Contenu du sommaire : Leo Strauss et le problème politique
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 79, no 3, juillet 2016 |
Titre du numéro | Leo Strauss et le problème politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Leo Strauss et le problème politique. Hans Jonas : la question de l'avenir - La rédaction p. 451-452
Leo Strauss et le problème politique
- Le droit naturel - Léo Strauss, Emmanuel Patard p. 453-484 Le problème du droit naturel est un problème philosophique et non un problème historique. Mais aujourd'hui, afin de réfléchir à une discussion philosophique du droit naturel, nous devons nous engager dans des études historiques. La critique contemporaine du droit naturel est simplement une répétition de la vieille critique du droit naturel, selon laquelle toutes les notions de justice ou de moralité sont conventionnelles. Le droit naturel moderne est présenté en complète indépendance par rapport au droit positif ; il est lié à l'idée d'un état de nature ; il tend à être une doctrine des droits plutôt qu'une doctrine des devoirs ; c'est une doctrine de la liberté. Le droit naturel moderne, à l'origine duquel se trouve Thomas Hobbes, doit être considéré dans le contexte de la tentative d'établir une nouvelle science de la politique, dirigée contre l'utopisme de la science politique classique, et orientée vers un ordre désirable dont l'actualisation serait nécessaire.Natural Right
The problem of natural right is a philosophical and not a historical problem. But today, in order to think of a philosophical discussion of natural right, we have to engage in historical studies. The present-day criticism of natural right is merely a repetition of the age-old criticism of natural right, according to which all notions of justice or morality are conventional. Modern natural right is presented in a complete independence of positive right; it is related to the idea of a state of nature ; it tends to be a doctrine of rights rather than of duties; it is a doctrine of freedom. Modern natural right, whose originator is Thomas Hobbes, must be considered in the context of the attempt at establishing a new science of politics, directed against the utopianism of classical political science, and oriented to a desirable order whose actualization would be a matter of necessity. - Voir et comprendre la politique moderne : Leo Strauss et Claude Lefort - Adrien Louis p. 485-498 Lorsque Leo Strauss présente et défend la philosophie politique ancienne, il met en avant l'accord de cette philosophie avec la manière citoyenne et naturelle d'appréhender les phénomènes politiques. La perspective de la philosophie politique classique prolonge, éclaire et corrige la perspective citoyenne, elle ne rompt pas avec elle. Mais lorsque Strauss traite lui-même de la politique moderne, il semble faire peu de cas de cette perspective citoyenne. En particulier, il conteste la portée des différences entre partis communistes, libéraux et conservateurs, pour mettre en avant l'unité foncière du « mouvement moderne ». Nous avons voulu expliquer cet étrange écart, avec l'aide de Claude Lefort.The Understanding of Modern Politics. Leo Strauss and Claude Lefort
According to Leo Strauss, the superiority of ancient political philosophy is partly due to its constant link with the citizen and common-sense way of seeing political matters. But when Strauss depicts modern politics, he tends to disregard common-sense distinctions between liberals, conservatives, and communists. When it comes to modern politics, the citizen's point of view seems quite irrelevant. By discussing some of Claude Lefort's remarks on Leo Strauss, I try to understand this apparent paradox. - Strauss face aux deux infinis modernes - Yves Couture p. 499-512 Strauss mobilise deux conceptions distinctes de la modernité. La première y voit le résultat d'un éloignement du droit naturel classique. Propre à l'Occident, cet éloignement trouverait sa forme achevée dans l'historicisme de Nietzsche et de Heidegger. La seconde, explicitée par A. Bloom ou P. Manent, associe la modernité à l'avènement de la démocratie, c'est-à-dire à ce que les Grecs voyaient comme une possibilité politique naturelle. Aboutissement d'une histoire singulière ou fait naturel, la modernité apparaît toutefois comme une forme d'illimitation du désir, sous la figure des philosophies de la volonté ou sous la figure de la libération démocratique du sensible.Strauss on Modernity's Two Infinities
Two conceptions of modernity can be found in Strauss' works. One sees the rise of the modern world in terms of its increasing distance from classical natural right. This process finds its most cohesive expression in the historicism of Nietzsche and Heidegger. Even more explicit in the works of students of Strauss such as A. Bloom and P. Manent, the second conception associates modernity with the rise of democracy conceived, since the Greeks, as a natural political possibility. But whether understood as the result of a specific history or as a natural fact, Strauss consistently views modernity as an expression of unlimited human desire, one that takes the form of either a philosophy of the will or a democratic emancipation of sensibility. - Raison et Révélation : Quelques remarques sur l'analyse straussienne et la synthèse chrétienne - Pierre Manent, Agnès Louis p. 513-522 Selon Leo Strauss, la dispute entre Athènes et Jérusalem, entre la Raison et la Révélation, constitue l'enjeu le plus haut et le plus profond de l'histoire de l'Occident. Le christianisme lui apparaît comme une « synthèse » entre la Raison et la Révélation, une synthèse dans laquelle les deux éléments perdent leur pureté ou leur authenticité. Prenant appui sur saint Augustin et Pascal, l'article s'interroge sur la pertinence de la notion de « synthèse » dans ce contexte, et propose de recourir à celle de « médiation ».Reason and Revelation. A Few Remarks on Straussian Analysis and Christian Synthesis
Leo Strauss held the dispute between Athens and Jerusalem, that is, between Reason and Revelation, to be the highest and deepest theme in the history of the West. Thus he characterizes Christianity as a “synthesis” between Reason and Revelation, a synthesis in which both elements are fated to lose their purity or authenticity. Drawing on Augustine and Pascal, this article questions the pertinence of the notion of “synthesis” in this context, and makes the case for preferring that of “mediation”.
- Le droit naturel - Léo Strauss, Emmanuel Patard p. 453-484
Hans Jonas : la question de l'avenir
- Hans Jonas : la question de l'avenir - Avishag Zafrani p. 523-524
- Sauver le phénomène éthique pour préserver l'avenir : Jonas et Patočka ou la responsabilité et le sacrifice - Éric Pommier p. 525-537 En nous appuyant sur les pensées de Hans Jonas et de Jan Patočka, nous souhaitons montrer que le premier des problèmes éthiques est celui de sa manifestation, à une époque dominée par la technique qui interdit un tel apparaitre. Que ce soit par le sacrifice ou grâce à la responsabilité, ces deux philosophes nous permettent en effet de comprendre, d'une part, comment l'éthique peut se rendre visible et déjouer la logique instrumentale, d'autre part, comment l'on peut donner une consistance ontologique à une telle prétention à partir d'une réflexion qui prend la vie pour thème.Saving the Ethical Phenomenon to Preserve the Future. Jonas and Patočka: Responsibility and SacrificeFrom Hans Jonas and Jan Patočka's thought, we pretend to show that the first ethical problem is that of its manifestation in a world dominated by technique. Thanks to the sacrifice (Patočka) or the responsibility (Jonas), both philosophers help us understand, on the one hand, how ethics can become visible in spite of the domination of the instrumental rationality and, on the other hand, how we can give an ontological consistency to the ethical claim from a meditation about life.
- Dieu, l'homme et le cosmos selon Hans Jonas : Existence et évolution - Emidio Spinelli, Tomaso Berni Canani p. 539-551 Le but de cet article est d'analyser deux textes (Le concept de Dieu après Auschwitz. Une voix juive et The Unanswered Question. Some Thoughts on Science, Atheism and the Notion of God) et par conséquent deux aspects, qui sont des exemples évidents des idées de Hans Jonas, d'une part sur le rapport de Dieu avec le monde et l'homme, de l'autre sur l'intérêt de quelques résultats issus des sciences dites dures (avant tout la physique) convoqués dans ses recherches métaphysiques, théologiques, cosmogoniques.God, Man, and the Cosmos in Hans Jonas. Existence and Evolution
The aim of this paper is the analysis of two texts (Le concept de Dieu après Auschwitz. Une voix juive and The Unanswered Question. Some Thoughts on Science, Atheism and the Notion of God) and accordingly two aspects, that are clear examples of Hans Jonas's ideas about the relationship between God, man and the world on the one side and the possibility of using some conclusions advanced by the so-called hard sciences (especially physics) for defending his metaphysical, theological, and cosmological hypotheses on the other. - Quelle économie pour quel avenir ? : Hans Jonas et la responsabilité - Avishag Zafrani p. 553-566 Cet article revient sur une analyse peu connue de Jonas, consacrée aux raisons d'être de l'économie, c'est-à-dire à une ontologie normative de cette science. Dans quelle mesure et à partir de quels fondements pouvons-nous remettre en question la dynamique tout à la fois créatrice et destructrice de notre activité économique ? Trois moments clés de l'argumentation de Jonas seront étudiés : la critique de l'idéalisme baconien et la moralisation de l'usage des savoirs, le dialogue avec Marx dans la perspective d'une « auto-modération » de l'humanité, et la sagesse économique fondée sur l'ignorance des buts de notre activité. Cette ignorance, obstacle à la prédictibilité, doit façonner notre conception de l'avenir et de notre responsabilité à son égard.What is the Future for Economy? Hans Jonas and the Responsibility
The aim of this paper is to study Hans Jonas' works regarding normative ontology of economy. We would like to focus on raisons d'être of economic activity that are Jonas' ideas currently rather less known and less studied. To what extent, and from what basis can we question the dynamics, simultaneously creative and destructive, of our economy? Three crucial ideas will be analysed: Jonas's critique of Baconian idealism and the moralization of theory practical use, a dialogue with Marx in “self-temperance” perspective of humanity and the “economic wisdom” based on the ignorance of our activity goals. The final purpose is to study how the ignorance, as an impediment to predictability, can affect not only our vision of future but also of responsibility towards it.
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 567-572
Bulletin leibnizien II
Bulletin de Philosophie médiévale XVIII