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Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 85, no 3, 2001 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Les hénades de proclus sont-elles composées de limite et d'illimité ? - Gerd van Riel p. 417-432 Un des problèmes fondamentaux du système de Proclus est qu'il semble surgir une contradiction entre son ontologie générale des deux principes (πέρας et ἀπειρία) constituant l'univers, et sa théologie des hénades. Car, en tant qu'unités (et donc divinités), les hénades sont absolument ‘unes', c'est à dire elles ne pourraient aucunement être composées (voir, par ex., Eléments de Théologie, prop. 127). Mais de l'autre côté, comme le limitant et l'illimité se situent au niveau immédiatement en-dessous de l'un absolu, Proclus se voit obligé de conclure que même les hénades se composent de πέρας et ἀπειρία (prop. 159). Comment faut-il concilier alors la nature composée des hénades avec leur unité absolue ? Ou encore, pour reprendre les mots de Nicolaus de Méthone (XIIe s.) dans sa Réfutation des Éléments de théologie de Proclus : πῶς σύνθετοι οἱ θεοί; Tout en acceptant la thèse que les hénades ne constituent pas un niveau séparé, mais qu'elles existent en parallèle avec les différents êtres (à chaque niveau d'êtres divins correspond une classe d'hénades, et les deux séries sont totalement coextensives), l'article présent offre une solution au problème soulevé dans la direction suivante. Vu que Proclus emploie la terminologie des hénades en traitant des principes de limité et d'illimité, il est raisonnable d'accepter la thèse qu'à chaque niveau d'existence divine les hénades sont une modalité de πέρας, qui porte en soi une puissance cachée à produire les êtres, l'ἀπειρία.Are Proclus' Henades Composed of Limit and Unlimitedness ?
One of the fundamental problems with Proclus' system is that a contradiction seems to arise between his general ontology by which two principles (πέρας et ἀπειρία) make up the universe, and his theology of henades. As units, henades are therefore divinities, or “ones” absolutely, and thus could never be compositions (cf. for example Elements of Theology, Prop. 127). On the other hand, since that which limits and that which is unlimited are found at the level just below an absolute One, Proclus is forced to conclude that even henades are composed of πέρας and ἀπειρία (Prop. 159). How then is one to reconcile the composite nature of henades with their absolute unity ? Or, in the words of Nicolaus of Methone (12th cent.) in his Refutation of Proclus' Elements of Theology : πῶς σύνθετοι οἱ θεοί;While accepting the thesis that henades do not constitute a separate level but exist parallel to different beings (a class of henades corresponds to each level of divine beings, and both series are totally coextensive), the present article proposes solving the problem this way : since Proclus uses the terminology of henades when discussing the principles of limit and unlimitedness, one can reasonably accept the thesis that at each level of divine existence, henades are a modality of πέρας that carries in itself a power to produce beings : i.e. the ἀπειρία. - Thomas et la modernité : Un point de vue spéculatif sur l'histoire de la métaphysique thomiste - Emmanuel Tourpe p. 433-460 La doctrine philosophique de T. d'A. est indéniablement marquée par une tendance intellectualiste à l'abstraction et à l'isolement de la pensée théorique par rapport à la raison pratique. Néanmoins, cette inclination qui n'est pas décisive en regard de l'intention thomasienne totale, a été accentuée par les commentateurs de la Renaissance, puis par leurs héritiers néothomistes. Ceux-là comme ceux-ci ont secrètement participé du règne de l'abstractio entis moderne qui s'est ouvert contre Thomas depuis Occam et Scot – si bien que paradoxalement l'antimodernisme affirmé des ténors du premier néothomisme se révèle être secrètement gouverné par les options les plus fondamentales de l'adversaire supposé. C'est d'abord sous l'impulsion de M. Blondel que les héritiers de saint Thomas ont renoué avec l'originalité spécifique du Docteur angélique, que ne parvient pas à recouvrir son penchant pour le concept : Rousselot et ses héritiers sont ainsi parvenus à mettre en lumière la dimension dynamique et pratique foncière de l'épistémologie thomasienne. L'influence de Heidegger fut également décisive pour la redécouverte du prius absolu de l'être sur la pensée dans la théorie thomasienne de la connaissance, ainsi chez Gilson et Siewerth. Il n'y aura pas d'avenir du thomisme sans continuation de cette double voie qui a permis de sortir Thomas de l'abstraction moderne dans laquelle le premier néothomisme avait jeté sa métaphysique en la réduisant à une épistémologie objectivante.Thomas and Modernity
Thomas Aquinas' philosophical doctrine is undeniably marked by an intellectualist tendancy towards abstraction and the isolation of theoretic thought with regard to practical reason. Nevertheless, this penchant, which is not decisive when considering the Thomasian intention as a whole, was emphasized by the Renaissance commentators, followed by their neothomist heirs. Both secretly participated of the reign of the modern abstractio entis against Aquinas that began with Occam and Scot. Thus this paradox: the antimodernist claims of the tenors of the first neothomism are shown to be secretly governed by the most fundamental options of the supposed enemy. Beginning with M. Blondel, Saint Thomas' heirs took up again with the Angelic Doctor's originality that his penchant for concept cannot overshadow, and thus Rousselot and his heirs were able to bring to light the basically dynamic and practical dimension of Thomasian epistemology. Heidegger's influence was likewise decisive in rediscovering the absolute prius of being over thought in the Thomasian theory of knowing, as in Gilson and Siewerth. There is no future for Thomism without the continuation of this double path that has allowed Aquinas to be delivered from modern abstraction into which the first neothomism had thrown his metaphysics by reducing it to a quiddifying epistemology. - Les évêques, les Églises locales et l'Église entière : Évolutions institutionnelles depuis Vatican II et chantiers actuels de recherche - Hervé Legrand p. 461-509 Essai de bilan du traitement théologique et canonique de l'épiscopat à Vatican II et surtout depuis. Le relatif insuccès de la doctrine de la collégialité s'expliquerait par une corrélation insuffisamment explorée entre collège des évêques, communion des Églises et primat, dans un cadre où la théologie des Églises régionales n'avait été qu'esquissée. Ce diagnostic désigne autant de chantiers théologiques qui ont des implications tant pastorales qu'œcuméniques et institutionnelles, qui pourraient retenir l'attention du prochain synode romain sur l'épiscopat.The Bishops, the Local Church, and all the Church
Evaluates theological and canonical treatment of Episcopacy by Vatican II and especially since. The partial failure of the doctrine of collegiality could be explained by insufficient in-depth study of the correlation between the college of Bishops, communion of Churches and Primacy in a context where a theology of regional churches was merely outlined. Whence a number of theological field projects of pastoral, ecumenical and institutional import that might be considered at the upcoming Roman Synod on Bishops.
- Les hénades de proclus sont-elles composées de limite et d'illimité ? - Gerd van Riel p. 417-432
Notes
- La nature du pouvoir selon Hannah Arendt : Du ‘pouvoir-sur' au ‘pouvoir-en-commun' - Bernard Quelquejeu p. 511-527 Rompant avec la quasi-unanimité de la philosophie occidentale, de Platon à Marx, laquelle a conçu le pouvoir en termes de pouvoir-sur, de domination de l'homme sur l'homme, H. A. propose de le penser autrement, comme expression de l'aptitude d'un groupe à agir en condition de pluralité de façon concertée, et donc comme pouvoir-en-commun. L'A. différencie soigneusement le pouvoir, qui trouve en lui-même sa propre fin, d'avec la violence, d'ordre instrumental, qui n'est jamais légitime, et d'avec l'autorité, qui présuppose la reconnaissance inconditionnelle et le respect. Elle se demande finalement si tout pouvoir peut se passer du facteur de durabilité qu'est l'autorité d'une fondation.The Nature of Power According to Hannah Arendt
In breaking with the near unanimity of Western Philosophy which, from Plato to Marx, had conceived of power in terms of "power over," of a domination of humans over humans, H. A. proposes instead to think of power as an expression of a group's aptitude to act in a pluralistic environment and in concert, thus as power in common. The A. takes care to distinguish power as an end in itself, from violence of an instrumental order which is never legitimate, and from Authority which presupposes unconditional recognition and respect, wondering in the end if all power can do without the durability factor that is the authority of a foundation
- La nature du pouvoir selon Hannah Arendt : Du ‘pouvoir-sur' au ‘pouvoir-en-commun' - Bernard Quelquejeu p. 511-527
Bulletins
- Bulletin de philosophie de la religion - Jean Greisch p. 529-565
- Bulletin de Liturgie - Pierre-Marie Gy p. 567-614
Recension des revues
- Recension des revues - p. 615-639
- Notices bibliographiques - Jean-Pierre Jossua p. 640