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Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 89, no 4, 2005 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- De l'éthique de la sagesse à l'éthique de la liberté : La doctrine de la liberté d'Augustin à la lumière de ses sources philosophiques antiques - Kristell Trego p. 641-653 Si la notion de libre arbitre émerge en terre chrétienne, Augustin ne fait droit à cette exigence de sa foi qu'en retravaillant ses sources philosophiques de telle manière qu'elles puissent rendre compte de ce thème étranger à leur univers conceptuel. C'est paradoxalement la conception antique de la liberté du sage comme liberté de l'âme, ou de l'intellect, à l'égard du corps, qui est réinvestie dans la conception augustinienne du libre arbitre comme pouvoir du bien, mais aussi du mal : Augustin aurait ainsi retravaillé « l'éthique de la sagesse » dont il a hérité pour en faire une « éthique de la liberté ». La distinction entre le liberum arbitrium et la libertas se conçoit dans cette perspective non pas comme une hésitation problématique entre deux déterminations contradictoires de la liberté, mais comme témoignant de la constante présence de la conception antique de la liberté à l'arrière-plan des analyses d'Augustin.If the notion of free will emerges in Christian territory, Augustine does justice to this demand of his faith only in reworking his philosophical sources such that they may give an account of this theme foreign to their conceptual universe. It is paradoxically the ancient concept of the freedom of the wise as freedom of the soul, or of the intellect, with respect to the body, that is reinvested in the Augustinian concept of free will as the power of good, yet also of evil : Augustine will have thus reworked « the ethic of wisdom » he inherited to make of it an « ethic of freedom ». The distinction between liberum arbitrium and libertas is conceived in this perspective, not as a problematic hesitation between two contradictory determinations of freedom, but as witnessing to the constant presence of the ancient concept of freedom in the background of Augustine's analyses.
- Expérience et empathie chez Bernard de Clairvaux - Emmanuel Falque p. 655-696 L'expérience et l'empathie définissent deux grandes quêtes de la phénoménologie contemporaine, l'une chez Edmond Husserl et l'autre chez Max Scheler. Dans un tout autre ordre et selon une tout autre perspective, Bernard de Clairvaux fait néanmoins ici figure de pionnier : dans sa conceptualisation de l'experientia d'une part et sa réflexion autour de la compassio d'autre part. Loin de toujours dénoncer négativement la métaphysique, on s'attachera ici à montrer en quoi, positivement cette fois, la mystique ouvre vers un autre « type de discours » et déploie des « possibles » à réinterroger pour aujourd'hui. Appuyés sur une relecture des Sermons sur le Cantique et du Traité de l'amour de Dieu, la mise en œuvre du « champ de l'expérience », la nouveauté du « langage de l'affect », et « l'empathie amoureuse » de l'homme à Dieu, constituent ainsi les différents temps d'une possible redécouverte philosophique de la mystique cistercienne pour notre temps.Experience and empathy define two great quests of contemporary phenomenology, one in the thought of Edmond Husserl, the other in the thought of Max Scheler. In an altogether different order and according to an altogether different perspective, Bernard of Clairvaux appears here as the pioneer: in his conceptualization of experientia on the one hand and his reflection upon compassio on the other. Far from pursuing a negative denunciation of metaphysics, we will attempt to show here how, positively in this instance, metaphysics opens upon another « type of discourse » and displays the « possibles » to be reexamined today. Supported by a rereading of the Sermons on the Canticle and the Treatise on the Love of God, the application of the « field of experience », the novelty of « language of affect », and man's amorous empathy » with God, thus constitute the different moments of a possible philosophical rediscovery of Cistercian mysticism for our time.
- Phénoménologie herméneutique et philosophie des sciences : La théorie ricœurienne du texte peut-elle aider à penser la construction des concepts en physique ? - Masaki Harada p. 697-712 P. Ricœur établit une relation méthodologique entre l'épistémologie et la phénoménologie herméneutique, en considérant l'épistémologie comme une médiation entre la phénoménologie et l'herméneutique. Cette considération de l'épistémologie en tant que médiation est profondément liée à la notion spécifique de « texte » chez P. Ricœur. Cet article montre que même si la philosophie de Ricœur ne traite pas de l'épistémologie des sciences de la nature, celle-ci peut être approfondie par une phénoménologie herméneutique : la phénoménologie éclaire la naissance du réseau conceptuel d'une théorie; l'épistémologie éclaire sa structure intérieure; l'herméneutique éclaire son interprétation et la liaison avec la réalité physique.P. Ricœur establishes a methodological relationship between epistemology and hermeneutical phenomenology, considering epistemology as mediation between phenomenology and hermeneutics. Ricœur's consideration of epistemology as mediation is profoundly related to his specific notion of text. This paper shows that even if Ricœur's philosophy does not refer to the epistemology of natural sciences, the latter can be deepened by hermeneutical phenomenology : phenomenology clarifies the birth of a conceptual network of a theory; epistemology clarifies its internal structure; hermeneutics clarifies its interpretation and its relation with physical reality.
- De l'éthique de la sagesse à l'éthique de la liberté : La doctrine de la liberté d'Augustin à la lumière de ses sources philosophiques antiques - Kristell Trego p. 641-653
Notes
- La foi du Christ dans la théologie de Saint Paul - Paul-Dominique Dognin p. 713-728 Le concept paulinien de « foi du Christ » est loin d'être largement accepté. Les objections qu'on lui oppose sur la seule base d'une analyse des textes sont notoirement insuffisantes. La vraie raison du refus est l'option théologique que voici : « le rapport de Jésus à son Père est d'un autre ordre que le nôtre » (A. Vanhoye). On en arrive ainsi à occulter ce qui semble être l'une des composantes majeures de la Croix et l'on se prive d'une « clef de lecture » qui ouvre à l'intelligence de nombreux passages tels que : Rm 1,16; 3,27; Ga 3,1-2; 3,22-26; Rm 1,11-12; I Tm 1,4; Rm 3,25.The Pauline concept of « faith of Christ » is far from being widely accepted. The objections most often raised against it solely on the basis of textual analysis are notoriously inadequate. The true reason for rejecting it is the following theological option :« Jesus' relation with his Father is of an order other than ours » (A. Vanhoye). As a result, we manage to hide one of the major elements of the cross and deprive ourselves of an interpretative key for unlocking numerous passages, such as Rm 1,16; 3,27; Ga 3,1-2; 3,22-26; Rm 1,11-12; I Tm 1,4; Rm 3,25.
- La foi du Christ dans la théologie de Saint Paul - Paul-Dominique Dognin p. 713-728
Bulletins
- Bulletin d'histoire des doctrines médiévales : Les XIVe et XVe siècles (ii) - Paul J. J. M. Bakker p. 729-762
- Bulletin d'histoire des ésotérismes - Jérôme Rousse-Lacordaire p. 763-792
- Recension des revues - p. 793-817
- Notices bibliographiques - p. 818-822