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En partant d'un phénomène très général, l'association du lion au roi, l'auteur essaye de dégager certains caractères originaux de la personne royale qui, avec plus ou moins d'insistance, apparaissent tout au long de l'histoire de la Mésopotamie ancienne. A partir du dernier quart du IIIe millénaire dans des noms propres et, plus tard, dans les hymnes royaux de l'époque d'Ur-III et de la première dynastie d'Isin, le roi est souvent comparé à un lion. En même temps la chasse au lion s'inscrit en tête parmi les « jeux » princiers, le lion étant en quelque sorte la proie privilégiée du prince, sa part réservée. Mais c'est surtout avec les rois assyriens de la deuxième moitié du IIe millénaire et plus encore avec ceux du Ier millénaire, que la chasse aux fauves devient, en même temps qu'un sport, une obligation religieuse. Les exploits cynégétiques du roi ont lieu par ordre des dieux « qui aiment » sa « prétrise ». La phraséologie des inscriptions royales assyriennes représente le roi comme un lion féroce auquel rien ne résiste. Lion, lorsqu'il se bat contre ses ennemis, le roi n'est jamais plus « royal » que lorsqu'il chasse du haut de son char ou affronte dans un corps à corps le lion. Le fait de se mesurer à un lion est devenu un combat pour la royauté, une sorte d'ordalie, dont le Moyen Age occidental gardera encore des traces. En outre, la mise à mort du lion dans un combat rituel, marqué par des prises réglées, dont le palais est parfois le théâtre, permet au vainqueur d'assimiler une des qualités essentielles de son rival, celle d'être la force souveraine du monde sauvage ("ersetu"), de cette vaste étendue au-delà des limites du pays organisé ("mâtu"), sur laquelle le pouvoir royal n'a pas de prise. Par sa victoire sur le lion, le roi peut ainsi prétendre, comme les rois « universels » Sargon, Naram-Sîn ou Sulgi, à la domination sur les « quatre quartiers du monde ».

Le sens religieux de la scène d'évocation de l'ombre de Darius dans les « Perses » a fait l'objet d'interprétations divergentes, comme le montre l'analyse des principaux travaux qui lui ont été consacrés depuis le début de ce siècle. Mais parmi les témoignages antiques, il vaut la peine de regarder de plus près qu'on ne l'a fait les passages de la tragédie grecque qui présentent des situations comparables à divers titres à celles des « Perses » : scènes de libations et d'offrandes funéraires, scènes dans lesquelles les âmes des morts se manifestent aux vivants, soit spontanément, soit à la suite d'une « évocation ». En se référant à ces passages, on peut distinguer plus nettement dans les « Perses » la part des éléments religieux traditionnels et celle des pratiques magiques au coloris oriental, et apprécier plus pleinement l'art du poète dans la transposition scénique qu'il en a donnée.

L'image de la « pesanteur » de l'âme, évoquée dans une page célèbre des "Confessions", et reprise ailleurs dans l'œuvre de saint Augustin, suggère la possibilité d'un mouvement de l'âme dans les deux sens, vers « le bas » ou vers « le haut », c'est-à-dire vers le centre ou vers la périphérie de l'univers. Cette idée se retrouve chez Jamblique, dans un texte de son commentaire sur les "Catégories", conservé par Simplicius. Augustin affirme avoir étudié, dans sa jeunesse, les explications que donnaient des "Catégories" certains « maîtres très érudits ». Aurait-il eu connaissance par eux de quelques-unes des idées de Jamblique ? S'inspirerait-il de celui-ci, en évoquant l'image d'une « double » pesanteur dans les "Confessions" ?