge, and thereby the translations realized and the knowledge produced, particularly during the Abbasid era. The undue overlapping application of heterogeneous criteria, linguistic, religious, geographic, political, served as a base for claiming antagonistic blocks, even though the recent research showed the richness of all movements of translatio studiorum (and linguarum). In a consonante way, Kouloughli sought to de-essentialize the analysis of the varieties of arab, to render them their specificity, both historical, geographical and linguistic, denying that they should be appreciated according to an universal “ gradient”, represented by the classical grammar, used to assess its proximity or distance from it.
      • Contribution de Djamel Kouloughli au rapport pour l'UNESCO (1981) : Les catégories grammaticales et le problème de la description de langues peu étudiées - Desclés J.P., Guentchéva Z. p. 75-83 accès libre
      • Abu Hashim al-Gubba'i sur le langage de l'art - Rashed M. p. 85-96 accès libre
      • Au risque de la prose : une esthétique persane de la coordination - Landau J. p. 97-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les poéticiens de l'Iran pré-moderne n'ont jamais éludé la délicate question de la nature de la poésie. Du vers (naẓm), de son essence et de ses attributs, ils offrent des analyses copieuses, quoique divergentes. De son pendant, en revanche, presque rien n'est dit : comment définir la prose (naṯr) ? Comment les lettrés de l'Iran classique la concevaient-ils ? Par-delà le simple critère métrique, l'artigraphie du XIIIe siècle semble faire signe vers certains traits positifs, prosodiques et syntaxiques, qui la caractérisent. La coordination (‘ aṭf) est de ceux-là. Excédant les règles de la grammaire, il se pourrait même que l'inclination à la «jonction » (vaṣl) et au «reploiement » (edrāj) invoquée par les auteurs reflète un authentique idéal esthétique. C'est cette notion de la prose d'art dans l'Iran médiéval que voudrait éclairer le présent article.
        In pre-modern Iran, scholars of poetics did not shun the delicate question of the nature of poetry. Their works provide lengthy, though varied accounts of the essence and qualities of verse (naẓm). Its counterpart, however, is barely ever addressed : How is prose (naṯr) to be defined ? How did classical Persian specialists conceive of it ? Beyond the mere metrical criterion, 13th century treatises may hint at a few positive, prosodic and syntactic, features. One of them is coordination (‘ aṭf). Exceeding the rules of grammar proper, authors go so far as to acknowledge a propensity for «joining » (vaṣl) and «folding » (edrāj) likely to reflect a genuine esthetic ideal. The present paper aims to shed some light on this very conception of art prose in medieval Iran.
      • Une collaboration inachevée - Bohas G. p. 111-118 accès libre
      • Djamel E. Kouloughli, un philosophe sceptique - Auroux S. p. 119-128 accès libre
      • Le groupe Relpred - Bernard G. p. 129-137 accès libre
      • Pour Djamel Kouloughli - Jacquesson F. p. 139-148 accès libre
      • On Four Types of Poets and Four Types of Scholars: From Pulavar to Kavi in the Changing Intellectual Landscape of Tamil Nadu - Chevillard J.L. p. 149-166 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article examine le vocabulaire qui a été utilisé pour désigner les «professionnels du langage » au cours de l'histoire du tamoul, à l'intérieur de sa littérature ancienne, et tout spécialement dans les traités «grammaticaux » qui constituent le corpus shastrique Tamoul, et dans les thesauri (kōśa s), qui sont le corpus lexicographique. L'attention se porte principalement sur deux termes, pulavaṉ «savant, grammairien, poète » et kavi «poète » . Le premier, pulavaṉ, est utilisé 80 fois dans le Tolkāppiyam, à l'époque du Sangam (Caṅkam), pour désigner ceux qui sont à l'origine de la codification (et de la grammatisation) de la langue tamoule poétique ancienne, mais il est aussi utilisé dans d'autres oeuvres pour désigner les poètes, créateurs de la litérature (qui peuvent être également interprètes). Le second, kavi, apparaît à une époque plus tardive, et les traités médiévaux le subdivisent en quatre sous-catégories, «poète rapide » , «poète doux » , «poète extrême » et «poète vaste » , dont les caractéristiques sont énumérées par les traités «grammaticaux » du genre pāṭṭiyal, ainsi que par les thesauri. Cette évolution à lieu devant un arrière-plan religieux, qui semble avoir joué un rôle important dans le maintien et l'évolution progressive d'une communauté de lettrés dont les compétences en matière de langage étaient la raison d'être aux yeux de la société tamoule.
        This article examines a subset of the vocabulary which has been used over the centuries for referring to “ language professionals” in the treatises and the thesauri which constitute Ancient Tamil technical literature. It concentrates on two important terms, pulavaṉ “ scholar, grammarian, poet” and kavi “ poet”. The first one, pulavaṉ, is used (in the plural form pulavar) 80 times inside the Tolkāppiyam for referring to the scholars who were the creators of the “ grammar” of Poetical Tamil, during the Sangam [ Caṅkam] period. It is also used in other works for referring to creative poets (who could also be performers too). The second term, kavi, appears in Tamil at a later period, and medieval treatises (and kōśa-s) subdivide it into four subcategories, the “ fast poet” (ācu kavi), the “ sweet poet” (matura kavi), the “ extreme poet” (cittira kavi) and the “ vast poet” (vittāra kavi), whose qualifications are expounded for instance in treatises belonging to the “ grammatical” genre called pāṭṭiyal. Those developments take place against a religious background which is influential for the development and the sustained existence of the scholarly community whose multi-faceted expertise with words is a “ raison d'être” in the eyes of Tamil society.
      • Publications de Djamel Eddine Kouloughli - p. 167-179 accès libre
    • Lectures et critiques