Contenu du sommaire : Les peuples autochtones. Une approche géographique des autochtonies ?

Revue Espace Populations Sociétés Mir@bel
Numéro no 1 , 2013
Titre du numéro Les peuples autochtones. Une approche géographique des autochtonies ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les peuples autochtones. Une approche géographique des autochtonies ?

    • Editorial - Éric Glon p. 3-5 accès libre
    • Articles
      • Postcolonial Profiling of Indigenous Populations : Limitations and Responses in Australia and New Zealand - Tahu Kukutai, John Taylor p. 13-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La construction sociale des populations indigènes est source de contradiction, dans la mesure où les catégories et conditions de la démographie postcoloniale reflètent nécessairement les institutions sociales et économiques qui encadrent le vivant du plus grand nombre. Puisque les modes d'existence des populations indigènes ne sont que rarement pris en compte par ces mêmes catégories, les statistiques officielles omettent ou présentent à tort des aspects clés de la socialité indigène. Cet article interroge les limites des statistiques officielles dans l'établissement de profils sociaux de ces populations en Australie et en Nouvelle-Zélande. À partir d'études de cas, il décrit la manière dont les citoyens indigènes eux-mêmes réagissent à ces limites en produisant leurs propres profils démographiques et indicateurs sociaux en guise de gouvernance intracommunautaire. Une attention particulière est également portée aux moyens de rendre les statistiques officielles plus « indigènes » afin de mieux répondre aux besoins de ces organisations et communautés.
        A contradiction exists in the social construction of Indigenous populations in that the categories and contexts of postcolonial demography inevitably reflect social and economic institutions that frame the lives of the majority populations. Because such categories are rarely inclusive of Indigenous ways of being, key aspects of Indigenous sociality are either missing or misrepresented in official statistics. This paper examines the limitations of official statistics for social profiling of Indigenous people in Australia and New Zealand. Using case studies, it describes ways in which Indigenous polities are themselves responding to these limitations by generating their own demographic profiles and social indicators as a form of community governance. Attention is also given to the in official statistics might be “indigenized” in order to better meet the needs of Indigenous communities and organisations.
      • Cartographie participative autochtone et réappropriation culturelle et territoriale. L'exemple des Lil'wat  en Colombie-Britannique (Canada) - Éric Glon p. 29-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La cartographie participative n'a cessé de se développer chez les peuples autochtones depuis une quarantaine d'années. Cet exercice ne se borne pas à la réalisation de cartes. Il est un exercice anthropologique qui permet entre autres la réappropriation des héritages d'une culture jadis très territorialisée et leur transmission aux jeunes générations comme le montre l'exemple des « Lil'wat  » en Colombie-Britannique
        Participatory mapping has been more and more used by indigenous people for the last forty years. This practice must not be reduced to maps but has to be considered as an anthropological exercise. One of the purpose among many is to contribute to a cultural heritages reconquest anchored in territories and to pass down this knowledge from generation to generation. This article use the “Lil'wat ” nation case in British Columbia to demonstrate this thesis.
      • Les revendications autochtones au Maroc. Pour une approche postcoloniale pragmatique - Marie Oiry-Varacca p. 43-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Au Maroc, les revendications autochtones sont portées par des associations militantes qui veulent obtenir des pouvoirs publics qu'ils accordent davantage de reconnaissance à l'identité amazighe et d'autonomie aux régions afin que les populations berbérophones des montagnes, marginalisées, puissent choisir un modèle de développement endogène. Ces revendications questionnent l'unité nationale autour de l'identité arabe et d'une gestion des territoires centralisée. Les recherches effectuées en sciences sociales sur la question autochtone au Maroc sont peu nombreuses et s'attachent à déconstruire les discours identitaires, de façon à limiter les risques politiques de replis communautaristes. Cet article propose de réfléchir aux enjeux épistémologiques, éthiques et politiques de cette approche constructiviste et de proposer de nouvelles pistes théoriques, inspirées des « subaltern » et des « performance studies », pour comprendre les logiques et les effets des revendications autochtones au Maroc. En me penchant sur les projets de développement que les militants réalisent dans les montagnes, je montrerai l'utilité d'une analyse focalisée autant sur les discours que sur les pratiques pour appréhender les recompositions identitaires qu'ils initient. La mobilisation dans ces projets locaux de l'autochtonie - une catégorie mondialisée référant à l'Afrique du Nord - participe à la réinvention des identités amazighes dans leurs nuances locales, à leur territorialisation et non à leur déterritorialisation.
        In Morocco, claims of indigenity have been made by activist associations who want public authorities to give morerecognition to Amazigh identity and greater autonomy to corresponding regions, such that the marginalized Berber-speaking peoples of themountains canchoose an endogenous model ofdevelopment. These demands challenge the notion of national unity based on Arab identityand thecentralizedadministration of territories. Few social-science investigations have addressed the question of indigenity in Morocco, and those that have typically set out to deconstruct identity discourses, so as to limitthe political risksof falling into communitarism. This paper aims to explore the epistemological, ethical and political stakes of this constructivist approach and to suggest new theoretical approaches, inspired by the subaltern and performance studies, in order to understand the logic and effects of Indigenous claims in Morocco. By looking into development projectsthat activistscarry outin the mountains, I will showthe benefitof an analysisfocused as much on discourses as on practices, in order to understand the reshaping of identity that they initiate.In theselocal projects, the mobilizationofautochthony – a globalizedcategoryreferring toNorth Africa - contributes to the reinvention of Amazigh identities in their local variations, to their territorialization and against their deterritorialization.
      • La construction de l'autochtonie au Maroc : des tribus indigènes aux paysans amazighs - Mohammed Aderghal, Romain Simenel p. 59-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Au Maroc, l'autochtonie est aujourd'hui une notion utilisée sous des sens variables par des acteurs différents en des termes identitaires et d'enracinement territorial. Depuis quelques années, on relève dans des discours émanant de l'État, de milieux associatifs militants ou encore des ONG œuvrant dans les domaines du développement, un regain d'intérêt pour des communautés dont des éléments les distinguent et les rattachent à des origines linguistiques ou territoriales spécifiques. C'est le cas des communautés rurales berbérophones dans les régions montagneuses. Cette correspondance entre une population porteuse d'une identité culturelle « séculaire » et des territoires marginaux « à développer » n'est pas fortuite et découle d'une construction intellectuelle et politique qui demande à être re-contextualisée. A l'heure d'une surenchère de la notion d'autochtonie au Maroc, la question se pose de la pertinence historique, géographique et anthropologique d'une telle valorisation de l'enracinement territorial. D'où vient cet engouement soudain pour l'autochtonie ? La notion d'autochtonie fait-elle sens avec les valeurs des sociétés berbérophones ? Questionner la construction de l'autochtonie, c'est aussi réinterroger sa dimension dans le processus historique de formation des entités territoriales et leur mise en politique. Qu'est-ce que l'argument d'autochtonie apporte aux dynamiques de négociation entre acteurs ? Des tribus indigènes de l'époque coloniale aux paysans amazighs des nouveaux programmes étatiques de développement des zones rurales, l'autochtonie au Maroc n'a cessé d'être manipulée et modelée au gré des discours dominants sur la société et la nation. Cet article en relate la chronologie à partir d'une bibliographie conséquente et d'une série de recherches de terrain menées par les auteurs sur le Maroc central et méridional.
        This paper deals with the notion of indigenous identity in Morocco. We are questioning the indigenous category as it is unsuitable for Berbers groups in Morocco. After explaining the denial of autochthony from Berbers rural communities, we are then looking into the emerging forms of ethnic identity amongst the Berbers in the light of French colonial rules heritage. One cannot understand nowadays identity movements in Morocco without a historical perspective that lay grounds to many components of new identities currently expressed. We argue that Berbers associations and Amazigh movements are taking advantage of this renewal of interests into Berbers cultures and languages to formulate a more political oriented version of their identity. But it cannot be ignored that Moroccan State is also attempting to use dynamics surrounding Berber cultures to its own advantage : the Berber farmer under state protection, both form a social and cultural point of view. Indigenous and local identities are not fixed once for all, they are constantly challenged, negotiated and sometimes manipulated according to the national and international context.
      • Le pays mapuche, un territoire « à géographie variable » - Bastien Sepúlveda p. 73-88 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article s'intéresse à la question territoriale autochtone qu'il analyse à partir du cas mapuche au Chili. Partant d'une confrontation entre territorialités imposées (celles de l'indigénisme d'État), territorialités professées (celles des discours des leaders autochtones) et territorialités vécues (celles des pratiques du quotidien), il offre un regard croisé permettant de saisir la complexité d'un objet géographique dont la construction implique une grande diversité d'acteurs. Il dévoile ainsi les différents niveaux de lecture d'un territoire constituant à tous égards un espace « à géographie variable ».
        This article pays attention to the Indigenous territorial question through the analysis of the Mapuche case in Chile. Three types of territorialities are confronted: a) the ones created by the State's Indigenous policies, b) the ones claimed by Indigenous leaders, and c) the experienced territorialities of the Mapuche civil society. The usefulness of this confrontation does not only consist in understanding the complexity of a geographical object constructed by a great variety of actors. It also helps to reveal the variable geography of contemporary Indigenous territories.
      • Une nature protégée sans les peuples autochtones ? L'exemple des San dans la réserve du « Central Kalahari » (Bostwana) - Éric Glon, Anderson Chebanne p. 89-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La participation des autochtones dans la gestion des aires protégées apparaît comme un nouveau paradigme au niveau mondial. L'exemple du « Central Kalahari Game Reserve » (CKGR) contredit cette tendance. Les San sont déplacés du CKGR vers des camps forcés. New Xade est l'un d'entre eux. Le gouvernement tente d'y transformer les chasseurs cueilleurs en travailleurs salariés. Les San sont contraints de s'adapter à une rapide et violente sédentarisation. Dans un tel contexte, ni la relation à la nature ni la connaissance intime qu'ils en ont ne semblent offrir d'intérêt marchand. Une appropriation territoriale autochtone se trouve remplacée par une valorisation autour de la conservation de la nature et de nouvelles opportunités de profits qu'elle génère tels un tourisme de luxe et la mise en « defens » des réserves de diamants. Cette politique s'appuie aussi sur des différends culturels entre Bantous et San tout comme sur des choix politiques résolus.
        Co-management with indigenous people seems to be a paradigm in nature conservation but the Kalahari case in Bostwana is on the opposite side from this trend. Most of these indigenous people are displaced from the CKGR to resettlement camps nearby. New Xade is one of them. Focusing on this case, we explain how the Government denies hunter-gather lifestyle and settle San as wage laborers and farmers. Most of the San live in poverty and are facing a rapid and violent settling process with difficulties. In this context, neither their local knowledge nor their nature relationship offer commercial interest. An aboriginal territorial appropriation is replaced by based upon tradability opportunities like nature conservation tourism and diamonds reserves. This policy is deeply rooted in local cultural difference between Bantu and San and political choices.
    • Varia
      • Dynamiques démographiques et répartition du peuplement . Vers une nouvelle géographie du peuplement dans le Grand Sud-Ouest du Burkina Faso ? - Gabriel Sangli, Bernard Tallet p. 105-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'approche diachronique par l'analyse des données des recensements de population de 1975, 1985, 1996 et 2006 permet d'éclairer la dynamique spatiale de la population du sud-ouest du Burkina Faso. La cartographie des densités à ces quatre dates illustre les dynamiques du peuplement et l'évolution des disparités régionales. Le mouvement d'accroissement de la population est aussi éclairé par le suivi des localités sur une période de trente ans ; cette échelle fine d'analyse permet d'éclairer le rôle des héritages historiques, le dynamisme des migrations et de la colonisation agricole, l'émergence de centres secondaires qualifiés de bourgs ruraux.
        A diachronic approach based on analyzing data from population censuses of 1975, 1985, 1996 and 2006 sheds light on the spatial dynamics of the population in the South-West of Burkina Faso. The mapping of population densities on these four dates illustrates the population dynamics and the evolution of regional disparities. The change in population growth is also revealed through the monitoring of local communities over a period of thirty years. Thus, this fine-scale analysis highlights the role of historical legacies, the dynamism of migration and land settlement, as well as the emergence of secondary centres known as rural towns.
      • Informations sur les flux transfrontaliers de main-d'œuvre entre France du Nord et Belgique, notamment la Flandre occidentale - Jean-Pierre Renard p. 119-120 accès libre
    • comptes rendus d'ouvrage
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