Contenu du sommaire : Fashion Mix
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1310, avril-mai-juin 2015 |
Titre du numéro | Fashion Mix |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Comment en découdre avec les migrations ? - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- La confection et les immigrés à Paris : Une histoire ancienne - Nancy L. Green p. 7-12 La mode parisienne a besoin des immigrés. Mieux, son développement accéléré depuis le milieu du XIXe siècle n'aurait pu se faire sans eux. L'univers de la confection a grand besoin de main-d'œuvre. Ce secteur est donc propice pour les étrangers qui arrivent à Paris et qui cherchent du travail. Juifs de tous horizons, Polonais, Russes, Belges, Arméniens ou Chinois, les migrants continuent de prendre part à la fabrication et au commerce de vêtements, contribuant à la renommée de la capitale mondiale de la mode.
- Hommage aux ouvrières italiennes de Nogent-sur-Marne ou les enjeux d'une création : « C'est devenu un mythe les plumassières » - Anne Monjaret p. 15-22 Mettre une œuvre d'art au service d'une mémoire est un exercice périlleux. En souhaitant rendre hommage au travail des plumassières italiennes de Nogent-sur-Marne, les autorités municipales en ont fait l'amère expérience. Si le fait de dédier une sculpture de bronze à la communauté italienne, qui a pris une grande part dans le développement de la ville depuis la fin du XIXe siècle, partait des plus louables intentions, l'œuvre n'a pas eu les résultats escomptés. De cette statue, on retient la polémique, bien loin de la mémoire des ouvrières qu'elle entendait célébrer.
- Les aventuriers de la mode : Les sapeurs congolais à Paris et l'usage de la mode en migration (1890-2014) - Manuel Charpy p. 25-33 Les sapeurs congolais sont passés maîtres dans l'art du retournement des symboles. Ceux de la mode et ceux des sociétés dans lesquelles ils s'affichent. Entre Paris et Brazzaville, leur volonté de paraître n'est pas du goût de tous. Ainsi, vêtements, poses théâtrales et “danse des griffes” prennent à revers les attentes qui pèsent sur l'immigré ou le Congolais de retour au pays. Le sapeur se plaît à faire de la mode un jeu de miroirs décevant tout stéréotype.
- Récit de vie, tissu d'ailleurs : Des enjeux du wax et des populations noires en France - Anne Grosfilley p. 35-43 Un pont tissé entre l'Afrique et l'Europe. C'est la destinée du wax, tissu créé par des fabriques hollandaises pour leurs colonies d'Asie, qui va inonder le marché africain à partir de la fin du XIXe siècle. Cette étoffe devenue africaine est tout à la fois un élément essentiel des garde-robes des femmes, en Afrique ou ailleurs, un marqueur identitaire et un support artistique qui se prête à toutes les inventions des créateurs. En France, son intégration dans l'espace social reflète la diversité de celles qui le portent. Autant de motifs, en somme, qu'il y a de parcours.
- Espaces marchands et mode à Barbès : Un fashion mix urbain et cosmopolite - Emmanuelle Lallement p. 45-53 À Paris, le Triangle d'Or de la mode ne désigne pas que les beaux quartiers. Au cœur du XVIIIIe arrondissement se niche une autre centralité de la mode, un autre Triangle, celui de la Goutte-d'Or. Le carrefour de Barbès et les devantures vichy des magasins Tati signent la rencontre entre la culture populaire et le métissage vestimentaire. Devenu une icône de la mode, détourné par Vuitton ou Sakina M'Sa, le nom de “Barbès” est tout à la fois un symbole et une source d'inspiration.
- Paris et la mode, une relation capitale ? - Olivier Saillard, Marie Poinsot p. 55-58
- L'antagonisme de la figure de l'étranger dans les formations de la mode - Nicolas Divert p. 61-69 Les différents métiers qui font vivre l'industrie de la mode s'appuient sur une offre pléthorique de formations. Parfois présenté comme étant en déclin, ce secteur véhicule aussi un imaginaire positif fort porté par les métiers de la création. Du lycée professionnel à l'école de stylisme, des étudiants étrangers sont formés mais leurs trajectoires scolaires varient considérablement. En jeu, les clivages persistants entre les emplois de production et les activités de création, auxquels s'ajoutent d'autres types de discriminations.
- Paris, terre d'accueil pour les créateurs africains ? - Imane Ayissi, Marie Poinsot p. 71-74
- Étoiles symboliques de la mode noire : Chris Seydou, Patrick Kelly et Ozwald Boateng, une perspective comparative - Pascale Berloquin - Chassany p. 77-83 À Paris ou à Londres, l'entrée dans le petit monde feutré des maisons de haute couture n'a pas été chose aisée pour les créateurs noirs. Si la vague ethnique des années 1990 a fortement joué en leur faveur, elle a produit également de nouveaux stéréotypes. Au lieu de s'enfermer dans les attentes que pouvait susciter leur origine supposée, c'est en transgressant les frontières géographiques et culturelles que les créateurs noirs comme Patrick Kelly, Chris Seydou ou Ozwald Boateng sont parvenus à s'imposer dès les années 1980.
- Habits et habitus en héritage : Les designers de la diaspora chinoise à New York - Leyla Belkaïd p. 85-90 À New York, dans le domaine du prêt-à-porter haut de gamme, les créateurs de mode sino-américains déjouent les assignations identitaires. S'ils véhiculent, emploient et redessinent certaines références culturelles liées à la Chine, leur travail est aux antipodes des stéréotypes véhiculés par la culture de masse. Dans leurs créations, point de dragons rouges et autres chapeaux pointus, mais des souvenirs de tenues, de froissements d'étoffe, d'attitudes du corps qui les nourrissent et qui rappellent que le vêtement est aussi un imaginaire que l'on porte sur soi.
- Variations des comportements vestimentaires chez les immigrés africains : Entre pôle occidental et pôle traditionnel - Jacques Barou p. 93-98 La mutation des comportements vestimentaires des migrants originaires d'Afrique subsaharienne et de leurs enfants jalonne l'histoire de leurs relations avec la société française. Le choix des vêtements, qu'il s'agisse d'un boubou, d'un costume ou d'une sweat à capuche accompagné d'une casquette des Yankees de New York, est déterminé par une triple appartenance, sociale, culturelle et générationnelle. Il dépend tout autant des espaces fréquentés que de la volonté de jouer avec les codes traditionnels et ceux de la société dominante.
- « Blédard » et « fashion victim » : Du bon usage de la mode chez des adolescents d'un quartier populaire - Aurélia Mardon, Zaihia Zeroulou p. 101-108 Au collège, l'habit semble faire le moine. La sociabilité très conformiste des adolescents les pousse à s'aligner sur les codes de leurs pairs. C'est ce que montre l'analyse du rapport que des élèves issus d'un quartier populaire entretiennent à l'égard de la mode. Car leur façon de se vêtir, et notamment le choix des marques, influence leur réputation au sein de leur établissement. L'étude du contrôle qu'exercent les parents et les protagonistes du monde scolaire met en évidence la façon dont les élèves négocient les normes émises par les adultes.
- Les jeux du paraître de femmes juives originaires de Tunisie - Sylvaine Conord p. 111-115 Au début des années 2000, certains cafés de Belleville étaient devenus le point de ralliement d'un groupe étonnant de femmes d'origine juive tunisienne. Leur verbe haut et le cliquetis des bijoux soulignaient leurs tenues choisies pour attirer l'œil. L'enquête sociologique mêlée à la photographie a cherché à comprendre cette mise en scène permanente, et sur quels leviers se fonde la construction de l'image de soi : entre transmission des traditions populaires et jeu avec les visions exotisées que suscite leur apparence vestimentaire.
- De la fripe à la Sape : Migrations congolaises et modes vestimentaires - Sylvie Ayimpam, Léon Tsambu p. 117-125 Né au début du XXe siècle entre Kinshasa et Brazzaville, le mouvement de la Sape ou Société des ambianceurs et des personnes élégantes a peu à peu gagné les territoires des diasporas congolaises à Paris ou à Bruxelles. Entre mode et musique, les sapeurs font de leurs luxueux habits le symbole d'une identité en perpétuelle réinvention. Pour assouvir leur quête de vêtements aux griffes prestigieuses, des filières d'approvisionnement informel se sont mises en place entre l'Afrique et l'Europe.
- La neutralité est toujours suspecte ? : Quand la mode sert à classer et à discriminer les femmes des minorités - Isabelle Hanifi p. 127-134 Dans le monde du travail, le choix des vêtements sert à représenter son statut professionnel. Cet enjeu stratégique est devenu l'objet d'une association de femmes cadres américaines, au fait des tendances de la mode et des attentes des marchés. Elles proposent leurs services de conseil vestimentaire et d'accompagnement vers l'emploi à des femmes issues de classes défavorisées. Mais, en promouvant les codes prétendus neutres de la femme d'affaire blanche, elles encourent le risque de pérenniser des discriminations sociales et ethniques.
- La confection et les immigrés à Paris : Une histoire ancienne - Nancy L. Green p. 7-12
Chroniques
- Le changement de cap ! Quand Hommes & Migrations crée sa ligne éditoriale - Marie Poinsot p. 138-143 Dans le courant des années 1980, l'association Amana va progressivement convertir les deux publications qu'elle édite – Hommes & Migrations Études et Hommes & Migrations Documents – en une revue mensuelle. Comment s'est déroulée cette mutation éditoriale ? Une petite enquête auprès des membres les plus anciens de la revue sur cette décennie peu documentée peut nous éclairer utilement sur les raisons et les étapes de ce changement de cap.
- Mémoires arméniennes au Musée national de l'histoire de l'immigration - Stéphanie Mahieu, Marie Poinsot p. 144-148 Lors d'une table ronde organisée le 28 mars dernier par Marie Poinsot et Stéphanie Mahieu, conservateur et responsable de la Galerie des Dons, Jacques Bédrossian et Pierre Mampreyan, deux donateurs de la Galerie des dons, évoquent les mémoires de la diaspora arménienne qui est venue s'installer en France suite au génocide de 1915.
- Germaine Tillion : Résistante et actrice du travail social en Algérie - Augustin Barbara p. 150-153
- Borders, voyage en territoire textile - Sokina Guillemot p. 154-157
- Des femmes, un vestiaire, un musée. Les manteaux à histoires au musée d'Aquitaine - Christine Bourel p. 158-159 Des femmes, issues de communautés étrangères et regroupées au sein de l'association Promofemmes, ont participé à la création d'une collection de manteaux à histoires, manteaux d'apparat, manteaux universels, allant de la tunique longue, du kimono, au sari et au sumau (long manteau roumain), du boubou à la djellaba. Des manteaux d'ici et d'ailleurs, aux motifs collectés au gré des coups de cœur, lors des visites des expositions et des collections : empreintes et signes de l'art aborigène, mythologie, décors de tesselles de mosaïques du gallo-romain, symboles de la Chevalerie, bestiaire fabuleux, enluminures végétales de l'époque médiévale, inspirations des terres lointaines (Afrique, Océanie, Caraïbes, Extrême-Orient, etc.).
- 1915-2015, commémorer le centenaire du génocide des Arméniens - Laure Piaton p. 160-162
- La chaussure, une histoire arménienne - Irène Berelowitch p. 163-166 Sarkis Der Balian, hier, à Stéphane Kélian ou Karine Arabian, aujourd'hui, de grands noms de la chaussure française sont arméniens. À partir de l'entre-deux-guerres, et jusqu'aux années 1970, l'artisanat de la chaussure a constitué un secteur privilégié de travail pour les réfugiés arméniens et leurs enfants. à Paris, le quartier de Belleville en était la capitale. André Aladinian, qui l'a connu à travers son père, évoque cet univers disparu.
- La Turquie face au centenaire du génocide des Arméniens - Ali Kazancigil p. 167-170 L'extermination de plus d'un million d'Arméniens ottomans, en 1915-1916, par le gouvernement dirigé par le Comité Union et Progrès, le parti des Jeunes-Turcs, a été érigée en un tabou absolu, qui devint un des piliers de l'idéologie nationaliste de la République, créée en 1923.
- L'arménien occidental, cent ans de diaspora : Entretien avec Anaïd Donabedian, linguiste, responsable des études arméniennes à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), réalisé par Marie Poinsot, rédactrice en chef. - Marie Poinsot p. 171-176
- Le cadeau d'Albert Cohen - Mustapha Harzoune p. 177-180 Depuis une vingtaine d'années plus de 20 000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée.
- Ablaye Cissoko - François Bensignor p. 181-186 Ablaye Cissoko est aujourd'hui l'un des joueurs de kora les plus en vue sur la scène internationale. Le soutien que lui apporte la Fondation BNP Paribas depuis 2012 permet une extension de sa notoriété. Issu d'une famille de griots musiciens, Ablaye, de son vrai nom Kimintang Mahamadou Cissoko, est né à Kolda au Sénégal en 1970.
- The Cut : Film franco-allemand de Fatih Akin - Anaïs Vincent p. 187-188
- Hope : Documentaire français de Boris Lojkine - Anaïs Vincent p. 188-189
- Sylvain Prudhomme : 6e lauréat du Prix littéraire de la Porte Dorée - Sylvain Prudhomme p. 190-191
- Sylvain Pattieu, Beauté Parade : Plein Jour éditions, 2015, 14 pages, 18 € - Mustapha Harzoune p. 192-193
- Gauz, Debout-payé : Le Nouvel Attila, 2014, 175 pages, 17 € - Mustapha Harzoune p. 193-194
- Sylvain Prudhomme, Les Grands : L'Arbalète/Gallimard, 2014, 208 pages, 19,50 € - Mustapha Harzoune p. 194-195
- Andrea Salajova, Eastern : Gallimard, 2015, 227 pages, 17,90 € - Mustapha Harzoune p. 196-197
- Barsegh Chahbaz, Le Pays d'Ararat le sait : éd. CPA-Valence Romans Sud Rhône-Alpes, 2015, 72 p., 12 euros - Laure Piaton p. 197-198
- Le changement de cap ! Quand Hommes & Migrations crée sa ligne éditoriale - Marie Poinsot p. 138-143