Accueil » Sommaires » revue : Politique africaine » no 140, 2015/4

Contenu du sommaire : Post-esclavage et mobilisations

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 140, 2015/4
Titre du numéro Post-esclavage et mobilisations
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet

  • Le Dossier : Post-esclavage et mobilisations

    • La question de l'esclavage en Afrique : Politisation et mobilisations - Lotte Pelckmans, Christine Hardung p. 5-22 accès libre
    • L'activisme politique des descendants d'esclaves à Antananarivo : les héritages de Zoam - Marco Gardini p. 23-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les héritages laissés par un mouvement malgache d'inspiration marxiste, né en 1972 et composé de jeunes d'origine servile, dans les trajectoires politiques et les discours des ex-militants et des habitants des « bas quartiers » d'Antananarivo. Il considère le rôle que ce mouvement a eu dans la renégociation de la position sociale des descendants d'esclaves au cours des dernières décennies, les parcours de vie des militants après la disparition du mouvement et la manière dont le stigmate de l'origine servile a été reproduit, contesté et teinté de nouvelles valeurs politiques.
      This article analyzes the legacies that a Malagasy Marxist movement, born in 1972 and composed of young people of servile origin, left in the political trajectories and in the discourses of former militants and of the inhabitants of the poor neighborhoods of Antananarivo. It considers the role this movement had in the renegotiation of the social position of slave descendants in the last decades, the life trajectories of activists after its disappearance and how the stigma attached to servile origin has been reproduced, criticized and charged with new political values.
    • L'esclavage en héritage et l'émergence d'une mobilisation sociopolitique au Kenya - Marie Pierre Ballarin p. 41-59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Afrique de l'Est, les formes de mobilisation politique relatives aux luttes de dénonciation des séquelles de l'esclavage sont de moindre ampleur qu'en Afrique de l'Ouest. Toutefois, au Kenya, certains groupes de descendants d'esclaves sont aujourd'hui en mesure d'exposer leurs propres expériences en tant que citoyen souffrant d'un double stigmate de descendant d'esclave et d'extranéité. Cet article présente le cas d'un groupe de descendants d'esclaves affranchis dans le quartier de Frere-Town, issu de l'ancienne mission de la Chuch Missionary Society à Mombasa qui, d'une part, dénonce les formes de discrimination qu'il estime subir et, d'autre part, revendique une citoyenneté pleine et entière au sein de la nation kenyane.
      In East Africa, forms of political mobilization against the legacies of slavery are not as important as in West Africa. However, in Kenya, some descendants of slaves groups articulate their own experiences as citizens with a double stigma of slave descendant and otherness. This article presents the case of a group of descendants of freed slaves in Frere-Town, site of an old mission station of the Church Missionary Society in Mombasa. This group denounces forms of discrimination resulting from their servile ancestry and claims full citizenship in the Kenyan nation.
    • Les mobilisations des « Noirs tunisiens » au lendemain de la révolte de 2011 : entre affirmation d'une identité historique et défense d'une « cause noire » - Mrad Dali Inès p. 61-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose d'analyser l'émergence, depuis la révolte de janvier 2011, d'un mouvement de revendications identitaires des Noirs tunisiens, porté par des associations et des groupes indépendants. Si, dans les années 1960 et 1970, la Tunisie a déjà connu de telles revendications, ce sont de nouvelles formes de lutte qui se manifestent aujourd'hui, s'inscrivant dans une dynamique contestataire plus globale et dans le contexte de la transition démocratique. Cette contribution s'intéresse aux conditions sociétales et politiques dans lesquelles les « descendants d'esclaves » - ou ceux perçus comme tels - choisissent de se faire entendre sur la scène publique.
      This article analyses the emergence, since the January 2011 revolt, of a movement of identity claims on the part of Black Tunisians, borne by independent group and associations. Although Tunisia was already confronted to such claims in the 1960s and 1970s, what we are witnessing today are new forms of struggle which are part of wider, more global dynamics of contestation in a context of democratic transition. The article looks at the social and political conditions within which « slave descendants » – or those perceived as such − choose to make their voice heard in the public space.
    • Postface. Une perspective comparative sur les « sociétés post-esclavagistes » - Elisabeth Cunin p. 83-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce texte propose d'interroger la notion de « société post-esclavagiste » et la catégorie de « descendant d'esclaves » en ouvrant des pistes de comparaison entre l'Afrique et l'Amérique latine. En s'appuyant sur les articles de ce numéro de Politique africaine et sur quelques travaux récents, il met en lumière des convergences et des différences dans les processus de sortie de l'esclavage, mais aussi les échanges contemporains, d'un côté à l'autre de l'Atlantique, autour de l'héritage de l'esclavage. En Amérique latine, la question du post-esclavagisme se pose au moment des abolitions (XIXe siècle), tout au long de la construction d'États-nations indépendants, avec le « tournant multiculturel » des années 1980-1990 et l'introduction de politiques de la différence. En se situant ainsi dans des chronologies et des contextes extrêmement différents, il s'agit de faire apparaître des décalages et des rapprochements potentiellement heuristiques entre Afrique et Amérique latine.
      This article interrogates the notion of “post-slavery society” and the category of “slave descendant” by opening comparative avenues between Africa and Latin America. Based on the contributions to this special issue of Politique africaine and on recent academic work, it highlights convergences as well as differences in historical processes of doing away with slavery. It also sheds light on present-day exchanges, on both sides of the Atlantic, around the legacies of slavery. In Latin America, the issue of post-slavery arises at the time of abolition (19th century), during the making of independent nation-states, as well as with the “multicultural turn” of the 1980s-90s and the ensuing introduction of politics of difference. By bringing together extremely different contexts and chronologies, the paper conjures up potentially heuristic gaps and parallels between Africa and Latin America.

  • Recherches

    • Les Objectifs de développement durable, nouveau « palais de cristal » ? - François Egil p. 99-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les Objectifs de développement durable (ODD) doivent contribuer à l'extension mondiale du gouvernement par les indicateurs et par les normes. Ils renforcent l'État dans sa fonction de supervision, tout en le réduisant à un intervenant comme un autre dans leur mise en œuvre. Comme les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), ils sont imprégnés d'une foi positiviste dans le progrès et marqués par un évitement du politique. Ils tentent de mieux prendre en compte les priorités du Sud et sont désormais fixés au niveau national, pour être plus acceptables. Au total, ils peuvent s'analyser comme la difficile recherche d'un œcuménisme néolibéral.
      The Sustainable Development Goals contribute to the global extension of government by indicators and norms. They reinforce the State in its role as a supervisor, while at the same time reducing it to a simple stakeholder among others in their implementation. As was the case with the Millennium Development Goals (MDGs), they are permeated with a positivist faith in progress and they contribute to avoiding politics. They try to better take into account the priorities of the Global South and are now defined at the national level in order to be more acceptable. In sum, they can be analysed as the difficult quest for a neoliberal ecumenism.
    • Promesses, contingences et iniquité des politiques transnationales de conservation : Retour sur une décennie de cogestion État-ONG au Sénégal - Julie Riegel p. 121-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se penche sur le partenariat liant l'Union internationale pour la conservation de la nature et la Direction des parcs nationaux du Sénégal, entre 1994 et 2004, pour la cogestion des aires protégées du littoral. Il analyse la rhétorique officielle de cette alliance, le poids de la politique de coopération des Pays-Bas dans son évolution et l'asymétrie des rapports de pouvoir qui biaise insidieusement ce partenariat, jusqu'à son implosion. Ce faisant, notre contribution relativise la dimension hégémonique attribuée aux ONG vertes globalisées et la rationalité technico-scientifique censée prévaloir dans leur stratégie d'action.
      In Senegal, the International Union for the Conservation of Nature and the national administration in charge of the National Parks set up a co-management of marine protected areas between 1994 and 2004. This article analyses this partnership until its implosion, with particular attention to its official discourse, the influence of the Dutch cooperation agency, as well as the power asymmetries between the two institutions. The article puts into perspective the alleged hegemony of international conservation NGOs and their scientific and technical rationality, supposed to prevail in their action strategy.

  • Conjoncture

    • Une hégémonie compétitive contre vents et marées : les élections générales de 2015 en Tanzanie et à Zanzibar - Marie-Aude Fouéré, Cyrielle Maingraud-Martinaud p. 145-163 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Tanzanie, pour la cinquième fois depuis le retour au multipartisme, les élections générales d'octobre 2015 ont abouti à une nette victoire de l'ancien parti unique, le CCM (Parti de la Révolution). Le parti au pouvoir a su surmonter ses divisions internes, rendre son candidat à la présidentielle populaire en activant les ressorts de la moralité politique, en jouant les atouts du patronage, de la cooptation et du quadrillage de la population et, enfin, en utilisant à son profit le système institutionnel et électoral pour assurer sa reconduction. À Zanzibar, cependant, c'est un pouvoir vacillant qui se dévoile dans le recours à des pratiques autoritaires pour empêcher la victoire de l'opposition : depuis l'annulation de ses élections, l'archipel est plongé dans une crise dont l'issue est encore incertaine.
      In Tanzania, for the fifth time since the reintroduction of multipartism, the former single party CCM (Party of the Revolution) won the October 2015 general elections with a large majority. Tanzania's ruling party successfully remained in power by using different strategies : it managed to overcome its internal divisions ; it built its presidential candidate's popularity by drawing upon political morality ; it used its networks of patronage, cooptation and surveillance of the population ; and finally it manipulated to its advantage the institutional and electoral system. In Zanzibar, however, the faltering regime revealed its weakness when it resorted to authoritarian measures to prevent the opposition from winning. Since the annulment of its elections, the archipelago has plunged into a crisis with an uncertain outcome.

  • Lectures