Contenu du sommaire : Les États-Unis en fêtes

Revue Revue française d'études américaines Mir@bel
Numéro no 146, 1er trimestre 2016
Titre du numéro Les États-Unis en fêtes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Aurélie Godet p. 3-25 accès libre
  • The Play is Deep and Wide: Strategies for Survival in the Grand Marais Mardi Gras - p. 26-38 accès libre avec résumé
    Comme la culture cajun en général, le Mardi Gras traditionnel cajun est à la fois le produit d'un passé lointain (le Moyen-Âge français) et de la fusion ethnique et culturelle qui caractérise le sud de la Louisiane aujourd'hui. Cet article étudie la façon dont la fête de Mardi Gras s'empare des problèmes sociaux de la petite communauté de Grand Marais sous le masque du jeu carnavalesque, et ce d'une manière qui n'est pas sans rappeler le concept de « jeu profond » élaboré par Clifford Geertz dans son article sur le combat de coqs à Bali. Outre sa profondeur, le jeu de Mardi Gras se caractérise également par sa largeur, en ce qu'il déborde sur l'espace-temps non ludique de la communauté, sa « vraie vie ».
  • Another Side of the Sixties: Festive Practices on College Campuses and the Making of a Conservative Youth Movement - Caroline Rolland-Diamond p. 39-53 accès libre avec résumé
    Contrairement à l'image qu'en donne encore la grande majorité des études sur les mouvements de jeunesse des années 1960, les défis posés par la Nouvelle Gauche, les militants du Black Power et les hippies n'étaient pas le seul visage de l'activisme étudiant à cette époque. Partout dans le pays, des membres de Young Americans for Freedom, les College Republicans, des membres de fraternités et de sororités, de Campus Crusade for Christ et de toute une variété de groupes conservateurs ont mobilisé les étudiants pour résister au radicalisme croissant sur leurs campus. Quelques études ont étudié la mobilisation politique des jeunes conservateurs et leur ascension dans les cercles conservateurs des années 1960 à la présidence Reagan, mais les processus qui ont mené à la création d'une culture conservatrice de la jeunesse sur les campus américains comme moyen de développer un sentiment de communauté et d'en mobiliser politiquement les membres, restent largement méconnus. Cet article vise à combler ce manque en examinant les pratiques festives des étudiants conservateurs sur une sélection de campus californiens. En mobilisant les jeunes non pas directement autour de la politique, mais autour de l'objectif plus séduisant de la fête, les pratiques festives des étudiants conservateurs ont servi de catalyseur à la montée du conservatisme sur les campus. Cet article montre comment les étudiants conservateurs sont ainsi sortis de leur marginalité pour faire partie d'une communauté de jeunes activistes conservateurs qui s'est imposée comme force culturelle et politique légitime.
  • Taking Elias “Out to the Ball Game.” Baseball Spectatorship and the “Quest for Excitement” in American Sports Festivities - Peter Marquis p. 54-67 accès libre avec résumé
    Cet article interroge la problématique des festivités aux États-Unis du point de vue du sport et en particulier des modes d'« être spectateur » lors des matches de baseball. Ce sport occupe une place toute particulière dans l'imaginaire américain ; de plus, les compétitions sportives partagent de nombreux traits avec les rituels festifs. Toutefois, l'état des connaissances scientifiques ne permet pas de conclure à une fabrique de communitas par le sport étant donnée la complexité des rapports sociaux dans les stades (Bain-Selbo 2007). Pour renouveler le regard sur cette question sont mobilisés les concepts de « recherche d'excitation » et de « libération contrôlée des contraintes sur les émotions » développés par Elias et Dunning (1986). Les sources historiques utilisées suggèrent que trois régimes de spectatorisme sont identifiables (1840-1880; 1880-1950; 1950-présent). Chacun présente un rapport particulier à la double notion d'investissement physique dans la quête du plaisir et de dépendance aux discours normatifs sur les bonnes conduites. La dernière partie porte sur la pertinence de conserver la théorie d'Elias à l'heure où les compétitions sportives dont devenues socialement répressives du fait d'une marchandisation galopante. L'hypothèse avancée est que ce reflux de la « recherche d'excitation » dans le baseball américain n'est qu'une étape dans un long processus où alternent dépossession et réappropriation.
  • Pioneers! O Pioneers! Pioneers and the Cultural Work of American Festivity: Remembering and Forgetting for Fun and Profit - Matthew Dennis p. 68-88 accès libre avec résumé
    Les pratiques festives américaines prennent des formes très diverses, mais l'une des plus remarquables met en scène la figure du pionnier. Que ce soit au travers de jours fériés, de commémorations, de défilés, de parades ou de foires, les Américains ne cessent de célébrer les « bâtisseurs de la nation », ou, du moins, de s'en servir pour affirmer leur exceptionnalisme au niveau local et national, se forger une identité, promouvoir leur communauté et aussi, bien sûr, pour des raisons commerciales. La figure du pionnier accomplit ainsi un double travail culturel et politique : elle légitime la fête en la frappant du sceau de l'histoire, tout en travestissant cette même histoire et lui ôtant tout potentiel critique.
  • Globalized, Commodified, and Contested: Contemporary Festivities in the United States - Jack Santino p. 89-106 accès libre avec résumé
    Les sociétés pluralistes se caractérisent par la diversité de leurs célébrations, chacune reflétant une origine nationale, une culture régionale, une affiliation religieuse ou d'autres marqueurs identitaires. Dans une société capitaliste tournée vers la consommation telle que les États-Unis aujourd'hui, les fêtes locales et nationales sont souvent dominées par l'industrie du commerce, qui se sert fréquemment de coutumes traditionnelles à des fins mercantiles. Cet article s'intéresse à la façon dont, dans ce contexte, les individus réaffirment leur capacité d'action en adaptant les paradigmes nationaux à leur propre situation, en continuant de célébrer leurs traditions à l'ombre de la culture dominante ou en créant, dans la sphère publique, de nouvelles fêtes qui résistent à la norme.
  • Urban Spaces as Living Theater: Toward a Public Space Party for Play, Poetry, and Naked Bike Rides (New York City, 2010-2015) - Benjamin Shepard p. 107-124 accès libre avec résumé
    Cet article envisage la rue comme théâtre de pratiques festives visant à transformer un espace urbain impersonnel en espace chargé d'histoire(s). Plus précisément, il se penche sur les tensions qui existent, au sein de l'espace urbain, entre un discours festif, de libération, et un discours productiviste ou répressif. Le recours à la méthode auto-ethnographique fait la part belle aux sentiments de l'auteur, qui partage avec le lecteur son expérience personnelle et relie cette dernière à des phénomènes sociaux, culturels et politiques plus larges. Les expériences sélectionnées renvoient à diverses formes de militantisme citoyen en milieu urbain, parmi lesquelles le cyclo-nudisme et la lecture publique de poésie, et les envisagent comme autant d'actions ludiques ouvrant l'espace public à des usages alternatifs.
  • Comptes rendus - Nathalie Dessens p. 125-126 accès libre