Contenu du sommaire : La santé comme travail

Depuis la loi du 2 janvier 2002 rendant obligatoire la mise en œuvre de démarches d'amélioration continue de la qualité au sein des établissements et services, le secteur social et médico-social se familiarise peu à peu avec les démarches de changement. Le concept de Responsabilité Sociale des Etablissements (RSE) et des services vient enrichir le processus qualité en écoutant et en s'adressant à toutes les parties prenantes de manière à répondre à leurs attentes en termes économiques, écologiques, sociaux et sociétaux sans se limiter aux personnes accueillies. La mission même du secteur semble toute entière tournée vers l'esprit de la RSE. Dans ce contexte, cette recherche exploratoire a pour ambition d'identifier les représentations que se font les cadres et dirigeants d'établissements et services sociaux et médico-sociaux des leviers qui poussent à mettre en œuvre une stratégie RSE. Pour répondre à cet objectif, l'article fait d'abord le point sur les caractéristiques du secteur social et médico-social, les fondements de la RSE et les stratégies qui permettent de l'opérationnaliser, mais également sur les leviers et les freins déjà identifiés par la littérature dans l'ensemble des secteurs d'activité, y compris dans le secteur social et médico-social. L'article présente ensuite la méthodologie de recueil et d'analyse des données qualitatives (auprès de 10 cadres et dirigeants d'établissements). La cartographie dressée complète la littérature en faisant émerger dix leviers favorisant l'engagement des établissements sociaux et médico-sociaux dans une stratégie RSE, tout en leur donnant une véritable dynamique en les hiérarchisant et en montrant les liens qui les unissent. Les résultats sont présentés, analysés et discutés dans une dernière partie de manière à comprendre dans quelle mesure la RSE peut être, à terme, un vecteur du changement organisationnel dans les organisations du secteur social et médico-social.

Dans un contexte d'innovation impactant durablement un secteur d'activité, la prospective des métiers représente une démarche à considérer pour anticiper au mieux les évolutions possibles en termes d'emplois et de compétences. Lorsque le secteur impacté est très ancré au sein d'un territoire, une telle démarche doit mobiliser les parties prenantes qui permettront de piloter les actions en lien avec les évolutions. Cet article se propose d'explorer le rôle envisagé du manager public au cœur d'une démarche de prospective des métiers au sein d'un territoire, au travers d'une étude menée en Région Centre-Val de Loire dans le cadre d'un projet d'innovation thérapeutique « Ambition Recherche et Développement 2020 – Biomédicaments ». Nos résultats conduisent à préciser le rôle de traduction qu'est susceptible d'endosser le manager public (Desmarais et Abord de Châtillon, 2010) pour piloter, coordonner les actions de l'ensemble des parties prenantes au sein de son territoire, dans cette démarche de GRH territoriale.

Dans le cadre des mouvements de type New Public Management (NPM) de nombreuses organisations du secteur public ou de la délégation de service public ont été contraintes de s'inscrire dans une logique de mesure et d'amélioration des performances. Si nombre de travaux ont étudié le devenir des outils de gestion dans ces organisations peu se sont intéressés aux rapports des acteurs opérationnels de ces organisations avec le concept de performance. Dans le cadre de cet article, nous étudions la représentation de la performance des directeurs d'Établissements et Services Médico-Sociaux du champ du handicap (ESMS). Nous nous appuyons pour cela sur la réalisation de 32 entretiens semi-directifs de directeurs d'établissements médico-sociaux. Nous montrons que le concept de performance est appréhendé de différentes façons par les acteurs des organisations et que ces conceptions peuvent être éloignées des définitions proposées au sein de la littérature académique ou par les pouvoirs publics. Nous identifions ainsi cinq types de représentations de la performance : du rejet total du concept à son acceptation dans une approche multidimensionnelle (financière, organisationnelle, sociale et sociétale). Ces types semblent correspondre à des postures idéologiques parfois divergentes autour de la performance et amènent à réflexion sur le devenir des réformes de type NPM dans les structures médico-sociales.