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Revue | Le Moyen Age |
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Numéro | tome 111, no 3, 2005 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le passé lorrain de Jean de Vicktring, abbé de Victoria (Carinthie). : Diplomate, légiste et chroniqueur (ca 1270 ?-1345) - André Joris p. 451-478 Jean, abbé de Vicktring (Victoria), abbaye cistercienne de Basse-Autriche, est l'un des chroniqueurs allemands d'expression latine les plus importants du bas Moyen Âge. Son œuvre, le Liber certarum historiarum, consacré, pour l'essentiel, à l'histoire des pays alpestres d'Europe centrale (Bohême, Autriche, Styrie, Carinthie, Tyrol) et aux familles princières de Luxembourg et de Habsbourg a été écrite aux environs de 1340. Elle brille par ses qualités littéraires et intellectuelles. La biographie de l'A., inconnue jusqu'alors, débute en 1312 avec son accession à l'abbatiat de Vickring. En partant de l'analyse des comptes de l'expédition du futur empereur Henri VII en Italie (1311-1313), à laquelle il a activement participé, puis de la documentation contemporaine et, bien entendu, de son œuvre, les sources permettent d'établir qu'il fait partie du lignage de Fénétrange-Vinstingen (Moselle) et de retracer son itinéraire professionnel antérieur, entre Metz, Paris, Rome, puis à Vicktring, au service des princes évoqués plus haut, jusqu'à sa mort à Aquilée vers 1345. Son origine lorraine n'est donc pas discutable.Early Life in the Lorraine of Jean de Vicktring, abbot at Victoria (Carinthia). Diplomat, jurist and chronicler (ca 1270 ?-1345). Jean, abbot of Vicktring (Victoria), a Cistercian abbey in Lower-Austria, is one of the major German chroniclers writing in Latin in the late Middle Ages. His work, entitled Liber certarum historiarum, which is mostly dedicated to the history of the Alpine countries in Central Europe (Bohemia, Austria, Styria, Carinthia, Tyrol) and to the reigning families of Luxembourg and Habsburg, was written about 1340. It is impressive through its intellectual and literary qualities. The biography of A., that had not been known so far, began in 1312 when he became abbot of Vicktring. If we examine the accounts of the Italian expedition led by the emperor-to-be Henri VII (1311-1313), in which our chronicler participated, as well as documents of the time, and of course his own work, we can establish that he belonged to the Fénétrange-Vinstingen family (Moselle) and trace his earlier occupations, which took him to Metz, Paris, Rome, then Vicktring, always serving the above-mentioned princes until he died about 1345. It is thus unquestionable that he came from the Lorraine.
- Le Roman de Partonopeu de Blois est-il l'œuvre d'un précurseur de Chrétien de Troyes ? - Anne REYNDERS p. 479-502 Récemment, deux auteurs anglais, P. Simons et P. Eley, ont daté, arguments à l'appui, le Roman de Partonopeu de Blois avant 1177. Cette datation, basée sur le choix de la deuxième version du roman (ms. A) comme étant la version la plus authentique, est assez révolutionnaire en ce qu'elle implique que Chrétien de Troyes aurait été l'élève de l'auteur anonyme du Partonopeu de Blois. Pour cette étude, Simons et Eley se sont basées sur la cohérence des sympathies politiques des différents manuscrits. Cependant, une analyse approfondie du message politique du roman montre que le parti pris politique dans les manuscrits de la première version (mss V et B) est plus cohérent. Les sympathies politiques dont témoigne cette première version semblent plutôt indiquer que le roman ait été écrit dans les années 1182-1185.Was the author of the Roman de Partonopeu de Blois a fore-runner of Chrétien de Troyes ? Two English authors, P. Simons and P. Eley, recently established on the basis of contemporary documents that the Roman de Partonopeu de Blois was written before 1177. Such chronology, which rests on the assuption that the more authentic of the three versions is the second one (ms. A), is quite revolutionary in that it suggests that Chrétien de Troyes was or could have been a disciple of the anonymous author of the Partonopeu de Blois. In their research Simons and Eley relied on consistency in political sympathies in the various manuscripts. However, an in-depth analysis of the ramance's political message brings out that the political stand is more consistent in the manuscripts of the first version (mss V and B). Political sympathies expressed in this first version rather indicate that the romance was written in 1182-1185.
- La Vita Landiberti Leodiensis (ca 1144-1145) du chanoine Nicolas de Liège. : Étude sur l'écriture hagiographique à Liège au XIIe siècle - Renaud Adam p. 503-528 Au milieu du XIIe siècle, Nicolas, chanoine du chapitre cathédral de Saint-Lambert à Liège, rédige une nouvelle Vita de saint Lambert, l'évêque martyrisé à Liège au début du VIIIe siècle et protecteur de l'Église de Liège. En plus des événements biographiques du saint, la Vita est agrémentée de nombreuses anecdotes historiques évoquant le passé mythique de l'histoire de Liège, examinées d'un point de vue critique par l'auteur de l'article. Le chanoine présente de la sorte Lambert comme le héros d'une grande épopée et l'héritier d'une longue tradition de saints évêques, fondant ainsi la lignée épiscopale liégeoise dans la sainteté. La rédaction de cette œuvre s'insère en fait dans un vaste programme de promotion du culte des saints dont le but est de raffermir l'autorité des prélats liégeois mise à mal par des années de guerre civile. Ce procédé d'écriture n'est pas sans rappeler le genre des Gesta episcoporum, très en vogue à l'époque.The Vita Landiberti Leodiensis (ca 1144-1145) by Canon Nicolas of Liège. A Study in Hagiographic Writing in Liège in the 12th century. In the middle of the 12th century Nicolas, a canon in the St Lambert cathedral chapter in Liège, wrote a new Vita of St Lambert, the bishop who died as a martyr in Liège in the early 8th century and who was venerated as the patron saint of Liège. Next to events from the saint's life his Vita includes several historical anecdotes relating to the mythical past of the city. These are subjected to a critical scrutiny by the author of the present article. Canon Nicolas thus presents Lambert as the hero of some great epic and the heir of a long tradition of bishop-saints, which more firmly establishes his founding of the Liège bishopry in sainthood. Actually his work was part of a wider programme that aimed at promoting the cult of saints and thus comfort the authority of the Liège clergy which had been eroded by years of civil war. Such writing device recalls the then fashionable genre of the Gesta episcoporum.
- Les prologues du Lancelot-Graal dans le manuscrit
B.N.F., fr. 112 - Carol CHASE p. 529-543 Cet article offre un examen et une transcription des prologues au Lancelot et au Queste del Saint Graal dans le manuscrit Paris, B.N.F., fr. 112, qui datent du XVe siècle et, qui jusqu'ici, n'ont jamais été transcrits ni étudiés de façon complète. Ce manuscrit, qui fut écrit par le scribe Michel Gonnot pour Jacques d'Armagnac, présente une version spéciale des trois romans qui y sont conservés : les aventures de Tristan et d'autres chevaliers de la Table Ronde sont entrelacées avec celles de Lancelot. Les prologues évoquent ce travail de compilation ainsi que d'autres soucis du scribe/compilateur. Aussi l'intérêt de ces textes réside dans ce qu'ils révèlent au sujet des pratiques de lecture et d'écriture dans les milieux aristocratiques au XVe siècle. L'article comprend aussi une étude du péritexte sur les folios contenant les prologues (enluminures, rubriques, titres).Prologues to the Lancelot-Graal in the B.N.
F. manuscript, fr. 112. This article presents an analysis and a transcription of the prologues added to the Lancelot and to the Queste del Saint Graal in Paris, B.N.F., fr. 112. These texts, which date from the 15th century, have never been completely transcribed or studied until now. This manuscript, which was prepared by the scribe Michel Gonnot for Jacques d'Armagnac, contains a special version of the romances it preserves: the adventures of Tristan and other knights of the Round Table are interlaced with those of Lancelot. The prologues refer to this work of compilation as well as to other concerns of the scribe/compilator. They thus reveal readers' and writers' attitudes in aristocratic circles in the 16th century. The article includes a study of the peritext on the folios in which the prologues are to be found (illuminations, rubrics, titles). - Les débuts de l'ordre du Temple en orient - Pierre-Vincent Claverie p. 545-594 Cet article examine les origines controversées des templiers dans le royaume de Jérusalem à travers les différentes hypothèses qu'elles soulèvent. Leur congrégation fondée en 1120 rassembla rapidement plus de 300 chevaliers chargés de défendre la Syrie franque des confins d'Antioche à ceux de Gaza. Les templiers assurèrent la protection des pèlerins rejoignant Jérusalem et les bords du Jourdain à l'aide de plusieurs forteresses et tours de garde construites le long de ces axes vitaux. Le soutien financier des autres ordres leur permit de jouer un rôle décisif dans le siège d'Ascalon de 1153. Leur indépendance suscita, malgré tout, plusieurs crises avec des souverains séculiers hostiles à leurs tractations diplomatiques avec des états musulmans. Le roi Amaury n'hésita pas à cet égard à pendre douze templiers après la capitulation suspecte en 1166 d'une grotte fortifiée du désert jordanien. Une autre crise survint en 1173 après l'assassinat d'un ambassadeur ismaélien par l'impétueux Gauthier du Mesnil. Deux grands maîtres furent capturés, malgré ces tensions passagères, sur les champs de bataille de Mardj ‘Ayun et d'Hattin, où l'ordre perdit la majeure partie de son couvent à la fin du XIIe siècle. Les templiers tirèrent profit de la troisième croisade pour régénérer leurs forces et apparaître comme des défenseurs incontournables du royaume de Jérusalem au début du siècle suivant.The Beginning of the Order of the Temple in the Latin East.
This article deals with the problematic origins of the Knights Templars in the kingdom of Jerusalem and the different hypotheses developed on this issue. Founded in 1120 their order had soon gathered over 300 knights to defend Frankish Syria, from Antioch to Gaza. The Templars ensured the transit of the pilgrims on their way to Jerusalem and the River Jordan thanks to many strongholds and watch-towers built along the roads. The financial support provided by the other orders allowed them to play a major role in the siege of Ascalon in 1153. Their leadership generated, however, several crises with secular rulers, due to their personal relations with the muslims. King Amalric of Jerusalem did not hesitate, for instance, to have twelve TemplarsKing Amalric of Jerusalem did not hesitate, for instance, to have twelve Templars hanged after the suspicious surrender of a fortified Jordanian cave in 1166. Another crisis occurred in 1173 after the assassination of an Ismai'li ambassador by the fiery Walter du Mesnil. Two Grand Masters of the Temple were captured, despite these episodic tensions, on the battle-fields of Mardj'Ayun and Hattin, where the order lost the major part of its monastery at the end of the 12th century. Thanks to the third crusade the Templars regenerated their forces and stood out as a pillar of the kingdom of Jerusalem in the next century.Keywords : Hugh of Payns, rule, Jerusalem, Templars, Hattin. - La grandeur de George Chastelain - Jean Dufournet p. 595-603
- Le Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui. : À propos d'une édition récente - Jean-Louis Biget p. 605-620
- Comptes rendus - p. 641-715