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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 679, juillet 2016 |
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- Christine de Pizan dans l'Angleterre du XVe siècle : une autorité en matière de bon gouvernement ? - Aude Mairey p. 491-512 De nombreux textes littéraires en anglais, au XVe siècle font preuve d'une préoccupation pour le bon gouvernement et le bien commun. Plusieurs d'entre eux sont des traductions ou des adaptations du français, qu'il s'agisse de textes originaux (Guillaume de Deguileville, Alain Chartier, etc.) ou de traductions du latin (Laurent de Premierfait, etc.), sans compter les influences plus informelles. Christine de Pizan est bien connue en Angleterre dès le tournant des XIVe et XVe siècles : Henri IV de Lancastre l'a invitée à sa cour (invitation qu'elle a refusée) et des manuscrits de ses œuvres circulent. Elle est également traduite et adaptée tout au long du siècle et encore au siècle suivant, sous le règne d'Henri VIII Tudor. Qu'apporte Christine à ces auteurs-traducteurs ? C'est peut-être d'abord l'éloquence de Christine, et l'usage qu'elle en fait, qui les aurait séduit, et cela est sans doute une raison importante dans un siècle où l'anglais se constitue en langue savante, politique et littéraire. Mais, plus largement, se pose la question de l'articulation entre ces développements de l'anglais et l'usage politique que font ces auteurs de Christine de Pizan, à un moment où l'Angleterre et la France se construisent en partie par leur confrontation, et alors même que Christine est une femme. Cet article aborde cette question à travers trois exemples de traductions empruntés à trois moments différents : la Letter of Cupid de Thomas Hoccleve au tout début du XVe siècle, l'Epistle of Othea de Stephen Scrope dans les années 1440 et les Fayttes of Armes de William Caxton, imprimés en 1489.Christine de Pizan in the 15th c. England: an authority on good government?
In the fifteenth-century, many literary texts in English have concerns about good government and common good. Some of them are translations or adaptations from French, whether they are original texts (Guillaume de Deguileville, Alain Chartier...) or translations from Latin (Laurent de Premierfait...). There are also many informal influences. Christine de Pizan is well known in England as soon as the end of the fourteenth-century: Henry IV invited her at his court (but she refused to come) and manuscripts of her works are already circulating in England. Some of her texts are also translated or adapted during all the fifteenth-century and at the beginning of the sixteenth-century.
What is Christine providing to these authors-translators? First, her eloquence and its use may have been seductive – this is certainly an important reason in a century where English is about to constitute a learned, political and literary language. But, more broadly, we may interrogate ourselves about the question of the articulation between these developments of English and the political use of Christine de Pizan by these writers, even though Christine is a woman, during a period where England and France construct themselves in part by their confrontation. This paper approaches this question by the study of three examples of translations from three different moments: the Letter of Cupid by Thomas Hoccleve at the beginning of the fifteenth-century, the Epistle of Othea by Stephen Scrope in the 1440s and The Book of Fayttes of Armes and Chyvalrye by William Caxton, published in 1489. - L'État princier à l'épreuve. Financer et conduire la guerre pendant la crise de l'État bourguignon (1477-1493) - Amable Sablon du Corail p. 549-576 Entre 1477 et 1493, l'État bourguignon traversa la plus grave crise de son existence. Face à Louis XI, les successeurs de Charles le Téméraire durent d'abord défendre l'intégrité territoriale de leurs possessions. À l'intérieur de celles-ci, ils furent confrontés aux revendications des villes de Flandre et de Brabant, porteuses d'un projet politique fondé sur l'autonomie urbaine. Au contexte politique très difficile, s'ajoute une conjoncture défavorable, en raison du très haut niveau des salaires, et donc du coût de la guerre, à la fin du xv e siècle. Les structures financières et militaires de l'État bourguignon ont très vite montré leurs limites, obligeant les capitaines de Maximilien de Habsbourg à vivre d'expédients, de réquisitions et de pillages. Peut-on pour autant parler d'État failli ? Non, car au bout du compte, en dépit de la violence générée par l'incapacité de l'État à financer la guerre dans la longue durée, la légitimité du pouvoir princier ne fut jamais sérieusement contestée, pas plus que sa finalité, à savoir dispenser la paix et la justice.A failed state? Financing and waging war during the crisis of the Burgundian state, 1477-1493
Between 1477 and 1493, the Burgundian state was confronted with the most serious crisis of its history. Against Louis XI, the successors of Charles the Bold had to defend the territorial integrity of his heritage. Within the Burgundian Netherlands, they were challenged by the claims of the largest Flemish and Brabantine cities, who promoted a political agenda based on urban autonomy. Besides the political background, the economic environment raised other difficulties, owing to the general high level of wages, which dramatically increased the cost of war at the end of the 15th century. The fiscal and military structures of the Burgundian state quickly found their limits and collapsed, forcing Maximilian's captains to live by one's wits, requisitioning money and supplies, or plundering the countryside. Would it be proper to say that the 1480's Burgundian state was a failed one? Surely, it would be going too far, as no one really disputed either the legitimacy or the finality of monarchical power, namely enforcing peace and justice. Nevertheless, the inability of the medieval state to lastingly finance war invariably led to outbursts of violence. - Conservation et captures animales au Congo belge (1908-1960). Vers une histoire de la matérialité des politiques de gestion de la faune - Violette Pouillard p. 577-604 Cette contribution examine les tensions entre la protection de la faune et son appropriation par le biais d'une étude des ponctions d'animaux protégés au Congo belge aux fins d'alimenter les jardins zoologiques. Elle débute par l'analyse des mesures juridiques de protection qui établissent des listes d'espèces protégées, toutefois dotées d'exceptions en faveur des institutions dites scientifiques, y compris les zoos. Une seconde partie se penche sur les politiques et pratiques coloniales qui découlent du droit, de la cession d'autorisations de captures aux délégués des institutions scientifiques ou à des colons choisis à la progressive monopolisation officielle des captures des animaux les plus protégés. Ce faisant, les recherches confirment la codification et la restriction croissantes des ponctions au profit des élites de l'Occident mises en évidence par les travaux de John MacKenzie. Mais l'étude, examinant ensuite la matérialité des ponctions officielles par le biais de leurs incidences sur les populations animales, témoigne de ce qu'elles opèrent largement dans la continuité des motifs antérieurs, échouent à rationaliser les pratiques et fondent de nouvelles traditions d'exploitation de la faune, y compris s'agissant des animaux les plus protégés. Ces orientations sont mises en relation, en conclusion, avec les fondements utilitaristes des politiques environnementales au Congo belge.Capture and conservation of wild animals in the Belgian Congo (1908-1960). Towards a history of the materiality of wildlife management policies
This contribution examines the history of captures of protected species in the Belgian Congo (1908-1960) in order to supply zoos as a case study to unveil the tensions between appropriation and protection of fauna. It begins with an analysis of the development of colonial laws establishing lists of protected species, though with exceptions for scientific institutions, including zoological gardens. A second part examines colonial policies and practices from the issuing of capture licences to representatives of scientific institutions and a few chosen settlers to the official monopolization of captures. Thereby, this research supports John MacKenzie's thesis following which wildlife appropriation was growingly codified and restricted to the Western elites. But the study, by shifting to the materiality and practical aspects of policies and investigating their incidences on animals, shows that those official captures reused former patterns, failed to rationalize the appropriation and implemented new forms of exploitation. This process is related in conclusion to the utilitarian grounds of colonial environmental policies in the Belgian Congo. Mélanges
- L'affirmation transnationale de la culture catholique française (années 1920 – années 1960) - Florian Michel p. 605-628 xx e siècle, France, histoire transnationale, catholicisme, intellectuels, publications de jeunesse, circulations, transferts culturels, traductionsThe Transnational Affirmation of the French Catholic Culture (1920's-1960's)
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e century, France, transnational history, catholicism, intellectuals, youth publications, circulations, cultural transfers, translations - La « crise religieuse des années 1960 » : À propos d'un débat récent dans l'historiographie britannique - Guillaume Cuchet p. 629-644
- Comptes rendus - p. 645-728
- L'affirmation transnationale de la culture catholique française (années 1920 – années 1960) - Florian Michel p. 605-628