Contenu du sommaire
Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
---|---|
Numéro | Tome 91, no 4, 2007 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Logos, logique et « sigétique » : Le dépassement du langage métaphysique entre les écritures et la gnose - Martina Roesner p. 633-649 Cet article entend revenir sur le rôle exact que joue, dans le néopositivisme comme dans la phénoménologie heideggérienne, le rapport entre le langage et le silence dans le cadre des projets respectifs d'un « dépassement de la métaphysique ». À la conception purement logique du silence dans le néopositivisme répond chez le premier Heidegger, la brisure du langage apophantique par un silence enraciné dans certains phénomènes existentiaux comme l'angoisse et, chez le Heidegger du début des années 1930, le silence inaugural précédant la fondation événementielle du langage par les poètes qui accueillent la parole des dieux pour la transmettre au peuple. Si cette dernière conception du langage s'apparente à certains égards à la signification vétérotestamentaire du logos theoû, le Heidegger des Beiträge zur Philosophie (1936-1938) conçoit le rapport entre le silence et le langage selon le schéma à la fois non-philosophique et non-biblique de la « sigétique ». Nous entendons montrer jusqu'à quel point cette notion heideggérienne peut être lue comme une référence à la pensée gnostique et dans quelle mesure elle se distingue néanmoins du système de la gnose ancienne.This article intends to return to the exact role played, in neopositivism as in Heideggerian phenomenology, by the relation between language and silence within the framework of respective projects of « overcoming metaphysics ». Neopositivism's purely logical conception of silence finds a reply, in the early Heidegger, in the fissure of apophantic language by a silence rooted in certain existential phenomena, such as anxiety, and, in the Heidegger of the early 1930's, the inaugural silence preceding the factual foundation of language by the poets who receive the word of gods in order to transmit it to people. If this last conception of language in certain respects resembles the Old Testament signification of logos theoû, the Heidegger of the Beiträge zur Philosophie (1936-38) conceives of the relation between silence and language according to the simultaneously non-philosophical and non-biblical schema of « sigetics ». We intend to show the extent to which this Heideggerian notion may be read as a reference to gnostic thought and the degree to which it is nonetheless distinct from the ancient system of gnosis.
- La Métaphysique d'Aristote dans le Commentaire de Thomas d'Aquin au Ier livre des Sentences de Pierre Lombard : Quelques exemples significatifs - Marta Borgo p. 651-692 L'autorité la plus citée par Thomas d'Aquin dans son Commentaire des Sentences de Pierre Lombard est celle d'Aristote. Mais que tirer de cette observation quant à la connaissance que Thomas aurait eue de la doctrine et des écrits du Philosophe? En considérant le cas des citations de la Métaphysique dans le Commentaire du Ier livre, on engage une réflexion sur la façon dont Thomas lit, interprète et utilise Aristote au début de sa carrière. À partir d'une analyse des questions historiques et méthodologiques soulevées par ce sujet, une série d'exemples significatifs est prise en considération. On montre ainsi que le jeune Thomas maîtrise déjà fort bien la Métaphysique d'Aristote.Aristotle is the most quoted author in Aquinas' Commentary on Peter Lombard's Sentences. But what are we make of this information with regards to Aquinas' knowledge of the Aristotelian works? The examination of the quotations which are taken from Aristotle's Metaphysics in the Commentary on Book I of the Sentences provides an analysis of the way in which Aquinas reads, understands and makes use of Aristotle at the beginning of his career. By drawing the attention to the historical and methodological questions that such a topic gives rise to, some significant examples are brought forward in order to show that the young Aquinas is already very well acquainted with Aristotle's Metaphysics.
- La vie éternelle ou l'autodonation divine - Yves Labbé p. 693-710 Il est assez commun d'identifier la destinée ultime à une totale indétermination de la vie, du vécu et du vivant. Or, la foi chrétienne en Jésus ressuscité conduit à reconnaître que la vie éternelle a une détermination mais une détermination divine. C'est une vie que Dieu donne, une vie où Dieu se donne, enfin une vie où Dieu donne chacun à lui-même, mais au-delà de lui-même. L'article entend le montrer à partir d'une lecture spontanée de quelques textes pauliniens puis d'un recours à des approches phénoménologiques récentes de la donation. Il dessine ainsi une esquisse de théologie spéculative qui relie la destinée ultime des hommes à la révélation trinitaire de Dieu, Liberté absolue, Amour absolu et Ipséité absolue. La donation de Dieu aux hommes apparaît contenue dans la donation de Dieu à Dieu, l'autodonation divine.It is common enough to identify ultimate destiny with a total indetermination of life, of the lived or of the living. Christian faith in the risen Jesus leads to the recognition that eternal life indeed has a determination, albeit a divine determination. It is a life that God gives, a life where God gives himself, finally a life where God gives each one to oneself, yet beyond oneself. This paper intends to show this from a spontaneous reading of a few Pauline texts, then from an appeal to a few recent phenomenological approaches to giving. It thus draws a sketch of speculative theology that links ultimate human destiny to the Trinitarian revelation of God, absolute Liberty, absolute Love and absolute Ipseitas. The gift of God to the human person appears contained in the gift of God to God, the divine self-giving.
- Thèmes de la polémique chrétienne contre le judaïsme au IIIe siècle : Le De montibus Sina et Sion - Dominique Cerbelaud p. 711-729 La présente note donne une traduction française et un commentaire d'un écrit pseudo-cyprianique intitulé De montibus Sina et Sion. Les parentés de ce texte avec plusieurs traités de Tertullien invitent à en situer la composition dans la première moitié du IIIe siècle. À côté de données passablement originales (spéculations sur le nom grec d'Adam notamment) qui peuvent provenir du monde alexandrin, le livret déploie une polémique antijuive plutôt grossière. Il convient cependant d'en retracer les linéaments, car ils composent cet antijudaïsme ordinaire qui a imprégné jusqu'à une époque récente l'ensemble de la tradition chrétienne.This paper provides a French translation and a commentary of a pseudo-Cyprianic writing entitled De montibus Sina et Sion. This text's affiliations with several of Tertullian's treatises suggest situating the composition within the first half of the third century. Next to fairly original elements (notably, speculations on the Greek name of Adam) which could come from the Alexandrine world, the tract contains a rather crude anti-Jewish polemic which up until a recent period has impregnated the whole of the Christian tradition.
- Thomas d'Aquin et l'écriture : une exégèse contemplative : L'interprétation de l'expression « justice de Dieu » dans le Commentaire de l'Épître aux Romains - Eunsil Son p. 731-741 Dans son Commentaire sur l'Épître aux Romains, saint Thomas propose une exégèse originale de l'expression « justice de Dieu ». Son interprétation, différente de celle des Pères tout autant que de celle des modernes, inverse l'ordre traditionnel qui consistait à mettre en avant le sens sotériologique de l'expression, sans jamais exclure que l'on puisse donner au génitif un sens subjectif, contrairement aux autres médiévaux, qui reprenaient l'interprétation d'Augustin. Ces deux caractéristiques correspondent à une orientation foncièrement contemplative de son travail théologique qui reste aujourd'hui requise et féconde.In his Commentary on the Epistle to the Romans, St. Thomas proposes an original exegesis of the expression « God's justice ». His intepretation, as different from that of the Fathers as from that of the moderns, reverses the traditional order which consisted in underscoring the expression's sorteriological meaning, while never excluding the possiblity of giving the genetive a subjective meaning, by constrast with the other medievals, who restated Augustine's interpretation. These two characteristics correspond to a wholly contemplative orientation of his theological work which today remains vital and fruitful.
- Bulletin d'histoire des doctrines médiévales : De Saint Anselme à Maître Eckhart - Louis-Jacques Bataillon, Gilles Berceville, Iacopo Costa, Adriano Oliva p. 743-775
- Recension des revues - p. 777-807
- Notices bibliographiques - p. 809-815