Contenu du sommaire : Nouvelle économie régionale et réforme territoriale
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 143, novembre 2015 |
Titre du numéro | Nouvelle économie régionale et réforme territoriale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Nouvelle économie régionale et réforme territoriale - Guillaume Allègre, Gérard Cornilleau, Eloi Laurent, Xavier Timbeau p. 5-11
Partie 1. Métropolisation et efficacité économique
- La dynamique économique des territoires : Une introduction - Jean-Claude Prager p. 13-74 Au cours des vingt dernières années, la science économique a accompli des progrès importants dans sa capacité de description et d'analyse de l'évolution des territoires. Les apports de la théorie de la croissance endogène, de la nouvelle économie géographique, comme de l'analyse économique des institutions, ont transformé le regard posé par les économistes sur les mécanismes du développement des régions et des métropoles, et offrent aujourd'hui un cadre cohérent et robuste sur le plan théorique et empirique. Cet article est un rappel de quelques éléments centraux pour la connaissance des grandes forces de la géographie économique et humaine et de leurs implications pour les politiques publiques, en dehors de tout formalisme2. Ces bases seront illustrées par le projet du Grand Paris, un des plus emblématiques en ce début de 21e siècle.
- Le Grand Paris, le joker de l'économie française - Laurent Davezies p. 75-116 Cet article est rédigé à partir d'une note préparée pour la mission de configuration du Grand Paris. Il vise, à deux mois de sa mise en place, à évaluer les enjeux et les dynamiques, en termes de « macroéconomie locale » de la mise en place du Grand Paris. Sont examinés successivement le poids de son économie en France et dans la région Île-de-France, le fait que, contrairement à sa région, le Grand Paris se conforme au modèle de dynamique métropolitaine qui s'est développé depuis 15 ans dans le pays (et dans les autres pays industriels), en rupture avec ce que l'on observait dans les années antérieures. Il rend compte également du fait qu'à cette concentration métropolitaine, à l'échelle du pays, vient s'ajouter une concentration urbaine au sein des grandes aires urbaines, avec, dans le cas du Grand Paris, un retournement des dynamiques, favorables hier à la « deuxième couronne » de la région et aujourd'hui à son cœur « grand parisien » et particulièrement au centre, dans Paris et ses communes limitrophes. On examine, enfin, l'évolution actuelle du marché de l'emploi de ce territoire, son intégration croissante avec le reste de la région et la transformation d'un modèle radial en un nouveau modèle, de plus en plus concentrique.
- La métropolisation, horizon indépassable de la croissance économique ? - Olivier Bouba-Olga, Michel Grossetti p. 117-144 L'idée selon laquelle le soutien à quelques métropoles serait le meilleur moyen de renforcer la croissance économique de la France s'est assez largement diffusée dans le monde académique ces dernières années. Elle se fonde principalement sur des analyses de l'évolution relative des PIB régionaux par habitant et sur des travaux économétriques relevant de l'économie géographique. L'objectif de cet article est de mettre en débat les arguments avancés.Dans un premier temps, nous montrons que le PIB régional par habitant est un très mauvais indicateur de performance des régions, qui masque le jeu d'autres déterminants socio-économiques. Une analyse plus précise montre que seule l'Île-de-France présente une surproductivité apparente du travail, qui s'explique entièrement par des effets de composition sur les secteurs d'activités et par la concentration des très hauts revenus dans la région capitale.Nous nous intéressons dans un deuxième temps aux travaux relevant de l'économie géographique. Nous observons que si les traitements économétriques concluent à l'existence d'effets d'agglomération statistiquement significatifs, l'ampleur de ces effets est faible et les données présentent des limites intrinsèques. Il semble hasardeux de justifier sur une base aussi fragile une politique de concentration de l'activité économique dans quelques métropoles.Nous analysons enfin de manière systématique le lien entre la taille économique initiale et l'activité des territoires, en nous appuyant sur des données d'emploi par zone d'emploi sur la période 1999-2011. On n'observe aucun effet de la taille, mais des effets importants de spécialisation, des effets d'inertie et des effets d'appartenance à des macro-régions.
- La dynamique économique des territoires : Une introduction - Jean-Claude Prager p. 13-74
Partie 2. Un nouveau développement régional ?
- Vers un nouveau paradigme des stratégies de développement régional dans l'OCDE - Joaquim Oliveira Martins, Karen Maguire p. 145-168 Cet article décrit les principales tendances qui se dégagent en termes de croissance et de convergence entre les régions de l'OCDE. Il discute ensuite les facteurs de croissance au niveau régional et les principaux changements en termes de politique territoriale mise en œuvre dans les pays de l'OCDE. Il termine par une discussion sur l'utilisation des politiques régionales pour un objectif élargi de bien-être.
- Dynamiques régionales et territoriales face aux chocs économiques - Arnaud Degorre, Pierre Girard, Roger Rabier p. 169-223 Depuis 2008 la crise économique a altéré les dynamiques régionales de développement qui étaient inscrites dans la durée, liant notamment la croissance économique à la croissance démographique. Les régions Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes, présentent une certaine diversité de situations qui l'illustre. Depuis la crise, ces trois régions connaissent des trajectoires différenciées selon qu'elles s'inscrivent dans un schéma d'économie présentielle tournée vers la demande locale des populations, ou bien dans un schéma d'économie productive orientée vers une demande extérieure. Rhône-Alpes et Nord-Pas-de-Calais, avec une dominante d'économie productive, ont été particulièrement touchés en 2008-2009 lors du choc externe de contraction des échanges internationaux. L'économie du Languedoc- Roussillon, fortement présentielle, a mieux résisté, avant de connaître d'importantes difficultés à partir de 2011, lors du choc de demande interne lié à la solvabilité de la dette. En outre, les évolutions économiques sont très contrastées à l'intérieur des régions, d'un territoire à l'autre. Les systèmes locaux disposent de ressorts de croissance ou de résistance, à l'instar des économies dites métropolitaines. L'approche des réseaux, qui insiste sur les liens de complémentarité entre les espaces, permet d'examiner les mécanismes de diffusion des chocs dans des ensembles territoriaux.
- Le Nord-Pas-de-Calais, entre mutations économiques et développement humain - Grégory Marlier, Thomas Dallery, Nathalie Chusseau p. 225-275 La région Nord-Pas-de-Calais connaît depuis plusieurs décennies une transformation de son tissu productif qui pose la question de l'arbitrage entre mutation économique et progrès social : là où les difficultés économiques ont été les plus marquées, des territoires ont pu connaître un réel décrochage, avec de moindres perspectives de progrès social. Cette problématique est accentuée depuis 2008, avec une crise qui a des conséquences importantes sur les territoires. Cet article comporte trois parties. La première aborde les différentes mutations de l'économie du Nord-Pas-de-Calais, une économie qui connaît une progression plus favorable que la moyenne nationale, aussi bien en période de croissance qu'en période de crise. La construction d'une maquette de la macroéconomie régionale permet de mettre en évidence une certaine autonomie que les décideurs publics peuvent exploiter. La deuxième partie présente les différents moteurs du développement local pour aboutir à une typologie des profils des territoires de la région Nord-Pas-de-Calais, au regard des mutations et polarités économiques. Enfin, la troisième partie apporte un autre regard sur le développement régional à partir d'indicateurs alternatifs d'inégalités territoriales soulignant une possible contradiction entre développement économique d'un côté et développement humain et durable de l'autre.
- Penser les régions avec leurs habitants - Jacques Lévy p. 277-294 Comment concevoir des territoires politiques dans les sociétés d'aujourd'hui ? Au-delà de la critique de la réforme récemment votée, il n'est pas inutile de redéfinir le local et le régional dans un cadre plus général comprenant l'espace comme environnement, les spatialités comme action des habitants, et dont le politique devrait devenir un complément bénéfique, pour contribuer à son développement et y promouvoir la justice – ce qui suppose une réflexion sur la composante spatiale de la justice. Cette contribution du politique suppose de solder l'héritage, souvent négatif, des relations entre l'État géopolitique et les échelons sur lesquels il a prise. Il convient ensuite de définir une architecture géographique, une articulation des compétences et un dispositif de circulation de l'argent public qui facilitent l'autonomie et la complémentarité des différents échelons. Le texte propose enfin une démarche alternative à celle suivie jusqu'à présent pour définir les échelons locaux et régionaux.
- Vers un nouveau paradigme des stratégies de développement régional dans l'OCDE - Joaquim Oliveira Martins, Karen Maguire p. 145-168