Contenu du sommaire : Hommage à Bernard Juillerat

Revue Journal de la Société des Océanistes Mir@bel
Numéro no 130-131, 2010
Titre du numéro Hommage à Bernard Juillerat
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier Hommage à Bernard Juillerat

    • Bernard Juillerat. Une passion du sujet - Denis Monnerie, Pierre Lemonnier p. 5-20 accès libre
    • Bibliographie et filmographie de Bernard Juillerat - Isabelle Leblic p. 21-28 accès libre
    • Remembering Bernard Juillerat. Visiting the Bánaro after Richard Thurnwald - Marion Melk-Koch p. 29-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Bernard Juillerat, en s'intéressant aux effets des structures sociales sur la psyché individuelle, a mis ses pas dans ceux de Richard Thurnwald (1869-1954). Tous deux sont allés en Nouvelle-Guinée enquêter spécialement sur ce sujet et tâcher de l'élucider en s'affranchissant des influences culturelles européennes ou américaines. Le présent article discute l'étude à nouveaux frais qu'a donnée Bernard d'un groupe vivant sur les rives de la Keram, auparavant contacté en 1913 par Richard Thurnwald qui l'a décrit sous le nom de «Bánaro», et qui lui a consacré une monographie dont il a livré deux versions. Ces deux savants ont apporté de la sorte une contribution marquante à l'histoire de l'ethnologie.
      Bernard Juillerat followed in Richard Thurnwald's footsteps as a result of their common interest in the impact of specific social structures on the psyche of individuals. Both considered research in New Guinea as particularly rewarding for answering such questions in an area unaffected by European-American culture. This article will discuss Bernard's restudy of a group of people, living by the Keram river, which had first been contacted by Thurnwald in 1913 and had been described by him as “the Bánaro”. Their complex social structure, analysed by Thurnwald in two different publications in 1916 and 1920, made them the subject of one of the earliest monographs on a Melanesian society. In restudying and analysing Thurnwald's work Juillerat, like Thurnwald, contributed significantly to the history of ethnology.
    • Bernard Juillerat. Lettres à un jeune ethnologue1 - Philippe Peltier p. 41-46 accès libre
    • C'est l'Afrique qui a fait de Bernard Juillerat, océaniste renommé, un anthropologue… - Jeanne-Françoise Vincent p. 47-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avant de devenir océaniste, B. Juillerat réalisa des enquêtes de terrain et une thèse (1968) chez les montagnards Mouktélé, dans une région reculée de l'extrême-nord du Cameroun, totalement inconnue sur le plan ethnographique. Ayant elle-même travaillé chez les montagnards voisins, les Mofu-Diamaré, Jeanne-Françoise Vincent expose ici les principaux thèmes de recherche abordés par Juillerat – migrations et autochtonie, pouvoir religieux et/ou pouvoir politique, structures lignagères et mariage – en replaçant sa minutieuse ethnographie dans un cadre régional plus large.
      Before being an Oceanist, B. Juillerat did fieldworks in North-Cameroon and wrote a thesis about the Mouktélé, who live in a remote and then not studied area. Jeanne-Françoise Vincent has done intensive anthropological studies in this area, among the mountaineers Mofu-Diamaré and she introduces the main research topics of Juillerat – migrants and autochthonous people, religious power and/or political power, linage organization and marriage – and replaces his minute ethnography back in a broader regional setting.
    • À propos de l'exposition A tribute to Bernard Juillerat: The Iafar between symbols and artifacts - Nicolas Garnier p. 57-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      D'août à novembre 2008, le National Museum and Art Gallery de Port Moresby a présenté une exposition intitulée A tribute to Bernard Juillerat: The Iafar between symbols and artifacts. Cette exposition a permis de présenter une partie de la collection rassemblée par Bernard Juillerat et donnée au musée en 1974. Cette exposition a été le fruit d'une collaboration entre l'université de Papouasie Nouvelle-Guinée et le National Museum and Art Gallery. Ce fut l'occasion de s'interroger sur les collections ethnographiques en Papouasie Nouvelle-Guinée et sur les différents moyens de les présenter à un public mélanésien. Les collections du National Museum and Art Gallery abritent plus de 80 000 objets dont seule une infime partie est présentée dans les salles d'exposition permanente. Cette exposition a donc été l'occasion de faire le point sur une partie de cette collection et de présenter un choix d'objets de manière à refléter certains aspects d'une culture de la Sundaun Province. Elle était aussi consacrée aux recherches que Bernard Juillerat a menées durant plus de trente ans chez les Iafar. Parallèlement à la présentation des objets, l'organisateur de l'exposition a proposé une réflexion sur la nature des recherches anthropologiques et de ses liens avec la culture matérielle à travers l'exemple de Bernard Juillerat.
      From August to November 2008, The National Museum and Art Gallery of Port Moresby presented an exhibition titled A tribute to Bernard Juillerat:The Iafar between symbols and artefacts. The exhibition displayed a part of the collection gathered by Bernard Juillerat and given to the museum in 1974. This exhibition was a joint project between the University of Papua New Guinea and the National Museum and Art Gallery. It was the opportunity to raise questions about ethnographic collections in Papua New Guinea and different means to display them to a Melanesian audience. The collections of the National Museum and Art Gallery host more than 80 000 artefacts out of which a very small percentage are presented in the display galleries. This exhibition was then an occasion to assess a part of the collection and to present a selection of these artifacts in order to reflect certain aspects of a culture of Sundaun Province. The exhibition was also intended to reflect the research Bernad Juillerat conducted for over 30 years among the Iafar. Alonside artifacts, the organizer of the exhibition proposed a reflection on the nature of anthropological research in relation to material culture through the example of writings and photographs of Bernard Juillerat.
    • Hommage à Bernard Juillerat - André Green p. 65-66 accès libre
    • Flying away like a bird: An instance of severance from the parental abode (Iwolaqamalycaane, Yagwoia, Papua New Guinea) - Jadran Mimica p. 67-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce texte est une interprétation psychanalytique de l'ethnographie concernant la lutte d'un garçon Yagwoia-Anga pour se détacher de la sphère de ses relations paternelles et de ses frères agnatiques. C'est un exemple d'une situation biographique particulière qui correspond à la dynamique générale, culturelle et existentielle, de la relation père-fils chez les Yagwoia.
      This is a psychoanalytic ethnographic account of a Yagwoia-Angan boy's struggle to break away from the sphere of his paternal and agnatic fraternal relatedness. It exemplifies a particular biographical situation which is consonant with the general cultural-existential dynamics of the Yagwoia father-son relationship.
    • Kinship, Ritual, Cosmos - Andrew Strathern, Pamela J. Stewart p. 79-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet essai revisite le travail de Bernard Juillerat sur les Yafar de Papouasie Nouvelle-Guinée et ceux de Meyer Fortes sur les Tallensi d'Afrique de l'Ouest. Cette juxtaposition montre comment chaque auteur souligne un aspect spécifique de thèmes dérivés de la théorie freudienne du complexe d'Œdipe. Juillerat souligne la relation du fils à sa mère, Fortes la relation du fils (en particulier l'aîné) au père, dans le contexte de pratiques du culte des ancêtres. Notre argument est qu'il est important de remarquer que les motifs psychanalytiques, quand ils apparaissent, sont insérés par les gens eux-mêmes dans un schème plus vaste reliant la parenté, le rituel et le cosmos. Cet essai est un hommage montrant notre appréciation et notre respect pour le travail et la pensée de ces deux auteurs dans le cadre de la « longue conversation » de l'anthropologie – au sens le plus large – à propos des interprétations psychologiques des matériaux ethnographiques. Juillerat et Fortes eux-mêmes ont inséré leurs interprétations psychanalytiques dans des analyses où la parenté, les pratiques rituelles, et les idées concernant le cosmos sont étroitement imbriquées.
      This essay revisits aspects of the work of Bernard Juillerat on the Yafar people of Papua New Guinea and of Meyer Fortes on the Tallensi people of West Africa. The purpose of this juxtaposition of cases is to show how each author has stressed an aspect of themes derived from the Freudian theory of the Œdipus complex. Juillerat has stressed the relationship of the son with the mother, Fortes the relationship between son (especially eldest son, the first-born) and father, in the context of practices of ancestor worship. Our argument is that it is important to take note that psychoanalytic motifs, if present, are set by the people themselves into a broader scheme, linking kinship, ritual, and the cosmos together. The essay is intended as an act of appreciation and respect for the work and thoughts of both of these authors as a part of a «long conversation» in anthropology at large regarding psychological interpretations of ethnographic materials. Both Juillerat and Fortes themselves, indeed, set their psychoanalytic interpretations into deeply woven analyses of kinship, ritual practices, and ideas of the cosmos.
    • Enfanter, est-ce bien « naturel » ? Rite, représentation, fantasme de l'engendrement dans un culte polynésien - Françoise Douaire-Marsaudon p. 89-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le corpus mythique des sociétés de Polynésie, il existe un puissant intérêt pour tout ce qui concerne la reproduction et la filiation et, plus particulièrement, pour l'enfantement et la naissance. Cet article propose une contribution à la discussion sur le caractère « naturel » attribué, dans nos sociétés, aux procès associés à l'enfantement, dans la perspective critique ouverte par Bernard Juillerat. L'analyse d'un ensemble mytho-rituel de Polynésie permet de montrer que, dans ces sociétés où la dichotomie nature/culture ne fait pas sens, l'enfantement est conçu comme un événement constitutif de la société, autrement dit « culturel ».
      Oral traditions in Polynesian societies focus on reproduction and descent, particularly concerning procreation and childbirth. This article discusses the so-called «natural» character which in our own society is attributed to the process of childbirth, and is in line with the critical perspective proposed by Bernard Juillerat. The analysis of a set of Polynesian myths and rites demonstrates that, here, the nature/culture dichotomy does not make sense, and that childbirth represents a specifically cultural event which can be considered to be constitutive for society.
    • Les Kanak et les rêves ou comment redécouvrir ce que les ancêtres n'ont pas transmis (Nouvelle-Calédonie) - Isabelle Leblic p. 105-118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le rêve en Nouvelle-Calédonie n'a que très peu retenu l'attention des ethnologues. Hormis quelques allusions faites par Fritz Sarasin, Maurice Leenhardt ou Éliane Métais, pour les principaux, on ne peut pas dire que les ouvrages connus comportent une foule d'informations en la matière. À partir de souvenirs de terrain à Ponérihouen, je vais parler ici de l'importance des rêves dans la société kanak actuelle, notamment dans l'apprentissage et la transmission de nombre de savoirs et de savoir-faire.
      Dreams in New Caledonia are not a subject well described by ethnologists. Apart from a few comments by Fritz Sarasin, Maurice Leenhardt or Éliane Métais, for the main things, books about Kanak societies don't have a lot of datas about this subject. From my fieldwork memories in Ponérihouen, I'll introduce the importance of todays kanak dreams, notably in the training and transmission of knowledge and know-how.
    • An end and a beginning for the gift? - Marilyn Strathern p. 119-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans son argument sur la façon dont les interprétations des matériaux ethnographiques mélanésiens lient souvent le don à la réciprocité, Bernard Juillerat intègre le don à un univers marqué par la psychanalyse. La force de son argument a été reconnue. Se situant en dehors d'un tel univers, l'article accorde aux observations de cet auteur une force d'un autre type. Il montre comment ces observations soulèvent d'intéressantes questions anthropologiques pour aborder les pratiques de don d'organes et de tissus en Amérique du nord. Car là où Juillerat dissocierait le don de la réciprocité, certains des spécialistes engagés dans les débats sur l'éthique de ces dons aimeraient y voir associée de la réciprocité. Par quel paradigme propre à l'Euro-Amérique ces arguments sont-ils sous-tendus ?
      Bernard Juillerat's argument about the way, in interpretations of Melanesian material, the gift has often been tied to reciprocity embeds the gift in a psychoanalytically informed universe. The power of his argument is acknowledged. Stepping outside such a universe, this article accords a different kind of power to his observations. It shows how they prompt some anthropologically interesting questions about practices of organ and tissue donation in North America. For where Juillerat would detach the gift from reciprocity, some of those engaged in debates over the ethics of donation would like to see reciprocity attached to the gift. What Euro-American paradigm underlies these arguments?
    • L'altérité de l'altérité ou la question des sentiments en anthropologie - Monique Jeudy-Ballini p. 129-138 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comment approcher ethnographiquement les manières spécifiques de sentir dans les sociétés qu'on étudie ? La relégation relative dans laquelle l'anthropologie océaniste contemporaine tient la question des sentiments peut renvoyer à l'opacité qui entoure l'accès aux affects d'autrui dans certaines communautés. Mais elle renvoie surtout, semble-t-il, à la tendance à exclure l'analyse des sentiments du champ des objets ethnographiables, ou à ne les aborder que de manière anecdotique. Sans doute cela s'explique-t-il par l'idée qu'on se fait de communautés attachées au respect de la tradition et au sein desquelles les comportements supposeraient une forte dose de normalisation collective ; ou encore par l'idée qu'il n'est pas utile de s'attarder sur des ressentis censés relever d'expériences universelles (l'affliction, la joie, la honte, la douleur, etc.). Dans la mesure, toutefois, où l'on ignore a priori ce qui se définit comme émotion dans les sociétés qu'on se propose d'étudier et dans la mesure aussi où maintes cultures ne font pas de différence entre affect et cognition, on se gardera de parler ici d'anthropologie des émotions en insistant simplement sur la nécessité de penser ensemble des dimensions indissociables dans toute expérience sociale.
      How might particular ways of feeling in different societies be approached ethnographically? The relative lack of interest in feeling in contemporary Oceanic anthropology may simply be an indication of the opacity hindering ethnographic attempts to access the realm of affects in certain communities. Yet it appears primarily to reflect a tendency in contemporary anthropology to exclude the analysis of feelings from the field of objects potentially subject to ethnographic research, or to address such objects merely anecdotally. This can no doubt be explained by received views of communities that value the respect of tradition and in which behaviours presuppose a high degree of collective normalization. It could also be explained by the view that there is little point in studying feelings deemed to reflect universal experiences (such as affliction, joy, shame, pain, etc.). Yet since we do not know what counts as an emotion in societies subject to ethnographic research, and since many cultures draw no rigid distinction between affect and cognition, this paper will make no reference to the anthropology of emotions and will insist simply on the need for a holistic consideration of factors deemed to be indissociable in any social experience.
    • À propos de deux ouvrages de Bernard Juillerat - Gilles Bounoure p. 139-144 accès libre
    • Ignames, enfants des hommes. Horticulture et reconduction du social à Wallis (Polynésie occidentale)1 - Sophie Chave-Dartoen p. 145-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article, qui présente le travail horticole et une partie des responsabilités rituelles des hommes à Wallis (Polynésie occidentale), porte sur les ignames (mise en culture, classifications indigènes, système rituel et circuits d'échange) et montre que ces tubercules participent d'un vaste système de relations qui définissent tout être en référence à la société wallisienne dont le « roi » scelle l'ensemble de l'organisation. Comparables à des enfants masculins que les hommes obtiennent de leurs jardins, les ignames concourent, en circulant dans les échanges, à la constitution différenciée des vivants, au renouvellement du monde et à la pérennisation de la société.
      This paper describes a part of the men's responsibilities, both agricultural and ritual, in Wallis Island, Western Polynesia. Yams are the main focus of this study including agricultural techniques, indigenous classifications, ritual system and exchange pathways. It shows that yams are involved in a large system of relationships that defines everything in relation with the society itself. Comparable to sons that men would get from their gardens, these tuber partake, by circulating in exchanges, in the differentiated constitution of living people, the world's renewing and the society's everlastingness.
    • Rejoua aurantiaca. Bernard Juillerat et la botanique - Christian Coiffier p. 161-172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les sociétés du Sépik en Papouasie Nouvelle-Guinée utilisent pour leurs rituels des fruits qui ont la particularité de changer de couleur durant leur maturation. Ils ont été souvent perçus comme de simples décorations. Bernard Juillerat a essayé de comprendre ce qu'ils représentaient vraiment pour la société yafar du Sépik occidental. Nous comparerons ses données aux nôtres que nous avons recueillies chez les Iatmul et les Sawos du Sépik oriental.
      For their rituals Sepik societies in New-Guinea use fruits which characteristically change color during their maturation. These fruits were often conceived as mere decorations. Bernard Juillerat tried to unterstand what they really represented for the Yafar society of Western Sepik. We will compare his data with ours which we collected with the Iatmul and Sawos Societies of East Sepik.
    • The mother and her ancestral face. A commentary on Iatmul iconography - Christian Kaufmann p. 173-190 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'expression visuelle des valeurs symboliques dans la société iatmul est reconsidérée en partant d'observations de Bernard Juillerat sur le rôle de la mère. Sont mis en évidence les  liens entre la façon d'agir, les rôles réels et symboliques de mère, oncle maternel et neveu, aîné et cadet, à travers les rituels naven et les représentations ancestrales matérialisées par des œuvres fondées dans le savoir initiatique des hommes. Les rites publics rendent accessibles à tous les savoir-faire, les prestations ainsi que des objets spécifiques y compris des masques, c'est-à-dire des entités culturelles à valeur symbolique. Leur présentation généralise l'importance des acteurs et de leurs partenaires complémentaires.
      Visually effective symbolization in Iatmul society is reviewed, starting from observations by Bernard Juillerat on the role of the mother in real as well as in symbolic relationships. Ceremonial acts of women and men in the context of naven rituals, and iconological representation anchored in initiatory knowledge are shown to be linked. Performing renders knowledge, services, material objects such as valuables or masks, i.e. cultural entities with a symbolic value, openly accessible for all parties concerned. They become the issue of exchange at specific occasions, enhancing the gendered roles of mother or elder sibling and their complementing actors, child or younger sibling.
    • Symboles et figures, deux modes sociaux de signification. L'exemple de la Grande Maison d'Arama (Nouvelle-Calédonie) - Denis Monnerie p. 191-208 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les concepts de Maison et Grande Maison sont utilisés par les gens d'Arama (Nouvelle-Calédonie) pour conceptualiser leur organisation sociale. Ils sont aussi très présents dans l'ensemble de la région Hoot ma Whaap, à l'extrême nord de la Grande Terre. Dans des cérémonies locales et régionales, l'actualisation de la Maison et de la Grande Maison met en œuvre des expériences pluri-sensorielles et intellectuelles intenses, en particulier autour de l'articulation soigneusement organisée de formes d'expression verbales et non verbales. En me fondant sur l'analyse des significations, des formes et des dynamiques d'action associées à ces expressions cérémonielles, je montre aussi en quoi Maison et Grande Maison ne sont pas des symboles et pourquoi je les nomme figures. Les symboles, en effet, sont un concept majeur de la tradition occidentale et de l'anthropologie, deux dimensions qui tendent à occulter l'existence d'autres modes sociaux de signification et rendent leur mise en évidence plus difficile. Les analyses présentées ici soutiennent la proposition anthropologique selon laquelle symboles et figures sont deux modes sociaux de signification, parmi d'autres. Elles permettent aussi de mieux comprendre l'imbrication du personnel, du collectif et du social dans cette société et ses relations régionales et de poser cette question de façon plus large en dialogue avec les recherches de Bernard Juillerat.
      The concepts of the House and Great House are used by the people of Arama (New Caledonia) to conceptualize their social organization. They are also prominent in the whole of the Hoot ma Whaap area, at the northern end of Grande-Terre. There, in local and regional ceremonies, the House and the Great House are the focus of intense plurisensory and intellectual experiences which are made alive through the combination of verbal and non verbal forms of expression. Relying on the analysis of the meanings, forms and dynamics of these ceremonial expressions, I show why the House and Great House are not symbols and why I call them figures. Symbols are a major concept of western traditions and contemporary anthropology, which tends to obfuscate other social ways of conveying meanings and makes their study more difficult. On a general anthropological level these analyses suggest that symbols on the one hand and figures on the other hand are but two social ways of conveying social meanings, among others. In a dialogue with Bernard Juillerat's research, this text also aims at a better understanding of the articulation of the personal, society and culture.
    • Mythes et rites chez les Anga - Pierre Lemonnier p. 209-220 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Organisés par les hommes sous l'autorité de maîtres des initiations, les rites masculins des Anga de Papouasie Nouvelle-Guinée mettent classiquement en scène une mise à mort symbolique, puis une renaissance des initiés. Malgré des théâtres végétaux et des gestes globalement semblables, les significations et le détail des actions rituelles varient parallèlement aux mythes d'origine des rituels selon une transformation structurale qu'il est possible de préciser. La comparaison des rites Ankave et Baruya montre des modifications conjointes de leur déroulement, de leur décor et de leur exégèse qui renvoient aux êtres et entités surnaturels auxquels les mythes d'origine de ces rituels attribuent les substances, les pouvoirs et les mises en relations avec des êtres primordiaux qui transforment les jeunes garçons. Pour le sujet qui y participe, ces rituels sont l'occasion de percevoir de façon non verbale quelques-unes des valeurs centrales de la société où il grandit.
      Organized by men under the supervision of initiations masters, the male rituals of the Anga of Papua New Guinea classically stage a symbolic death followed by a rebirth of the initiates. The vegetal theatres at hand and the gestures observed look roughly similar, but the detail and meanings attributed to ritual actions vary according to a structural transformation that may be delineated. The comparison of Ankave and Baruya rituals shows concomitant modifications of their procedure, setting, and exegesis which relates to the supernatural beings and entities to which the origin myth of the rituals grant the powers, substances, and relations with primordial beings which transform the young boys. For the individual submitted to them, these rituals are an opportunity for a non verbal perception of some of the key values of the society in which he grows up.
  • Miscellanées

  • Comptes rendus d'ouvrages

  • Actes de la Société et Actualités