Contenu du sommaire : Varia

Revue Revue Internationale des Sciences Administratives Mir@bel
Numéro vol. 81, no 4, décembre 2015
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In Memoriam

  • Articles

    • Le management par la performance dans le secteur public local français : Un modèle plus administratif que politique - Christophe Favoreu, David Carassus, Damien Gardey, Christophe Maurel p. 713-734 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objet de cette recherche est d'analyser et de caractériser les pratiques des collectivités locales françaises dans le domaine du management de la performance. Pour ce faire, et dans un premier temps, une grille d'analyse théorique des différents modèles de gestion par la performance locale est proposée. Dans un second temps, cette grille est mobilisée et testée empiriquement afin d'appréhender la nature du modèle français de gestion par la performance locale. Les résultats de notre recherche démontrent l'existence d'un modèle français de type « administration de la performance », se traduisant par des tendances communes aux collectivités locales françaises en ce qui concerne le contenu instrumental et méthodologique, ainsi que les modes de pilotage de la performance publique.Les apports managériaux et pratiques de cette recherche portant sur les démarches locales de performance sont deux ordres. Premièrement, elle permet de disposer d'un cadre analytique et évaluatif de ce type de démarche, structuré non seulement autour d'outils de planification, de responsabilisation et d'évaluation, mais aussi de modalités de pilotage. Cette étude permet, deuxièmement, de connaître et de caractériser l'état des pratiques françaises en la matière, ainsi que leurs limites par rapport à des pratiques internationales plus matures. Ainsi, une collectivité locale s'engageant dans cette voie peut dès lors s'appuyer sur cette étude pour déterminer le périmètre et la structure des outils à mobiliser en fonction de la finalité suivie, qu'elle soit de de nature administrative et/ou politique.
      The purpose of this research is to analyse and characterize the practices of French local authorities in the field of performance management. It sets out to do so, as a first step, by putting forward a theoretical analytical framework of the different models of local performance management. It then goes on to draw on this framework and test it empirically in order to understand the nature of the French model of local performance management. The results of our research demonstrate the existence of a French, ‘performance administration' type model evident in the trends common to French local authorities with regard to the instrumental and methodological content and the methods of steering public performance.Points for practitioners:The managerial and practical contributions of this research on local performance initiatives are twofold. First of all, it will provide an analytical and evaluative framework for this type of initiative, not only structured around planning, accountability and evaluation tools but also around steering methods. Second, this study makes it possible to take stock of and characterize French practices in the field and their limitations compared to more mature international practices. Thus, a local authority adopting this path can therefore draw on this study to determine the scope and structure of the tools to be rolled out, depending on their purpose, be it administrative and/or political.
    • La réforme administrative en Corée du Sud : Le nouveau management public et la bureaucratie - Sunhyuk Kim, Chonghee Han p. 735-754 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le présent article, nous analysons la dynamique politique de la réforme administrative récente en Corée du Sud. Nous soutenons que les programmes de réforme s'inspirant du nouveau management public mis en œuvre par les différents gouvernements sud-coréens qui se sont succédé n'ont connu qu'une réussite partielle. Plus précisément, la plupart ne sont pas parvenus à atteindre leur objectif ultime : affaiblir considérablement la bureaucratie d'élite traditionnellement influente dans l'élaboration des politiques. La réforme n'a aucunement affaibli la bureaucratie dans le pays. Au contraire, les ministères du gouvernement central ont renforcé leur influence et leur autonomie institutionnelle. Ceux qui étaient chargés de concevoir et d'appliquer les mesures de réforme étaient eux-mêmes des bureaucrates, lesquels étaient censés être la « cible » de la réforme. Cette situation, dans laquelle les réformateurs étaient censés se réformer eux-mêmes, a donné lieu à de multiples incidents (sabotages, retards, obstruction et déformation de la réforme). Dans le présent article, nous concluons qu'il est essentiel de prendre en considération les contextes locaux dans lesquels les initiatives de réforme sont adoptées, interprétées, acceptées, légitimées et concrétisées dans le cadre de leur mise en œuvre.La réforme administrative a souvent des conséquences inattendues. L'ironie, c'est que les réformes qui s'inspirent du nouveau management public, alors qu'elles visent à affaiblir la puissante bureaucratie d'élite, entraînent parfois un renforcement de cette bureaucratie. Cela s'explique essentiellement par le fait que ce sont généralement les bureaucrates eux-mêmes qui conçoivent et gèrent le processus de réforme administrative. Ce sont aussi ces mêmes bureaucrates d'élite qui définissent, mettent en œuvre et appliquent des mesures de réforme spécifiques. Il est dès lors essentiel que les partisans de la réforme mettent en place des mécanismes de supervision populaire adaptés en dehors de la bureaucratie au cours des différentes étapes du processus de réforme, comme un contrôle par les citoyens ou une participation civique.
      This article analyzes the political dynamics of South Korea's recent administrative reform. We argue that successive South Korean governments' New Public Management-inspired reform programs have only achieved partial success. In particular, they have largely failed to attain their ultimate goal – i.e. significant weakening of the traditionally strong elite bureaucracy in policymaking. The bureaucracy in the country has not become weakened as a result of the reform. Rather, the central government ministries have augmented their power and institutional autonomy. Those who were in charge of designing and implementing reform measures were bureaucrats themselves who were supposed to be the ‘target' of the reform. Such situation, in which the reformers were expected to reform themselves, has resulted in numerous incidences of sabotage, delay, obstruction, and distortion of the reform. This article concludes that it is crucial to consider the local contexts in which reform initiatives are adopted, interpreted, accepted, legitimated, and concretized for implementation.Points for practitioners:Administrative reform often brings unintended consequences. New Public Management-inspired reform, with its intention to weaken the strong elite bureaucracy, could ironically result in the augmentation of the bureaucracy. The main reason for this is because it is usually the bureaucrats themselves who design and manage the process of administrative reform. It is also the elite bureaucrats who define, operationalize, and implement specific reform measures. Therefore, it is crucial for the reform supporters to ensure adequate popular oversight mechanisms outside the bureaucracy at various stages of the reform process, such as citizen monitoring or civic participation.
    • Les agents de première ligne : Analyse de l'influence de l'importance perçue de sa fonction par le travailleur, de son engagement et de son implication professionnelle sur sa motivation de service public - Taehee Kim, Alexander C. Henderson, Tae Ho Eom p. 755-775 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le travail social est depuis longtemps considéré comme une fonction très stressante, dans laquelle les questions liées à la motivation du personnel et au renforcement des responsabilités et de l'engagement sont déterminantes pour comprendre la performance individuelle et collective. Compte tenu des facteurs organisationnels qui ont une influence négative sur la motivation du personnel, comme l'absence de possibilités de promotion, les tracasseries administratives et l'épuisement émotionnel possible, il est de plus en plus important pour les cadres de motiver le personnel afin de lui permettre d'offrir des services de qualité et satisfaisants à leurs clients. Les recherches existantes indiquent que les travailleurs qui présentent une plus grande motivation de service public (PSM) ont tendance à adopter des comportements prosociaux qui profitent aux autres. La présente recherche s'appuie sur des données d'enquête recueillies auprès de travailleurs sociaux en Corée du Sud et examine l'influence d'un certain nombre de facteurs liés à l'emploi sur les niveaux de PSM des travailleurs. Les résultats indiquent que l'importance de la fonction, l'implication professionnelle et l'attachement affectif sont des facteurs qui ont tous une influence sur le niveau de PSM. Les caractéristiques des emplois et la nature dynamique de la PSM sont par conséquent des éléments importants dans les professions de première ligne particulièrement stressantes. Remarques à l'intention des praticiens Compte tenu des contraintes organisationnelles qui pèsent sur les programmes de récompense qui existent éventuellement au sein des organismes publics, il est de plus en plus important de prendre en considération d'autres facteurs liés à l'emploi susceptibles d'améliorer la motivation — en particulier celle liée aux objectifs publics — parmi les travailleurs sociaux. Les résultats de notre étude indiquent que le fait de multiplier les occasions pour les travailleurs sociaux de rencontrer et de dialoguer directement avec les bénéficiaires des services qu'ils offrent ou de leur permettre d'avoir connaissance des réactions des citoyens à propos de la qualité de leurs services ou de leurs résultats (par ex., les résultats des enquêtes de satisfaction auprès des citoyens) peut jouer un rôle majeur dans le maintien ou l'amélioration du niveau de motivation de service public des travailleurs. Les résultats indiquent par ailleurs qu'il est important pour les cadres de bien veiller à favoriser la motivation de service public de leur personnel.
      Social welfare work has long been identified as a highly stressful occupation, and one in which considerations of motivating employees and encouraging increased responsibility and commitment are central to understanding individual and collective performance. In the face of organizational factors that negatively affect employees' motivation, including a lack of promotion opportunities, red tape, and expected emotional exhaustion, it becomes much more important for management to motivate employees in such a way that they can provide meaningful and satisfactory services to their clients. Extant research suggests that employees with higher levels of public service motivation (PSM) are motivated to engage in prosocial behaviors that benefit others. Using survey data gathered from social welfare workers in South Korea, this research examines the impact of a number of job-related factors on employee levels of PSM. The results indicate that job significance, professional job involvement, and affective commitment all impact the levels of PSM, suggesting that attention to job characteristics and the dynamic nature of PSM are important in particularly stressful front-line professions. Points for practitioners: Given the organizational constraints on reward programs that exist in public agencies, it becomes increasingly important to consider other job-related factors that may improve motivation – especially related to public goals – among social welfare workers. The findings of this study suggest that increasing opportunities for social welfare workers to directly meet and interact with their service beneficiaries or enabling employees to gain access to citizens' feedback about their service quality or service impact (e.g. citizen satisfaction survey results), can play a major role in maintaining or improving employees' level of public service motivation. The results also underline the importance of managers' giving consideration to fostering employees' public service motivation.
    • Un nouvel opéra — conjuguer esprit d'entreprise, modèle de la poubelle et fenêtres d'opportunité - Tom Christensen p. 777-795 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La présente étude porte sur le processus décisionnel qui a abouti à la construction d'un nouvel opéra à Oslo. La décision a finalement été prise en 1999 et la construction du nouvel opéra s'est achevée en 2008. Afin d'analyser le processus décisionnel, nous utilisons un « modèle de la poubelle révisé », tel que proposé par Kingdon, qui combine la notion d'initiative politique grâce à l'établissement de coalitions instrumentales et des caractéristiques du modèle de la poubelle. La coalition gagnante se composait d'acteurs du Parlement et du gouvernement local, mais aussi des intérêts privés, et si elle a réussi, c'est parce qu'elle est parvenue à profiter d'une fenêtre d'opportunité ouverte par d'autres acteurs. Cela s'expliquait principalement par le fait que le projet d'opéra a été temporairement dissocié d'un vaste projet de construction routière et est parvenu à obtenir l'adhésion d'intérêts liés à un aménagement urbain plus général dans l'est d'Oslo. La faiblesse relative des arguments culturels en faveur de la construction du nouvel opéra était manifeste d'un bout à l'autre du processus. La décision relative à sa construction était par conséquent un effet secondaire ou le résultat d'autres préoccupations et intérêts. L'étude, qui s'appuie sur un cas unique, se base sur un vaste éventail de documents publics, d'entretiens et d'articles de presse.Les décisions concernant les projets publics importants ne suivent pas toujours une trajectoire rationnelle stricte en raison des déséquilibres entre les secteurs, des effets secondaires et des caractéristiques de la coalition. Cela veut dire que les « secteurs faibles » peuvent soit accepter les décisions d'autres secteurs, soit se lancer dans des coalitions avec ceux-ci pour faire avancer les grands projets. Les acteurs plus larges sont en mesure de s'attacher à ces grands projets — en d'autres termes, plus ils sont en mesure de satisfaire des intérêts différents, plus ils auront de chances de parvenir à une décision. Une approche pragmatique de ce type peut s'avérer essentielle non seulement pour réaliser les projets, mais aussi pour les faire évoluer en les éloignant de l'idée à leur origine.
      This study looks at the decision-making that culminated in the building of a new opera house in Oslo. The decision was finally taken in 1999 and the new opera house was finished in 2008. To analyse the decision-making process we use a ‘revised garbage can model', as presented by Kingdon, which combines the concept of political entrepreneurship through instrumental coalition-building with garbage can features. The winning coalition included actors from parliament and local government but also local private business interests, and it succeeded because it managed to capitalize on a window of opportunity opened by other actors. The main reasons for this were that the opera project was temporarily decoupled from a large road-building project and managed to bring on board interests connected to a more extensive city development in Oslo's inner east city. The relative weakness of the cultural arguments for building an new opera house were evident during the whole process, making the decision to build it a side effect or spin-off from other concerns and interests. The study, which is a single embedded case, is based on a wide range of public documents, interviews and newspaper articles.Points for practitioners:Decisions on major public projects may not follow a strict rational trajectory because of imbalances between sectors, side effects and coalition features. This means that ‘weak sectors' may either accept decision premises from other sectors or engage in coalitions with them to get large projects decided on. The broader actors are able to anchor such large projects, i.e. the more different interests they can fulfil, the larger probability of reaching a decision on them. Such a pragmatic approach may be both crucial in realizing the projects at all and also move the projects away from the original ideas behind them.
    • Gérer les crises — Comment les gouvernements locaux ont-ils réagi à la crise financière de 2008 et comment expliquer les différences ? Le cas des communes suisses - Andreas Ladner, Nils Soguel p. 797-818 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les communes suisses sont largement souveraines pour financer leurs activités. Leurs ressources proviennent avant tout de l'impôt sur le revenu et de l'impôt foncier prélevés auprès des ménages et des entreprises. Une crise, comme celle de 2008, qui touche la sphère financière et l'économie en général risque d'avoir des répercussions directes sur les budgets locaux. Dans le présent article, nous examinons la manière dont les communes perçoivent ce risque et y réagissent. Dans une enquête menée à l'échelle nationale fin 2009 dans les 2596 communes suisses, nous avons demandé aux secrétaires municipaux quelles mesures avaient été prises face aux pertes fiscales attendues et à la hausse possible des dépenses sociales suite à la crise de 2008. Des mesures keynésiennes ont-elles été prises, en augmentant les dépenses et en acceptant des déficits plus importants, ou y a-t-il eu tentative de limiter les déficits par des mesures d'austérité, notamment en restreignant les investissements prévus ? Nos résultats indiquent que quelques communes seulement (essentiellement les plus grandes) s'attendaient à être durement touchées par la crise. On n'observe cependant pas de tendance systématique et conforme à la théorie. Certes des mesures d'austérité ont été mises en place ou un déficit budgétaire a été provoqué, mais bon nombre de communes ont appliqué simultanément des mesures relevant des deux théories. L'impact perçu de la crise au niveau local et l'appartenance de la commune à la partie francophone du pays sont les principaux facteurs expliquant la réaction des communes et les raisons de cette réaction. La taille de la commune joue aussi un rôle. Mais l'influence du parti social-démocrate est négligeable. Le type de mesures que les communes sont susceptibles de prendre est plus difficile à expliquer. Cependant, plus une commune se sent touchée, plus elle s'orientera vers des mesures d'austérité. Comment réagir à une crise financière ? Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre, tant d'un point de vue scientifique que d'un point de vue pratique lorsqu'il s'agit de procéder à un arbitrage entre les diverses options possibles. La présente contribution montre que les débats théoriques entre les mesures de soutien à l'économie au prix de déficits publics d'un côté et des mesures d'austérité budgétaire de l'autre ne correspondent guère à la réalité, du moins au niveau local. Les responsables politiques avisés réduisent les dépenses et investissent là où c'est nécessaire. Tel est l'enseignement apporté par le comportement des communes suisses au lendemain de la crise de 2008.
      Swiss municipalities are, to a large extent, responsible for their financial resources. Since these resources primarily depend on income and property taxes from individuals and enterprises, municipality budgets are likely to be directly affected by the current crisis in the financial sector and the economy. This article investigates how municipalities perceived this threat and how they reacted to it. In a nationwide survey conducted at the end of 2009 in all 2596 Swiss municipalities, we asked local secretaries which measures had been launched in order to cope with expected losses in tax income and a possible increase in welfare spending. Did the municipalities rely on Keynesian measures increasing public spending and accepting greater deficits, or did they try to avoid further deficits by using austerity measures and a withdrawal of planned investments ? Our results show that only a few municipalities – mainly the bigger ones – expected to be greatly affected by the crisis. Their reactions, however, did not reveal any clear patterns that theory would lead one to expect. Preferences for austerity measures and deficit spending become visible but many municipalities took measures from both theories. The strongest explanatory factors for determining how/why municipalities react are : the municipality's level of affectedness followed by whether or not the municipality belongs to the French-speaking part of the country. Size also has an impact, whereas the strength of the Social Democrat party is negligible. Explaining what kind of measures municipalities are likely to take is more difficult. However, the more a municipality is affected, the more likely it is to stick to austerity measures.Points for practitioners:How to react to a financial crisis is not only a challenging question to answer for the scientific community but also for practitioners being confronted with the crucial decisions to be taken. This contribution shows that the theoretical debates stipulating the exclusiveness of deficit spending or austerity measures is hardly reflecting reality, at least not at the local level. Policymakers are well advised to cut down expenditure and to invest where necessary. This is, at least, what can be learned from the practices of the Swiss municipalities after the 2008 crisis.
    • Les propriétés stratégiques et l'influence politique dans la post-délégation : le cas des agences européennes - Nuria Font p. 819-839 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La littérature sur les agences européennes s'intéresse à la question du contrôle politique et de l'indépendance dans le cadre de la structure des agences européennes et de la post-délégation. On ne trouve cependant aucune étude dans la littérature spécialisée qui mesure et analyse l'influence politique qu'exercent la Commission, les États membres et le Parlement européen dans le processus décisionnel à l'échelle d'un vaste échantillon d'agences européennes. C'est cette question que nous abordons dans le présent article, en nous posant les questions suivantes : quelle est l'influence exercée par chacun des principaux acteurs institutionnels parents sur le processus décisionnel des conseils d'administration des agences ? Les compétences et les propriétés stratégiques des agences jouent-elles un rôle sur l'influence politique ? Notre article s'appuie sur une enquête en ligne, une analyse documentaire et des entretiens semi-structurés et combine une étude quantitative et qualitative visant à identifier les caractéristiques de l'influence politique des acteurs supranationaux et intergouvernementaux. Les fonctions de réglementation et l'importance sont des facteurs qui réduisent l'influence de la Commission et du Parlement européen, tandis que la complexité réduit l'influence des Etats membres. De plus, l'activité de réglementation très centralisée et de grande portée affecte les équilibres institutionnels dans la post-délégation. Remarques à l'intention des praticiens Le présent article intéressera les praticiens qui s'intéressent à la question du contrôle politique et de l'indépendance des agences spécialisées européennes. Notre article identifie certaines des conditions dans lesquelles l'influence politique des principaux acteurs institutionnels parents sur les conseils d'administration des agences européennes diminue. Plus particulièrement, la Commission et le Parlement européen ont moins d'influence sur les conseils d'administration des agences de réglementation et des organismes plus importants, tandis que les États membres réduisent leur influence sur les conseils d'administration des agences qui réalisent des activités très complexes. Les propriétés stratégiques des agences ont une incidence variable sur l'influence politique des acteurs institutionnels selon que cette influence est exercée par des acteurs supranationaux ou intergouvernementaux.
      The literature on EU agencies has examined the issue of political control and independence in EU agency design and in post-delegation. However, studies measuring and providing accounts for the political influence that the Commission, the member states and the European Parliament exert in decision-making across a wide sample of EU agencies are missing in the specialized literature. This article addresses this topic and poses the following questions: How influential is each of the main parent institutional actors on agency boards' decision-making? Do agency powers and policy properties affect political influence? Based on an online survey, documentary analysis and semistructured interviews, this article combines a quantitative and a qualitative study identifying differentiated patterns of political influence by supranational and intergovernmental actors. Regulatory functions and saliency decrease the leverage of the Commission and the European Parliament, whereas complexity decreases the influence of the member states. Moreover, highly centralized and far-reaching regulatory activity affects institutional balances in post-delegation. Points for practitioners: The article is of interest to practitioners concerned with the issue of political control and the independence of EU specialized agencies. The article identifies certain conditions under which political influence by the main parent institutional actors on the boards of EU agencies is diminished. More specifically, the Commission and the European Parliament are less influential on the boards of salient and regulatory agencies, whereas the member states have reduced leverage on the boards of agencies undertaking highly complex activities. Agency policy properties affect the political influence of institutional actors unevenly depending on whether it is exercised by supranational or intergovernmental actors.
    • Le groupe des 20. Une communauté stratégique transnationale : réseaux de gouvernance, analyses stratégiques et groupes de réflexion - Diane Stone p. 841-861 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le G20 est une institution internationale en constante évolution. Grâce aux avancées dans les technologies de l'information et à l'aide des gouvernements nationaux, un certain nombre d'acteurs et de réseaux de la connaissance tentent d'influencer la gouvernance économique mondiale au moyen d'analyses et de conseils stratégiques. Dans le présent article, nous nous intéressons au réseau international que constitue le groupe de réflexion du G20 baptisé « Think20 », ainsi qu'au plaidoyer politique des instituts privés de recherche (comme le Lowy Institute, en Australie, et le Centre for International Governance and Innovation, au Canada), qui sont dans l'orbite de la communauté stratégique du G20. Think20 vient en aide aux processus de gouvernance économique mondiale du G20 en mettant au point des « discours de coordination » en matière d'élaboration et de mise en œuvre des politiques. Les idées sont importantes, mais les idées qui supposent une réforme majeure des politiques et des innovations doivent le devenir aussi si l'on veut qu'elles aient une influence sur l'action du gouvernement. Les réseaux sont un moyen de diffuser des « discours communicatifs » à de nombreux publics différents — locaux ou internationaux —, ainsi que l'infrastructure permettant de concrétiser et d'amplifier les « discours de coordination » à la base des modèles stratégiques et des propositions de réforme des gouvernements qui doivent motiver leurs propres bureaucraties, de même que collaborer avec des gouvernements étrangers. Dans le présent article, nous analysons certains des outils et des pratiques de réseau en ce qui concerne la recherche du consensus dans les « communautés stratégiques transnationales » qui cultivent la coordination stratégique globale.
      The G20 is an evolving international institution. Aided by both advances in information technology and support from home governments, a number of knowledge actors and networks seek to influence global economic governance with policy analysis and advice. This article assesses the international G20 think tank network called Think20 and the policy advocacy of private research institutes (such the Lowy Institute in Australia and the Centre for International Governance and Innovation in Canada) which are in the orbit of the G20 policy community. Think20 assists the global economic governance processes of the G20 by developing ‘coordinative discourses' for policy development and implementation.Points for practitioners:Ideas matter but ideas that imply major policy reform and innovation need to be made to matter if they are to direct government action. Networks provide one mechanism to broadcast and disseminate ‘communicative discourses' to many different publics – local as well as global – and the infrastructure to crystalize and amplify ‘coordinative discourses' underpinning the policy blueprints and reform proposals of governments that must motivate their own bureaucracies as well as collaborate with foreign government. This article discusses some of the network tools and practices for consensus building in ‘transnational policy communities' that cultivate global policy coordination.
    • Les motifs du partage des connaissances dans le secteur public : Le rôle de la motivation de service public - Chung An Chen, Chih-Wei Hsieh p. 863-884 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La littérature sur les motifs de partage des connaissances s'intéresse à l'importance des motivations à la fois extrinsèques et intrinsèques en matière de partage des connaissances. Cependant, pour élaborer une théorie en matière de motifs de partage des connaissances dans le secteur public, il convient de prendre en considération son contexte particulier, la principale préoccupation de l'État étant liée au service public, et non aux bénéfices. Dans la présente étude, nous intégrons dès lors la notion de motivation de service public (PSM) dans l'étude du partage des connaissances entre les agents de l'État. C'est en nous appuyant sur la théorie de la PSM que nous postulons que l'attirance pour la politique, l'attachement à l'intérêt général, la compassion et l'abnégation chez les agents de l'État peuvent les amener à partager les connaissances pour une raison sacrée : défendre l'intérêt général. C'est en se basant sur des données recueillies auprès de gestionnaires publics de niveau intermédiaire à Taïwan que les auteurs ont vérifié de manière empirique la question de savoir si la PSM était un prédicteur du partage des connaissances et nos hypothèses ont été clairement confirmées. La PSM ouvre dès lors une nouvelle voie aux chercheurs qui s'intéressent à l'étude du partage des connaissances dans le secteur public.En introduisant la PSM, la présente étude établit un lien entre partage des connaissances et administration publique. La fonction publique en tant que vocation amène les agents de l'État à partager leurs connaissances afin de faire progresser le savoir organisationnel et, partant, d'améliorer l'efficacité du service public. Par comparaison aux facteurs situationnels (comme l'utilisation des technologies de l'information et des récompenses), la PSM joue un rôle encore plus important dans la promotion du partage des connaissances si l'on en croit les résultats de notre recherche empirique. Il convient dès lors de prendre en considération la motivation altruiste et de la mettre en avant si l'on veut encourager le partage des connaissances dans le secteur public.
      The literature on knowledge sharing motivation has addressed the importance of both extrinsic and intrinsic motivation to sharing knowledge. However, a theory of knowledge sharing motivation in the public sector requires particular consideration since government's main concern is in public service, not profits. Therefore, the present study introduces the concept of public service motivation (PSM) to the study of knowledge sharing among civil servants. Based on the PSM theory, this study postulates that civil servants' interest in policy making, commitment to the public interest, compassion, and willingness for self-sacrifice can drive them to share knowledge for a sacred reason – serving the public interest. By using the data collected from middle-level public managers in Taiwan, the authors empirically tested whether PSM predicts knowledge sharing, and our hypotheses received strong support. Thus, PSM opens a new window for researchers interested in the study of knowledge sharing in the public sector.Points for practitioners:With the introduction of PSM, the present study connects knowledge sharing with public administration. Public service as a calling leads civil servants to share knowledge in order to create more advanced organizational knowledge and accordingly improve public service performance. Compared to situational factors (e.g. the use of information technology and rewards), PSM plays an even more pivotal role in promoting knowledge sharing, according to the results of our empirical research. Thus, altruistic motivation should be addressed and emphasized if knowledge sharing in the public sector is to be encouraged.
    • La motivation extrinsèque, la PSM et les caractéristiques du marché de l'emploi : un modèle à plusieurs niveaux de la préférence pour l'emploi dans le secteur public dans 26 pays - Steven Van de Walle, Bram Steijn, Sebastian Jilke p. 885-907 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les observations qui ressortent des recherches s'avèrent contradictoires en ce qui concerne les facteurs qui amènent les personnes à opter pour un emploi dans le secteur public. Dans le présent article, nous utilisons un modèle proposant une comparaison internationale basée sur des données émanant de 26 pays pour expliquer les raisons qui amènent les personnes à préférer travailler pour le secteur public. Notre étude indique qu'au niveau individuel, la motivation de service public et la motivation extrinsèque sont des facteurs importants pour expliquer cette préférence. La motivation intrinsèque, en revanche, est négativement liée à l'inclination des personnes à travailler pour le secteur public. De plus, des revenus et un niveau d'instruction plus faibles sont associés à une plus grande préférence pour l'emploi dans le secteur public. Ces tendances indiquent que travailler dans le secteur public est considéré comme une option de carrière satisfaisante et sûre. Nos résultats indiquent par ailleurs que la variation dans cette préférence ne peut s'expliquer qu'en partie par les différences nationales. Néanmoins, dans les pays dont le système d'emploi dans le secteur public est un système basé sur la carrière plutôt qu'un système basé sur le poste, les personnes ont plus de chances de préférer travailler dans le public. Si l'on veut attirer les meilleurs éléments dans le secteur public, il faut avant tout comprendre pourquoi les personnes préfèrent travailler pour ce secteur plutôt que pour le privé. Dans le présent article, nous examinons les facteurs qui amènent les personnes à préférer travailler dans le secteur public dans 26 pays. Nos observations révèlent que la motivation de service public (le fait de venir en aide à autrui, d'être utile à la société) et les motivations extrinsèques (la sécurité de l'emploi, le salaire élevé, les possibilités d'avancement) jouent un rôle important dans ce choix. Des différences marquées s'observent toutefois d'un pays à l'autre. Dans les pays dont le système d'emploi dans le secteur public est un système de carrière, travailler dans le secteur public est considéré comme plus intéressant.
      Research findings have been contradictory with respect to the determinants of why people choose a public sector job. In this article we use an internationally comparative design with data from 26 countries to explain public sector employment preference. The study shows that on the individual level, public service motivation and extrinsic motivation are both important drivers for this preference. Intrinsic motivation, in turn, is negatively related to people's inclination to work for the public sector. Moreover, having a lower income and lower education is associated with a greater preference for public sector employment. This suggests that working for the public sector is seen as a good and safe career option. Our results furthermore show that variation in this preference can only partly be explained by country differences. Nevertheless, in countries with a career- rather than position-based system of public employment, people are more likely to prefer public employment.Points for practitioners:Attracting the best and brightest to work for the public sector requires an insight into why people prefer public over private sector employment. This article looks at what makes people prefer public sector employment in 26 countries. Findings reveal that public service motivation (helping other people, being useful to society) and extrinsic motives (job security, a high income, opportunities for advancement) play an important role in this preference. Still, there are considerable differences between countries. In countries with a career-based system of public employment, working in the public sector is seen as more attractive.
  • Compte rendu de livre : Walter J.M.Kickert et Tiina Randma-Liiv (2015) Europe managing the crisis : the politics of fiscal consolidation, London et New York, Routledge/Taylor and Francis, ISBN : 978-1-138-85362-1 (édition reliée) ; ISBN : 978-1.135-72268-9 (broché) pp. 293 - Christopher Pollitt p. 909-911 accès libre