Contenu du sommaire : Lucha contra la pobreza y educación en Bolivia

Revue Bulletin de l'Institut Français d'Etudes Andines Mir@bel
Numéro volume 44, no 3, 2015
Titre du numéro Lucha contra la pobreza y educación en Bolivia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • IntroducciónPobreza, desigualdades y educación en Bolivia (2005-2015) - Robin Cavagnoud, Sophie Lewandowski, Cecilia Salazar p. 311-324 accès libre
  • La lucha contra la pobreza, un problema internacional* - Isabelle Hillenkamp, Jean-Michel Servet p. 325-341 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article parcourt sept décennies d'aide au développement et de lutte contre la pauvreté, comprise d'abord à travers une appréhension globale des pays « pauvres » puis une prise de conscience croissante des disparités entre pays et des inégalités sociales internes. Sont couvertes des périodes aussi différentes que les débuts de la guerre froide et de la décolonisation, les grandes décennies du développement des années 1960 et 1970, sous influence des idées keynésiennes, jusqu'à l'hégémonie du néolibéralisme et finalement la proclamation des Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2000. Dans une dernière partie, une brève rétrospective de l'histoire de l'aide au développement en Bolivie, du plan Bohan jusqu'à l'actuel Processus de changement, illustre la rencontre entre les normes globales du développement construites au niveau international et l'histoire nationale. Cette relecture révèle la récurrence des débats sur le volume de l'aide, son efficacité, ses critères de ciblage, les effets d'opportunisme et le maintien dans la dépendance des pays « en développement ». Elle conduit à s'interroger sur la fonction de l'aide au développement dans les relations internationales : instrument performant de « lutte contre la pauvreté » ou bien de contrôle de menaces, réelles ou imaginaires, en provenance des pays pauvres et du maintien de la paix et du statu quo entre puissants ?
    The article reviews seven decades of development aid and the fight against poverty as perceived first through a global understanding of «poor» countries and then through a growing awareness of the disparities between countries and of the internal social inequalities within them. It covers periods as different as the beginnings of the Cold War and decolonization, the development decades of the 1960s and 70s under the influence of Keynesian ideas, until the hegemony of neoliberalism and finally the announcement of the Millennium Development Goals in 2000. In the last part of this essay, a brief retrospective of the history of development aid in Bolivia, from the Bohan Plan until the current process of change, illustrates the encounter between global norms of development created at an international level and national history. This exercise highlights the recurrent character of the debates on the volume of aid, its effectiveness, its targeting criteria, the effects of opportunism and the ongoing dependency of «developing» countries. It raises questions about the function of development aid in international relations: is it an effective instrument of «fight against poverty» or an instrument for controlling the threats, whether real or imagined, coming from poor countries and maintaining peace and the status quo between the powerful?
  • De la enseñanza árabe-islámica al Vivir bien. Los modelos no occidentales de educación frente a las políticas internacionales de lucha contra la pobreza - Sophie Lewandowski p. 343-364 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les politiques internationales de lutte contre la pauvreté, qui ont succédées aux Programmes d'ajustement structurel, ont permis d'améliorer l'accès à l'éducation dans les pays du Sud, mais n'ont pas éradiqué les inégalités qui se sont déplacées au sein du système scolaire. En outre, bien qu'elles se fondent théoriquement sur une corrélation multidimensionnelle entre pauvreté et éducation, leurs programmes d'application prennent peu en compte la différence des trajectoires et des projets éducatifs des pays dans lesquelles elles interviennent. Face à cette tendance, certains pays du Sud, qui sont en étroite relation avec les institutions financières internationales adoptent des postures diplomatiques variées allant de la connivence à l'affrontement tout en cherchant parallèlement à développer des politiques éducatives endogènes distinctes des paradigmes internationaux. C'est le cas de l'enseignement arabo-islamique au Sénégal et de l'éducation au Vivir bien en Bolivie, tous deux pensés comme des voies de modernités non occidentales. Mais ces modèles peinent à être intégrés dans des systèmes éducatifs étatiques pérennes, comme le montrent les mesures des apprentissages qui restent souvent alignées sur des critères internationaux. À partir de la littérature scientifique relative à ce thème et d'enquêtes qualitatives dans les deux pays, l'article souligne la fragilité des politiques nationales comme internationales en termes de reconnaissance de la pluralité des modèles d'éducation et de développement.
    International politics against poverty, which followed after the structural adjustment programs, allowed improved access to education in the countries of the South, but did not eradicate the disparities which were transferred within the school system. Although they are based on theory that focused on a multidimensional correlation between poverty and education, their application programs did not sufficiently take into account the differences between trajectories and between educational projects of the countries in which they intervened. In the face of this tendency, certain countries of the South, which have a close relationship with the international financial institutions, adopted varied diplomatic postures ranging from complicity to confrontation, while looking to develop endogenous education policies different from international paradigms. This is the case of Arab-Islamic teaching in Senegal and the education in Vivir Bien in Bolivia, both thought as ways of non-Western modernities. But these models have difficulty in being integrated into long-lasting state education systems, as shown by the measurements of learning which often remained aligned with international criteria. Focusing on the scientific literature on this subject and from qualitative inquiries in both countries, the article underlines the fragility of the national and international politics in terms of the recognition of the plurality of educational and development models.
  • Género y apropiación de la perspectiva de inversión social en Bolivia: el sistema de los Bonos - Nora Nagels p. 365-385 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Comme la majorité des pays d'Amérique latine, la Bolivie a adopté un nouvel instrument de politiques d'assistance sociale considéré comme le meilleur moyen de lutte contre la pauvreté sur la scène internationale du développement : les programmes de transferts conditionnés (PTC). Ces derniers appartiennent à la perspective d'investissement social post-Consensus de Washington. En accord avec cette perspective, les PTC visent, à court terme, à réduire la pauvreté par l'augmentation des liquidités monétaires dans les ménages et, à long terme, rompre le cycle intergénérationnel de la pauvreté par l'investissement dans le capital humain des générations futures. L'appropriation de cette perspective en Bolivie par le système des bons s'articule avec le nouvel État plurinational qui valorise les droits collectifs autochtones. À partir d'une méthodologie qualitative d'analyse de discours, cette contribution étudie la configuration « développementaliste » des bons et les interactions entre ses responsables politiques et ses récipiendaires. L'analyse des entretiens avec les décideurs politiques et les femmes récipiendaires montre qu'en Bolivie ce type d'intervention reproduit les caractéristiques anciennes des politiques sociales latino-américaines : le maternalisme et le néocolonialisme.
    Like most Latin American countries, Bolivia adopted a new instrument of social assistance policies that was considered as the best way to fight poverty in the international area of development: Conditional Cash Transfer programs (CCT). These belong to the social investment perspective in the post-Washington Consensus. According to this perspective, CCT's aim in the short term was to reduce poverty by increasing the money supply of households and in the long-term, it was to break the intergenerational cycle of poverty by investing in human capital for future generations. The appropriation of this perspective in Bolivia with the Bonos' system was mediated by the new Plurinational State that included indigenous collective rights. Using a qualitative methodology of discourse analysis, this paper studies the “developmentalist” configuration of the Bonos and the interactions among policymakers and women recipients. An analysis of the interviews with policy makers and women recipients highlights that in Bolivia this new perspective reproduced old features of Latin American social policies: maternalism and neocolonialism.
  • El nexo saber-poder en las reconfiguraciones de un margen en proceso de integraciónUna mirada desde el Norte La Paz (Bolivia) - Laetitia Perrier Bruslé p. 387-413 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le Norte La Paz correspond à la partie amazonienne du département de La Paz. À partir des années 1970, l'intégration de cette région au reste du territoire national s'accélère. Dans cet article, l'auteure propose d'analyser ces différentes phases d'intégration à partir des acteurs sociaux, en évaluant leur résilience au changement qui dépend de leur capacité territoriale — c'est-à-dire de leur capacité de contrôler leur espace à différentes échelles. Cette capacité territoriale est déterminée par deux paramètres : l'accès aux ressources et l'accès à l'information. C'est ainsi que le savoir (constitué par l'ensemble des informations reçues par l'acteur) renforce le pouvoir (qui se traduit par une capacité territoriale). Nous irons plus loin en démontrant que si le pouvoir se renforce grâce aux savoirs, il permet aussi de construire de nouveaux savoirs.
    Northern La Paz lies in the Amazonian part of La Paz department. Historically, it is situated at the margins of Bolivian territory. Beginning in the 70s, the integration of this region with the rest of the national territory and global space accelerated. In this article, the author proposes to analyze the different stages of integration by the social actors, assessing their resilience as reflexted in their territorial capacity —that is to say their ability to control their territory. Two parameters determine that capacity: access to resources and access to information. Thus, knowledge (made up of all the information received by the actor) strengthens power (which results in a territorial capacity). Moreover, we will demonstrate that if power is reinforced through knowledge, it also allows to the creation of new knowledge.
  • La pobreza como categoría moral. Por qué la riqueza no es suficiente para dejar de ser pobre - Pascale Absi p. 415-413 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'une des raisons invoquées pour expliquer la pauvreté est l'incapacité supposée des pauvres de gérer leur argent. Dans de nombreux pays, des programmes d'éducation financière sont mis en place pour remédier à ce « problème ». Au-delà de savoir comment les pauvres gèrent leur argent et si ils le font de manière efficace, cet article propose de réfléchir aux préjugés véhiculés par les postulats de l'éducation financière mais aussi par des chercheurs et des opinions populaires, lorsqu'ils se réfèrent aux pratiques monétaires de certains groupes de populations. À travers l'exemple des mineurs et des prostituées de Bolivie, nous montrerons que leur relation avec l'argent est conçue comme le symptôme d'une inadéquation avec les valeurs hégémoniques de la civilisation. Attrapé dans des paradigmes culturalistes et moraux, le soupçon d'irrationalité économique finit par enfermer les pauvres dans leur condition subalterne, indépendamment de leur situation économique. Elle devient une stratégie de domination. C'est la raison pour laquelle, même lorsqu'ils se capitalisent et consomment comme des riches (c'est-à-dire lorsqu'ils connaissent des succès économiques), certaines personnes ne peuvent se libérer du stigmate. C'est le cas des travailleurs des coopératives minières dont les processus d'ascension sociale peuvent même être aliénés par leur assignation à ce que l'on a appelé « la culture de la pauvreté ». C'est également le cas des prostituées car l'impossibilité morale à penser la prostitution comme une activité rentable et, donc, une stratégie efficace, contribue à les déqualifier.
    One of the reasons given to explain poverty is the supposed inability of poor people to manage their money properly. Many countries have introduced financial education projects in an attempt to remedy this “problem”. Rather than seeking to find out how poor people manage their money and whether they do so efficiently, this article reflects on the prejudices underlying the premises of financial education, as well as some academic arguments and popular opinions with regard to the financial practices of certain groups of people. Using miners and prostitutes in Bolivia as examples, the article shows that their relationship with money can be seen as symptomatic of a mismatch with the hegemonic values of civilization. Caught up in culturalist and moral paradigms, the suspicion of economic irrationality ultimately traps the poor in their subaltern status, regardless of their economic situation, and becomes a strategy of domination. This is the reason why, even when they accumulate capital and consume in the same way as rich people (in other words, even when they are economically successful), some people are unable to escape from being stigmatized. Workers in mining cooperatives are a case in point, as their social ascent may be thwarted by being assigned to what used to be known as the “culture of poverty”. Prostitutes are a similar example, as the moral impossibility of thinking of prostitution as a profitable activity and, therefore, an effective strategy, contributes to their being discredited.
  • Del saber tradicional a la constitución de un «habitus desarrollista» en el Norte Potosí - Claude Le Gouill p. 427-446 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La région du Nord Potosí en Bolivie a la particularité d'être une région minière à forte population indigène, où se sont entrecroisés plusieurs idéologies et processus de développement distincts. À partir de l'analyse des notions de savoir et de développement dans le monde indigène, nous montrerons comment l'influence des ONG et des partis politiques de gauche ont conduit à implanter un « habitus développementaliste » au sein des communautés. Cet habitus a son origine dans le « champ du développement » qui naît dans la région à travers les nombreux projets de cette nature et centres de formation de leaders paysans-indigènes, qui portèrent ces nouveaux savoirs et visions du développement dans les communautés où ils se mélangèrent aux visions collectives traditionnelles.
    The region of Northern Potosi in Bolivia has the particularity of being a mining region with a high indigenous population, where several distinct ideologies and development processes have intersected. From the analysis of the concepts of knowledge and development in the indigenous world we will show how the influence of NGOs and leftist political parties has led to the implantation of a “habitus developmentalist” within communities. This habitus has its origin in the “field of development” born in the area through the many projects of this nature and training centers for indigenous peasant leaders, who bore this new knowledge and vision of development in the communities where they intermixed with traditional collective visions.
  • Trayectorias sociales de jóvenes comerciantes ambulantes en la ciudad de El Alto - Héctor Luna Acevedo p. 447-462 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le commerce informel représente une source de revenus importante pour les jeunes commerçants ambulants de la ville d'El Alto. Ceux âgés entre 15 et 30 ans représentent, d'après le recensement de 2012, 30% du total de la population de la municipalité où une proportion significative de jeunes, en plus de travailler, étudient au collège ou dans un centre de formation supérieure. Cette réalité exprime une combinaison entre l'activité commerciale et estudiantine. Les deux sont indispensables pour assurer un avenir professionnel et social permettant d'obtenir un statut dans le contexte urbain. De même, les besoins de l'entourage familial influencent les jeunes à participer aux activités commerciales. À cela s'ajoutent des facteurs tels que le besoin de revenus immédiats, la flexibilité des horaires, l'indépendance sur le lieu de travail, la capacité à décider soi-même de ses activités et la facilité à gérer le temps entre la formation et le commerce ambulant.
    Informal trade is an important source of income for young street vendors in the city of El Alto. Those between 15 and 30 represents, according to the 2012 census 30% of the total population of the municipality where a significant proportion of young people in addition to working study in secondary school or higher education center. This reality expresses a combination between business and studying. Both are essential to ensure a professional and social future to obtain a status in the urban context. Similarly, the needs of family environment influence youth to participate in commercial activities. Added to this are factors such as the need immediate income, schedule flexible, job independence, the ability to decide for one selves its activities and the facility to manage time between training and street trading.
  • Discontinuidad y autonomización en los trayectos vitales de los niños y jóvenes en situación de calle en La Paz y El Alto - Robin Cavagnoud p. 463-479 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les parcours de vie des enfants et des jeunes en situation de grande précarité sont fréquemment marqués par des événements qui bouleversent l'organisation de leur vie quotidienne. Parmi ces faits, on peut citer la fugue volontaire ou l'expulsion forcée du ménage entrainant une rupture des liens familiaux et un mode de vie « de rue ». À partir des résultats d'une enquête réalisée à La Paz et à El Alto, cet article montre dans quelle mesure les parcours de vie de ces enfants et de ces jeunes se caractérisent par des processus d'individuation et de fragmentation indiquant le caractère dorénavant inopérant des notions de « carrière dans la déviance » et de « bande » au profit de l'idée de « réseau d'entourages » dans lequel circulent les garçons. Enfin, la situation des enfants et des jeunes remet en question les politiques d'intervention auprès de cette population, principalement d'Organisations non gouvernementales (ONG) et d'autres associations, qui ne parviennent que partiellement à les intégrer dans leurs programmes d'aide.
    The life courses of children and young people in precarious situations are frequently marked by events that disrupt the organization of their daily life. Among these facts, we can name voluntary running away or forced expulsion from household leading to family breakup and to a “street” lifestyle. Based on the results of fieldwork in La Paz and El Alto, this article shows how the life courses of these children and young people are characterized by individuation and fragmentation processes. This indicates a shift from inoperative notions of “career in deviance” and “band” in favor of the idea of “network of surroundings” where boys circulate. Finally, the situation of children and young people questions policy interventions with this population, mainly by non-Governmental Organizations (NGO) and associations, which manage only partially to integrate them into their support programs.
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