Contenu du sommaire : Les inconscients

Différents états non conscients et plusieurs modèles biologiques de la conscience et de l'inconscient sont aujourd'hui décrits. La modélisation biologique des concepts freudiens ne se fait pas sans maladresse. Démontrer la psychanalyse à partir des neurosciences ou l'inverse parait peu réaliste. Par contre il y a lieu de favoriser la rencontre et l'échange, sources d'un éclairage instructif et de souligner une fois de plus les vertus d'un regard interdisciplinaire bien dirigé.

Dans cet entretien, Le Pr. Éric Constant apporte un témoignage démonstratif de l'effet possible de déterminants infantiles inconscients dans les choix professionnels. Il illustre aussi à l'aide d'une vignette clinique (patient souffrant des séquelles au niveau cognitif d'une rupture d'un anévrisme cérébral) l'importance de l'écoute de l'inconscient qui peut être en jeu dans les cliniques neurologique et neuropsychologique. Enfin, il attire l'attention sur les pièges du dogmatisme en ces matières.

Deux psychologues d'orientation cognitivo-comportementale et une psychanalyste discutent de leurs compréhensions respectives du concept de l'« inconscient ». Dans ce dialogue « entre courants » il est question des différences dans les approches, mais également des niveaux de théorisation où des convergences deviennent évidentes.

L'histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorique issues de champs voisins ont concouru, par étayages successifs et réciproques à élaborer le concept d'« inconscient », à éclairer les rapports entre psychopathologie et société, à reconsidérer les liens entre le malaise singulier du sujet et celui universel des civilisations. Les psychoses en sont des facettes singulières qui dévoilent des sujets aux prises avec un inconscient à ciel ouvert. Cet article retrace les éléments essentiels de l'œuvre de Robert et Rosine Lefort qui prend place dans l'histoire de la psychanalyse avec les enfants, plus particulièrement en ce qui concerne la théorie et la clinique des psychoses et de l'autisme, tout en interrogeant les modalités de la naissance du sujet de l'inconscient.

Les auteurs tentent d'appréhender le cas d'un libéricide depuis la scène inconsciente, dans une démarche qui permet de resituer l'acte et le sujet dans un processus temporel que la brutalité, à l'œuvre au moment de l'acte, tend à faire oublier.Dénouement d'un itinéraire complexe, cet étrange meurtre renvoie à la froideur terrifiante, à l'inexplicable, figé dans la monstruosité. « Solution » agie du fantasme à une situation insoutenable, l'acte transgressif criminel déporte la vie imaginaire du sujet sur la scène du réel. Dans un moment de bascule qui court-circuite la dimension temporelle et le travail psychique, l'enfant tant investi par sa mère devient un objet à détruire.À partir de la singularité du mode de déclenchement de cet acte criminel, l'auteur montre l'aspect processuel du passage par l'acte, sous-tendu par la question du traumatisme dans son aspect destructeur.

La dépression traitée ici est en premier lieu à distinguer de la mélancolie, elle, relevant de la structure. Elle semble se caractériser par un refus du sujet d'interroger les signifiants maîtres de son histoire. La dépression a la propriété de mettre évidence la division du sujet puisqu'elle révèle un sujet abattu qui ne se reconnaît pas tel qu'il est dorénavant. De plus, le cas d'une patiente permettra de faire un pas supplémentaire en soutenant que du fantasme, et donc du signifiant peut se trouver impliqué dans la dépression du sujet. Cette perspective permet d'envisager pour cette difficulté du sujet, un au-delà de la perte d'objet, « marque de fabrique » de la dépression.

La thérapie familiale relatée ici montre comment les fantasmes inconscients des parents liés à leurs histoires personnelles induisent des comportements incestueux entre leurs fils. L'excitation sexuelle est utilisée pour lutter contre des sentiments intolérables de dépression précoce et de solitude apparus pendant la première année de la vie. Le fantasme organisateur est que le sacrifice de soi, en s'offrant comme proie sexuelle, permet d'éviter l'effondrement de l'autre.

À partir de notre clinique quotidienne dans un service de psychiatrie adulte, nous avons repéré chez certains sujets une manière semblable de dire leur souffrance psychique qui, nouant l'excès de souffrance à un autre cause de cette souffrance, dévoile une rhétorique passionnelle inconsciente (R. Gori, 2002). Après avoir démontré cela, nous proposons d'interroger le lien entre le sujet et l'objet de la passion sous l'angle de l'ambivalence (ou hainamoration). À l'aide d'une vignette clinique, nous soutenons que lorsque l'ambivalence trouve à s'exprimer dans la passion, ce n'est que sur une part clivée de l'objet (M. Klein). Nous supposons alors que la possibilité d'expression de l'ambivalence envers l'objet total, donc d'élaboration de la haine originaire inconsciente, signerait la guérison de la passion.

Recevant des couples en entretiens d'inspiration psychanalytique, l'auteur s'interroge sur la confrontation entre les deux inconscients au sein du couple. Que peut-on en dire du point de vue de l'économie psychique des deux sujets qui le composent ? Envisageant d'abord la question sous l'angle de la répétition, c'est ensuite l'articulation des deux symptômes qui est évoquée. Reprenant alors la proposition de Lacan de « rapport entre les deux savoirs inconscients », c'est la mise en tension des deux fantasmes qui est enfin retenue. L'auteur propose de considérer cette mise en tension comme résultant d'une possibilité de conjonction des impératifs des deux logiques fantasmatiques. C'est cette complaisance inconsciente mutuelle qui permettra la consistance de l'illusion.L'article se conclut sur la mise en question d'une clinique du couple : pour qui et pour soutenir quoi ?

L'inconscient surgit souvent comme question ou comme réponse face à la difficile articulation entre psyché et culture. Cette difficulté qui s'exacerbe face à la différence des civilisations comme en témoigne Freud par exemple dans son approche de l'islam ressurgit d'une toute autre manière dans la théorie ethnopsychiatrique. L'auteur questionne ici les points aveugles de la logique binaire de l'inconscient soutenue par G. Devereux, logique qui finit par déboucher sur les pièges que ce dernier a lui même dénoncés. Ce cheminement amène l'auteur à ouvrir d'autres perspectives en posant un regard Autre sur l'inconscient qui ne peut être appréhendable qu'à partir du langage et de sa dialectique, à la croisée du singulier et de la culture.

Autant il est loisible de constater à quel point l'univers de la pensée occidentale s'est enrichi de l'apport de la psychanalyse, autant on peut constater que le monde arabe est resté profondément réfractaire à cette pensée, malgré la proximité géographique et les différents échanges. A partir de ce constat, l'auteur se propose d'analyser quelques obstacles inhérents à la culture arabo-musulmane, qui entravent l'implantation de la psychanalyse. Par extension, l'article renvoie aussi aux limites de la psychanalyse en tant que discipline née dans un contexte culturel spécifique.

L'article est l'élaboration de la rencontre avec un sujet psychotique d'origine maghrébine. Il évoque la nécessité de s'attarder sur la construction de son rapport au monde, dans les lieux et dans les temps, utilisant le clivage comme une tentative de re-naissance. Les oscillations entre deux références culturelles peuvent menacer un équilibre psychique où la trace des identifications précoces d'une culture doit s'arrimer à l'actuel de l'autre culture. L'article fait le point sur cette clinique de l'« entre-deux ». Ensuite, il traitera du statut de la langue du sujet, « compromis » entre la langue maternelle et la langue d'accueil. L'article décrira également l'homophonie, la translittération, la traduction et la transcription comme autant de variantes possibles de l'expression de l'inconscient dans le travail analytique avec un patient migrant. L'inconscient universel sera reprécisé. Enfin, il décrira les outils thérapeutiques issus en partie de l'ethnopsychanalyse.