Contenu du sommaire : Croyances

Ce travail veut explorer la complexité de l'interdit qu'est le tabou. Partant du texte de Freud, l'auteur propose une réflexion sur ce concept et l'impératif de croyance qu'il implique. La clinique permet de considérer les liens entre le tabou et l'idéalisation des objets internes ainsi qu'avec des points d'impasse dans le renoncement et le deuil. L'auteur propose de considérer une double face du tabou, l'une tournée vers l'interdit œdipien et le meurtre du père, l'autre vers l'objet primaire et les premiers interdits de toucher, notamment le toucher par le regard.

L'annonce d'une maladie somatique grave, et de surcroît peu après l'avènement de la puberté, peut être considérée comme un traumatisme qui sera à élaborer tout le long de la maladie, et même au-delà de sa rémission. À ceci s'ajoute un autre travail d'élaboration essentiel, celui de la traversée adolescente. Ces laborieux processus peuvent être court-circuités par une solution plus économique à court terme : celle de croyances idéologiques. L'auteur propose d'observer le fonctionnement psychique d'un adolescent en cours de rémission d'une tumeur cérébrale et les croyances qu'il rapporte. Nous pouvons nous demander quelle est la fonction de ces idéologies dans l'organisation psychique du sujet. Le travail psychologique tente d'établir progressivement chez le sujet des associations entre le vécu de la maladie au départ déniée et les idéaux grandioses rapportés. Ce tissage associatif a pour objectif de relancer peu à peu la capacité de penser du sujet, c'est-à-dire de créer des liens, afin qu'il puisse s'approprier du sens aux motions intérieures qui l'animent et à sa maladie.

À distance de l'organisation des jouissances et des objectivations décrétée par un Maître nouveau, celui des sciences de gestion, sans doute le temps est-il venu de rappeler et de rafraîchir l'espace de liberté et de contestation en quoi consiste le travail psychique. Autre nom du deuil, si fort malmené ces temps-ci, du côté d'une « nécessité prophylactique pour la santé des survivants », alors qu'il n'est finalement que l'autre nom et synonyme de la vie psychique. Se référer à la psychanalyse, c'est ainsi se référer essentiellement à son souci de la subjectivation et de la désubjectivation, de l'assujettissement également. À son souci de ne pas considérer la mort comme un objet parmi d'autres, objet d'angoisse par exemple, alors qu'elle constitue à côté du sexe, des pulsions sexuelles, l'autre pôle souvent méconnu de la division du sujet. Des films et des sculptures ont donné à penser à l'auteur qui s'exprime à la première personne, illustrant par sa forme le fond même du propos.

Les neurosciences cognitives permettent de définir l'activité mentale sur base de fonctions dont les substrats cérébraux sont aujourd'hui mieux connus, principalement grâce à la neuroimagerie fonctionnelle. La reconnaissance de ces substrats cérébraux ouvre de nouvelles perspectives sur des processus tels que la croyance. Toutes les fonctions cognitives, qu'elles touchent principalement à l'individu ou à la relation de celui-ci avec son entourage, fournissent un champ d'application à la croyance. Dans ses formes les plus élaborées, la croyance interagit avec des activités cognitives complexes, touchant à la perception du corps, de l'espace et du temps, à la mémoire, au sens moral et à la représentation de la pensée d'autrui (“Theory of Mind”). Des constantes apparaissent dans la relation qu'entretient la croyance avec chacune des fonctions cognitives que les neurosciences ont mises à jour. Dans une perspective neurocognitive, la croyance pourrait assurer une fonction, celle de soulager l'activité mentale de la résolution de conflits internes. Suivant une hypothèse avancée, l'émergence de cette fonction aurait principalement répondu aux conflits qui naissent de l'état d'incertitude attaché à la conscience humaine. La croyance impliquerait donc un réseau de structures neuronales qui gèrent les choix d'une pensée vouée au doute et à l'espérance.

La croyance – croire en... – est envisagée dans cet article comme mode d'appréhension du monde constitutif du sentiment d'exister ; elle représente, avec la curiosité, l'un des deux pôles organisateurs de l'activité de pensée, conçue comme oscillation permanente entre processus de liaison, créateurs de sens, et processus de déliaison, « ouvreurs » du champ psychique.

Téméraires ou inconséquents, certains actes paraissent se produire pour, au mépris des dangers, intenter une action à l'encontre des lois du réalisme, du raisonnable, du fonctionnement de l'organisme biologique, des conventions et codes sociaux, ... Une conviction narcissique les anime qui tente de prouver, par la réalité des faits, qu'il n'y a pas lieu de renoncer aux croyances ainsi mises en jeu, déniant tout verdict d'illusion à leur égard.

Quelle place et quel(s) sens prennent, aujourd'hui et dans notre société, les premiers objets investis par les enfants en tant qu'ils se retrouvent entre les parents, les enfants et les professionnels ? Cette question a inauguré une recherche menée par des chercheurs-cliniciens en partenariat avec une société de fabrication de peluches. Après avoir présenté le contexte particulier de la recherche, l'article s'appuie sur des données issues de deux approches (qualitative et quantitative) mises en résonance dans l'investigation de la relation famille/crèche. L'objet de l'enfant vient dire quelque chose du lien tissé entre la famille et la crèche. Les écrits winnicottiens et en particulier ceux relatifs à la capacité de croire ont permis d'analyser le discours des parents et des professionnels de la petite enfance en distinguant « capacité de croire » et « appareil à croyance ». Le trait le plus manifeste de l'appareil à croyance est qu'il vient se substituer au travail de la pensée. L'objet mis dans une position idéale, risque de ne plus participer à la sphère transitionnelle proprement dite. L'enjeu pour toutes les personnes concernées est de permettre qu'il mobilise, au contraire, l'action créative, la relation affective concrète avec les autres et l'ouverture sur eux.

La voix transmet dès l'origine les conditions pour que l'infans entre dans le langage. L'adolescence, en tant que processus menant à une parole adulte, remet en scène, de manière singulière, cet objet lié au désir de l'Autre.