Taiwan est un intérêt majeur de la politique étrangère des États-Unis. Ses valeurs, ses prouesses technologiques, et sa position géostratégique sont alignées sur les valeurs et les priorités américaines fondamentales pour la région, ce qui en fait un partenaire crucial des États-Unis en Asie Pacifique. En tant que tel, assurer à Taiwan un avenir stable et positif comme démocratie et comme un des principaux contributeurs de l'économie mondiale et de la communauté internationale est une priorité élevée.Au cours des 35 dernières années, les États-Unis ont joué un rôle important pour assurer la sécurité de Taiwan, tout en maintenant des relations constructives avec la République populaire de Chine (RPC). Rendu possible par des politiques remontant aussi loin que 1948, le Taiwan Relations Act (TRA) de 1979, modéré par trois communiqués communs américano-chinois, la continuité de la politique américaine a permis à la démocratie naissante de l'île de se développer, et a sauvegardé la crédibilité américaine dans la région Asie-Pacifique. Taiwan a servi de symbole visible de l'engagement de l'Amérique pour la paix et la sécurité dans cette région du monde.Pourtant, la politique américaine à Taiwan au cours de ces mêmes 35 années a fonctionné sur le principe que le seul intérêt de l'Amérique se situe dans le processus plus que dans les résultats, en ce qui concerne la résolution des différends entre les deux rives du détroit de Taiwan. Ainsi, l'objectif principal de la politique américaine est devenu de s'assurer que le processus de résolution n'est pas coercitif, ni unilatéral, ni préjudiciable aux intérêts des États-Unis1.En tant que démocratie au gouvernement stable, le rôle de Taiwan dans la promotion de la Chine en tant qu'acteur international responsable est important. Cependant, du point de vue de Pékin, le gouvernement démocratique de Taiwan, étant une alternative au modèle autoritaire de la RPC, présente un défi existentiel pour la légitimité du Parti communiste chinois (PCC) et son monopole sur le pouvoir politique intérieur. Considérant la légitimité politique dans le détroit comme un jeu sans gagnant ni perdant, les autorités de Pékin ont longtemps cherché la subordination politique de Taïwan à la République populaire de Chine sous le principe “un pays, deux systèmes”. En vertu de ce principe, il n'y a qu'une seule Chine, Taiwan fait partie de la Chine, et la République populaire de Chine est le seul représentant chinois auprès de la communauté internationale. Appliquant ce principe “un pays, deux systèmes” à l'échelle internationale, la stratégie de Pékin se révèle comme étant l'isolement politique de Taiwan et la cogestion des relations États-Unis-Taiwan afin de contraindre la direction démocratiquement élue de l'île à une solution politique à des conditions favorables à Pékin. La République populaire de Chine a longtemps cherché à ajouter un amendement au TRA, sinon son abrogation pure et simple, afin d'affaiblir le soutien des États-Unis à Taiwan. L'approche fondamentale de Taiwan à maintenir le statu quo dans les relations avec les autorités de Pékin ne devrait pas changer avec l'inauguration du président élu Tsai Ing-wen et du Parti démocrate-progressiste (DPP) en mai 2016. Les différences de politique entre les administrations sortantes et entrantes ont inclus la meilleure manière de préserver la souveraineté face à un PCC de plus en plus affirmé. Alors que le KMT regarde « une Chine, des interprétations respectives » comme la meilleure façon d'assurer la souveraineté de la République de Chine (RDC) taïwanaise, le DPP a généralement considéré “une seule Chine” comme une question devant être négociée, plutôt qu'héritée ou concédée de manière unilatérale.Suite aux manifestations étudiantes dénonçant l'accord de commerce et de services inter-détroit, le paysage politique des relations inter-détroit a évolué. Les politiques de rapprochement ne dépendent plus uniquement de la volonté politique de l'administration au pouvoir, mais aussi des sentiments du public de Taiwan. La méfiance manifestée par le mouvement étudiant envers l'accord de services avec la Chine met en évidence les limites futures de l'intégration inter-détroit.En l'absence de politiques compensatoires, la pression politique de Pékin s'intensifiera. Indépendamment des politiques adoptées par l'administration entrante du DPP, les autorités de Pékin sont susceptibles de continuer à subordonner la RDC à la RPC en vertu du principe “un pays, deux systèmes”. La réaffirmation par le secrétaire général du PCC, Xi Jinping, que le principe “un pays, deux systèmes” est la seule solution acceptable pour l'unification a été mise en évidence lors d'une réunion avec une délégation de Taiwan en octobre 2014 à Pékin. Alors que les entités associées au système de régulation inter-détroit de Pékin ont activement tendu la main à tous les partis du spectre politique taïwanais, la RPC a peut-être prévu d'accroître le recours à la persuasion coercitive, y compris la guerre politique et les menaces implicites d'intervention militaire.Alors que la politique de la RPC envers Taiwan est basée sur la légitimité politique, du côté des États-Unis, ce sont les intérêts et les principes nationaux qui façonnent la nature des relations américano-taïwanaises. Les États-Unis ont un rôle unique à jouer pour créer un environnement propice à quelque résolution durable. Au moins quatre écoles de pensée ont guidé la politique américaine dans le détroit de Taiwan ces dernières décennies2. Une de ces écoles estime que les États-Unis devraient s'accommoder de la position du PCC sur Taiwan afin de faire avancer les intérêts américains vers des relations sino-américaines stables et constructives. À l'opposé, une seconde école de pensée a favorisé l'abandon total de la politique américaine d'une seule Chine, et a appellé à l'extension de la reconnaissance diplomatique formelle de Taiwan.Depuis 1979, cependant, la troisième école de pensée, sans doute dominante, favorise le maintien du statu quo dans la politique américaine envers Taiwan. Invoquant l'ambiguïté de la politique américaine d'une seule Chine, les défenseurs du statu quo ont cessé de définir la nature des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan. Ils font valoir à juste titre que l'approche actuelle, c'est-à-dire des relations diplomatiques formelles avec la République populaire de Chine et des relations non officielles avec les autorités de Taipei sous le Taiwan Relations Act, ont contribué à la paix et à la stabilité dans la région. Par la fourniture d'articles de défense et de services nécessaires à Taiwan, les défenseurs d'un statu quo de la politique américaine soulignent le rôle que les ventes d'armes ont joué pour permettre aux autorités de Taipei d'engager en confiance le dialogue avec leurs homologues de Beijing.Cependant, une quatrième école de pensée avance une stratégie “de stabilisation progressive”, qui étendrait graduellement une légitimité égale des deux camps dans un cadre élargi de la politique américaine d'une seule Chine. La politique américaine doit encore rattraper les changements ayant eu lieu à Taiwan depuis 1996, spécialement depuis le premier transfert pacifique du pouvoir en 2000. Reconnaissant que la négociation sur la base de l'égalité souveraine est une condition nécessaire pour des entretiens politiques inter-détroit, les avocats de la politique américaine “un pays, deux gouvernements” soutiennent que des ajustements sont nécessaires pour créer un environnement plus propice à la résolution des différends sur la souveraineté dans le détroit de Taiwan. Le cadre sans gagnant ni perdant de relations diplomatiques formelles d'un côté et de liens informels de l'autre pouvait être approprié en 1979, lorsque les deux gouvernements étaient de type autoritaire. Cependant, la politique inter-détroit des États-Unis pourrait être de plus en plus difficile à maintenir à chaque nouvelle élection à Taiwan et la consolidation de la souveraineté populaire. Regardant la politique américaine d'une seule Chine sous un éclairage sans vainqueur ni perdant, Washington étend la légitimité du PCC à un état autoritaire tout en niant l'égale légitimité d'une RDC ayant évolué pour devenir une démocratie dynamique. Dans ces circonstances, les défenseurs de la quatrième école de pensée plaident pour une politique américaine reflétant une représentation aussi précise que possible du statu quo dans le détroit de Taiwan. Cette monographie évalue les risques associés à perpétuer l'agnosticisme américain, ainsi que les possibilités qui pourraient être mises à profit pour traiter avec les deux côtés du détroit de Taiwan selon une approche plus équilibrée. La politique américaine a créé les conditions de transformation de la République de Chine (RDC) d'un parti-état autoritaire à une démocratie représentative. Cependant, la politique américaine inter-détroit ne s'est pas ajustée afin de tenir compte de cette transformation fondamentale. Par conséquent, cette étude propose : 1) un aperçu général de l'histoire des relations entre les deux rives et de la politique des États-Unis ; 2) une analyse des forces motrices de l'avenir de Taiwan et de sa valeur pour la communauté internationale ; et 3) un aperçu des options alternatives de la politique américaine dans le détroit de Taiwan. La monographie conclut qu'une représentation plus objective du statu quo dans le détroit de Taïwan pourrait à long terme mieux servir les intérêts américains. La résolution des différences entre les deux rives est restreinte sans une large acceptation, sinon reconnaissance, de la légitimité de la République de Chine par la communauté internationale. La République populaire de Chine est immuable quant à son “principe d'une seule Chine” et s'oppose à toute solution créant “deux Chines” ou “une Chine, un Taiwan”. Ce rapport ne remet pas fondamentalement en cause la politique américaine “d'une seule Chine“. Elle ne promeut pas non plus “une Chine, un Taiwan” ou “deux Chines”. Au contraire, le rapport propose un examen attentif d'une politique favorisant une relation normalisée avec les deux côtés du détroit dans le cadre d'une politique américaine d'une seule Chine élargie.L'objectif immédiat de la politique des États-Unis devrait être de réduire dans chaque camp la dépendance à l'utilisation de la force pour influencer les politiques dans le détroit de Taiwan, en particulier l'intimidation et la coercition de la RPC. Une solution politique prendra du temps. Mais à court terme, les incitations à la fois positives et négatives sont essentielles pour persuader la RPC de restreindre sa position martiale sur la rive faisant face à Taïwan et d'adopter une position plus souple sur les questions de souveraineté dans la région. Il incombe à Beijing, aux États-Unis, et à d'autres membres de la communauté internationale, de concevoir une solution viable qui serait acceptable pour le peuple taïwanais et également soucieux de la souveraineté populaire de Taiwan.
Taiwan is a core interest in U.
S. foreign policy. Its values, technological prowess, and geostrategic position align with foundational American values and priorities for the region, making it a crucial U.S. partner in the Asia Pacific. As such, ensuring a stable and positive future for Taiwan as a democracy and a primary contributor to the global economy and international community is a high priority. For the past 35 years, the United States has played an important role in ensuring Taiwan's security while maintaining constructive relations with the People's Republic of China (PRC). Enabled by policies dating as far back as 1948, the Taiwan Relations Act (TRA) of 1979, and moderated by three joint US-PRC communiqués, continuity in U.S. policy has enabled the island's nascent democracy to flourish, and has safeguarded American credibility in the Asia-Pacific region. Taiwan has served as a visible symbol of America's commitment to peace and security in the Asia-Pacific region.Yet, U.S.-Taiwan policy over the same 35 years has operated on the premise that America's sole interest is in the process, as opposed to the outcome, in resolving differences between the two sides of the Taiwan Strait. Thus, the primary goal of U.S. policy became to ensure that the resolution process is not coercive, unilateral, or detrimental to U.S. interests.1As a democracy with a stable government, Taiwan's role in promoting China as a responsible international stakeholder is significant. However, from Beijing's perspective, Taiwan's democratic government – an alternative to the PRC's authoritarian model – presents an existential challenge to the legitimacy of the Chinese Communist Party (CCP) and its monopoly on domestic political power. With political legitimacy in the Taiwan Strait viewed as a zero sum game, authorities in Beijing have long sought the political subordination of Taiwan to the PRC under a “One Country, Two Systems” principle. Under this principle, there is One China, Taiwan is part of China, and the PRC is the sole representative of China in the international community. Applying “One Country, Two Systems” internationally, Beijing's strategy appears to be the political isolation of Taiwan and co-management of U.S.-Taiwan relations in order to coerce the island's democratically elected leadership into a political settlement on terms favorable to Beijing. The PRC has long sought to influence an amendment to, if not outright repeal, the TRA in order to weaken U.S. support for Taiwan. Taiwan's fundamental approach to maintaining the status quo in dealing with authorities in Beijing is unlikely to change with the inauguration of President-elect Tsai Ing-wen and the Democratic Progressive Party (DPP) in May 2016. Policy differences between the outgoing and incoming administrations have included how to best preserve sovereignty in the face of an increasingly assertive CCP. While the KMT viewed “One China, Respective Interpretations” as the best way to ensure ROC sovereignty, the DPP generally has regarded “One China” as an issue to be negotiated, rather than unilaterally conceded or inherited. After the student protests against the cross-Strait trade and services agreement, the political landscape for cross-Strait relations has evolved. Rapprochement policies will no longer depend solely on the political will of the ruling administration, but also on public sentiments in Taiwan. The caution exhibited by the student movement against the services agreement with China highlight the limitations of cross-Strait integration in the future. In the absence of countervailing policies, political pressure from Beijing will intensify. Regardless of policies adopted by the incoming DPP administration, authorities in Beijing are likely to continue to subordinate the ROC to the PRC under a “One Country, Two Systems” framework. CCP General Secretary Xi Jinping's reassertion of “One Country, Two Systems” as the only acceptable solution for unification was highlighted during an October 2014 meeting in Beijing with a delegation from Taiwan. While entities associated with Beijing's cross-Strait policy system have actively reached out to all sides of Taiwan's political spectrum, the PRC can be expected to increase reliance on coercive persuasion, including political warfare and implied threats of military force. While the PRC's policy towards Taiwan is based on political legitimacy, in the U.S., national interests and principles shape the nature of U.S. relations with Taiwan. The U.S. has a unique role to play in creating an environment conducive to some enduring resolution. At least four schools of thought have guided U.S. policy in the Taiwan Strait for decades.2 One school holds that the U.S. should accommodate the CCP's position on Taiwan in order to advance U.S. interests in stable and constructive U.S.-China relations. In sharp contrast, a second school of thought has promoted the abandonment of the U.S. One China policy altogether, and calls for the extension of formal diplomatic recognition of Taiwan. Since 1979, however, the third and arguably dominant school of thought promotes maintenance of the status quo in U.S. policy toward Taiwan. Relying on ambiguity in the U.S. One China policy, defenders of the status quo stop short of defining the nature of relations between the two sides of the Taiwan Strait. Defenders rightly argue that the current approach – formal diplomatic relations with the PRC and unofficial relations with authorities in Taipei under the Taiwan Relations Act – has contributed to peace and stability in the region. By provision of necessary defense articles and services to Taiwan, advocates of a status quo in U.S. policy highlight the role that arms sales play in enabling authorities in Taipei to engage counterparts in Beijing with confidence. However, a fourth school of thought advances a “soft balancing” strategy that gradually extends equal legitimacy to both sides within a broadened U.S. One China policy framework. U.S. policy has yet to catch up with the changes that have taken place on Taiwan since 1996, especially since the first peaceful transfer of power in 2000. Acknowledging that negotiation on the basis of sovereign equality is a necessary prerequisite for cross-Strait political talks, advocates of a U.S. “One China, Two Governments” policy argue that adjustments are needed to create an environment more conducive to resolution of differences over sovereignty in the Taiwan Strait. The zero sum framework of formal diplomatic relations with one side and informal ties may have been appropriate in 1979, when both governments were authoritarian. However, with each passing election on Taiwan and consolidation of popular sovereignty, U.S. cross-Strait policy may be increasingly difficult to sustain. Viewing the U.S. One China policy in a zero sum light, Washington extends legitimacy to an authoritarian CCP state while denying equal legitimacy to an ROC that has evolved into a vibrant democracy. Under these circumstances, advocates of the fourth school of thought argue for a U.S. policy that reflects the most accurate representation of the status quo in the Taiwan Strait as possible. This monograph assesses risks associated with continued U.S. agnosticism, as well as opportunities that could be leveraged for a more balanced approach to dealing with both sides of the Taiwan Strait. U.S. policy created the conditions within which the Republic of China (ROC) transformed from an authoritarian party-state to a representative democracy. However, U.S. cross-Strait policy has not adjusted to reflect this fundamental transformation. Consequently, this study offers : 1) a general overview of the history of cross-Strait relations and U.S. policy ; 2) an analysis of the forces driving the future of Taiwan and its value to the international community ; and ; 3) an outline of alternative U.S. policy options in the Taiwan Strait. The monograph concludes that a more objective representation of the status quo in the Taiwan Strait may better serve long-term U.S. interests. Resolution of cross-Strait differences is constrained without broad acknowledgement if not recognition of the ROC's legitimacy within the international community. The PRC has been steadfast in its “One China” principle and opposes any solution that creates “Two Chinas,” or “One China, One Taiwan.” This report does not fundamentally challenge the U.S. “One-China” policy. Nor does it promote “One China, One Taiwan” or “Two Chinas.” Rather, the report proposes careful consideration of a policy that promotes a more normal relationship with both sides of the Taiwan Strait within the context of a broadened U.S. One China policy. The immediate focus of U.S. policy should be to reduce cross-Strait reliance on the use of force to influence policies in the Taiwan Strait, particularly intimidation and coercion from the PRC. A political solution will take time. But in the short term, both positive and negative incentives are essential in persuading the PRC to reduce its military posture opposite Taiwan and to adopt a more flexible stance on sovereignty issues in the region. The onus is on Beijing, the United States, and others in the international community to conceive of a viable solution that would be acceptable to people on Taiwan and mindful of Taiwan's popular sovereignty.