Contenu du sommaire : Stratégies de croissance, emploi et protection sociale

Revue Revue française des Affaires sociales Mir@bel
Numéro no 1, janvier-mars 2016
Titre du numéro Stratégies de croissance, emploi et protection sociale
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier thématique : Stratégies de croissance, emploi et protection sociale

    • Avant-propos - Bruno Palier, Romain Roussel p. 7-34 accès libre
    • La montée en puissance des machines : comment l'ordinateur a changé le travail - David Dorn p. 35-63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les ordinateurs et les robots sont en train de révolutionner l'organisation du travail. La multiplication des possibilités d'automatisation des tâches fait craindre une raréfaction des opportunités d'emploi pour les travailleurs et une augmentation du chômage. Toutefois, les éléments de preuve empiriques existants démontrent qu'évolution des technologies ne rime pas systématiquement avec chômage de masse. En dépit des grandes avancées technologiques intervenues depuis la révolution industrielle, l'emploi a progressivement décliné. Or l'accroissement du recours aux ordinateurs et aux robots lors des quatre dernières décennies a modifié la composition du marché du travail : alors que de nombreux postes administratifs et productifs associés à un salaire intermédiaire ont été remplacés par la technologie, l'emploi a augmenté dans les métiers spécialisés, pour les postes de direction à haut salaire et également pour les postes du secteur tertiaire associés à un faible salaire. En résulte une polarisation du marché du travail largement observée dans les pays développés.
      The Rise of the Machines: How Computers Have Changed Work. Computers and robots are transforming the structure of the workplace. The increasing ability to automate jobs raises the fear that job opportunities for workers will become scarcer, and unemployment will increase. However, the available empirical evidence suggests that technological change does not systematically cause mass unemployment. Despite dramatic technological improvements since the Industrial Revolution, employment has seen a steady decline. However, the increased use of computers and robots over the last four decades has changed the composition of the labor market : while many production and clerical jobs in the middle wage bracket have been replaced by technology, employment has grown in specialist fields and highly paid managerial and professional occupations, as well as in low paid tertiary sector jobs. The result is a polarization of the labor market that is widely observed across developed countries.
    • Inégalité des revenus et protection sociale : les enseignements de l'analyse internationale de l'OCDE - Michael Förster, Céline Thévenot p. 65-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'écart entre riches et pauvres s'est considérablement creusé depuis trois décennies dans les pays de l'OCDE. Cet accroissement des inégalités est largement imputable à des évolutions structurelles du marché du travail et de la distribution des salaires. Dans plusieurs pays, des évolutions sociétales telles que la réduction de la taille des foyers ou la plus grande homogamie sociale ont également joué un rôle, de moindre ampleur toutefois. Enfin, la redistribution s'est affaiblie dans la moitié des pays de l'OCDE, notamment à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Ce creusement de long terme des inégalités de revenus suscite non seulement des inquiétudes de nature sociale et politique, mais il engendre également des préoccupations d'ordre économique : les inégalités de revenus ont tendance à peser sur la croissance du produit intérieur brut (PIB), sous l'effet de la distance toujours plus grande entre les 40 % les plus pauvres et le reste de la population. Les approches politiques à envisager peuvent se regrouper autour de quatre axes : le rôle de l'éducation, la poursuite de l'égalité femmes-hommes, la création d'emplois qui soient avant tout d'une qualité suffisante et le rôle des dispositifs de redistribution.
      Inequality in income and social protection: the lessons of the OECD's international analysis. The gap between rich and poor in OECD countries has widened considerably over the last three decades. That growth in inequality is largely attributable to structural changes in the labour market and to the distribution of salaries. In several countries, societal changes, such as a fall in household size and greater social homogamy, have also played a role, albeit to a lesser extent. Finally, redistribution weakened in half of OECD countries, especially at the end of the 1990s and the start of the 2000s. That long-term increase in income inequality raises social and political concerns, as well as economic ones : income inequality tends to weigh down on GDP growth, under the effect of the ever-greater gap between the 40% poorest and the rest of the population. Political approaches to be considered can be grouped around four themes : the role of education, the continuing search for equality between women and men, the creation of jobs that are, above all else, of sufficient quality, and the role of redistribution arrangements.
    • Qu'adviendra-t-il après la disparition du keynésianisme privé ? - Colin Crouch p. 93-110 accès libre
    • Le modèle nordique en période de crise : est-il toujours capable de s'adapter ? - Jon Erik Dølvik p. 111-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après la grande crise du début des années 1990, les pays nordiques ont réformé leur modèle et ont rapidement retrouvé la croissance. Champions de l'efficacité économique comme de l'équité dans les années 2000, ils ont également bien résisté à la crise économique après 2008. Ces deux crises étaient dues à des échecs en matière de politique économique et financière et non à un modèle social. Dans les années 1990, de grands changements ont été décidés pour coordonner les politiques économiques et les salaires, sauf au Danemark, où les dévaluations ont favorisé les exportations et donc la reprise économique. En consolidant leurs budgets et en redynamisant leur demande intérieure, les pays nordiques ont investi dans des politiques d'éducation et d'emploi pour préserver leur modèle social. Les politiques d'activation ont le plus souvent pu perdurer, à certaines conditions, le taux de chômage a plongé et les inégalités sont restées limitées. Fortement touchés par la crise de 2008, les pays nordiques ont pu poursuivre des politiques légèrement contra-cycliques et se redresser grâce aux réformes mises en œuvre avant la crise et à des finances publiques solides. Hors de la zone euro, la Suède et la Norvège ont, elles, tiré profit de dévaluations décidées dès le début de la crise. La Finlande et le Danemark ont subi des périodes de déclin plus importantes – le Danemark en raison de l'éclatement de sa bulle spéculative –, mais tous les pays nordiques, à l'exception de la Finlande, s'acheminaient vers une reprise en 2014. Cependant, une certaine instabilité politique, le vieillissement et la plus grande diversité de la population ainsi que la hausse du taux de chômage ont suscité de nouvelles incertitudes quant à la façon dont les pays nordiques devront adapter leur modèle social dans le futur.
      The Nordic Models in Turbulent Times: Still able to adapt ? After a massive crisis in the early 1990s, Nordic countries adjusted their models and recovered swiftly. Topping rankings of efficiency and equity in the 2000s, they also weathered the Great Recession of 2008 quite well. Both crises emanated from financial and economic policy-failures, not from the social models. In the 1990s, major changes were made in economic policies and wage coordination, while, except in Denmark, currency depreciations spurred export-driven recoveries. Consolidating budgets and restoring domestic demand, the Nordic countries invested in education and work policies to preserve their social models. Under certain conditions, activation policies were more often able to drive unemployment downwards, and inequalities remained limited. Hard hit by the 2008 crisis, Nordic countries could – thanks to former adjustments and strong public finances – pursue moderately countercyclical policies and recover. As they were outside the Euro zone, Sweden and Norway benefited from initial currency depreciations. Finland and Denmark experienced more severe declines – in Denmark this was due to its speculative bubble bursting – but by 2014 recovery seemed underway in all Nordic countries, except Finland. However, faced with certain political uncertainty, older and more diverse populations and higher unemployment rates, new uncertainty about how Nordic countries will be able to adapt their future social model has grown.
    • Le modèle allemand en transition - Anke Hassel p. 141-161 accès libre
    • L'accueil de la petite enfance en France et dans les pays de l'OCDE : une politique d'investissement social ? - Olivier Thévenon p. 163-188 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine la situation de la France en matière de politique d'accueil de la petite enfance en comparaison avec les autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). On examine les caractéristiques françaises du point de vue de l'ampleur des investissements réalisés en matière d'accueil, de la couverture globale des services et des principes structurant cette offre. La très grande diversité des modes d'accueil, politiquement soutenue, se combine à une importante stratification de l'accès à ces différents modes selon le niveau de vie des familles et la situation au regard de l'emploi des parents. La politique d'accueil française est aussi comparée selon des dimensions plus qualitatives visant le personnel en charge de la petite enfance, les normes d'encadrement et de l'organisation administrative de cet accueil. Les bénéfices multiples du développement des services d'accueil de la petite enfance du point de vue des enfants et de la société sont alors présentés. L'investissement réalisé pour cet accueil est comparativement élevé en France du point de vue de la richesse nationale y étant affectée. Néanmoins, la réduction des inégalités d'accès aux différents modes de garde, une priorité plus affirmée aux enfants de familles défavorisées et une plus grande harmonisation de la formation des personnels de la petite enfance pourraient accroitre les bénéfices sociaux et économiques de ce développement.
      Care for young children in France and in OECD countries: a social-investment policy ? This article examines France's situation in relation to policy on care for young children in comparison with the other OECD countries. French characteristics are examined from the point of view of the size of investments made in relation to care, the overall coverage of services, and the principles that structure the offer. The wide variety of politically-supported types of care is combined with a significant degree of stratification of access to those various types, depending on the families' standard of living and the parents' job situation. The French care policy is also compared, according to more qualitative dimensions that cover staff in charge of young children, standards of supervision, and the administrative organisation of that care. The multiple benefits of the development of care services for young children are then presented. The investment made in that care is relatively high in France, from the point of view of national wealth allocated to it. Nonetheless, reducing inequality of access to various types of care, giving greater priority to children from disadvantaged families, and greater harmonisation of training for staff involved with young children could increase the social and economic benefits of that development.
    • Formation du capital humain, croissance et inégalités - Marius R. Busemeyer p. 189-212 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les perspectives des économistes expliquent souvent la hausse des inégalités, observée dans de nombreux pays, par les contraintes sur l'offre de main-d'œuvre hautement qualifiée. Cet article remet en question cette perspective en mettant en lumière l'importance des différences de structures institutionnelles des systèmes d'éducation et de formation entre pays, qui sont liées aux disparités en termes de niveaux d'inégalités socio-économiques. Cet article évalue également dans quelle mesure les systèmes de formation professionnelle sont liés à la croissance économique et au chômage. Il y est argumenté (et démontré de façon empirique) que les systèmes de formation professionnelle en place au sein des économies de marché coordonnées telles que l'Allemagne, qui misent beaucoup sur la formation et l'enseignement professionnels, pourraient ne pas induire des taux de croissance élevés à court terme. Toutefois, ces systèmes encouragent les employeurs à adopter une perspective de long terme dans leurs stratégies en matière de gestions de personnel et de production, contribuant ainsi à la baisse des taux d'emploi et de chômage des jeunes, en particulier en temps de crise.
      Workforce training, growth and inequality. Economist perspectives often explain the recent increase in inequality in many countries via limitations in the supply of high-skilled labor. This paper challenges this perspective, by pointing out the importance of inter-country differences in the institutional design of education and training systems, which are related to the differences in the degree of socio-economic inequality. The paper also evaluates the extent to which professional training programs are related to economic growth and unemployment. It is argued (and shown empirically) that professional training programs in coordinated market economies such as Germany, with a strong focus on vocational education and training, may not be associated with high levels of growth in the short term. However, they encourage employers to adopt a long-term perspective in personnel and production management strategies, contributing to lower levels of unemployment and youth unemployment, in particular during times of crisis.`np pagenum="191"/b

    • Citoyennetés socio-économiques des jeunes et stratégies de croissance : Suède, Allemagne, Royaume-Uni, France - Tom Chevalier p. 213-234 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si la crise a touché les jeunes au premier chef, ceux-ci voient leur sort varier selon les pays : leur taux de chômage est élevé en Europe du Sud comme en France, alors qu'il est plutôt bas en Allemagne par exemple. Ces variations peuvent en partie être comprises en référence aux différentes politiques économiques et sociales nationales à destination des jeunes. Afin de rendre compte des différences entre pays, cet article analyse les modalités de construction de la citoyenneté sociale et économique des jeunes dans différents systèmes éducatifs et de protection sociale. Il propose une typologie pour rendre compte des différentes modalités d'intervention de l'État social pour promouvoir l'indépendance économique et sociale des jeunes. Cette typologie distingue deux types d'accès à la citoyenneté sociale des jeunes, selon la façon dont l'État apporte un soutien monétaire aux jeunes, accès via sa famille ou individualisé, selon que les jeunes sont considérés comme des enfants ou des adultes. Elle distingue ensuite deux types d'accès à la citoyenneté économique, selon la façon dont l'État intervient pour faciliter l'accès des jeunes à l'emploi, via les politiques d'éducation et les politiques de l'emploi, qui peuvent être inclusives ou sélectives, selon que les compétences sont distribuées à tous les jeunes ou seulement à une partie d'entre eux. La comparaison de quatre études de cas (France, Allemagne, Suède et Royaume-Uni) nous permet d'illustrer et de confirmer les régimes de citoyenneté socio-économique des jeunes ainsi élaborés. Ces quatre types d'intervention s'inscrivent en congruence avec les stratégies nationales de croissance.
      Socio-economic citizenship for young people and growth strategies: Sweden, Germany, the United Kingdom, and France. If the crisis has affected young people most of all, their fate very much varies depending on the country. Youth unemployment is high in both Southern Europe and in France, whereas it is much lower in Germany, for example. These variations can partly be understood by looking at national economic and social policies aimed at young people. In order to account for differences between countries, this article analyses the terms on which social and economic citizenship for young people is built within various educational and social-protection systems. It offers a typology to account for the varying terms of intervention by the state to promote economic and social independence amongst young people. This typology distinguishes between two types of access to social citizenship by young people, depending on how the state provides financial support to young people, whether on a family basis or an individual basis, depending on whether the young people are considered as being children or adults. It goes on to distinguish between two types of access to economic citizenship, depending on the manner in which the state intervenes to facilitate access to jobs for young people, via education policies and employment policies, which can be inclusive or selective, depending on whether skills are distributed across all young people or only some of them. The comparison of four case studies (France, Germany, Sweden, and the United Kingdom) allows us to illustrate and confirm the socio-economic citizenship regimes for young people that are thus put in place. These four types of intervention are in line with the national growth strategies.
    • Les enjeux de la protection sociale et de l'accumulation patrimoniale. Constats, idéologies, voies de réformes - André Masson p. 235-261 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La France, comme d'autres pays de la zone euro, est confrontée aux difficultés de financement à terme de son État-providence, qui risquent notamment de peser sur le sort des retraités futurs, et à une « patrimonialisation » croissante de son économie qui se traduit par une concentration croissante de l'épargne aux mains des plus âgés – trop souvent sous forme d'une réserve de valeur peu risquée. Aggravés par l'allongement de l'espérance de vie, ces deux phénomènes créent un déséquilibre entre les générations au bénéfice des aînés et entravent les possibilités de croissance. Les discours dominants des différentes générations reflètent assez fidèlement ces tensions, mais constituent trop souvent des plaidoyers pro domo, liés d'abord à la position occupée sur le cycle vie. Les remèdes envisageables à la situation actuelle reposent eux-mêmes sur des présupposés métaphysiques, s'inscrivant dans le triangle idéologique constitué par les trois visions polaires du social : libre agent, égalité citoyenne, multi-solidaire. S'agissant des transferts sociaux, faut-il ainsi renforcer les liens de dépendance entre générations dans le cadre d'une solidarité intergénérationnelle bien comprise ou miser sur d'autres principes directeurs, telles la liberté de choix et la responsabilité individuelle des agents ou l'équité entre citoyens et entre générations ? Sur le plan patrimonial, nous avons proposé des « deals » solidaires qui associent un accroissement de la fiscalité à des contreparties positives pour les épargnants : une taxation plus lourde et progressive des seuls héritages familiaux serait ainsi compensée par la multiplication des moyens offerts pour échapper à cette surtaxe successorale – par la donation à la famille ou aux œuvres, la consommation du patrimoine sur les vieux jours ou l'investissement dans des actifs plus longs et risqués. Plus généralement, ces deals solidaires visent à faire participer le trésor patrimonial des seniors à un financement durable et plus équilibré de l'éducation et de la protection sociale.
      The challenges of social protection and the accumulation of wealth: findings, ideologies, and paths of reform. Like other Eurozone countries, France is faced with long-term difficulties in financing its welfare state (difficulties that may specially have a negative effect on future retirees), and with a growing weight of wealth in its economy, a process that takes the form of a growing concentration of savings in the hands of the eldest people, all too often in the form of a store of value with little risk. Aggravated by increasing life expectancy, those two phenomena create an imbalance between generations to the benefit of the older generation, and restrict possibilities for growth. The dominant discourses of various generations are a fairly close reflection of these tensions, but all too often, they are pro domo pleas that are linked, first of all, to the position occupied in the life-cycle. Possible remedies to the current situation are themselves based on “metaphysical” presuppositions, and they fall within the ideological triangle formed by the`np pagenum="237"/b three polar visions of the social state : free agent, equal citizenship, and multiple solidarity. In the case of social transfer, is it necessary to strengthen the dependence links between generations as part of a judicious intergenerational solidarity or should there be reliance on other guiding principles, such as freedom of choice and individual responsibility for agents, or equality between citizens and generations ? At the wealth level, we have put forward “solidarity deals” that combine an increase in taxation with positive outcomes for savers : a heavier and more progressive taxation of family inheritances alone family inheritances counterparts lone would thus be “balanced out” by an increase in the means offered to escape that inheritance surcharge by gifts to family or charities, by using up equity during the twilight years, or by making longer-term, riskier investments. More generally, these “solidarity deals” aim to make the “nest egg” held by elderly people involved in sustainable and more balanced financing of education and of social protection.
    • Les « services à la personne » en France. L'impasse de stratégies univoques de croissance économique - Florence Jany-Catrice p. 263-278 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les stratégies de croissance économique, visant l'élargissement des frontières du marchand à des activités d'action sociale. À partir d'une analyse du plan de développement des services à la personne de 2005, il présente les fondements cognitifs qui ont légitimé ce plan, en particulier les nouveaux besoins liés au vieillissement de la population et à la féminisation de l'emploi. Notre analyse montre que l'homogénéité des services à la personne tient d'une fiction entretenue par divers dispositifs concrets. Ce plan et ces dispositifs ont ainsi conduit à des réorganisations industrielles assez drastiques, avec une introduction très rapide des entreprises commerciales dans le monde de la domesticité comme dans celui de l'action sociale.
      Home care services” in France: a stalemate in clear strategies for economic growth. This article analyses strategies for economic growth, with the aim of widening the scope of the marketplace to social care activities. Based on an analysis of the 2005 development plan for home care services, it presents the cognitive foundations that justified this plan, in particular the “new” needs relating to an ageing population and a larger proportion of women who work. Our analysis shows that the homogenous nature of “home care services” is based on a fiction built upon a range of concrete arrangements. This plan and these arrangements have led to fairly drastic industrial restructuring, with the very swift arrival of commercial businesses in both the world of domestic and social care.
  • Points de vue

  • Autres thèmes

    • Devenir à long terme de très jeunes enfants placés à l'Aide sociale à l'enfance - Daniel Rousseau, Élise Riquin, Mireille Rozé, Philippe Duverger, Patrick Saulnier p. 343-374 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La recherche Saint-Exupéry. 2011-2014 décrit le devenir sur 20 ans de 129 enfants ayant bénéficié, avant l'âge de 4 ans, d'un placement dans un établissement de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) du département de Maine-et-Loire (49). Les biographies exhaustives de ces enfants ont été reconstituées depuis leur naissance jusqu'à leur majorité. La morbidité personnelle à l'admission est très forte (mauvais état général, souffrance psychique) dans un climat familial souvent très perturbé (nombreux enfants placés dans la fratrie, troubles psychiatriques parentaux). Tous les enfants progressent ensuite, mais en ordre dispersé. Les enfants dont la gravité de l'état à l'admission est importante et pour lesquels les décisions de placement ont été prises après un long délai, progressent le moins bien. La recherche met en évidence plusieurs déterminants péjoratifs du devenir, notamment la gravité et la durée de l'exposition au risque. À l'âge adulte, un quart des enfants conservent un handicap psychique et une inadaptation sociale et sont dépendants des prestations sociales. À l'opposé, un autre quart évolue favorablement ; il s'agit d'enfants pris en charge suffisamment tôt, avec des troubles somatiques et psychologiques encore réversibles. La recherche met aussi en évidence des facteurs protecteurs, notamment une prise en charge précoce. Les évolutions péjoratives paraissent donc pouvoir être réduites en améliorant le dépistage et en développant cette prise en charge précoce.
      The long-term life of very young children placed with Aide Sociale à l'Enfance. The 2011-2014 research work done by Saint-Ex. (IRT Saint-Exupéry (Institut de Recherche Technologique Saint-Exupéry) - Saint-Exupery Technological Research Institute) describes the life of 129 children over a 20-year period who, before the age of 4, were placed in an establishment under the care of Aide Sociale à l'Enfance (Children's Welfare) of Maine-et-Loire Department (department number 49). The complete biographies of these children have been recreated, from birth to adulthood.
      On admission, individual morbidity was very high (poor general health and mental suffering) in a family environment that was often disrupted (several family members placed in care, and parents with psychiatric issues). All of the children made subsequent progress, however to varying degrees. The least progress was made by children who, on admission, were in a considerably worse state, and for whom the decision for them to be placed into care was taken after a long time.
      The research highlights several determining factors that have a negative effect on life outcomes, and in particular the severity and duration of exposure to risk. Upon reaching adulthood, one quarter of the children continued to suffer from a mental disorder and social maladjustment, and were dependent on social benefits. However, one quarter made favourable progress, and were those who were taken into care early enough, with somatic and psychological disorders that could still be reversed. The research also highlights protective factors, such as early placement in care. Negative changes thus appear to be minimised by improving screening and by encouraging early placement in care.
    • Les déterminants de l'opinion des médecins généralistes sur la délégation de tâches vers les infirmiers de leur cabinet - Emin Agamaliyev, Fanny Mikol, Thierry Prost p. 375-404 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Des nouvelles formes de coopération entre les médecins généralistes libéraux et les infirmiers se développent en France, souvent dans le cadre d'expérimentations. La vision des professionnels de santé sur les modalités de cette coopération n'est pas uniforme. À partir des résultats de deux enquêtes réalisées auprès du panel des médecins généralistes, cet article étudie les déterminants de la disposition à déléguer des médecins selon trois scénarios de financement de l'infirmier : la rémunération intégrale par l'assurance maladie, la rémunération mixte (50 % par l'assurance maladie et 50 % par les revenus du cabinet) et la rémunération intégrale par les revenus du cabinet. Tous scénarios confondus, un tiers des médecins généralistes seraient favorables à la délégation d'une ou plusieurs tâches vers un infirmier de leur cabinet. Néanmoins, ce résultat varie sensiblement selon le mode de financement de l'infirmier : les médecins seraient d'autant plus favorables au transfert d'activité que celui-ci est rémunéré par l'assurance maladie (60 % d'entre eux), alors que lorsque l'infirmier est intégralement rémunéré par les revenus du cabinet, seuls 17 % des avis seraient favorables. Nos analyses suggèrent également l'émergence de deux modèles de coopération entre les médecins généralistes libéraux et les infirmiers. Un premier modèle, pour lequel opte la majorité des médecins qui seraient favorables à la délégation, prévoit une délégation d'activités liées à l'accompagnement des patients et au suivi des maladies chroniques (éducation thérapeutique, accompagnement des patients lors de l'arrêt de la consommation de tabac, etc.). Un deuxième modèle beaucoup plus minoritaire semble aussi émerger de médecins favorables à une délégation plus large d'activités y compris des actes techniques (le frottis cervical) ou la prescription d'hémoglobine glyquée (HbA1c).
      Factors determining private general practitioners' opinion on delegating tasks to practice nurses. New forms of cooperation between private general practitioners and nurses are developing in France, often through experimentation. The opinion of healthcare professionals about how this cooperation will work is not unified. From the results of two surveys carried out on a panel of GPs, this paper investigates the deciding factors concerning the willingness to delegate, based on three nursing funding scenarios : the full fee paid by the health insurance company, the full fee paid from the GP practice revenues and mixed funding (50% from the health insurance company and 50% from GP practice revenues). Irrespective of the type of funding, one third of GPs are in favor of delegating one or more tasks to a practice nurse. Nevertheless, this result varies depending on the way the nurse is funded : GPs are most inclined to transfer an activity when it is paid for by the Health Insurance Company (60%), whereas when the nurse is fully paid for from practice revenues, only 17% of opinions are favorable. Our analyses also suggest the emergence of two cooperation models between GPs and nurses. The first model, chosen by the majority of GPs who are in favor of delegation, describes transferring support-related activities and the monitoring of patients with chronic diseases (patient education, patient support when stopping smoking, etc.). A second model, which is less common, appears to show doctors in favor of delegating a broader range of activities, including technical procedures (cervical smear tests) or glycated hemoglobin determination (HbA1c).
    • La création de Pôle emploi : entre spécificités françaises et déclinaisons de standards internationaux - Jean-Marie Pillon, Claire Vivés p. 405-424 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les objectifs politiques attribués à la fusion de l'indemnisation et du placement des chômeurs survenue en France en 2008. En resituant la création de Pôle emploi dans le temps long des politiques de lutte contre le chômage et sur un espace plus étendu que le seul territoire français, le texte souligne combien les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) partagent une interrogation commune en matière d'emploi : comment articuler les missions d'indemnisation et de placement des chômeurs pour maximiser le retour à l'emploi. La naissance de Pôle emploi est une réponse institutionnelle qui mobilise différents répertoires disponibles, néanmoins combinés de façon nouvelle à l'échelle du cas français. La réforme qui lui a donné naissance repose sur la rationalisation de l'administration et de l'organisation des activités du Service public de l'emploi (SPE) en vue d'approfondir l'activation des demandeurs d'emploi. La création de cette institution redéfinit de ce fait la répartition des pouvoirs entre acteurs du SPE et des fonctions entre les organismes qui le composent.
      Setting up the Pôle Emploi : between French specificities and international standards. This article analyses the political objectives attributed to the 2008 merger in France between paying unemployment benefits and job counselling for the unemployed. By re-introducing the setting-up of Pôle Emploi (National Employment Agency, France) into long-term anti-unemployment policies, and across an area wider than just the French territory, this paper highlights the extent to which OECD countries share a common question when it comes to unemployment : how to link the task of paying unemployment benefits and the task of finding jobs for unemployed people, in order to maximise the return to employment. The creation of Pôle Emploi is an institutional response that mobilises various available resources, which are nonetheless combined in a new way in the French case. The reform that gave rise to the Pôle Emploi is based on rationalising the administration and organisation of the activities of the Public employment services (PES) with a view to deepening job seekers' involvement. Through the creation of this institution, the balance of power between stakeholders in the SPE, and the distribution of functions between the bodies that it is composed of are redefined.