Contenu du sommaire : Informalité, pouvoir et envers des espaces urbains

Revue L'Espace Politique Mir@bel
Numéro no 29, 2016/2
Titre du numéro Informalité, pouvoir et envers des espaces urbains
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Informalité politique, pouvoirs et envers des espaces urbains - Sébastien Jacquot, Alexis Sierra, Jérôme Tadié accès libre
  • L'informalité politique en ville. 8 chercheurs et 9 villes face aux modes de gouvernement urbain - Marie Morelle, Sébastien Jacquot, Jérôme Tadié, Nicolas Bautès, Claire Bénit-Gbaffou, Fabrizio Maccaglia, Jean Rivelois, Alexis Sierra avec résumé avec résumé en anglais
    En 2010, un collectif de 8 chercheurs, géographes et sociologue, lance le programme de recherche « Informalité, pouvoirs et envers des espaces urbains - Inverses ». Ce texte retrace le parcours de ce collectif, la manière dont il a construit une analyse commune et positionné sa problématique et ses recherches par rapport aux questionnements contemporains sur les pouvoirs urbains. Il propose de voir comment la notion d'informalité politique a émergé pour devenir une clef de lecture des modes de gouvernement urbain, partant de l'analyse de diverses formes d'arrangement à l'œuvre sur les terrains étudiés.
    In 2010, a collective of 8 geographers and sociologists launched the research program “Informality, Power and the Other Side of Urban Spaces - Inverses”. This text is a description of the process and different stages followed by the research group, as well as the approaches used to develop a shared analytical framework, and the positioning of its thesis and findings in relation to contemporary questions on urban power. It furthermore presents how political informality has emerged as a key notion to understanding modes of urban government, taking into account the different forms of arrangement in presence in the cities studied.
  • Le Pacte mensonger, un acte d'informalité politique à Kibera, Kenya - Jean-Baptiste Lanne accès libre avec résumé en anglais
    Cet article propose d'analyser les interactions informelles entre citoyens et représentants locaux de l'autorité (police, conseils d'anciens, chefs administratifs) dans un vaste quartier d'habitat informel de Nairobi (Kenya). Une enquête de terrain empruntant aux méthodes anthropologiques a permis d'identifier la notion de « pacte mensonger » comme clé de lecture pertinente pour qualifier ces jeux d'interaction. Le pacte mensonger se définit comme la capacité des acteurs à mentir et à accepter le mensonge d'autrui, à condition que celui-ci participe d'une logique d'intérêts communs. En d'autres termes, les places, les droits et les prérogatives de chacun dans le jeu politique de la communauté se fondent sur un équilibre négocié, procédant de la construction d'un récit vraisemblable commun. Partant de cette clé de lecture, l'enjeu de l'analyse est alors de souligner l'importance de l'espace dans le processus de négociation/renégociation du pacte. Cette attention portée à l'espace permet d'entrevoir, au terme de la réflexion, les logiques de ritualisation à l'œuvre dans le jeu politique, permettant l'exclusion puis la réintégration des citoyens fautifs au sein du pacte communautaire. This article aims at analyzing informal interactions between citizens and local representatives of the authority (police, senior councils, administrative chiefs) in a slum of Nairobi (Kenya). A fieldwork relying on anthropological methodologies has led to identify the notion of “delusionary pact” as a pertinent analytical grid for qualifying such interactions. The delusionary pact can be understood as the capacity of the actors to lie and to accept lies from others, provided that such a pact serves a common interest. In other words, places, rights and prerogatives of community members in the political game are based on a negotiated balance, which derives from the construction of a plausible common story. Relying on this analytical grid, the stake of the analysis is to bring forward the importance of space in the negotiation/renegotiation process of the pact. This attention to space highlights the logics of ritualization at work in the political game, allowing both exclusion and reincorporation of deviant citizens within the community pact.
  • La gouvernance des espaces publics à l'épreuve de l'informalité. Conflits, corruption et pratiques du droit dans l'occupation des rues par les vendeurs informels à Mumbai - Lola Salès accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis les réformes économiques des années 1990, le commerce représente en Inde une part de plus en plus importante des économies urbaines. À Mumbai, ce commerce fait vivre directement et indirectement un très grand nombre de résidents urbains tout en fournissant quotidiennement des services essentiels à une grande partie de la population. Pour autant, dans les discours et les politiques d'aménagement et de gouvernance de l'espace urbain, il apparaît comme une activité indésirable. Dès lors, les vendeurs des rues sont au cœur des conflits portant sur l'espace public, envisagé comme un lieu de travail, un lieu de vie, une ressource économique urbaine essentielle mais également comme un espace de circulation, de récréation, de flânerie et de consommation. Par ailleurs, pour nombre d'acteurs, l'espace public représente une « rente spatiale » informelle, créée par des pratiques corruptives, notamment pour les pouvoirs municipaux qui prélèvent une « taxe » sur les activités des rues rendues illégales, mais également par des pratiques clientélistes et mafieuses pour d'autres types d'acteurs exerçant un contrôle informel sur l'espace. Une nouvelle loi pour la défense des droits des vendeurs des rues (Street Vendors Act) a été adoptée en mars 2014 au niveau fédéral, reconnaissant la légitimité et la légalité de leurs activités par le biais d'un processus de régularisation. Dans ce contexte, il s'agit d'analyser la place du droit dans les situations de conflits portant sur les espaces publics, ainsi que les pratiques concrètes de sa mise en œuvre, à savoir les transgressions, les détournements et les arrangements. L'étude de la notion d'informalité politique constitue ici un prisme pertinent pour analyser la tension entre l'aspect normatif des espaces publics et leurs modes divers d'appropriation ainsi que la pluralité des pouvoirs régissant l'occupation de ces espaces.
    Since the economic reforms of the 1990's, street vending plays an important part in everyday life and urban economy in many cities all over India. In Mumbai, street trading allows a large part of urban dwellers to earn a living and provide some essential and affordable goods to the population. However, this activity seems to be “unwanted”, according to urban planning and governance policies and according to a part of “civil society” discourses. Consequently, street vendors are central in the conflicts about public space, which represent a working and living place, a vital spatial resource but also a place for fluent traffic, leisure activities, flânerie or consumption. Moreover, for a large part of official and non-official urban actors, public spaces are a source of informal income through corruption and clientelism practices. Indeed, hawkers, considered as illegal, are victims of a huge extortion process by the municipality and police but also by some informal actors. A new law for the defence of street vendors' rights (Street vendors Act) has been voted in March 2014 at central level, and recognizes the legitimacy and the legality of these activities through a regularization process. In this context, this article tries to analyse the use of law in public spaces conflicts, as well as concrete practices of law through transgressions and negotiations. Analysing informality seems to be a relevant case to understand the tensions between the normative aspect of public spaces and the diversity of their modalities of appropriation, and the plurality of powers which are ruling public spaces occupation.
  • Définir les confins urbains par l'informalité politique : les arrangements citadins entre conflits municipaux et production de territoires indéterminés à Lima (Pérou) - Alexis Sierra accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Lima, capitale du Pérou, est marquée par plusieurs conflits entre municipalités en lien avec l'indétermination des limites politico-administratives. Cette indétermination tient à l'utilisation par les législateurs d'un savoir d'usage qui ne permet pas de définir aujourd'hui ces limites. A partir de cette indétermination, se dessinent des confins marqués par des stratégies de contrôle de la part des municipalités et par différentes formes d'arrangements entre habitants et autorités, construisant une forme de citadinité particulière. Cette recherche pose l'hypothèse des confins comme forme spatiale privilégiée de l'informalité politique.
    The municipalities of Lima (capital of Peru) are involved in many disputes due to the lack of clear political and administrative boundaries between them. This lack of clear boundaries is the result of local legislators' usage of layperson's markers which are no longer adequate to define these boundaries today. Consequently, new territories take form from the fringes, where municipalities develop strategies of control and where various forms of informal arrangements between inhabitants and authorities come together to build a particular citadinity. We make the hypothesis that these fringes are a particular spatial manifestation of political informality. 
  • La « question Rom » à l'échelle de la ville : gouvernance locale, pratiques informelles et pouvoir des acteurs faibles - Swanie Potot accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article explore les procédés informels par lesquels des gouvernants locaux administrent les usages de la ville. L'auteure examine les relations entre gouvernance, informalité et pouvoir. Abordant la présence dans l'espace urbain de migrants roumains ethnicisés dans une grande ville du sud de la France, la première partie revient, à travers son traitement médiatique, sur la constitution du « problème public rom » à l'échelle locale et les enjeux politiques soulevés. Dans une seconde partie, on met au jour la part des pratiques discrètes, des tentatives d'intimidation et des ententes minimales entre acteurs institutionnels et individus dominés, dans le processus qui vise à conformer ces derniers à un certain usage de l'espace public et à leur confinement dans certaines marges urbaines. Enfin, s'intéressant au mouvement de résistance porté par la société civile (dont un « leader rom »), on évalue le poids des relations interpersonnelles et les configurations politiques situées qui conduisent certains acteurs dénués de ressources formelles à jouer un rôle dans la gouvernance locale. La conclusion interroge les perspectives ouvertes par l'informalité en terme de participation à la prise de décision et leurs limites.
    This paper explores the informal processes by which local governments manage the uses of the city. By doing so, we study the relationship between governance, informality and power. The analysis relies on fieldwork conducted during three years on Romanian “Roma” migrants in a large city of the South of France. Firstly, through newspapers articles, we examine how this social matter has become a political issue in the city, which actors are dealing with it and what it challenges in its political environment. Secondly, we investigate how the public forces address Roma through informal practices, intimidations and discrete agreements, in order to minimize their visibility and confine them to certain urban margins. Finally, addressing the movement of resistance supported by NGOs and a “Roma leader”, we analyse interpersonal relations and political configurations that lead actors who are devoid of formal resources to play a role in local governance. The conclusion deals with the prospects offered by informality in terms of participation in decision-making and its limitations for weak actors.
  • La tour Eiffel dans la poche. Informalité et pouvoir dans la construction de la métropole touristique - Sandrine Berroir, Caroline Bouloc, Nadine Cattan, Antoine Fleury, Jean-Baptiste Frétigny, Ulysse Lassaube accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Formalité et informalité, Nords et Suds, ou mondialisations par le haut et par le bas, constituent autant de dichotomies qui structurent encore largement les représentations de l'urbain. Cet article propose de les dépasser en s'intéressant aux logiques de pouvoir liées à l'informalité au cœur d'une métropole dite du Nord. L'étude des arrangements spatiaux et sociaux entre acteurs formels et informels sur plusieurs sites touristiques parisiens montre comment l'ordre urbain officiel est transgressé au quotidien par les acteurs de l'économie touristique informelle. Malgré l'ampleur du dispositif de contrôle, ces acteurs parviennent à s'imposer dans les jeux de pouvoir à l'œuvre dans les espaces publics et à construire un pouvoir alternatif, laissant entrevoir d'autres formes d'ordre urbain. Ils s'affirment par ailleurs comme des producteurs de la métropole, prescripteurs de représentations et de pratiques touristiques qui remodèlent les paysages urbains.
    Formality and informality, Global North and Global South as well as globalization from above and globalization on below are enduring dichotomies informing greatly our representations of cities. This paper envisions the overcoming of such oppositions by focusing on the power dynamics engaged by informality in the very city centre of a so called Global North metropolis. The study of the spatial and social arrangements contracted between (in)formal stakeholders of several Parisian tourist attractions highlights the multiple ways in which the urban official order is infringed by the stakeholders of the informal economy on an everyday basis. Despite the strong apparatus of security, these stakeholders manage to assert themselves in the power relationships at stake in the public spaces and to build an alternative power geometry, allowing to grasp new forms of urban order at play. They turn out to be co-producers of the metropolis by reshaping tourist representations and practices as well as urban landscapes.
  • Les pratiques urbanistiques de l'ombre des acteurs institutionnels et privés : le cas de Phnom Penh, Cambodge - Gabriel Fauveaud accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article analyse les pratiques urbanistiques de l'ombre mises en œuvre par des acteurs institutionnels et privés à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Il s'appuie sur un cadre théorique généralement utilisé pour analyser les initiatives locales menées par des habitants ou des groupes paupérisés (et notamment la notion « d'urbanisme de fait ») afin de montrer que la production urbaine souvent considérée comme normée et imposée au sein des villes dîtes « du Sud » est tout aussi concernée par de multiples formes d'arrangements, de conflits et de logiques de contournements. L'article mobilise tant la géographie que l'urbanisme et l'économie politique pour expliquer en quoi ces pratiques urbanistiques sont tributaires de la trajectoire historique du développement urbain, de la libéralisation de l'économie cambodgienne, de rapports sociopolitiques néopatrimoniaux, d'une flexibilité importante des modes de production de la ville et d'un faisceau complexe de rapports de pouvoir. L'article montre finalement que l'opacité des pratiques urbanistiques représente le cœur et non la marge de l'espace politique de la production des espaces urbains à Phnom Penh.
    This paper analyses different forms of “shadow urbanism” in Phnom Penh, the capital city of Cambodia. I mainly argue that planning actions and urban spaces productions “from above” depend on multiple informal strategies structured by power relationships between public and private stakeholders. I show that current debates about urban planning logic in Global South cities oppose too sharply urban spaces productions from above and from below, as well as formal and informal practices. These dialogical approaches reduce our capacity of understanding the political nature of the relationships between public and private stakeholders, and the fact that their actions also depend on “actually existing urbanism” that condition their strategies. Firstly, the paper examines how official planners are trying to change the production of a large scale urban project in the city centre. Secondly, the paper analysis how a private developer who is building a condominium project in the periphery failed to impose his will to local authorities. Finally, the article shows that instead of the notion of informality, the notion of opacity is a key concept in the understanding of shadow urbanism practices in Phnom Penh.
  • Les coulisses du pouvoir local : stratégies d'autonomie et pratiques informelles dans la municipalité du Rímac (Lima) - Jérémy Robert, Pascale Metzger accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article propose d'explorer les dimensions de l'informalité dans les coulisses du gouvernement local du Rímac, un district situé au cœur de l'agglomération de Lima, au Pérou. L'ampleur des problèmes et des contraintes qui s'imposent à cette municipalité questionne sa capacité à orienter le développement urbain, l'incitant à développer des stratégies pour assurer son autonomie. Pour la recherche de financements comme pour la mise en œuvre de politiques urbaines sur le territoire, l'organisation et les pratiques du gouvernement local naviguent entre le formel et l'informel. Contournant ou se substituant au cadre normatif, l'exercice du pouvoir local s'appuie sur des stratégies opportunistes et clientélistes qui permettent la construction d'une marge de manœuvre. Il se traduit par des formes d'actions particulières sur le territoire qui participent au maintien de relations de pouvoir.
    This article explores the dimensions of informality behind the scenes of Rímac's local government, a central district of the Peruvian capital, Lima. The municipality's capacity to oversee urban development is challenged by the magnitude of its problems and constraints, and has therefore developed strategies so as to ensure its own autonomy. The organisation and practices of the local government maneuver between formality and informality in order to access funds and to implement urban policies in the district. The exercise of local power, whether it bypasses or substitutes the normative framework, relies on opportunistic and clientelistic strategies that allow room for maneuver. This results in specific forms of action on the territory and the conservation of power relations.
  • From Margin to Mainstream: Informal Street Vendors and Local Politics in Kolkata, India - Tathagata Chatterji, Souvanic Roy accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En lien avec la thématique du droit à la ville, un grand nombre de recherches sur les transformations urbaines en Inde et dans d'autres pays en développement ont montré la façon dont les aspirations des élites urbaines à constituer une ville globale se sont traduites par la marchandisation de l'espace urbain et par conséquent la dépossession des plus pauvres. Prenant ce cadre conceptuel comme point de départ, cet article propose une perspective alternative sur la consolidation politique du secteur urbain informel et ses implications. Au prisme de la mobilisation politique des vendeurs de rue à Calcutta en Inde, il s'agit de montrer que les syndicats ont permis aux vendeurs ambulants non seulement de résister avec succès aux conceptions d'un Etat hégémonique, mais aussi de devenir partie intégrante du cadre de gouvernance de la ville. L'article montre que les oppositions binaires entre économies formelles et informelles – et les personnes qui y sont associées - ne permettent qu'une vision partielle de relations stratifiées et en évolution, caractérisées par un haut niveau de coexistence et interdépendance entre elles, notamment à l'échelle du quartier. Les relations de pouvoir et les modes de relation entre les vendeurs de rue et les autorités étatiques ont changé au fil des années, avec un impact sur la qualité de vie dans le centre de la ville et sa durabilité à long terme. Une nouvelle structure spatiale fragmentée a commencé à se développer, en lien avec les classes moyennes et les segments de l'économie globalisée, se déplaçant vers les quartiers fermés aux franges de la ville. Ces changements ne constituent pas un phénomène isolé, mais sont symptomatiques de transformations urbaines plus larges, articulés à des changements économico-politiques au niveau étatique.
    Informed by the ‘right to the city' literature a large body of research on urban transformation in India and other developing countries had shown how Global city aspirations of the urban elites have increasingly come about through commoditisation of urban space and inter alia dispossession of the poor. Taking-off from the above conceptualisation as the point of departure, this paper provides an alternative perspective of political consolidation of the urban informal sector and its implications. Looking through the lens of political mobilization of the street vendors in Kolkata, India, this paper shows that how the labour unions has enabled informal vendors to not only resist the designs of the hegemonic state successfully but to become a part of the city's governance framework. The paper argues that class binaries provide only a partial picture about what it is an evolving and layered relationship in which at the neighbourhood scale, often there is high degree co-existence and interdependence between formal and informal economies and the people associated with it. Power relations and engagement patterns between the street vendors and the state authorities had changed over years, impacting quality of life within the core city and its long term sustainability. A new, fragmented spatial structure has started emerging, with the middle classes and the globalizing segments of the economy, moving away to gated enclaves at the urban fringe. These changes are not isolated phenomenon, but rather symptomatic with the larger process of urban transformation and entwined with the political-economic change in the state level.
  • Lieux culturels et informalité politique à Naples : une approche par les pouvoirs multisitués - Pascale Froment accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le contexte de renouvellement du concept d'informalité en sciences sociales, cette contribution propose d'aborder la question du rapport entre informalité et politique, à partir de la création de nouveaux lieux de culture, de leurs usages et de leur gestion, dans le centre historique de Naples. Malgré une littérature très nourrie sur le rôle des politiques culturelles dans la renaissance des villes, le champ des pratiques informelles dans ce domaine a été relativement peu défriché. Or, l'analyse des actions et des lieux culturels ouvre des pistes prometteuses pour saisir quelques-unes des facettes de l'informalité politique en raison de la diversité des acceptions de la culture et par le fait même qu'elle constitue une sphère encore peu codifiée, suscitant des situations inédites et l'émergence d'une pluralité de foyers de pouvoirs où s'imbriquent circuits officiels et logiques informelles à différentes échelles. Le cas de Naples, au-delà de ses singularités, constitue de ce point de vue un observatoire privilégié.
    In the context of the renewal of the concept of the informal sector in social science, this contribution proposes to address the question of the relationship between informality and politics, from the creation of new places of culture, their uses and management in Naples' historic center. Although much has been published on cultural policies in connection with the revival of the cities, the field of informal practices in this area has been relatively overlooked. The manifold meanings of culture generate a wide range of narratives in counterpoint to illegality. This sphere is not yet codified and gives rises to unprecedented situations and emergence of a various foci of power, thus combining formal and informal logic circuits on different scales. For all these reasons, the analysis of cultural actions opens up promising paths to capture some of the facets of the political informality. The case of Naples, beyond its peculiarities, is in this perspective a privileged observatory.
  • Brokers in Participatory Urban Governance: Assembling Formal and Informal Politics - Martijn Koster accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La gouvernance urbaine participative, qui met l'accent sur la représentation des citoyens et sur la distribution équitable des ressources, a été globalement mise en œuvre pour accroître la démocratie. Certains individus se positionnent entre l'État et leurs concitoyens en temps que représentants volontaires – ou courtiers. Cet article analyse le rôle de plus en plus important et largement informel de ces courtiers dans la gouvernance urbaine participative. Fondé sur mes recherches au Brésil et aux Pays-Bas, cet article explore la manière dont les courtiers se positionnent par rapport aux programmes administratifs et comment ils opèrent à la fois dans et en dehors des canaux et institutions officiellement reconnues. En général, le débat scientifique sur le courtage dans le cadre de la gouvernance urbaine participative est divisé entre deux points de vue : un premier qui le place dans le cadre de la dérèglementation néolibérale, qui encourage les pratiques des citoyens-médiateurs actifs ; un second qui le voit dans le cadre de la modernisation, qui considère les courtiers comme les restes d'un système politique clientéliste. Le premier point, principalement inspiré des recherches faites dans les pays du Nord, considère les courtiers comme des médiateurs formels, tandis que le second, provenant principalement d'études réalisées dans le Sud, les voit engagés dans des transactions informelles et très personnalisées. Afin de combler le fossé entre ces deux positions, je propose dans cet article une approche qui considère les courtiers comme des « assembleurs », des agents de mise en relation qui participent activement à la réunion d'acteurs du gouvernement, de citoyens et d'acteurs de différentes institutions et ressources, combinant différentes pratiques politiques formelles et informelles.
    Participatory urban governance, with its focus on citizen representation and the equitable distribution of resources, has been implemented globally to deepen democracy. Some individuals position themselves as voluntary representatives, or brokers, between the state and their fellow citizens. In this article I analyse the increasingly important and largely informal roles of such brokers in participatory urban governance. Informed by my research in Brazil and the Netherlands, this article explores how brokers position themselves in administrative schemes and how they operate both in and out of officially sanctioned channels and institutions. In general, the scholarly debate on brokerage within participatory governance is divided into two arguments: first, an argument about neoliberal deregulation, which encourages the practices of active citizen-mediators, and second, an argument about modernization, which sees brokers as remnants of a clientelist political system. The first argument, mostly based on research in the global North, sees brokers as formal mediators, while the second, mostly based on studies in the global South, sees them as engaged in highly informal and personalized transactions. In this article, to bridge the existing divide between these arguments, I present an approach of brokers as ‘assemblers', connective agents who actively bring together different government and citizen actors, institutions and resources while combining formal and informal politics.