Contenu du sommaire : I. Travaux
Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 64, 2012 |
Titre du numéro | I. Travaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les adverbiaux prépositionnels : position, fonction et portée présentation du numéro - Laure Sarda, Michel Charolles p. 7-19
- L'impact de la position phrastique sur les fonctions et valeurs des SP adverbiaux : l'exemple des SP en sur et dans - Laure Sarda, Shirley Carter Thomas p. 21-54 L'objectif de cet article est d'étudier l'impact de la position phrastique (i.e. initiale vs finale) sur les valeurs et les fonctions que peuvent prendre les SP en dans et sur. Dans la première partie nous nous focaliserons sur la valeur sémantique de ces SP. Nous observerons dans quelle mesure certaines valeurs sémantiques peuvent apparaître plus régulièrement dans certaines positions. La deuxième partie propose une analyse des différentes fonctions syntaxiques que peuvent prendre les SP. Nous observons les corrélations entre valeur sémantique et statut syntaxique et proposons une classification des SP basée sur des critères sémantiques, syntaxiques et pragmatiques. Dans la lignée des travaux sur l'encadrement du discours (cf. entre autres Charolles, 1997 ; Charolles et Pery-Woodley, 2005), nous examinons dans la troisième partie les fonctions textuelles et organisatrices des SP. L'accent est mis sur la différence entre la structuration cadrative et la structuration thématique.The objective of this article is to examine the impact of sentence position on the values and functions of prepositional phrases (PPs) with sur (‘on') and dans (‘in'). The first part focuses on the range of meanings these PPs carry. We consider to what extent specific semantic values are correlated with sentence position. This is followed by an analysis of the different syntactic roles fulfilled by the PPs. We consider to what extent their semantic values are associated with particular syntactic functions and propose a classification of PPs which includes semantic, syntactic and pragmatic criteria. Situating our study within Charolles' theory of ‘Discourse frames' (cf. among others Charolles, 1997 ; Charolles et Pery-Woodley, 2005), we examine in a third part the potential textual and organising functions of PPs and contrast this type of structuring with a rather different type of structuring based on thematic progression.
- Le pouvoir cadratif des compléments introduits par à travers : des cadres de discours pas comme les autres ? - Dejan Stosic p. 55-78 La grande majorité des études sur l'encadrement du discours sont consacrées aux adverbiaux spatiaux statiques. L'objectif de cet article est d'examiner la capacité des compléments locatifs dynamiques en à travers à remonter en tête de phrase et à introduire des cadres de discours. Notre étude s'appuie sur un corpus d'environ 600 exemples attestés avec un syntagme prépositionnel introduit par à travers en position initiale de la phrase. En partant de l'idée que la dislocation en tête de phrase permet aux adverbiaux spatiaux d'étendre leur portée sur des segments discursifs plus larges, nous montrons tout d'abord que les compléments en à travers remontent le plus facilement en position initiale lorsqu'ils accompagnent les verbes de perception et, de façon plus générale, les verbes transitifs directs. Ensuite, nous montrons que dans certains cas ces adverbiaux, une fois en tête de phrase, ont incontestablement un pouvoir cadratif. En tant qu'introducteurs de cadres et conformément à la sémantique de la préposition à travers, les adverbiaux en à travers donnent accès à une scène, qui est perçue et décrite par le locuteur. C'est cette description qui est indexée ou encadrée par l'adverbial spatial dynamique en à travers, qui étend sa portée sémantique et/ou cadrative au-delà de sa phrase d'accueil. Enfin, nous examinons la façon dont ces cadres de discours très particuliers sont clos.Most studies on discourse frames have dealt with static spatial adverbials. The aim of this paper is to discuss the capacity of dynamic spatial complements formed by the preposition à travers ‘through' to move in sentence-initial position and to function as framing adverbials. Our study is based on some 600 sentences beginning with PPs introduced by à travers. Arguing that initial positioning of spatial adverbials can establish scope over larger discourse segments, we first show that the possibility for dynamic PPs formed by à travers to appear in sentence-initial position grows when they are combined with verbs of perception and more generally with direct transitive verbs. Second, we show that in some cases these initial adverbials have indisputably framing potential. As framing adverbials, in accordance with the semantics of the preposition à travers, these spatial PPs give access to the scene perceived and described by the speaker. This description is what the dynamic spatial adverbial formed by à travers frames or indexes by extending its discourse and/or semantic scope. Finally, we tackle the issue of the way these very particular discourse frames are cancelled.
- « Dans la nuit il y a toi. Dans le jour aussi ». Interprétations temporelle et spatio-situationnelle de dans la nuit et dans le jour - Anne Le Draoulec p. 79-109 On sait que les emplois spatial versus temporel de la préposition dans dépendent pour une large part des propriétés du nom dont elle est suivie. Or on observe que pour des syntagmes prépositionnels (SP) où dans est suivi d'un nom de partie de la journée (i.e. un nom de temps, ou Ntps) ne suffit pas à orienter l'interprétation dans un sens temporel. La présente étude est focalisée sur l'analyse des séquences dans + le/la + jour/nuit, qui retiennent tout particulièrement notre attention par leur double possibilité d'interprétation, temporelle (surtout pour le cas de nuit – cf. dans la nuit, elle fit un rêve) aussi bien que « spatio-situationnelle » (au sens où l'entité dénotée par le Ntps est configurée comme une entité concrète, spatialisée, faisant l'objet d'une perception sensible, visuelle, tactile, etc. – cf. dans la nuit, les étoiles scintillaient). Notre analyse, appuyée sur corpus, met en évidence les différents paramètres (aux niveaux phrastique et discursif) susceptibles de guider le lecteur dans l'interprétation des SP étudiés (quand celle-ci ne reste pas indéterminée ou ambiguë).It is well-known that spatial versus temporal uses of the French preposition dans (‘in') depend on the properties of the noun that follows. In some prepositional phrases (PP) however, where dans is followed by a noun denoting a part of the day (i.e. a time noun, or TN), the interpretation is not necessarily temporal. The present paper focuses on the analysis of the sequences dans + le/la + jour/nuit (‘in' + ‘the' + ‘day'/'night'), which can be given a temporal interpretation (especially with nuit – cf. dans la nuit, elle fit un rêve / lit. ‘in the night, she had a dream') as well as a spatio-situational one (in the sense that the entity denoted by the TN is conceived as a concrete, spatialised entity, open to a physical, visual, tactile, etc. perception – cf. dans la nuit, les étoiles scintillaient / lit. ‘in the night, the stars were shining'). Our corpus-based analysis brings to light the different clues (from a phrasal to a discursive level) likely to guide the reader in the interpretation of the PP at stake (when not unspecified or ambiguous).
- En réalité : de la modalisation à l'organisation du discours - Michel Charolles, Paola Pietrandrea p. 111-142 L'étude porte sur l'usage de en réalité en français écrit contemporain. En réalité présente deux réalisations dans un corpus de 150 emplois extraits du quotidien Le Monde : soit il constitue un ajout endophrastique (ER1) encodant un circonstanciel ; soit il constitue un ajout exophrastique (ER2) encodant un adverbial d'énoncé. ER2 constitue dans la plupart des occurrences un modal évidentiel localisant la source d'évidence dans la connaissance de la réalité et présupposant l'existence d'une source alternative à la réalité et donc fautive. Cette supposition explique pourquoi ER2 est souvent considéré comme un marqueur de rectification. Nous montrons toutefois que ER2 n'est intrinsèquement ni un connecteur oppositif, ni un connecteur reformulatif. ER2 peut parfois fonctionner, lorsqu'il apparaît en tête de phrase, comme un localisateur énonciatif abstrait assurant ainsi une fonction cadrative, plutôt que connective, à l'organisation du discours.Our paper aims at identifying the syntactic, semantic and discourse functions of en realité (lit. ‘in reality') in contemporary French. En réalité shows two different realizations in our corpus (150 occurrences drawn from the newspaper Le Monde) : either it constitutes an intraclausal adjunct encoding a circumstantial complement (ER1), or it constitutes an extraclausal adjunct encoding a sentence operator (ER2). Most occurrences of ER2 can be regarded as encoding an evidential modal localizing the source of evidence in the knowledge of reality and presupposing the existence of an alternative source evidence, different from reality and therefore fallacious. This presupposition led many authors to consider ER2 as a marker of rectification. We show that ER is not intrinsically either an opposition or a reformulation connective. When ER2 appears linearly at the left of the sentence, it can be analyzed as an abstract discourse localizer, serving a framing rather than a connective function for the organization of discourse.
- En attendant : un cas de pragmaticalisation - Denis Vigier p. 143-160 Cet article étudie le processus de pragmaticalisation dont le syntagme en attendant est le siège en français. Nous proposons d'abord de classer ses emplois en français moderne en recourant à des critères syntaxiques, sémantiques et pragmatiques. Puis nous présentons les résultats d'une étude sur un corpus tiré de Frantext (période du XVIIe au XXe siècle). Notre analyse se termine par une approche quadriphasée du processus de pragmaticalisation subi par en attendant.This article examines the pragmaticization process of the phrase en attendant in French. It first seeks to classify its uses in modern French according to syntactic, semantic and pragmatic criteria. It goes on to present the findings of a corpus analysis based on the Frantext database (17th-20th centuries) and finally proposes an analysis of the pragmaticization process of en attendant, which is shown to have undergone four phases.
- Prépositions et locutions prépositionnelles : la question du renouvellement grammatical - Benjamin Fagard p. 161-183 Nous étudions ici l'équivalence ou la non-équivalence entre prépositions simples et complexes, à partir d'une comparaison sur corpus de la préposition dans et des locutions prépositionnelles au sein de, au milieu de, d'après, lors de, au cours de et au cœur de. Le principal corpus utilisé ici est constitué d'un mois du journal Le Monde, catégorisé et encodé dans le cadre de l'ANR « Spatial Framing Adverbials », et complété par d'autres corpus, écrits (diachroniques : base Frantext et DMF) et oral (Valibel). Afin de déterminer dans quelle mesure il peut y avoir une concurrence distributionnelle entre les morphèmes grammaticaux simples (dans) et complexes (les locutions prépositionnelles), nous les comparons du point de vue de la fréquence, du sens et de l'effet de la position syntaxique. Les résultats montrent une correspondance fonctionnelle très limitée.I study here the question of the semantic and functional equivalence between simple and complex adpositions, drawing on a corpus study of the French preposition dans ‘in' as compared with a series of complex prepositions : au sein de, au cœur de ‘at the heart of', au milieu de ‘in the middle of', d'après ‘according to', lors de, au cours de ‘during'. The main corpus I used is composed of one month of the French newspaper Le Monde, categorized and encoded by the members of ANR project “Spatial Framing Adverbials”, completing it with other written corpora (which include diachronic data : the Frantext and DMF databases) and an oral corpus (Valibel). In order to establish to what extent there might be a distributional competition between simple and complex grammatical morphemes, I compared them from the point of view of frequency, meaning and relationship between meaning and syntactic position. My results show a very limited functional equivalence between dans and the complex prepositions under study.