Contenu du sommaire

Revue Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT Mir@bel
Numéro Tome 98, no 1, 2014
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Utilitas Eucharistiae - Étienne Nodet p. 3-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les évangiles et Paul traitent différemment de l'eucharistie. Cette étude se propose de montrer – malgré les avertissements d'anciens auteurs –, que l'utilisation de certains aspects du stoïcisme met en évidence le sens et la force du rite de manière très concrète, en estompant la frontière entre le céleste et le terrestre. Un stoïcisme pur supposerait une sorte de panthéisme logique, Dieu étant identifié à la Nature, mais il est clair que le NT, tout comme l'AT, maintient fermement que Dieu est incorporel. Ce modèle de stoïcisme mitigé – certain diront peut-être de platonisme moyen – peut aussi être détecté dans certains écrits du judaïsme hellénistique, mais on ne discerne pas de dépendance claire. Ce pourrait être l'effet du zeitgeist d'une époque, qu'on retrouve un peu chez Épictète, mais il s'adapte aussi bien à l'AT, qui est toujours l'autorité principale des évangélistes et de Paul.
      Utilitas Eucharistiae
      The Evangelists' and Paul's approach to the Eucharist differ considerably. Our analysis intends to show – in spite of the warnings of ancient authors – that the use of specific aspects of stoicism highlights in a very tangible way, the meaning and power of this ritual by eroding the barrier that separates the celestial from the earthly realm. Pure stoicism presupposes a kind of logical pantheism that identifies God with Nature, however it is clear that the NT as well as the OT firmly advocate that God is incorporeal. This model of mitigated stoicism – which might be labeled as middle ground Platonism – appears in certain writings in Hellenistic Judaism, although we cannot establish an unequivocal relationship. It could be that a period's zeitgeist has rubbed off, such as we've observed to some degree in Epictetus, however it is equally relevant to the OT which remains the principal authority for the evangelists and for Paul.
    • L'Omnivoyant. Fraternité et vision de Dieu chez Nicolas de Cues - Emmanuel Falque p. 37-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      « Je suis parce que tu me regardes ». Cette formule du De visione Dei sive de icona de Nicolas de Cues suffit à elle seule à résumer l'enjeu et l'originalité de ce traité adressé en 1453 aux moines de Tegernsee. « Parler pour voir », « voir pour parler », et « entendre pour croire » marquent les différentes étapes de cette expérience unique, à la fois esthétique, philosophique, spirituelle et mystique. Là où on aurait pu croire que seul l'appel de la transcendance suffit à justifier d'être devant Dieu rassemblés, la contemplation commune du tableau de Roger de la Pasture (von der Weyden) par la communauté des moines donne au contraire à voir, et même à entendre, que la « révélation du témoin », et donc du « frère », justifie la véracité de cette expérience communément partagée. Atteindre le « mur du paradis » signifie moins « faire le mur » ou « sauter le mur », qu'« habiter la frontière » où les opposés « coïncident » et où l'homme et Dieu se rencontrent dans une communauté d'humanité.
      The Omnivoyant. Fraternity and God's vision in Nicolas of Cues« I am because you are looking at me ». This phrase from Nicolas of Cues' De visione Dei sive de icona summarizes unto itself the stakes and the originality of this treaty addressed in 1453 to the Tegernsee monks. « Speaking in order to see », « seeing in order to speak » and « hearing in order to believe » chart the different stages of this singular experience, at once esthetical, philosophical, spiritual and mystical. Whereas one might have thought that the mere call to transcendence was reason enough for assembling before God, the collective contemplation of Roger de la Pasture's (von der Weyden) painting by the community of monks on the contrary makes one see and even hear that « the revelation of the witness », therefore « of the brother », authenticates this communally shared experience. Reaching the « wall of paradise » does not so much mean « climbing the wall » or « jumping the wall » as rather « inhabiting the divide» where opposites collide and man and God meet within a human community.
    • Penser le christianisme au XIXe siècle. L'éclectisme mystique d'Alphonse Gratry (1805-1872) - Guillaume Cuchet p. 75-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alphonse Gratry (1805-1872) est une des figures marquantes du monde intellectuel catholique du XIXe siècle. Il est aujourd'hui bien oublié mais il est à l'origine d'une œuvre originale et suggestive qu'on a beaucoup lue parmi les catholiques français jusque dans l'entre-deux-guerres. Polytechnicien et philosophe, il est à l'origine, dans le domaine de la pensée catholique, d'une lignée de penseurs indépendants du thomisme, illustrée notamment par Léon Ollé-Laprune, Maurice Blondel et Lucien Laberthonnière. L'article revient sur son œuvre philosophique, publiée pour l'essentiel sous le Second Empire, en s'attachant à présenter successivement l'homme et l'auteur, les grands axes de sa doctrine et sa réception dans l'Europe de la seconde moitié du XIXe siècle.
      Examining Christianity in the XIXth century. The mystical eclectism of Alphonse Gratry (1805-1872)Alphonse Gratry (1805-1872) is one of the most prominent Catholic intellectuals of the XIXth century. He has long been ignored in spite of having produced an original and evocative body of work which was very popular among French Catholics until the interwar period. A philosopher and graduate of the École Polytechnique, he spawned within the Catholic school of thought a line of independent Thomistic thinkers, namely Léon Ollé-Laprune, Maurice Blondel and Lucien Laberthonnière. This article delves into his philosophical œuvre, published for the most part under the Second Empire, and aims to present first the man and author, then the primary tenets of his doctrine and finally its reception in Europe throughout the second half of the xixth century.
    • Finitude, réflexion, sens. La systématique métaphysique d'André Stanguennec - Francis Guibal p. 103-122 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On tente ici de présenter et d'interroger la pensée métaphysique d'A. Stanguennec telle qu'elle se trouve élaborée dans les trois volumes de sa Dialectique Réflexive. On rappelle d'abord les antécédences herméneutiques qu'elle se découvre dans l'histoire de la philosophie à travers les pensées de la substance, du sujet et de leur interaction. On l'accompagne ensuite dans son déploiement systématique à travers les trois grandes idées spéculatives de l'Homme, du Monde et de Dieu. On examine alors la réflexion critique qui la conduit à préférer logiquement l'attribution du sens à l'analogie de l'être ainsi qu'une orientation onto-théologique à une perspective théo-ontologique. On finit par des interrogations qui portent sur une dialectique plus spéculative que critique et un monisme ontologique réduisant indûment la réflexivité anthropologique à la réactivité cosmologique ; le « Dieu » que laisse entrevoir finalement cette systématique logico-métaphysique ne serait-il pas encore à la mesure d'une pensée pure qui récuse peut-être trop rapidement les orientations pratiquement signifiantes de l'expérience religieuse ?
      Finitude, reflection, meaning. André Stanguennec's systematic metaphysics
      Our aim with this paper is to present and scrutinize A. Stanguennec's metaphysical thinking as it is developed in the three volumes of his Reflexive Dialectic. We will first outline its hermeneutical antecedents in the history of philosophy through the study of substance, subject and their interaction. We will then track its systematic unfolding through the three great speculative ideas : Man, World and God before considering the critical examination that leads it to logically privilege the attribution of meaning over the analogy of being as well as an onto-theological orientation over a theo-ontological perspective. Finally, we will conclude by examining a dialectic that is more speculative than critical, and an ontological monism that wrongfully reduces anthropological reflexivity to cosmological reactivity : Is this “God”, Who is ultimately glimpsed through these systematic logico-metaphysics, not on par with pure reasoning that may prematurely reject some orientations of religious experience which are meaningful in practice.
  • Bulletins

  • Recensions et notices