Contenu du sommaire : Noms propres
Revue | Langue française |
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Numéro | no 190, juin 2016 |
Titre du numéro | Noms propres |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Nicolas Laurent p. 5-14
- Ces noms communément appelés propres et improprement appelés communs - Marc Wilmet p. 15-28 Au départ d'une redéfinition de la classe du nom, la présente étude effectue un parcours dans l'ensemble de la problématique des noms propres en particulier et des dénominations propres en général. Elle réexamine chemin faisant les critères traditionnels de la nomination propre pour en écarter successivement l'intraductibilité, la majuscule graphique et la détermination zéro au bénéfice d'un sémantisme qui substitue le sens à la signification. La démarche aboutit à tracer de nouvelles lignes de démarcation, tant à l'intérieur des noms propres qu'à la charnière des noms propres et des noms communs.Starting from a redefinition of the class of nouns, this study surveys the issues raised by proper nouns in particular and proper names more generally. It reviews and subsequently rejects the traditional criteria for proper nouns/names, viz. untranslatability, the initial capital letter, and zero determination, in favour of a semantics that substitutes discourse-level sense for system-level meaning. As a result, boundaries are redrawn both within the category ‘proper noun' and between proper and common nouns.
- Noms propres : dénomination et catégorisation - Georges Kleiber p. 29-44 Notre article a pour but d'apporter des réponses nouvelles aux critiques qu'a pu susciter la conception « dénominative » des Np. Nous entendons, premièrement, montrer que les Np engagent définitoirement une contrainte de dénomination et une contrainte ontologique, deuxièmement, caractériser la différence de niveau et de portée de la relation de dénomination entre Np et Nc et, troisièmement, débusquer une erreur omniprésente dans la littérature sur les Np, à savoir l'interprétation erronée du critère de la référence unique et individuelle du Np.This article aims to bring new answers to the issue of the so-called “denominative” conception of proper nouns that some critics have been able to identify. Our aim, firstly, is to show that proper nouns have, by definition, a denominative and an ontological constraint; secondly, to characterise the difference in level and reach of the denominative relation between proper nouns and common nouns; and thirdly, to eliminate a pervasive error within the literature on proper nouns, namely the misconception that the reference of a proper name must be unique and individual.
- Le nom propre comme catégorie de la grammaire - Marie-Noëlle Gary-Prieur p. 45-64 Cet article propose une définition de la catégorie nom propre (Np) construite à partir des propriétés des formes d'une langue (ici le français), et non à partir d'intuitions vagues sur leur fonction référentielle. Après avoir rappelé la double nature des Np, on s'attache à faire une distinction claire entre les Np comme catégorie de la grammaire et les dénominations propres. On esquisse ensuite une méthode pour délimiter, dans cette catégorie, des sous-catégories linguistiquement motivées, i.e. fondées sur le fonctionnement des formes dans la langue, et non sur la nature de leurs référents.This paper gives a definition of proper nouns (Np) which is based on properties of forms in a language (here, in french), and not on unclear intuitions about their referential function. First, I underline what I call “the double nature” of Np ; then I draw a clear distinction between proper nouns as a grammatical category and proper denominations. Finally, I outline a method to define in this category subcategories based on the formal properties of items in the language and not on their referent's nature.
- De la définition linguistique du nom propre - Jean-Louis Vaxelaire p. 65-78 « Même les enfants savent ce qu'est un nom propre ! », peut-on parfois entendre. Pourtant, les querelles entre linguistes sont nombreuses et tel nom sera classé dans les noms propres dans un article et dans les noms communs dans un autre. Ce travail tente de cerner les divergences de vue, particulièrement liées à des questions mal réglées d'interdisciplinarité, et de comprendre à quoi peut correspondre une définition linguistique du nom propre, i.e. délestée des considérations uniquement référentielles héritées des théories logiques et centrée sur les textes. C'est à cette condition qu'il est possible d'observer les noms propres sous un nouvel angle.Though the definition of proper name seems to be very simple, linguists are still quarreling about the proper or common status of this or that name. This work attempts to identify the differences in points of view, mainly linked to incorrect settings of interdisciplinary issues, and to understand what a linguistic definition of proper names might look like, namely a definition that is not obsessed by strictly referential aspects and text-centered. Only in this case we will be able to look proper names in a new light.
- Seuils internes du nom propre : un point de vue sémantique - Emilia Hilgert p. 79-92 Cet article aborde le nom propre dans sa triple fonctionnalité : celle d'individualiser par l'identité un particulier d'une catégorie quelconque, d'être donc un identonyme en rapport avec un catégonyme, celle de référer au particulier ainsi dénommé, et celle de recatégoriser des individus de manière non conventionnelle par ses emplois dérivés. Ce continuum est structuré par des seuils internes, suivant le moment de l'attribution : celui du passage à la référence et celui du passage aux emplois dérivés, avant l'éventuel seuil externe de l'antonomase. C'est l'occasion de réhabiliter le sens dénominatif du nom propre (Kleiber 1981), comme étant au centre de tous ces emplois.This article summarizes the proper name in its triple feature, as an identifier for an ordinary individual (as opposed to designating a category), as a referrer to the named individual and as an unconventional individual categorizer through its derivative uses. This continuum is structured by internal thresholds: the transition to the reference and the transition to derivative uses, before a possible external threshold of the antonomasia. This article rehabilitates the denominational sense of the proper name (Kleiber 1981).
- Le nom propre désigne-t-il une occurrence ? - Nicolas Laurent p. 93-108 Les linguistes mettent souvent en avant la fonction « distinctive » du Np et décrivent le référent de celui-ci comme occurrence d'une catégorie conceptuelle. Toutefois, ce n'est pas parce que l'x nommé est ou peut être catégorisé que son Np signifie nécessairement cette catégorisation. Ce constat sert de point de départ à la relativisation de l'hypothèse occurrentielle. Celle-ci se fait en quatre temps. On essaie de montrer que le Np réfère au mieux à une occurrence libre, en attente de catégorisation, que les noms catégorisants présents dans certains Np ne constituent pas véritablement un contre-argument, que le Np unifie des occurrences internes, et enfin que (la) Lune, (le) Soleil… peuvent être considérés, dans ce cadre, comme des Np.Linguists often highlight the “distinctive” function of the proper noun and describe its referent as the occurrence of a conceptual category. However, this is not due to the fact that the x named is, or can be, categorized that its proper noun necessarily signifies this categorization. This observation is the starting point for the relativization of the occurential hypothesis, which is carried out in four stages. We attempt to show that the proper noun best refers to a free occurrence, awaiting categorization; that the categorising nouns present in certain proper nouns do not constitute a veritable counter-argument; that proper nouns unify internal occurrences, and finally that (la) Lune, (le) Soleil, etc. can be considered, within this framework, as proper nouns.
- Faire du Np ou l'art du plagiat - Michèle Noailly p. 109-120 La construction faire + du Np est un trait original de la syntaxe du français. Elle permet de décrire des comportements qui relèvent pour la plupart du plagiat : quand on fait du Proust, on essaie d'imiter la manière d'écrire de Proust, et quand on fait du Valls, on reproduit le mode d'action gouvernementale de Manuel Valls. En faisant précéder un Np de personne connue d'un déterminant partitif, on ne vise plus l'individu en tant que tel, mais, de façon élargie, l'action à laquelle se rattache sa notoriété. Le faire que l'on a dans cette configuration est proche de celui de faire l'aimable, faire le malin. Un déterminant possessif est possible dans les deux cas : faire son malin, faire son Obama. Dès lors, quelle différence d'interprétation, entre faire du Obama et faire son Obama ? Dans le premier cas, on vise l'action politique d'Obama et, dans le second, plutôt ses manières d'être, son caractère. Mais la différence peut parfois être plus subtile : ainsi, pour un acteur, faire du Luchini ou faire son Luchini n'est-ce pas presque la même chose ?The construction faire + du Np is an original feature of French syntax. It allows the description of behaviours that corresponds most often to an act of “plagiarising”: when someone fait du Proust, he tries to imitate Proust's style of writing, and when someone fait du Valls, he reproduces Manuel Valls' way of governing. The combination of the proper noun of a well-known figure with a partitive determiner evokes not the individual as such, but more broadly the action that their reputation relates to. The use of faire in this configuration is similar that of faire l'aimable, faire le malin. In both cases, it is possible to make use of a possessive determiner: faire son malin, faire son Obama. Hence, which difference in interpretation is there between faire du Obama and faire son Obama? In the first case, we have the political action of Obama in mind and, in the second, rather his way of being, his character. But in certain cases, the difference may be more subtle: as in the case of an actor, is there a semantic difference between faire du Luchini or faire son Luchini?
- Le nom propre métonymique : massif et/ou comptable ? Le cas du nom propre Zlatan en français et en suédois - Kerstin Jonasson p. 121-138 L'intérêt se portera sur les constructions faire du Hollande / Sarkozy / Zlatan, etc. en français et göra en Zlatan / Bergman / Obama / Foppa, etc. (‘faire un Zlatan / Bergman / …') en suédois. L'objet direct du verbe faire est un SN partitif dont la tête est un nom propre (Np), alors que l'objet de göra en suédois est un Np introduit par l'article indéfini au singulier. Dans les deux cas, le Np relève de la métonymie qualitative, dénotant un acte, un comportement ou une activité. On examinera si le fait que le Np se construise comme un N comptable en suédois et comme un massif en français influe sur son usage et son interprétation. La pluralisation et le genre du Np métonymique suédois seront également examinés.This study deals with the constructions faire du Hollande / Sarkozy / Zlatan, etc. in French, and göra en Zlatan / Bergman / Obama / Foppa, etc. (‘to do a Zlatan / Bergman / …') in Swedish. The direct object of the verb faire is a partitive NP whose head is a proper name, while the object of göra is a singular indefinite NP. In both cases, the proper names are metonymic with a qualitative reading, referring to actions or behaviour. The interest is focussed on how the formal mass/count distinction of the proper name constructions influences on their use and interpretation. The question of pluralisation and gender of the proper name in Swedish will also be discussed.