Contenu du sommaire : Les réseaux sociaux
Revue | Mathématiques et sciences humaines |
---|---|
Numéro | no 168, hiver 2004 |
Titre du numéro | Les réseaux sociaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction au numéro spécial : "Les réseaux sociaux". Foreword to the special issue on "The social networks" - Alain Degenne
- Building models for social space: neighourhood-based models for social networks and affiliation structures - Philippa Pattison, Garry Robins Nous proposons un cadre pour une analyse quantitative relationnelle de l'espace social. Nous suggérons que l'espace social ne peut pas être défini simplement en termes géographiques ou socio-culturels mais que cette définition suppose de comprendre l'interdépendance entre différents types d'entités sociales telles que des personnes, des groupes, des ressources et des positions socio-culturelles. Nous suggérons également que l'espace social ne peut pas être vu comme figé : à la différence de l'espace euclidien de la mécanique newtonienne, l'espace social est construit au moins en partie par le processus social dont il est le support. Dans le modèle stochastique général que nous proposons, les relations entre entités sociales sont considérées comme les éléments fonda-mentaux de l'espace social et les échanges observés sont conçus comme les produits de processus qui agissent dans des voisinages relationnels qui se recouvrent. Chaque voisinage correspond à un ensemble d'entités relationnelles et est conçu comme un lieu d'interactions sociales. Nous montrons comment des spécifications particulières de ce cadre théorique produisent des hiérarchies de modèles pour les réseaux sociaux et pour les structures d'affiliation. Nous évoquons également de futurs développements de ce cadre.We propose a quantitative relational framework for social space. We suggest that social space cannot be specified simply in geographical, network or sociocultural terms but, rather, requires an understanding of the interdependence of relationships among different types of social entities, such as persons, groups, sociocultural resources and places. We also suggest that social space cannot be regarded as fixed: unlike the Euclidean space of Newtonian mechanics, social space is constructed, at least in part, by the social processes that it supports. In the general stochastic relational framework that we propose, relationships among social entities are regarded as the fundamental elements of social space and observed relational entities are viewed as the outcome of processes that occur in overlapping local relational neighbourhoods. Each neighbourhood corresponds to a subset of possible relational entities and is conceived as a possible site of social interaction. We show how special cases of this framework yield hierarchies of models for social networks and for affiliation structures. We also sketch some next steps in the development of this framework.
- Explained Variation in dynamic network models - Tom A. B. Snijders On propose une mesure de la part de variation expliquée par un modèle stochastique de la dynamique des réseaux sociaux complets. Cette mesure est fondée sur l'entropie de la distribution des choix faits par les acteurs au cours du processus d'évolution du réseau. Elle a pour but d'aider à effectuer une meilleure interprétation et à sélectionner une spécification appropriée dans l'application des modèles statistiques s'appliquant aux données longitudinales concernant des relations.A measure for explained variation is proposed for stochastic actor-driven models for data on social networks. The measure is based on the entropy of the distribution of the choices made by the actors during the network evolution process. This measure can be helpful in the specification and interpretation of statistical models for longitudinal network data.
- Influence sociale et diffusion de l'innovation - Alexandre Steyer, Jean-Benoit Zimmermann La notion de diffusion, quel que soit son objet, est centrale pour tout système ou construction sociale, car elle se trouve à la base de la mise en cohérence des comportements des individus ou de leurs représentations, donc de la coordination de leurs actions. L'idée, à l'origine de la notion de diffusion, est que les interactions entre individus sont le moteur principal de l'évolution de leurs comportements, croyances ou représentations. Notre démarche dans cet article est celle des réseaux d'influence sociale, dans lesquels l'agent est situé dans une structure de nature résiliaire où la progression de l'influence est contingente d'effets de cumul. Après avoir exposé les principes d'un modèle de diffusion en réseau, fondé sur une dynamique de cheminement de l'influence sociale, nous étudions la manière dont cette influence se propage sous la forme d'«avalanches», donnant par là une importance fondamentale à la structure du réseau. Nous analysons comment le bruit, généré par ces avalanches constitue une signature de la structure sociale et peut en retour contribuer, par effet d'apprentissage, à modifier cette structure et donc la dynamique diffusion. Nous expliquons alors pourquoi émergent des courbes de diffusion « critiques » singulières, en loi de puissance, au lieu de la forme exponentielle des courbes de diffusion traditionnelles.The notion of diffusion holds a central place in any social system, because it is at the heart of individuals behaviour or representation phasing, hence of the co-ordination of their actions. The idea at the origin of the notion of diffusion is that inter-individual interactions are the driving forces of the evolution of individuals' behaviours, beliefs and represen-tations. Our approach in this paper is based on social influence networks. Agents are embedded in network structures where the influence advance depends on cumulative effects. First we draw the foundations of a diffusion model based on social influence networks. Then we study the way of propagation of influence trough "avalanches" giving a central importance to the network topology. We consider the noise produced by those avalanches as a characteristic of the social structure that can contribute, by learning effect, to transform the network structure, hence the dynamics of the diffusion. We then explain why peculiar "critical" diffusion curves do emerge characterized by a power law instead of the exponential form of traditional diffusion curves.
- Ring cohesion theory in marriage and social networks - Douglas R. White Une théorie de la cohésion sociale peut être développée à partir d'une approche structurale : « Les recherches structurales sont apparues dans les sciences sociales comme une conséquence indirecte de certains dévelop-pements des mathématiques modernes, qui ont donné une importance croissante au point de vue qualitatif, s'écartant ainsi de la perspective quantitative des mathématiques traditionnelles. Dans divers domaines : logique mathématique, théorie des ensembles, théorie des groupes et topologie, on s'est aperçu que des problèmes qui ne comportaient pas de solution métrique pouvaient tout de même être soumis à un traitement rigoureux. Rappelons ici les titres des ouvrages les plus importants pour les sciences sociales : Theory of Games and Economic Behavior, de J. von Neumann et O. Morgenstern (1944) ; Cybernetics, etc. de N. Wiener (1948) ; The Mathematical Theory of Communication, de C. Shannon and W. Weaver (1950). » [Lévi-Strauss, Anthro-pologie structurale, chapitre XV : « La notion de structure en ethnologie », 1958, p. 310].Ring cohesion, as a theory relevant to social cohesion, offers itself in the analysis of matrimonial relinking as an outgrowth of a structural approach: "Structural studies are, in the social sciences, the indirect outcome of modern developments in mathematics which have given increasing importance to the qualitative point of view in contradistinction to the quantitative point of view of traditional mathematics. It has become possible, therefore, in fields such as mathematical logic, set theory, group theory, and topology, to develop a rigorous approach to problems which do not admit of a metrical solution. The outstanding achievements in this connection Ð which offer themselves as springboards not yet utilized by social scientist - is to be found in J. von Neumann and O. Morgenstern, Theory of Games and Economic Behaviour; N. Wiener, Cybernetics; and C. Shannon and W. Weaver, The Mathematical Theory of Communication". [Lévi-Strauss, Structural Anthropology, 1963, Chapter XV, Social Structure, section on "Structure and Measure", p. 283].
- Matrimonial ring structures - Klaus Hamberger, Michael Houseman, Isabelle Daillant, Douglas R. White, Laurent Barry Les anneaux matrimoniaux sont un type particulier de cycles qui se constituent dans les réseaux de parenté lorsque les conjoints sont liés entre eux par des liens de consanguinité et d'affinité. En adoptant une approche relevant de l'analyse des réseaux, l'article tente d'aborder la théorie structurale de la parenté sur une base générale permettant de dépasser l'examen de types singuliers d'anneaux (comme le «mariage de cousins croisés», l'«échange de sœurs», etc). Il offre une définition et une analyse formelle des anneaux matrimoniaux, une méthode d'énumération de toutes leurs classes d'isomorphisme au sein d'un horizon généalogique donné. Cette approche permet d'étudier les configurations d'anneaux dans des réseaux de parenté empiriques. L'article fournit aussi les moyens techniques pour mener ces analyses avec le programme informatique PAJEK. Un dossier contenant les macros nécessaires peut être téléchargé sur le web. La méthode est illustrée à l'aide de réseaux de parenté provenant de quatre continents (Amérique du Sud, Afrique, Australie et Europe).The paper deals with matrimonial rings, a particular kind of cycles in kinship networks which result when spouses are linked to each other by ties of consanguinity or affinity. By taking a network-analytic perspective, the paper endeavours to put this classical issue of structural kinship theory on a general basis, such as to allow conclusions which go beyond isolated discussions of particular ring types (like "cross-cousin marriage", "sister exchange", and so forth). The paper provides a definition and formal analysis of matrimonial rings, a method of enumerating all isomorphism classes of matrimonial rings within given genealogical bounds, a series of network-analytic tools - such as the census graph - to analyse ring structures in empirical kinship networks, and techniques to effectuate these analyses with the computer program pajek. A program package containing the required macros can be downloaded from the web. The working of the method is illustrated at the example of kinship networks from four different parts of the world (South-America, Africa, Australia and Europe).