Contenu du sommaire : Quelle « crise migratoire » ?
Revue | Plein droit |
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Numéro | no 111, décembre 2016 |
Titre du numéro | Quelle « crise migratoire » ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
Quelle « crise migratoire » ?
- « Crise migratoire » : ce que cachent les mots - Emmanuel Blanchard, Claire Rodier p. 3-6
- Finlande : le droit d'asile menacé ? - Taïna Tervonen p. 7-10 En 2015, la Finlande a accueilli dix fois plus de demandeurs d'asile que les années précédentes, dans un contexte politique très particulier : cinq mois avant les premières arrivées, le parti populiste des Vrais Finlandais était entré au gouvernement. Si l'accueil des demandeurs d'asile a pu être organisé rapidement, la législation ne cesse de se durcir.
- Le Royaume-Uni, la tentation d'une île - Pierre Monforte p. 11-14 Depuis la fin des années 1990, les gouvernements britanniques qui se sont succédé ont multiplié les réformes législatives visant à renforcer les contrôles aux frontières, à restreindre les droits des demandeurs d'asile et des réfugiés, et à rendre la vie quotidienne des étrangers toujours plus difficile sur le sol britannique. La « crise migratoire » n'a pas infléchi la ligne du gouvernement, obnubilé par l'idée qu'une ouverture des frontières aux exilés fuyant la guerre en Syrie pourrait créer un « appel d'air ».
- L'Allemagne fait marche arrière - Marcus Kahmann p. 15-18 Prenant le contre-pied des attitudes isolationnistes voire nationalistes de la plupart des pays membres de l'Union européenne, l'Allemagne a ouvert ses frontières et a accueilli le plus grand nombre de demandeurs d'asile. Cette générosité n'a malheureusement pas duré. Manifestations xénophobes et montée en puissance de la droite populiste ont poussé le gouvernement allemand à rectifier l'image d'une hospitalité incontrôlée et à multiplier les initiatives législatives visant à diminuer les arrivées et à augmenter les départs de demandeurs d'asile.
- La Hongrie, chien de garde de l'Europe - Céline Cantat p. 19-22 Le référendum qui s'est tenu le 2 octobre dernier, appelant les Hongrois à se prononcer sur l'accueil des réfugiés, s'inscrit dans un long processus de criminalisation des migrants et des réfugiés. La campagne raciste qui l'a entouré fait partie d'une stratégie répressive mise en œuvre par le gouvernement hongrois depuis plusieurs années. Cette politique de militarisation et de sécurisation, qui répond aux injonctions de l'UE de contrôle de ses frontières extérieures, s'accompagne de dérives nationalistes et xénophobes, mais aussi de mouvements de protestation et de solidarité.
- Balkans, du corridor au cul-de-sac - Morgane Dujmovic p. 23-26 No man's land frontaliers où sont piégés les exilés, multiplication et militarisation des espaces de confinement, subventions pour les contrôles aux frontières, expulsions du système « Dublin-Eurodac », désinformation étatique, pénalisation des défenseurs et défenseures des droits de l'Homme, « chasse aux migrants » tolérée ou soutenue par les autorités et les médias dominants… Un an après la mal-nommée « crise des réfugiés », la criminalisation des populations en migration et de leurs soutiens dans les Balkans a de quoi inquiéter.
- Italie, l'urgence au quotidien - Sara Prestianni p. 27-30 En Italie, des centres d'identification – hotspots – ont été mis en place pour faire le tri entre les « bons » migrants et les autres. La prise d'empreintes – parfois sous la contrainte – y est quasi systématique pour permettre, conformément au règlement « Dublin », de renvoyer les migrants depuis les autres pays vers l'Italie. Malgré la saturation de son système d'accueil et le coût de son fonctionnement, malgré l'hécatombe en Méditerranée, le gouvernement italien n'a émis aucune revendication de réforme de l'« approche hotspot ».
- En Grèce, une crise migratoire chronique - Laurence Pillant p. 31-34 Pays d'émigration jusqu'au début des années 1990, la Grèce est devenue un pays d'immigration avec l'arrivée des migrants albanais après la chute du mur de Berlin. L'arsenal législatif mis en place alors, basé sur l'expulsion et le contrôle aux frontières, ne peut répondre au phénomène migratoire qui émerge dans les années 2000, à savoir une migration de transit. Répression et détention deviennent des modes de gestion des flux migratoires, sous couvert d'une situation d'urgence… qui dure.
- Turquie-Europe, à qui la faute ? - Nausicaa Preiss p. 35-38 Cherchant à tout prix à empêcher l'accès des migrants à son territoire, l'UE s'est engagée dans une coopération avec des États tiers qualifiés pour l'occasion de « pays sûrs » pour qu'ils prennent en charge le contrôle des migrations vers l'Europe. L'accord passé avec la Turquie le 18 mars 2016 s'inscrit dans ce processus d'externalisation. Malgré les graves atteintes aux libertés fondamentales exercées par le régime turc, l'UE continue de voir dans cet accord la solution à privilégier.
- 1938 : le monde ferme ses portes aux réfugiés - Danièle Lochak p. 39-43 Des réfugiés qui fuient en masse le nazisme, des gouvernements qui leur barrent l'accès à leur territoire, des exilés contraints d'embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune, une diplomatie prête à donner des gages aux pires dictatures et néanmoins impuissante, comme l'atteste l'échec prévisible de la conférence d'Évian en 1938 : les analogies sont décidément troublantes entre l'attitude des États à l'égard des Juifs dans les années 1930 et celle qu'ils adoptent aujourd'hui à l'égard des réfugiés.
Mémoire des luttes
- L'étranger malade : une cause devenue digne d'être défendue - Sandrine Musso p. 44-48 L'« étranger malade » est protégé de l'expulsion depuis 1997 et a accès à un titre de séjour « de plein droit » depuis 1998. Cette avancée juridique a été permise par la rencontre entre deux associations dont l'expertise juridique s'est forgée sur le terrain : le Comité national contre la double peine et Act Up. Retour sur un segment de l'histoire sociale de l'épidémie de sida.
- L'étranger malade : une cause devenue digne d'être défendue - Sandrine Musso p. 44-48
Jurisprudence
- Crise de l'asile : un supra infra-droit à l'abri de tout contentieux ? - Serge Slama p. 49-56