Contenu du sommaire : La mer au-delà des frontières: le lien entre les pays d'Asie du Sud-Est

Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est Mir@bel
Numéro no 27, 2016
Titre du numéro La mer au-delà des frontières: le lien entre les pays d'Asie du Sud-Est
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction

  • Articles

    • The Use of Basketry in The Hulls of Vietnamese Seagoing Boats. The Status as of 2015 and The Question of The Future - Ken Preston p. 23-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le Viêt-Nam a une longue tradition de construction de variété de bateaux destinés aux travailleux de la mer. Ces bateaux sont constitués soit de vannerie uniquement à base de bambou, soit d'une structure mêlant vannerie de bambou soutenue par des quantités plus ou moins importantes de structures en bois. Les nombreux auteurs qui ont écrits sur le sujet ont remarqué que ces bateaux étaient plus résistants aux tarets que les bateaux en bois, qu'ils étaient plus flexibles et plus aptes à survivre au travail dans les zones de vagues. Les hommes de la mer vietnamiens, extrêmement pragmatiques, les utilisent simplement parce que, comparativement à ce qu'ils investissent, ce sont eux qui répondent le mieux à leurs besoins. Ces bateaux prennent beaucoup de formes, dont certaines se sont étendues à chaque coin du littoral (la variété ronde, par exemple) tandis que d'autres restent très locales, se trouvant seulement dans la zone où elles ont été développées. Beaucoup de ces embarcations se sont développées sur des décennies, voire plus, comme ces vaisseaux de guerre et de navigation, récemment convertis à la puissance du moteur, tandis que d'autres bateaux, relativement peu coûteux et durables, semblent avoir été récemment développés pour remplir des besoins locaux. Cet article est le résultat de neuf ans d'expéditions annuelles de terrain allant de six semaines à deux mois chacune, pendant lesquelles les bateaux de la région ont été recherchés et photographiés. Ainsi, il s'agit de la première description manuelle « de l'état de la flotte » en 2015. L'auteur fait l'hypothèse que la flottille de pêche côtière dans la région subira des changements radicaux lors des prochaines décennies, résultats d'une législation et de règlements, en réponse à la disponibilité d'autres matériels de construction de bateaux, ainsi qu'en raison de l'épuisement du vivier de poissons et du stock de bois des forêts qui jusqu'à présent provisionnaient le besoin de bateaux et les matériaux de construction. L'objectif de cet article est de documenter la recherche sur ces navires dans leur utilisation actuelle et lors de la décennie passée, et secondairement, de faire un lien avec le(s) siècle(s) précédent(s) ou d'imaginer l'avenir.
      Vietnam has a long tradition of building various sorts of boats for seagoing work that are either purely bamboo basketry, or a composite structure consisting of the bamboo basketry supported by greater or lesser amounts of wooden structure. Numerous authors have commented that these boats are more resistant to shipworm than wooden boats and that they are more flexible, better able to survive work in the surf zone. The extremely pragmatic Vietnamese water men simply use them because, for the investment, they best serve the need. These boats take many forms, some of which have spread to every corner of the country's coastline (e.g., the round variety) and some which remain very local species, found only in the area where they have evolved. Many of them have a long history of development through decades or more, as rowing and sailing vessels, perhaps recently converted to engine power, while others seem to have been recently developed to fill local needs with a relatively inexpensive and durable boat. This paper is the result of 9 years of annual field expeditions of six weeks to two months each, during which the region's boats were sought out and photographed. Thus, this is the first hand description of the “state of the fleet” as of 2015. It is the author's expectation that the coastal fishing fleet in the region will undergo radical changes in the coming decades, as a result of legislation and regulation, in response to the availability of other boatbuilding materials and also from the consequences of depletion of both the fish stocks and the forests that have provided the need for boats and the boat building materials. The purpose of this work is to document the vessels in use today and during the past decade, and only secondarily to make any connection to the previous century(s) or imagine the future.
    • Diplomacy, Trade and Networks: Champa in the Asian Commercial Context (7th-10th Centuries) - Do Truong Giang p. 59-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les études antérieures sur l'histoire du Champa sont principalement basées sur l'hypothèse que le Champa était un royaume « indianisé », profondément influencé par la civilisation indienne. Des études récentes, cependant, ont démontré qu'en dehors de l'influence indienne, le Champa a également fortement bénéficié de l'influence d'autres civilisations, en particulier la Chine et le Moyen-Orient. Cet article, qui se fonde sur un document historique chinois, sur les anciennes inscriptions de l'ancien Champa, ainsi que sur les récentes découvertes archéologiques dans le centre du Vietnam, vise à apporter un nouvel éclairage sur les relations diplomatiques et des liens commerciaux entre le Champa et la Chine et le Moyen-Orient au cours de la période allant du viie au xe siècle. Dans un premier temps seront examinés le commerce et la diplomatie du Champa tributaires des tribunaux chinois ; dans un second temps, l'engagement du Champa dans l'expansion du réseau commercial musulman dans l'océan Indien sera examinée.
      Previous studies of Champa history mainly based on an assumption that Champa was an “Indianized” kingdom who profoundly influenced by Indian civilization. Recent studies, however, have convinced that apart from Indian influence, Champa did benefit greatly from other civilization centers, especially China and Middle East. This article, relies on Chinese historical document and the old inscriptions of ancient Champa as well as recent archaeological findings in central Vietnam, aims to shed new light on the diplomatic relations and commercial links between Champa with China and Middle East during the period from the 7th to the 10th: Firstly, the tributary trade and diplomacy from Champa to Chinese courts will be taken into account; and secondly, the engagement of Champa in the expansion of Muslim trade network in the Indian Ocean will be examined.
    • Maritime Trade in the Philippines During the 15th Century CE - Bobby C. Orillaneda p. 83-100 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La période allant du xve au xviie siècles dans la région d'Asie du Sud-Est a été appelée « Âge du commerce ». Elle est caractérisée par la délimitation nette des sociétés, l'expansion urbaine sans précédent et la formation d'États largement issus d'un commerce maritime dynamique, non seulement au sein des pays de la région, mais aussi avec la Chine à l'est et l'Inde et les États arabes à l'ouest. Les sources historiques et archéologiques indiquent que le xve siècle a ouvert la voie à l'entrée de l'Asie du Sud-Est dans l'économie maritime qui reliait l'est à l'ouest avant l'arrivée des Européens au xvie siècle. Quel a été l'impact de ce commerce régional aux Philippines ? La recherche archéologique récente a généré un corpus important de données provenant de sites terrestres et submergés pendant la période protohistorique des Philippines (ixe-xvie siècles). Cet article présente les résultats d'une enquête archéologique réalisée à partir de trois épaves (Pandanan, Lena Shoal et Santa Cruz) et de trois sites terrestres (Tanjay, Cebu, Calatagan) dont l'objectif est de tenter d'élucider comment les matériaux archéologiques étrangers ont été amenés aux Philippines et s'ils ont été utilisés par les sociétés locales de cette époque.
      The period from the 15th to the 17th centuries CE in the Southeast Asian region has been termed as the "Age of Commerce". It is characterised by marked delineation of societies, unprecedented urban expansion and the formation of states largely derived from a vibrant sea-borne trade not only within the countries of the region but also with China in the east and India and the Arab states in the west. Historical and archaeological sources indicate that the 15th century set the stage for the entry of Southeast Asia into the maritime economy that linked east and west prior to the arrival of the Europeans in the 16th century CE. What was the impact of this regional trade in the Philippines? Recent archaeological research has generated a significant corpus of data from terrestrial and submerged sites during the Philippine protohistoric period (c. 9th–16th centuries CE). This paper will present the archaeological investigation results of three shipwrecks (Pandanan, Lena Shoal and Santa Cruz) and three terrestrial sites (Tanjay, Cebu, Calatagan) in an attempt to elucidate the process of how foreign archaeological materials were brought into the Philippines and if these materials used by the existing local societies during that period.
    • European Navigation, Nautical Instructions and Charts of the Cochinchinese Coast (16th-19th Centuries) - Charlotte Minh Hà Pham p. 101-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La côte du Vietnam se trouve au cœur des routes maritimes qui relient la Chine et l'Asie du Sud-est. Durant les xvie-xixe siècles, alors que les Seigneurs Nguyễn développaient le centre du Vietnam, aka Cochinchine, le commerce maritime fleurit de concert avec l'arrivée des Européens dans la région. Les voyages entre l'Europe et les Indes orientales étaient longs, les navigateurs devaient maîtriser de nouvelles routes, les voyages devaient s'effectuer rapidement afin de faire face à la compétition mais surtout pour s'accorder au rythme des moussons qui ouvrait la porte à la mer de Chine du Sud et qui permettait d'atteindre la Chine. Les cargaisons étaient précieuses, la vie à bord difficile et les mers parcourues étaient inconnues. Ainsi, cartographier les mers était, afin de minimiser les risques, une besogne fondamentale pour les compagnies des Indes qui se faisaient face entre le xvie et le xixe siècle. L'article suivant examine les routes maritimes le long des côtes du Champa et de la Cochinchine à travers ces derniers siècles et surtout, les cartes nautiques et instructions nautiques que les capitaines et navigateurs européens possédaient afin de naviguer en sécurité dans les eaux périlleuses de la mer de Chine du Sud. Il existe très peu de sources sur la cartographie en Asie du Sud-Est, les sources en langues non européennes sont limitées et il en existe encore moins sur les cartes nautiques vietnamiennes en particulier. Les routes locales et les mouvements maritimes des pêcheurs, officiers de marine, ou marchands Chams et Cochinchinois ont été jusqu'à présent moins établis que ceux des Européens et moins facilement déchiffrables. Les marins européens se basaient pourtant sur les connaissances locales des marins malais, chinois et vietnamiens qui les guidaient dans les ports, pilotaient leurs bateaux et qui leur fournissaient parfois des conseils de navigation. Ainsi, la chronologie qui suit permet également de mettre en exergue le fait que le tracé de la côte vietnamienne sur des cartes nautiques n'est pas seulement le produit des efforts d'une seule nation européenne mais le résultat d'une conjonction globale qui prend ses sources dans l'expérience locale.
      The coast of Vietnam is located at the heart of the maritime trade routes that connected China and Island Southeast Asia. During the 16th–19th centuries, as the Nguyễn Lords settled and developed central Vietnam also known as Cochinchina, maritime trade flourished in concert with the arrival of the Europeans in the region. The voyages from Europe to the East Indies were long, navigators had to master new trajectories, the trips needed to be conducted as fast as possible to face competition and above all, to comply with the local calendars of the prevailing monsoon winds in order to enter the South China Sea and travel to China. Their cargoes were precious, life on board arduous, and the waters they sailed were unknown. Hence, charting the seas was a fundamental endeavour for competing trading nations between the 16th and 19th centuries to help minimize risk of loss. This paper discusses the maritime routes along the coasts of Champa and Cochinchina throughout the 16th to the 19th centuries, and above all, the charts and instructions that European navigators had in order to navigate safely in the perilous waters of the South China Sea. Unfortunately for the historian or maritime archaeologist, there is very little on the making of Southeastasia's cartography. There are only few sources in non-European languages on navigation in the South China Sea, and much less on the charting of the Vietnamese waters. Local routes and maritime movements of Cham and Cochinchinese fishers, naval officers and traders are, so far, less clearly delineated than those of European navigators and not readily decipherable. However, European seafarers based themselves on the local knowledge of Malay, Chinese and Vietnamese seafarers, who guided them through safe harbours, sometimes sailed their ships, and provided navigation advice. The following chronology will henceforth also put in perspective the fact that the charting of the Vietnamese coastline was not only the effort of one European nation but the result of a global conjunction that had roots in local experience.
  • Notes

    • Les cultes maritimes sur l'île de Phú Quý : maintien et préservation des traditions des pêcheurs vietnamiens - Nguyễn Quốc-Thanh p. 131-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Située face aux archipels des Spratleys, l'île de Phú Quý a bénéficié de l'apport de plusieurs cultures qui se sont croisées dans cette partie de la mer de Chine méridionale. Au fil du temps, la communauté des pêcheurs de l'île a intégré dans ses cérémonies religieuses des génies protecteurs issus des différentes aires culturelles d'Asie. Un panorama de ces divinités nous permet de mieux comprendre les besoins et les aspirations de ces hommes qui, en plus des dangers de la mer, doivent faire face aujourd'hui à la modernité galopante de la société vietnamienne.
      Situated in front of archipelagoes of Spratleys, the island of Phú Quý has benefited from the contribution of several cultures which crossed in this part of South China Sea. Over time, the community of the fishermen of the island has integrated into its religious ceremonies of the protective geniuses provenant from various cultural areas of Asia. A panorama of these divinities allows us to understand better the needs and aspiration of these people who, besides the dangers of the sea, have to face the galloping modernity of the Vietnamese society today.
    • "Lands below the Winds" as Part of the Persian Cosmopolis: An Inquiry into Linguistic and Cultural Borrowings from the Persianate societies in the Malay World - Tomáš Petrů p. 147-161 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette note tente de retracer et d'analyser le degré d'impact culturel persan en Asie du Sud-Est insulaire afin de donner une image plus complexe du pluralisme et de l'hybridation culturelle qui a eu lieu dans cette région depuis des temps immémoriaux. L'argument principal de ce texte est que les sociétés de la région malay-indonésienne faisaient autrefois partie d'une grande aire culturelle persane. Cette connexion à diverses sociétés persanes dans l'océan Indien a provoqué une interaction mutuelle intense qui a entraîné de nombreux et très formateurs emprunts linguistiques, culturels, politiques ainsi que matériels, principalement du côté malais. Par conséquent, l'auteur cherche en premier lieu à examiner et éclairer les connaissances historiques générales, comment et avec quelle intensité le monde malais a-t-il été impliqué dans cette sphère culturelle, quels changements et quelles importations importantes ont eu lieu au cours de cette période historique et quelles étaient les circonstances de cette interaction. Cette approche historique est combinée à une tentative de linguistique historique à travers l'étude d'une gamme de termes malais empruntés au persan dans le but de définir les principales sphères d'interaction.
      This article attempts to trace and analyze the degree of Persian cultural impact in Maritime Southeast Asia to provide a more complex picture of the cultural pluralism and hybridization, which has been taking place in this region since time immemorial. The primary argument of this paper is that the societies of the Malay-Indonesian region were once part of a great cultural sphere, which has been labeled as the ‘Persian cosmopolis'. This connection to various Persianate societies across the Indian Ocean brought about intense mutual interaction, resulting in numerous and highly formative linguistic, cultural, political and also material borrowings, mainly on the Malay side. Therefore, the author first strives to review and cast more light on the general historical knowledge regarding how, and how intensely, the Malay world was involved in this cultural sphere, what particular important shifts and imports occurred during this historical era and what the circumstances of this interaction were. This historical approach will be combined with an attempt at historical linguistics via examining a range of loan-words from Persian into Malay with the aim to define the main spheres of mutual interaction.
  • Article de compte rendu

  • Comptes rendus d'ouvrages