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Revue Mathématiques et sciences humaines Mir@bel
Numéro no 159, automne 2002
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation Dossier : "Démographie mathématique" (1) - Marc Barbut accès libre
  • Qui a peur de l'arithmétique ? - Jean-Marc Rohrbasser accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    On considère ici les premiers calculs, effectués dans la seconde moitié du XVIIe siècle et aussi élémentaires soient-ils, s'appliquant à la population. Peut-on, pour des raisons qui tiennent à la fois à la théorie et à la pratique, assigner une durée moyenne à la vie humaine ? À quelle vitesse s'accroît la population ? Les réponses données à ces questions typiques sont régies par une hypothèse de régularité de la nature, voire de l'intention divine, une hypothèse sous-jacente d'ordre : il est possible, dans ces phénomènes, de déceler une loi à l'œuvre. Dans cette perspective, on étudie la mortalité, avec Graunt et Halley, la probabilité de la durée de la vie, avec les frères Huygens et Leibniz, et l'arithmétique du doublement de la population, avec Petty. Pour ces pionniers, on peut parler à juste titre d'une «arithmétique des populations» parfois probabiliste et toujours orientée vers des problèmes concrets, ceux, précisément, que se pose l'arithmétique politique, ce dernier terme devant être entendu comme ce qui est utile à la cité. C'est donc bien, avec cette esquisse, à la naissance de la statistique démographique que l'on assiste.
    In this paper, we deal with the first calculations applied to population, even the most elementary ones, made in the latter half of the 17th century. Is it possible, theoretically and practically, to fix an average length of the human life? At what does the population increase? The answers to these typical questions are governed by an hypothesis of a regulated nature, perhaps by action of the divine will, and underlying hypothesis of order: it is possible to detect a law acting in these phenomena. We will examine, in turn, mortality with Graunt and Halley, the probability of the duration of life with the brothers Huygens and Leibniz, and the arithmetic of the doubling of the population with Petty. For these pioneers, one can with just cause speak of an “arithmetic of population”, sometimes a probabilistic one, always focussing on concrete problems which, precisely, are stirred up by political arithmetic, that is to say considerations which are useful to the state. This paper presents the true birth of demographic statistics.
  • Les mathématiques de la population, de Lambert à Lotka - Jacques Veron accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1825, Benjamin Gompertz propose une formulation mathématique de la loi de mortalité, qui, comme celle de Lambert (1772), lie la survie à l'âge. En 1844, Pierre-François Verhulst propose un modèle de croissance d'une population tel que le taux d'accroissement diminue quand l'effectif progresse : c'est la fonction logistique (Lotka, à partir de 1907, contribuera largement à ce champ de la dynamique des populations et s'intéressera notamment à la stabilité de la structure par âge d'une population). Au XIXe siècle encore, Wilhelm Lexis estime la durée normale de la vie humaine, durée que l'on observerait en l'absence de décès prématurés, dans l'enfance et au cours de la vie adulte.
    In 1825, Benjamin Gompertz gives a mathematical formulation of the law of mortality, which, following a former one by Lambert (1772), relates survival to age. In 1844, Pierre-François Verhulst put forward a model of population growth in which the rate of growth reduces when the size of the population increases: it is the logistic function (Lotka will, from 1907, contribute largely to this field of population dynamics, especially on the stability of the age composition of a population).During the 19th century too, Wilhelm Lexis gives estimations of the normal length of human life, which would be observed in the absence of premature deaths, in childhood and adulthood.
  • Modéliser les activités cognitives des hommes au Paléolithique - Isabelle Saillot, Marylène Patou-mathis, Jean-François Richard, Emmanuel Sander, Sébastien Poitrenaud accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La plupart des recherches sur la cognition au Paléolithique utilisent un vocabulaire et une méthodologie ad hoc, ou encore font appel à des concepts de psychologie en leur ôtant leur signification d'origine. Aucune discussion ne peut donc déboucher sur un consensus. Dans cet article, nous proposons une approche qui consiste à employer certains des concepts développés puis utilisés depuis plusieurs années par la psychologie cognitive, et plus particulièrement l'une de ses branches expérimentales. La psychologie des activités mentales finalisées semble en effet très bien adaptée à la modélisation du comportement humain et des capacités cognitives associées, au Paléolithique. Nous montrons ici comment ces outils conceptuels, développés pour la cognition contemporaine, peuvent néanmoins être utilisés par le préhistorien, dans les conditions d'une expérimentation en laboratoire. Cette approche pourrait fournir des descriptions rigoureuses de certaines caractéristiques cognitives anciennes, en particulier en ce qui concerne la catégorisation, un mécanisme partagé par tous les primates. Des résultats préliminaires concernant le niveau Magdalénien de la grotte Tournal sont présentés et discutés.
    As far as paleolithic cognitive processes are concerned, most studies define their own vocabulary and method, usually using current words while ascribing them various meanings. No debate can hence be fruitfull. We suggest an alternative approach which is to address the numerous and accurate concepts developped since about fourty years by cognitive psychology and especially its experimental branch. Cognitive psychology of goal oriented actions is in fact a powerful tool provider in the attempt to understand and modelize paleolithic men behaviour and cognitive abilities. Here we show why and how it is possible to use these tools initially developped to investigate modern man cognition in the laboratory conditions. We claim that the cognitive psychology method presented in this article allows to draw a rigorous description of mental organization, especially about the complex cognitive process of memory and categorization, whatever human species is dealt with and wathever paleolithic period is concerned. A preliminary result concerning the Magdalenian level of the Tournal cave is produced and discussed.
  • Analyse bibliographique