Contenu du sommaire : Dire et ses marqueurs
Revue | Langue française |
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Numéro | no 186, mars 2015 |
Titre du numéro | Dire et ses marqueurs |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction : Dire et ses marqueurs - Sonia Gómez-Jordana, Jean-Claude Anscombre p. 5-12
- Histoire de quelques correctifs formés sur dire - Agnès Steuckardt p. 13-30 Cette étude porte sur des marqueurs discursifs appelés au XVIIe siècle les correctifs. La tradition rhétorique préconise d'accompagner les expressions nouvelles, métaphoriques, hors-norme, d'une correctio, dont le marqueur prototypique en latin est ut ita dicam. Le XVIIe siècle reprend ce conseil. Pour le français, l'enquête, menée d'abord à partir du Dictionnaire de l'Académie, permet de repérer quatre correctifs en dire : s'il faut ainsi dire, par manière de dire, pour ainsi dire, si je puis dire. L'enquête complémentaire sur Frantext et Google Recherche de livres permet de suivre leur histoire. Par l'analyse du sens et des concurrences diachroniques, on cherche à comprendre pourquoi s'il faut ainsi dire, par manière de dire sont tombés en désuétude, tandis que pour ainsi dire reste le correctif le plus utilisé. Mots-clés : marqueurs discursifs, correction, modalisation, diachronie, désuétude, pour ainsi direThis study focuses on discourse markers called, in the 17th century, correctifs. The rhetorical tradition advises to use with the new, metaphorical, unconventional expressions, a correction: the prototypic Latin marker is ut ita dicam. The 17th century follows this advice. For the French language, our survey, first conducted from the Dictionary of the Academy can identify four correctives: s'il faut ainsi dire, par manière de dire, pour ainsi dire, si je puis dire. By complementary survey on Frantext and Google Books, we can follow their story. By analyzing the meaning and diachronic competition, we try to understand why s'il faut ainsi dire, par manière de dire fell into disuse and why pour ainsi dire remains the most frequently used. Keywords: discourse markers, correction, modalization, diachrony, disuse, pour ainsi dire
- Dis, dis donc, disons : du verbe au(x) marqueur(s) discursif(s) - Juliette Delahaie p. 31-48 L'objet de cet article est d'analyser les trois formes de l'impératif de dire – dis, dites, disons – lorsqu'elles sont considérées comme éloignées du sens plein du verbe, dans des énoncés tels que ceux-ci : dis, tu n'as pas vu mes clefs ? / mais dites donc, il ne faut pas vous gêner ! / disons que je n'apprécie pas vraiment cette personne. / Il y a un problème, disons, un différend entre nous. Il existe un certain nombre d'études qui visent à proposer des taxonomies des contextes d'emploi les plus fréquents de ces formes, classées tantôt parmi les marqueurs discursifs (dis/dites), les marqueurs de glose (disons) ou les interjections (dis donc notamment). À travers une étude des propriétés syntaxiques et sémantiques de ces différents morphèmes, on montrera qu'ils ne peuvent être traités de manière unitaire, car il existe deux entités différentes pour dis/dites et disons, qui fonctionnent soit comme de véritables marqueurs discursifs, soit comme des verbes parenthétiques ou verbes recteurs faibles. Mots-clés : sémantique, impératif, dis/dites/disons, verbes parenthétiques, marqueurs discursifsThis paper deals with the study of the three imperative forms of dire, namely dis / dites / disons, when they occur in idiom-like constructions, as in the following examples : dis, tu n'as pas vu mes clefs ? / mais dites donc, il ne faut pas vous gêner ! / disons que je n'apprécie pas vraiment cette personne. / Il y a un problème, disons, un différend entre nous. Several studies provide taxonomies of the different uses of these forms which are generally considered as discourse markers (dis/dites), reformulation markers (disons) or interjections (especially dis donc). We will analyse the semantic and syntactic properties of these markers to show that they should not be considered as a unic entity. There are in fact two different realisations of dis/dites and disons, which act whether as discourse markers, or else as parenthetical verbs. Keywords: semantics, imperative, dis/dites/disons, parenthetical verbs, discourse markers
- Les marqueurs en C'est (X) dire - Laurence Rouanne p. 49-64 Dans cette étude sont analysés des marqueurs du type c'est (X-quantité) dire, concrètement c'est dire, c'est tout dire, c'est beaucoup dire, c'est peu dire et c'est assez dire, principalement en synchronie, avec toutefois quelques données diachroniques. Outre leur matrice commune, ces marqueurs ont la particularité de pouvoir être employés en position détachée et, par là, de constituer un commentaire sur un élément se trouvant dans leur périphérie gauche. On verra quels sont les critères qui permettent d'affirmer que si c'est dire est bien un marqueur discursif (au sens de Dostie 2004), ses concurrents fonctionnent d'une manière bien différente. Mots-clés : sémantique, marqueurs discursifs, c'est dire, modalisationIn this study, discourse markers such as c'est (X-quantité) dire, namely c'est dire, c'est tout dire, c'est beaucoup dire, c'est peu dire and c'est assez dire are analyzed, mainly from a synchronous point of view, some diachronic data being included. Besides their common pattern, one characteristic that these markers share in common is that they can be used as parentheticals, then being a comment on an element of their left periphery. We will emphasize the criteria that allow us to claim that c'est dire is a discourse marker (as defined in Dostie 2004), while the others items work in a very different way. Keywords: semantics, discourse markers, c'est dire, modalisation
- Dans la famille des comme on dit, qui dit quoi ? Polyphonie et médiativité chez comme qui dirait, comme disait l'autre, comme tu dis - Sonia Gómez-Jordana Ferary p. 65-86 Le but de notre article est de définir trois marqueurs similaires en surface : comme qui dirait, comme dirait l'autre, comme tu dis. Nous proposons une méthodologie d'analyse qui permet d'aborder chacun des marqueurs et de distinguer ainsi leurs propriétés syntaxiques, distributionnelles et sémantiques. Le locuteur qui introduit un segment p par le biais du marqueur met en place plusieurs voix, la sienne et celle d'un énonciateur ou point de vue qui peut être virtuel ou réel et par rapport auquel le locuteur doit se placer. Par ailleurs, l'introduction de p par le biais du marqueur peut, ou non, établir une certaine modalité. Une fois établies les propriétés linguistiques de chacun des marqueurs, nous présentons un nombre de critères qui mettent en évidence leurs différentes caractéristiques sémantiques. Mots-clés : sémantique, médiativité, modalité, polyphonie, marqueurs du discoursThe aim of our paper is to characterize three markers with a similar surface structure: comme qui dirait, comme dirait l'autre, comme tu dis. We propose a method of analysis based on their syntactic, distributional and semantic properties. The speaker who utters a sentence p through a marker brings in several voices, namely his and the one of an utterer or viewpoint, virtual or real and with respect to which the speaker must commit himself. Furthermore, the introduction of p through such a marker can imply or not some modal variation. After determining the main linguistic properties of each marker, several criteria will be studied showing their different semantic characteristics. Keywords: semantics, evidentiality, modality, polyphony, discourse markers
- Dire - Jean-Jacques Franckel p. 87-102 Cet article vise à dégager une organisation dans les variations des multiples valeurs du verbe dire à partir d'une caractérisation fondée sur la notion de forme verbale, à la fois suffisamment générale pour rendre compte du statut d'hyperonyme des verbes de paroles qui lui est couramment attribué, et pour constituer le point de départ d'un raisonnement propre à structurer cette organisation spécifique en montrant comment ce verbe met en œuvre des mécanismes fondamentaux de l'activité de langage à travers l'articulation qu'il établit entre langue, monde, sens et sujets parlants. Mots-clés : dire, forme verbale, vouloir dire, reformulationThe aim of this article is to put forward an organization in the variations of the numerous uses of the verb dire, based on a characterization involving the notion of verbal form. This characterization is meant to be both highly general in order to account for its recognized role as an hyperonym for verbs dealing with verbal expression, and to allow a reasoned structuration of this organization, showing how this verb works out essential mecanisms of language activity through the specific articulation it introduces beetween language, meaning, speaking subjects and the world. Keywords: dire, verbal form, meaning, aboutness
- Verbes d'activité de parole, verbes de parole et verbes de dire : des catégories linguistiques ? - Jean-Claude Anscombre p. 103-122 Partant de notions intuitives comme verbes d'activité de parole ou encore verbes de dire, ce travail se propose d'étudier la possibilité d'une définition opératoire d'une catégorie générale de verbes d'activité de parole, et d'éventuelles sous-catégories. L'étude se base sur l'examen de propriétés diverses comme la structure argumentale, la parenthétisation, la possibilité d'introduire un discours rapporté, ainsi que la structure morphologique des noms d'agent et d'action déverbaux. Mots-clés : verbes de dire, schéma d'événement, incises, discours rapporté, morphologie dérivationnelleStarting from intuitive notions as speech act verbs and verbs of saying, this work aims at studying the possibility of a operative definition for a general category and subcategories of verbs of saying. The study is based on several properties like argument structure, parentheticals, introduction of a reported speech, and finally, morphological structure of agent nouns and action nouns derived from the verbs. Keywords: verbs of saying, event structures, parentheticals, reported speech, derivational morphology
- Les paroles implicites : l'absence de complément direct dans les formulations avec dire - Christiane Marque-Pucheu p. 123-139 Il est généralement admis (Harris 1976 ; Bourmayan 2013) que ce qui est peu informatif ou indéfini peut être réduit ou supprimé sans dommage pour la communication (J'attends que Max arrive → J'attends Max). Or les expressions formulaires, qui constituent un commentaire de l'énonciateur sur une situation ou sur des propos, sont souvent réduites (Fónagy 2006). Celles en dire, notamment, révèlent des propriétés de rection affaiblies, le complément d'objet direct étant souvent absent (Je te dis pas, Je voudrais pas dire, Il n'y a pas à dire, etc.). La typologie des compléments omis recoupe partiellement celle de Giry-Schneider (1994) et met en évidence de surcroît des exclamatives indirectes et des compléments pronominaux. Au-delà de l'étude syntaxique, l'objectif est de voir jusqu'à quel point l'omission d'un complément perturbe ou non l'information. Un cadre polyphonique vient éclairer le signifié de quelques expressions. Mots-clés : complémentation, constituant inarticulé, formulations, objet implicite, polyphonie, verbes de paroleIt is generally admitted (Harris 1976; Bourmayan 2013) that the uninformative or indefinite is reducible (J'attends que Max arrive → J'attends Max). Formulaic expressions including an observation by the utterer about a situation or what has been said, are often reduced (Fónagy 2006). As an example, idioms including French verb dire, show properties of weakened rection, since the direct object is often missing (Je te dis pas, Je voudrais pas dire, Il n'y a pas à dire, etc.). The characteristics of the omitted objects overlap in part with Giry-Schneider (1994) and also highlight indirect exclamatives and pronominal objects. Beyond the syntactical analysis, this study aims at understanding to what extent the omission of an object interferes or not with the informative content. Finally, the meaning of several expressions is accounted for within a polyphonic framework. Keywords: complementation, idioms, implicit object, unarticulated constituent, polyphony, speech verbs