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Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 29, no 2, juin 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Poids économique de la francophonie : impact via l'ouverture commerciale - Céline Carrère, Maria Masood p. 5-30 Dans cet article nous proposons d'analyser le rôle et l'importance de la langue française sur les flux commerciaux de biens par rapport aux autres types de proximité (géographique, historique, etc.) et de chiffrer son poids économique pour les pays de l'espace francophone (EF), en termes de flux commerciaux et, via le taux d'ouverture au commerce, en termes de PIB par tête et d'emploi. Ainsi, à l'aide d'un modèle de gravité estimé en panel, on constate qu'en moyenne un pays francophone bénéficie d'un supplément de commerce de 22 % avec un autre pays de cet espace, relativement au commerce qu'il aurait avec ce même pays s'il n'était pas francophone. Il apparaît également que l'effet sur le commerce dû au partage du français semble avoir été plus important durant la crise financière de 2008, suggérant que le partage d'une langue favorise l'existence de relations commerciales non seulement plus intenses mais également plus résilientes en période de crise. Une comparaison avec les autres principaux espaces linguistiques (anglophone, lusophone, hispanophone et arabophone) montre que l'impact global de l'appartenance à un espace sur le taux d'ouverture commerciale des pays est assez similaire. Au final, les retombées économiques de l'appartenance à un espace linguistique semblent en moyenne relativement faibles sur le PIB (mais il existe une grande hétérogénéité entre pays d'un même espace) et quasi inexistantes sur l'emploi.The Economic Value of French through Trade Openness
This article explores how French as a common language influences trade compared to other dimensions of proximity (geographical, historical, etc.). We then estimate, for the French-speaking countries, the economic value of French in terms of trade flows, and in terms of per capita income and unemployment through the trade openness channel. Relying on the estimation of a gravity model with panel trade data, we find that on average a French-speaking country trades 22 % more with another French-speaking partner than with a similar non-French-speaking partner. In addition, the impact of French as a common language appears larger during the 2008 crisis, implying that sharing a common language not only fosters bilateral trade but also allows for more resilient trade flows during crises. A comparison with other linguistic areas (English, Portuguese, Spanish and Arabic) reveals that the impact of a common language on trade openness is similar across languages. Overall, the benefits of sharing a same language in terms of GDP are marginal (though there exists an important heterogeneity) and almost inexistent on unemployment.Codes JEL : F10, F14, Z10. - Politiques publiques, transformation industrielle, croissance et emploi au Maroc : une analyse quantitative - Pierre-Richard Agénor, Karim El Aynaoui p. 31-69 Cet article présente une analyse quantitative, dans le cadre d'un modèle à générations imbriquées, des relations entre la transformation industrielle, la croissance économique et l'emploi, ainsi que du rôle des politiques publiques dans ce contexte. Le modèle tient compte des activités d'imitation et d'innovation, du système éducatif, du capital public en infrastructure de base et infrastructure avancée, des distorsions du marché du travail, et d'une relation bidirectionnelle entre les investissements directs étrangers et la qualité du capital humain. La solution stationnaire du modèle est calibrée pour le Maroc et une série de simulations de politiques économiques individuelles (une hausse de l'investissement en infrastructure, une réforme du système éducatif, une réduction du degré d'indexation des salaires, une politique de promotion de la migration de travailleurs qualifiés, une hausse des investissements directs étrangers et une politique d'amélioration du climat des affaires), ainsi que plusieurs programmes intégrés de réformes, sont analysés.Public Policy, Industrial Transformation, Growth and Employment in Morocco: A Quantitative Analysis
This paper presents a quantitative analysis, in an OLG setting, of the links between industrial transformation, economic growth and employment, as well as the role of public policy in that context. The model accounts for imitation and innovation activities, the education system, basic and advanced public infrastructure, labour market distortions, and a bidirectional link between foreign direct investment and the quality of human capital. The steady-state solution of the model is calibrated for Morocco and a range of simulations, involving individual policies (higher investment in infrastructure, a reform of the education system, a reduction in the degree of wage indexation, a policy of promoting inward migration of skilled workers, an increase in foreign direct investment, and improvements in the business climate) as well as several integrated reform programs, are analysed.Codes JEL : H54, I25, O33, O41. - Adoption des technologies de l'information et de la communication en microfinance : expériences sénégalaises - François-Seck Fall, Ousmane Birba p. 71-101 Cette contribution analyse les déterminants de l'adoption des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'industrie sénégalaise de la microfinance. Elle tente également de mettre en évidence l'incidence de leur intégration en microfinance sur la mission sociale des institutions de microfinance (IMF). Nous utilisons les données de l'enquête « NTIC, croissance et pauvreté au Sénégal », une enquête probabiliste menée en 2010 par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES). Nous effectuons cette analyse en mobilisant deux principales approches : une analyse descriptive bivariée complétée par une ACM, et un modèle explicatif. Les résultats montrent que l'adoption des TIC est fonction des caractéristiques de l'IMF comme l'âge et le sexe du gérant, le mode d'organisation, la taille, etc. Elle dépend également de la nature de son offre de produits et services financiers. Certains services intensifs en technologie favorisent l'investissement des IMF en TIC, tandis que d'autres non. L'investissement en TIC augmente significativement la probabilité que l'IMF soit performante socialement.Adoption of Information and Communication Technologies in Microfinance: Senegalese Experiences
This paper analyzes the factors that explain the adoption of information and communication technologies (ICT) in the Senegalese microfinance industry. It also attempts to highlight the effect of their integration in microfinance on the social mission of microfinance institutions (MFIs). We use the survey data “NTIC, Growth and Poverty in Senegal”, a probability survey conducted in 2010 by the Consortium for Economic and Social Research (CRES). We mobilize two main approaches: bivariate descriptive analysis completed by an ACM and a logit model. The results show that the adoption of ICT depends on the characteristics of the MFI such as age and sex of the manager, the organization mode, size, etc. It also depends on the nature of its financial products and services. Some intensive services technology encourage investment in MFIs ICT, while others not. Investment in ICT significantly increases the likelihood that the MFI is socially efficient.Codes JEL : O33, G21, O12. - Contraintes de financement et productivité dans l'industrie de l'habillement au Maroc en présence d'hétérogénéité de la technologie - Mohamed Chaffai, Patrick Plane p. 103-132 La relation entre l'accès au financement et la performance productive est étudiée sur un échantillon aléatoire de 324 entreprises marocaines sur une période de trois ans (2000-2002). Nous émettons l'hypothèse que les contraintes financières affectent potentiellement la productivité à travers le niveau d'efficacité technique ou le choix de la technologie. L'impact de ces deux phénomènes est étudié conjointement en utilisant les modèles de frontières stochastiques à classes latentes (LCSFM). En moyenne, la contribution de l'efficacité technique à la productivité s'avère limitée relativement à l'impact des choix technologiques. Si les entreprises étaient financièrement sans contrainte, le gain de productivité totale des facteurs (PTF) qui en résulterait permettrait de gagner de 18 % à 64 % d'efficacité. Dans toutes les catégories de tailles des entreprises, le gain le plus important est observé pour celles de moins de 20 salariés. Les résultats empiriques peuvent être qualifiés en considérant que les capacités humaines conditionnent également l'efficacité de la mise en œuvre d'une technologie. Compte tenu de leur capital humain, 22 % des entreprises semblent véritablement souffrir d'une perte de productivité inhérente aux défaillances des marchés financiers.Financial Constraints and Productivity under Unobserved Heterogeneity of Technology in the Moroccan Garment SectorThe relationship between access to financing and productive performance is re-examined by analysing a random sample of 324 Moroccan enterprises over a 3 year period (2000-2002). We hypothesize that firm financial constraints potentially affect productivity through the technical efficiency level or the choice of technology. Both phenomena are jointly estimated using Latent Class Stochastic Frontier Models (LCSFM). On average, the contribution of technical efficiency to a firm's potential productivity gain proves limited in comparison with the impact of technological choice. If firms were financially unconstrained, the Total Factor Productivity (TFP) gain that would result from moving to the more efficient technology would vary from 18 % to 64 %. Across firm-size categories, the larger gain is observed for firms of less than 20 employees. Empirical results can be qualified by considering that human capabilities also condition the efficiency of implementation of a technology. In our study, about 22 % of firms finally prove to have a loss of productivity resulting from financial market failures.Codes JEL : D 24, D 22, D 23, D 20.