Contenu du sommaire : La politique française au Moyen-Orient

Revue Confluences Méditerranée Mir@bel
Numéro no 96, hiver 2016
Titre du numéro La politique française au Moyen-Orient
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Une politique à l'épreuve de ses contradictions - Jean-Paul Chagnollaud p. 9-12 accès libre
    • Les relations entre la France et le monde arabe - Ignace Dalle p. 13-28 accès libre avec résumé
      Bonnes et parfois même amicales sous les présidences de Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, les relations de la France avec le monde arabe se compliquent pendant les mandats de François Mitterrand. L'arrivée au pouvoir de l'imam Khomeiny et le traité de paix israélo-égyptien consécutif aux accords de Camp David bouleversent en effet la donne au Proche-Orient. Sur la défensive, la France commence à s'impliquer militairement et Mitterrand, bon gré mal gré, s'aligne sur la politique américaine : au Liban avec les otages, en Libye et au Tchad et lors de la première guerre du Golfe. Désaccord de taille cependant avec Washington : le soutien à la cause palestinienne. Après la (longue) parenthèse chiraquienne durant laquelle la France, bénéficiant, du moins jusqu'en 2003, d'une conjoncture internationale moins tendue, tire plutôt son épingle du jeu, Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui connaissent mal le monde arabe, doivent notamment gérer les « printemps arabes » et leurs suites. Sous leurs présidences et du fait notamment de leur tropisme pour Israël et de leur hostilité envers l'Iran, la diplomatie française fait souvent preuve de précipitation, d'amateurisme ou de parti-pris dans cette partie du monde.
    • L'intervention entre espoirs et échecs - Bertrand Badie p. 29-37 accès libre avec résumé
      Cet article aborde la question de l'intervention en situation de conflit. Très présente actuellement dans le répertoire des relations internationales, l'intervention n'en est pas pour autant inédite car elle s'invite depuis longtemps dans les réflexions et les comportements des acteurs des arènes conflictuelles. Après avoir montré cette généalogie, l'article fait un bilan d'étape de l'intervention et revient sur trois questions clefs qui lui sont associées : qui intervient, comment intervenir, pourquoi le faire ?
    • La France doit-elle agir seule ? - Monique Chemillier-Gendreau p. 39-45 accès libre avec résumé
      La politique de la France, comme celle de ses partenaires au Moyen Orient, est engagée actuellement dans une impasse. Aucun État n'est en mesure de mener une action de nature à ramener la paix. Cette crise met en évidence l'échec consommé des Nations Unies et du mécanisme central de la sécurité collective. Le meilleur de ce que pourrait faire la France serait d'ouvrir la réflexion sur les moyens d'ouvrir une nouvelle étape des relations internationales marquée par une nouvelle organisation adaptée au monde contemporain.
    • La France et la négociation avec l'Iran - François Nicoullaud p. 47-60 accès libre avec résumé
      L'accord sur le nucléaire iranien est le dénouement d'un long processus de négociations qui ont soufflé le chaud et le froid. La France a été particulièrement active sur ce dossier. Cet article revient sur le rôle de la France dans ces négociations en l'articulant au jeu de certains autres acteurs et en analysant son changement d'attitude diplomatique, passant d'un rôle de facilitateur à une approche pointilleuse.
    • Pour l'Europe et la France, le conflit israélo-palestinien est devenu secondaire - Yves Aubin de la Messuzière p. 61-69 accès libre avec résumé
      Cet article s'intéresse au positionnement de la France sur le conflit israélo-palestinien pour constater que, actuellement, elle en fait moins sa priorité que par le passé. Pourtant les violences récentes rappellent que la question de Palestine demeure un épicentre majeur de la conflictualité internationale. Après avoir rappelé les derniers développements tragiques du conflit israélo-palestinien et sa centralité, l'article remet en perspective historique la diplomatie récente de la France sur cette question.
    • France - Turquie : entre tensions et normalisations… : De la difficulté de parvenir à une relation apaisée - Didier Billion p. 71-83 accès libre avec résumé
      Malgré la profondeur historique des relations entre la France et la Turquie, une certaine incompréhension s'est installée, depuis plusieurs années, entre les deux pays. Un ressort s'est cassé durant la présidence de Nicolas Sarkozy et si François Hollande s'est nettement démarqué de son prédécesseur en normalisant ces relations, le manque de perspectives de Paris à l'égard d'Ankara empêche de déployer une politique à la hauteur des enjeux à venir.
    • France-Egypte : les raisons d'un réchauffement - Hicham Mourad p. 85-93 accès libre avec résumé
      Les rapports entre l'Égypte et la France ont connu un réchauffement spectaculaire depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel-Fattah Al-Sissi en mai 2014. Ce rapprochement s'explique par trois raisons principales. La première est les ventes d'armes françaises au régime du Caire, qui ont poussé Paris à mettre en sourdine ses critiques sur la situation des droits de l'homme en Égypte. Celle-ci voulait, par ces acquisitions d'armes françaises, mais aussi russes, faire pression sur les États-Unis pour qu'ils reviennent à de meilleurs sentiments. Les rapports égypto-américains se sont tendus à la suite de la destitution du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, et des tentatives de Washington de faire pression sur Le Caire, via son assistance militaire, en matière de droits de l'homme et de démocratie. Enfin, la montée du terrorisme islamiste, qui a récemment frappé jusqu'au cœur de Paris, a poussé la France à voir en l'Égypte, qui mène une politique intérieure et régionale résolument anti-islamiste, un partenaire privilégié dans la lutte contre le terrorisme et un facteur de stabilité au Moyen-Orient.
    • Paris et Riyad : un « partenariat de référence » ? - Agnès Levallois p. 95-103 accès libre avec résumé
      François Hollande a tenu à son arrivée à la présidence à rééquilibrer les relations de la France avec les pays de la Péninsule arabique et, tout particulièrement, avec l'Arabie saoudite. Les convergences de vues sur les dossiers iranien et syrien sont un élément moteur de la relation sur fond de liens tendus entre Riyad et Washington. Mais les retombées économiques de ce partenariat diplomatique ne sont pas à la hauteur et la baisse du prix du baril remet en question des engagements pris par le royaume. La France qui compte sur la stabilité de ce partenaire stratégique se fait discrète sur la situation des droits de l'homme et prend garde à ne pas s'aliéner l'Iran, l'autre puissance régionale.
    • La France et la tragédie syrienne - Bassma Kodmani, Jean-Paul Chagnollaud p. 105-114 accès libre avec résumé
      Après avoir connu un soulèvement civil en 2011, la Syrie est entrée dans une guerre civile dont les populations paient massivement le prix. Cette guerre revêt une forte dimension régionale et internationale et, dans cette arène, la France occupe une position importante. Au travers de cet entretien, Bassma Kodmani, très impliquée sur la question, analyse l'attitude française depuis le début du conflit, relevant sa constance mais également ses limites et ses erreurs.
    • Les interventions de la France dans les conflits en Méditerranée et au Moyen-Orient - Édouard Guillaud, Jean-Paul Chagnollaud p. 115-125 accès libre avec résumé
      Cette interview de l'Amiral Guillaud permet de revenir sur les notions d'intervention et de puissance. Nourri par ses expériences de décisionnaire au plus haut niveau, l'ancien chef d'état-major des armées revient surtout sur les conflits en Afghanistan, en Syrie et en Libye pour révéler entre autres les tractations inhérentes aux jeux de puissance dont la France est de fait partie prenante.
  • Variations

    • L'intervention de la Résistance islamique en Syrie : causes, formes et répercussions en termes de mobilisation - Aurélie Daher p. 129-143 accès libre avec résumé
      Deux ans après le début de la protestation populaire syrienne contre le régime de Bachar al-Assad, les troupes de la Résistance islamique, organisation militaire mère du Hezbollah libanais, font une entrée, assumée et remarquée, dans le conflit voisin aux côtés de l'armée régulière. Malgré l'objectif déclaré d'aider la dynastie des Assad à se maintenir, cette intervention répond davantage en réalité à une action préventive, pensée dans le sens d'une anticipation des retombées négatives que pourrait provoquer une éventuelle fin du pouvoir du Baath sur les intérêts propres de l'organisation libanaise en Syrie. Critiquée sur la scène interne, notamment par un 14 Mars officiellement hostile au régime syrien, cette intervention a été présentée par de nombreux auteurs comme le déclencheur d'un déclin inévitable du Hezbollah, notamment pour ses répercussions en termes de mobilisation dans son pays d'origine. Pourtant, après plus de trois ans de participation aux combats en territoire syrien, la Résistance islamique et le Hezbollah conservent non seulement toute la confiance de leur communauté, à savoir les chiites du Liban, mais jouissent également, dans l'aventure syrienne, d'un soutien élargi à des pans de la société libanaise qui leur étaient jusqu'alors restés peu favorables.
    • La situation de la Palestine devant la Cour pénale internationale : un recours imminent ? - Alia Aoun p. 145-162 accès libre avec résumé
      L'entrée de la Palestine à la Cour pénale internationale, début 2015, agita le monde politique. Après avoir mobilisé ses alliés dans une campagne de dénigrement visant l'institution internationale et usé de l'arme des sanctions financières contre l'Autorité palestinienne, l'Etat hébreu accepta discrètement, au mois de juillet dernier, d'entamer un dialogue avec le Bureau du Procureur. À La Haye, Fatou Bensouda procède à un examen préliminaire de la situation en Palestine. Le Statut de Rome, texte fondateur de la Cour, n'impose aucun délai au Procureur pour convertir l'examen préliminaire en enquête. La décision d'ouvrir une enquête doit se fonder sur une base raisonnable dont les critères sont énoncés dans le Statut. La situation dans les territoires et à Gaza satisfait-elle aux conditions légales ? Le refus de coopérer et les réalités sur le terrain peuvent-elles impacter le processus judiciaire ?
    • Notes de lecture - p. 164-177 accès libre