Contenu du sommaire : Utopies et éducation : des groupes en mouvement

Revue Education et sociétés Mir@bel
Numéro no 37, 2016
Titre du numéro Utopies et éducation : des groupes en mouvement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Utopies et éducation : des groupes en mouvement

    • Utopies et TRANS-formation. Utopiens et utopiennes en mouvement. Introduction - André Petitat p. 5-14 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce dossier s'inscrit parmi les différents hommages rendus à l'Utopia de Thomas More à l'occasion du 500e anniversaire de sa publication. Il propose d'analyser, d'un point de vue sociologique, quelques propositions actuelles concernant l'éducation qui privilégient souvent l'éducation diffuse aux dépens des formes scolaires. À côté de l'enseignement formel, toutes sortes de relations –familiales, entre pairs, amoureuses et amicales, de travail domestique ou salarié, syndicales, coopératives, associations religieuses ou laïques, politiques, sportives, musicales, etc.– entraînent l'acquisition de connaissances et l'inculcation de valeurs. Dans cette galaxie de relations, les acteurs apprennent les tensions entre conformité et écarts et font l'expérience d'une dynamique, au cœur du fonctionnement social : la trans-formation concernant autant les savoirs que les valeurs et les engagements liés à un projet de dépassement du monde tel qu'il est.Le dossier rend plus compte de l'expérience des utopiens et utopiennes que des doctrines. Il décrit les liens entre des utopies en évolution et leurs acteurs en autotransformation (féministes, écologistes, néo-ruraux, communistes désenchantés, anciens combattants de la Première Guerre mondiale, fouriéristes français). L'incertitude de l'avènement d'un projet utopique renvoie ceux qui le portent à leurs capacités militantes : s'il n'y a pas de déterminisme historique allant dans le sens de l'utopie, l'espoir repose sur l'engagement volontariste. Dans certains cas, l'utopien-accoucheur se conçoit comme un instrument de l'histoire, une avant-garde éclairée ; dans d'autres, comme un inventeur imaginatif, engagé dans une construction sociale alternative. Dans tous les cas, l'engagement peut déboucher sur des conflits, des exclusions, des schismes, voire des violences.
      This report is part of the different tributes to Utopia by Thomas More on the occasion of the 500th anniversary of its publication. It proposes to analyse, from a sociological point of view, some current proposals regarding education which often favour diffuse education over academic forms. Alongside formal teaching, all types of relations –family, amongst pairs, love and friendship, domestic work or being an employee, being a member of a union, a cooperative, religious or secular, political, sporting, musical organisations, etc.– lead to the acquisition of knowledge and the inculcation of values. In this galaxy of relations, the actors learn of the tensions between conformity and straying from the straight and narrow and create the experience of a dynamic, at the heart of social functioning: Trans-formation concerns as much knowledge as values and the engagements linked to a project which strives to go beyond the current state of the world. The report takes more into account the experience of utopians than doctrines. It describes the links between utopias in evolution and their actors in self-transformation (feminists, ecologists, Neo-Rurals, disillusioned communists, veterans of the First Word War, French fouriéristes). The incertitude of the advent of a utopian project pushes those who promote it to affirm their militant capacities: if there is no historical determinism heading in the direction of utopias, there remains hope of a voluntary engagement. In certain cases, the utopian-giver of birth is designed as an instrument of history, an enlightened avant-garde, in other cases, as an imaginative inventor, engaged in an alternative social construction. In any case, the engagement can lead to conflict, exclusion, schisms, or even violence.
    • Les groupes de parole ou la triple concrétisation de l'utopie féministe - Marion Charpenel p. 15-31 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les années 1960, les mouvements féministes affirment “le privé est politique” et invitent à penser les questions soulevées dans ces deux sphères comme interdépendantes. En France, au cours des années 1970, la création de groupes de parole favorise le partage entre femmes de leurs vécus personnels et intimes, de leurs expériences de la domination masculine. La raison d'être de ces groupes est triple : permettre aux femmes de prendre la parole sans avoir à se battre avec les hommes ; valoriser leur point de vue subjectif comme source de savoir ; rassembler des expériences vécues isolément et générer des solidarités. Cet article, qui s'appuie sur deux immersions dans le mouvement féministe français (2005-2006 et 2007-2010), est centré sur le partage de vécus en collectif. Il montre d'abord que cette pratique participe à la traduction concrète de l'utopie féministe aux échelles individuelle, collective et sociale. Il souligne ensuite l'affirmation d'un sujet collectif féministe et, au-delà, un renouvellement du langage, passant progressivement du strict entre soi des années 1970 à une publicisation des récits échangés et contribuant à faire évoluer les façons de dire le privé ou l'intime.
      For a long time, political thought has been marked by a dichotomy between the private and the public. In the 1960s, feminist movements affirmed that “the private is political” and invited people to think about the questions raised in these two spheres as being interdependent. In France, during the 1970s, the creation of support groups or group therapy which encouraged women to share amongst themselves their personal and intimate life stories, their experiences of male dominance. The raison d'être of these groups was trifold: to enable women to speak without having to fight against men; to showcase their subjective point of views as a source of knowledge, to pool together isolated experiences and to generate solidarity. This article, which is based upon two immersions in the French feminist movement (2005-2006 and 2007-2010), is centred on the sharing of collective life experiences. It first of all shows that this practice participates in the concrete translation of the feminist utopia at the individual, collective and social level. It then underlines the affirmation of a collective feminist issue and, beyond that, a renewal of language, passing progressively from the strict close-knit communities of the 1970s to a publicisation of exchanged stories and contributing to evolving the ways of expressing the private or the intimate.
    • Des grands soirs aux beaux jours. La question environnementale peut-elle encore être porteuse d'utopies ? - Chantal Aspe, Marie Jacqué p. 33-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article analyse comment se recompose un projet utopiste écologiste et sur quelles critiques et expériences alternatives il se fonde. Dans les années 1970, une utopie écologiste est née de la critique anti-productiviste et d'expérimentations communautaires. Trois caractéristiques relient ces mouvements d'hier et d'aujourd'hui : faire autre part, ailleurs et autrement. En allant autre part que là où ils sont socialement et professionnellement attendus, les utopiens écologistes investissent des ailleurs (physiques ou symboliques) où peut se concrétiser une autre manière de vivre en société que celle du temps et de l'espace industriels. À partir du parcours d'étudiants en environnement, les auteures étudient les formes d'engagement qui –des mouvements contestataires des années 1970 aux pratiques actuelles d'autoconstruction et d'autoproduction– remettent en cause le mode de développement dominant. Les projets alternatifs d'aujourd'hui ne cherchent plus à tendre vers une transformation de l'ensemble du système, mais à s'en dégager par l'apprentissage de techniques et le maniement d'outils redonnant aux individus une maîtrise sur leur réel. Outre l'autonomie, la revendication du plaisir hors de toute considération financière définit aussi le projet utopiste. Ces nouveaux entrepreneurs ne rêvent plus d'un grand soir, mais espèrent vivre de beaux jours.
      The article analyses how an ecologist utopian project is recomposed and on what critiques and experiences it is based on. In the 1970s, an ecologist utopia was born from the anti-productivist critique and experiments of living in communities. Two characteristics link these movements of yesteryear and today: doing it elsewhere and otherwise. By going elsewhere than where they are expected to go socially and professionally, the ecologist utopians invested in elsewheres (physical or symbolic) where another way of living in society than that which is materialized in industrial time and space. On the basis of students' paths in the environment movement, the authors have studied forms of engagement which –from the protest movements of the 1970s to the current practices of self-construction and self-production– question the dominant development method. Today's alternative projects are no longer tending towards a transformation of the entire system, but to freeing oneself by learning techniques and using tools which give back to individuals a control over their reality. Other than autonomy, asserting pleasure without any financial consideration also defines the utopian project. These new entrepreneurs are no longer reaching for the skies but just hoping to live well.
    • La révolution dans le jardin. Utopies communautaires et expériences néo-rurales françaises après Mai 68 - Paolo Stuppia p. 49-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pourquoi en France au lendemain de mai 68, des milliers de jeunes citadins ont-ils tout abandonné pour partir vivre en communauté à la campagne, labourer les champs ou élever des chèvres et devenir des néo-ruraux ? De quelle manière ont-ils vu le bien-fondé d'une telle démarche, plus ou mois éphémère selon les cas ? Et avec quelles conséquences sur leurs parcours ultérieurs ? À partir de ce triple questionnement, l'auteur explore le retour à la nature, déclinaison particulière des utopies en mouvement de l'après 1968. Fondé sur une enquête dans les Pyrénées ariégeoises (2008-2015), l'article développe, à l'appui d'outils issus principalement de la sociologie interactionniste, une nouvelle perspective de recherche autour de l'installation, l'échec ou l'autoéducation à la vie en communauté et interroge les incidences actuelles de cette expérience dans la carrière de ses protagonistes.
      Why in France after May 68 did thousands of young city dwellers abandon everything to live in communities in the countryside, plough fields or breed goats and become Neo-Rurals? How did they perceive the legitimism of such an approach which, depending on the case, was more or less ephemeral? And what consequences did it have on their subsequent (career) paths? From these three questions, the author explores the return to nature, a particular kind of utopia in movement after 1968. Based on a survey in the Pyrénées ariégeoises (2008-2015), the article develops, via the use of tools issued mainly from interactionist sociology, a new perspective of research around the establishment, failure or self-education in life in communities and questions the current incidence of this experience in the careers of its protagonists.
    • Utopies entrecroisées en Europe de l'Est : de l'expérience communiste à la réalité postcommuniste - Svetla Koleva p. 65-79 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Centré sur l'ex-URSS et la Bulgarie, l'article s'intéresse à la dynamique de la transition entre les effets de l'ancienne utopie communiste, délitée, et les attentes d'un lendemain démocratique, prospère et juste, qui tarde à venir. Deux processus sont suivis : celui de la réalité sociale qui aboutit à l'amalgame de formes d'utopies caractérisant l'imaginaire contemporain des gens ; celui des chercheurs en sciences sociales et humaines de ces pays. Le rejet du régime communiste fondé sur l'utopisme scientifique du marxisme et la réception non critique de la démocratie libérale comme seule alternative ont imperceptiblement délégitimé la notion d'utopie autant dans la conscience individuelle et collective que dans la réflexion scientifique. Leur étude permet d'interpréter la complexité du rapport entre utopie historique et utopismes individuels à travers l'imbrication et la simultanéité d'expériences utopiques à différentes échelles (société, collectivité, individu). Les petites utopies personnelles relèvent autant du réel socialiste, construit sur le modèle de la grande utopie du communisme, que de la réalité postcommuniste marquée par la société libérale occidentale et les directives européennes qui contrecarrent l'élan vital des gens. Elles se forment à la fois pour surmonter la réalité anti-utopique et déplacer ses limites dans le présent. L'expérience individuelle de ceux qui ont vécu le socialisme et sa transformation radicale est au cœur de l'univers anthropologique et éthique de l'utopie.
      Focusing on the ex-URSS and Bulgaria, the article looks at the dynamic of the transition between the effects of the old, crumbling communist utopia and the expectations of a democratic, prosperous and fair tomorrow, but which is struggling to come to fruition. Two processes are monitored: that of a social reality which results in a hotchpotch of utopian forms characterising people's contemporary imagination and that of these countries' social and human sciences researchers. The rejection of the communist regime founded on the scientific utopism of Marxism and the non-critical reception of liberal democracy as the only alternative have imperceptibly delegitimised the notion of a utopia as much in the individual and collective conscience as in scientific reflection. Their study interprets the complexity of the relationship between historical utopia and individual utopisms via the interweaving and the simultaneity of utopic experiences at different levels (society, community, individual). Small personal utopias fall as much under the socialist reality, built on the model of the great utopia of communism, as the post-communist reality marked by Western liberal society and European directives which thwart the vital impetus of people. They are formed both to overcome the anti-utopian reality and to shift its limits in the present. The individual experience of those who have lived through socialism and its radical transformation is at the heart of the anthropological and ethic universe of utopias.
    • Italie 1914 : guerre et utopie - Stéfanie Prezioso p. 81-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La charge utopique de la Première Guerre mondiale est pensée en termes soit d'accouchement dans la violence d'une société autre, soit d'émergence d'une conscience de classe ouvrière et paysanne, préalable à une issue socialiste révolutionnaire. En Italie, le long débat qui précède l'entrée en guerre en mai 1915 permet l'expression de diverses positions explicitant les espoirs et les moyens à mettre en œuvre pour rompre avec un monde insatisfaisant. Il offre un éclairage pertinent sur l'utopie et l'autoéducation diffuse, en rapport avec les conjonctures et les engagements militants. Les représentations les plus diverses des potentialités politiques, sociales, culturelles ouvertes par la guerre ont le temps de s'élaborer, de se cristalliser, de se diffuser et de propager une image fantasmée de la participation au conflit. Les dix mois de non-intervention sont le moment unique et rêvé de la recherche des moyens devant conduire à la subversion de l'ordre du monde. L'article décrit d'abord les représentations de la guerre comme médium utopique de la jeunesse étudiante et/ou militante. Il étudie ensuite les tensions internes au parti socialiste, en cernant les différences de position entre Gramsci et Mussolini. Il conclut en évoquant l'après-guerre : si les années rouges témoignent du renforcement durant le conflit des espoirs d'émancipation sociale et politique, le fascisme les enterre.
      The utopian load of the First World War is expressed either in terms of the birth in violence of another kind of society, or the emergence of the consciousness of the working class and peasant classes; prior to the emergence of revolutionary socialism. In Italy, the long debate which preceded its joining the War in May 1915 expressed the diverse positions which made explicit the hopes and means that many felt need to be implemented in order to break with an unsatisfying world. It offered a pertinent enlightenment on utopia and self-taught education, in relation with militant contexts and engagements. The most diverse representations of political, social, cultural potentialities opened up by the War had the time to develop and be developed, to crystallise themselves, to be disseminated and to spread a fantasized image of participation in the conflict. The ten months in which Italy did not join the War were a unique and ideal moment to search for the means which would lead to a subversion of the world order. The article describes first of all the representations of the War as the utopian medium for student and/or militant youth. It then studies the socialist party's internal tensions, by highlighting the differences in position between Gramsci and Mussolini. It concludes by evoking the post-war period: if the “red years” testified to the fortification, during the conflict, of hope for social and political emancipation, fascism buried it.
    • Principes et pratiques de l'éducation sociétaire : les leçons de deux phalanstérions français - Michel Lallement p. 97-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Soucieux de passer de l'esquisse de papier à la réalisation matérielle, Charles Fourier et l'école sociétaire ont réfléchi dès la première moitié du XIXe siècle aux conditions permettant de donner vie aux phalanstères. Une voie possible, pensaient-ils, est celle des phalanstérions, colonies sociétaires de taille modeste. En 1867, Just Muiron constate pourtant que le bilan est plutôt maigre. Seules deux expérimentations retiennent alors son attention : la Maison Rurale de Ry et le Familistère de Guise. Si les modalités de fonctionnement de ces deux phalanstérions diffèrent largement, plusieurs points communs éclairent les conditions de leur plus grande réussite du point de vue de l'utopie éducative : action décisive de notables bourgeois gagnés aux idées fouriéristes, mais tenus en même temps aux marges de l'école sociétaire ; implantation dans des bourgs ruraux perméables au changement social ; expérimentation, sous l'égide d'adultes qualifiés, d'une pédagogie qui, par l'expérience du travail notamment, donne la part belle aux apprentissages concrets.
      Concerned about moving from theory to material realisation, Charles Fourier and adepts of community-based schooling were contemplating, in the first half of the 19th century, the conditions which would give life to phalansteries. They thought that a possible path was that of phalanstérions, medium-sized communities. However, in 1867, Just Muiron observed their limited success. Only two experiments retained his attention: the Maison Rurale de Ry and the Familistère de Guise. If the way these two phalansteries were run differed greatly, several common features highlighted the conditions for greater success from an educational point of view: the decisive action of bourgeois notables who adhered to fouriériste ideas, but, held at the same time, on the margins of community-based schooling; establishing them in rural market towns open to social change; experimenting, under the aegis of qualified adults, with a pedagogy which, in particular via the experience of work, gave prominence to practical apprenticeship.
  • Varia

    • L'efficacité scolaire au Chili (1990-2014) : un nouveau modèle de privatisation de l'éducation - Juan Francisco Herrera Jeldres, Leonora Reyes-Jedlicki, Carlos Ruiz Schneider p. 113-127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose de rendre visible la signification du modèle d'efficacité scolaire comme dispositif théorique, éducatif et politique articulant les reformes éducatives des deux dernières décennies au Chili. Il analyse le processus historique qui conduit à sa progressive installation. Une relecture de la littérature existante sur le mouvement de l'efficacité scolaire et sa réception au Chili met en lumière une continuité, totalement reniée, entre les idées qui inspirent les actuelles politiques éducatives et le processus de privatisation initié pendant les années 1980. Ce modèle de politique éducative pousse les établissements à intégrer des modalités d'administration et de pratiques d'enseignement associées à des concepts controversés d'efficience et de qualité. Une série de dispositifs d'évaluation et de reddition de comptes les rattachent à un processus globalisé de “privatisation endogène”. L'article souligne le risque que l'efficacité scolaire, ainsi comprise, déplace le rôle central de la formation citoyenne (essentielle au projet d'éducation publique républicain) en excluant l'historicité des sujets et la possibilité de débattre du sens de l'éducation.
      This article proposes to highlight the meaning of the school effectiveness model as a theoretical, educational and political mechanism articulating educational reforms in Chili over the past two decades. It analyses the historical process which led to its progressive establishment. A rereading of the existing literature on the school effectiveness movement and its reception in Chile highlights a continuity, one which is totally disowned, between the ideas which inspired current educational policies and the privatisation process which was initiated during the 1980s. This educational policy model pushes academic institutions to integrate the administrative methods and teaching practices associated with the controversial concepts of efficiency and quality. A series of assessment mechanisms and their taking into account link them to a globalised process of “endogenous privatisation”. The article underlines the risk that school effectiveness, within this meaning, shifts the central role of training and educating citizens (a vital element of the republican public education project) by excluding the historicity of subjects and the possibility of debating the meaning of education.
    • Raccrocher après avoir décroché de l'école : le temps au service de la décision - Juliette Vollet p. 129-145 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors qu'en France 110 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans diplôme, certains d'entre eux choisissent après plusieurs mois ou plusieurs années de “raccrocher”, c'est-à-dire de reprendre un parcours de formation. Si les processus menant au décrochage scolaire sont désormais connus, peu d'informations existent sur les processus menant au raccrochage. En prenant appui sur 118 entretiens menés avec de jeunes décrocheurs inscrits dans un dispositif de remédiation au décrochage scolaire et à partir d'une approche séquentielle de leurs trajectoires, cet article explore les conditions dans lesquelles se formule la décision de raccrocher.
      Whilst in France, 110,000 young people leave the school system every year without a diploma, some of them chose after a few months or several years to “step back into the fold”, in other words to go back into training or education. If the process leading to people dropping out of school is now well-documented, little information exists on the process which leads people to go back into education or training. By basing its work on 118 interviews with young dropouts enrolled in a remediation process after having dropped out from school and based on a sequential approach regarding their career-paths, this article explores the conditions in which the decisions to go back into education and training are formulated.
    • Territorialisation, engagement des enseignants ruraux et rapports sociaux de sexe. Étude comparative entre le Chili, la France et l'Uruguay - Gilles Combaz, Catherine Rothenburger p. 147-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à apporter quelques éléments de réponse à des questions concernant le poids du territoire et des rapports sociaux de sexe sur l'engagement des enseignants et leurs pratiques. Puis, réciproquement, sur l'inflexion que l'engagement d'enseignants intervenant dans des écoles rurales peut entraîner sur les rapports sociaux de sexe caractérisant le fonctionnement de certaines communautés villageoises observé au Chili, en France et en Uruguay. L'implication de ces enseignants dans des activités collaboratives –qui se situent en dehors de leur strict cadre professionnel– peut-elle contribuer au processus d'émancipation des femmes subissant la domination des hommes ? Peut-on mettre en évidence des formes d'engagement différentes chez les enseignants et les enseignantes ? Une observation ethnographique longue et quarante-deux entretiens approfondis permettent d'approcher ces interrogations.
      This article aims to bring answers to questions concerning the weight of territories and relations between men and women with regard to the engagement of teachers and their practices. Then, reciprocally, on how the engagement of teachers teaching in rural schools can impact relations between the men and women and which are characteristic of the running of certain village communities observed in Chile, France and Uruguay. Can the involvement of these teachers in collaborative activities –those which can be found outside their strict professional framework– contribute to the process of emancipating women suffering from the domination of men? Can we highlight different forms of engagement in male teachers and female teachers? A long ethnographic observation and forty-two in-depth interviews can help give a closer understanding of these issues.
    • Références laïques et enseignement religieux : de quelques recompositions au Sénégal de la période coloniale au XXIe siècle - Oana Marina Panait p. 161-176 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'inscrit dans la lignée des recherches en sociologie historique de la laïcité et tente de saisir comment la laïcité scolaire se recale aujourd'hui entre une définition durkheimienne de l'intégration nationale (Durkheim 1925) et une définition de l'intégration dans le respect des différences. Les deux dernières décennies ont vu l'éclatement de revendications de reconnaissance des différences religieuses dans des espaces scolaires sécularisés, qui ont remis en question le potentiel de la laïcité comme modèle d'intégration nationale. À partir du cas d'étude sénégalais, l'article propose de saisir empiriquement, dans les espaces postcolonial et colonial, l'évolution de laïcité scolaire dans ses rapports au scolaire religieux. Il met en évidence les différents compromis locaux que la laïcité scolaire, incarnée par l'école publique française, a été amenée à faire avec l'enseignement religieux local qui a la forme de l'école coranique sénégalaise.
      This article is in line with research in the historical sociology of secularism and attempts to grasp how academic secularism today repositions itself between a Durkheimlian definition of national integration (Durkheim 1925) and a definition of an integration which respects differences. The last two decades have seen an explosion in demands for the recognition of religious differences in secular academic spaces questioning the potential of secularism as the model of national integration. On the basis of the Senegalese case study, the article proposes to empirically grasp, in postcolonial and colonial spaces, the evolution of school secularism in its relations with religious schools. It highlights the different local compromises that secular schooling, incarnated by French public schools, has had to make with local religious schooling in the form of Senegalese koranic schools.
  • Comptes rendus